[RP] Prison de la Bastille

- Mais....m'man... ce n'est qu'un bou...

Il s'arrêta là en voyant ses yeux froncés.

- Excuse moi monsieur Maddox. J'suis désolé.

Et elle les laissa sortir. Zac fit un signe de la main à son ami et n'attendit pas que Maddox réponde pour le chien. Plus vite il partirait d'ici mieux il se sentirait. Il fit un petit sourire coquin et s'éclipsa dans la cour. Là au moins, il ne risquait rien. La cour n'était pas très grande mais suffisante pour courir et jouer. A peine dehors et déjà ils riaient. Surtout Jean qui avait eu la peur de sa vie.

- Zac... faut qu't'arrête de me faire des bêtises. Fini la grande aventure. Ta des chaines maint'nant. Maman... ça m'a bien fait rire de t'entendre dire ça. Elle va t'dresser comme tous les parents. J'suis dans la rue, j'vis pieds nus mais au moins j'suis libre. Pas comme toi.
- Tais toi. Tu dis n'importe quoi. Keri est la plus gentille des mamans. Tu sais même pas ce que s'est toi une maman.
- Et alors... allé mon vieux, j'te laisse. J'préfère vite partir d'ici au cas ou l'bourreau changerait d'avis.

Jean salua son ami en soulevant une épaule et se sauva à la course.

- J'serais au rendez-vous demain.... si j'te vois pas j'aurai compris.

Zac lui fit de la main tout en se demandant si Jean avait raison. Il se changea vite les idées en allant voir les gardes faire leur ronde.

Ainsi ce sale gamin, ce traîne savate était bel et bien le fils des De Nemours. Il se demandait si l'enfant se rendait compte de la chance que le Très Haut venait de lui donner. Certainement pas. Les gosses sont souvent ingrats envers leurs aînés.

Maddox se croyait donc délivré de la sale besogne de devoir remettre ces gamins dehors en plein hiver et en même temps de la colonel qui allait certainement partir pour s'occuper de son enfant. Mais contre toute attente, voilà qu'elle voulait rester seule avec lui.

Il s'avança vers la porte sachant qu'il n'allait pas pouvoir éviter cette confrontation. La colonel était tout ce qu'il avait du mal à accepter. Elle était à la fois l'incarnation de la réussite. Une femme comblée ayant des hommes sous ses ordres. Maddox ne se laissait donner aucun ordre par une femme. Jusqu'à aujourd'hui, il avait toujours eu autorité sur elles et si elles refusaient de lui obéir, il n'hésitait pas à user de la force avec tous les détails que cela comportaient. Et la colonel Keridwenn était tout le contraire des femmes qu'il rabaissait à l'état d'objet, plus soumises que des animaux bien dressés. Il apprécia donc qu'elle s'excuse pour son rejeton et lui fit un sourire sans joie.

Le bourreau ouvrit la porte et laissa sortir le chien comme elle le lui avait suggéré.

- Merci madame, dit il n'étant pas obligé de l'appeler par son grade, cela pour montrer qu'il acceptait ses excuses. Vous désirez savoir autre chose ? Sachez que je n'ai pas touché un seul cheveu de Zacharias, ni de son ami.

sans même regarder le bourreau, Keridwenn s’avança au devant de la fenêtre barrée par des barreaux de fer. De là, elle put voir Zacharias discuter avec son copain, et juste avant de se retourner elle constata que Jean avait prit la poudre d’escampette..
Peu importe, elle aurait bien l’occasion de parler à son fils au moment voulu mais pour l’instant, elle allait devoir affronter ce type à qui elle n’avait jamais fait d’approche.. Souvent elle le voyait exécuter les ordres de l’état major, et plus, celui de son époux de par son rang de secrétaire d’état à la guerre, souvent elle avait su les faits et gestes de cet homme mais n’avait jamais voulu partager la moindre de ses idées sur ce bourreau. Elle savait qu’il avait fait doléance auprès du roi pour recevoir une paie en fonction des sentences qu’il devait faire aux prisonniers, elle avait su aussi que Maddox avait trempé dans des affaires comme elle d’Antonio ou encore de Maria mais par pudeur du devoir se faire une idée sur l’attitude de cet homme, Keridwenn avait toujours préférer fuir, il était bourreau et juste un simple bourreau de prison à ses yeux, rien d’autre..
Quand il vient à lui parler de son fils, elle leva ses yeux sur cet homme âgé de tout au plus 17 voir 18 ans. Il était pourtant déjà bien marqué par la vie, ses traits du visage aussi dur que la vie dans cette prison, le regard noir et malgré qu’il aurait pu avoir un semblant d’humanisme, Keridwenn avait du mal à se faire à lui, .. c’était aussi bien physique que viscérale.. et malgré tous les efforts du monde qu’elle pourrait faire, son ton par lequel elle s’adressa à lui resta l’image même de la vision qu’elle se faisait de lui

Il est préférable que vous ne veniez pas à toucher un seul cheveu de mon fils, car maintenant vous savez qu’il s’agit aussi du fils de Charles de Nemours,

Keridwenn s’avança vers Maddox et ce fut avec un affrontement du regard qu’elle l’aborda malgré la conversation qu’elle voulait obtenir

Avec le passé qu’il a, vous allez surement le rencontrer à de nombreuses reprises en ville.. mais ce n’est pas parce qu’il fréquente des gamins des rues, que c’est un vaurien.. c’est un garçon qui n’a pas eu d’étoile au dessus de sa tête en venant au monde, il aura une éducation digne de son nom mais attendez vous de le croiser avec ses amis des rues.. à ce moment là, je vous demanderais de bien vouloir le ramener jusqu’à l’hôtel de Savoie et c’est tout ..

et bien voilà, même si Keridwenn aurait voulu entamer sa conversation sur un terrain neutre d’une relation entre elle et Maddox, son autorité faisait face au gardien

J’ai pu comprendre que vous avez récupérer Zacharias dans une maison qu’il croyait abandonner, à ses dires il s’agissait d’une maison remplie de garde armé.. à ce jour, une maison est en état de surveillance fit-elle en entrant même dans le vif du sujet.

Restant debout face à Maddox, peut être pour garder de la hauteur face à l’homme, elle lui expliqua en quelques mots ce qui avait pu être dit à ce sujet mais sans donner trop de détail.. Simplement en démontrant ce qu’elle savait ce jour d’hui, et ce qu’elle attendait du simple gardien de prison qu’elle voyait en lui.

Vu que vous l’avez récupérer en ce lieu, dite moi ce qu’il en est exactement ..

Tiens donc. Voilà que la femme du SEG lui adressait la parole. Elle le regardait même dans les yeux avec un regard farouche, limite inquisiteur surtout quand elle en vint à parler de son petit monstre de Zacharias. Elle le jaugeait et il détestait cela. S'il en avait eu le pouvoir il l'aurait soumise en une fraction de seconde.

Il prit une profonde respiration et repensa aux paroles d'Amélia. Il devait se contrôler et ne pas laisser parler cette bête qui le poussait à faire du mal aux femmes. Son souffle ne le calma pas vraiment et il dut s'y reprendre à plusieurs fois, respirant lentement tout en faisant mine d'écouter avec beaucoup d'attention ce que la colonel avait à lui dire.

Il eut du mal à revenir de l'état sordide dans lequel il se mettait en face d'une femme à caractère mais trouva tout de même la force de lui répondre mais en baissant le regard. Il ne pouvait pas le regarder ou même l'affronter sans avoir un désir fou de la gifler et de la faire taire :

- Madame De Nemours, fit il en reculant, votre fils n'a rien n'a craindre de moi. Je n'ai encore jamais fait de mal à un enfant. Je vous le ramènerais au cas où je le trouve errant dans les rues en mauvaises compagnies. Et pour ce qui est de l'hôtel de Sully, effectivement il y a des gardes armés mais ce n'est que pour la sécurité de madame Ariane et de son époux. Le couple a emménagé il y a peu de temps. Les gardes ont trouvé votre fils et ils ont cru qu'il venait les voler. Seul ses habits les ont retenus de lui mettre une bonne fessée.

Il avait éluder le point qui disait que cette maison était sous surveillance. Il se demandait pourquoi madame Du Faix avait besoin d'être autant surveillée.

- Je ne peux pas beaucoup plus vous renseigner madame. J'ai rencontré madame Du Faix pour la remercier de m'avoir sauvé la vie alors que personne ne voulait soigner un bourreau. Sans elle je serais mort et je tenais à la revoir quand j'ai su que madame habitait l'hotel.

Ariane de faix est décédée depuis quelques années maintenant, alors votre histoire d’avoir retrouvé celle que vous avez réellement connu d’antan est purement faussée, affirmait elle en s’approchant du bourreau qu’elle vit reculer avec le regard bas.

Le provoquant elle se mit à quelques centimètre de Maddox, la tension qui régnait dans le bureau de la bastille laissait planer bien plus qu’un malaise. ; il n’osait la regarder dans les yeux, reculer et la maîtrise de cette respiration la laissa pantoise sur les idées qu’il avait quand il se trouvait en sa présence. Si elle ne l’aimait pas, c’était apparemment réciproque. mais elle avait l’avantage sur ce bourreau.. Celui d’être maréchale et colonel de l’armée. Alors un sourire se dessina sur son visage, et bien qu’elle tentait de le cacher, il était bien là

Qu’Ariane de faix ai bien voulu vous soigner cela n’était venu que de son professionnalisme, tout médecin est prêt à soigner même la pire espèce par principe d’une vocation mais croire qu’elle est de retour relève d’une paranoïa croyant aux morts vivants. Maddox ne confondait pas les personnes.. cette maison est sous surveillance justement parce que le décès d’Ariane de faix est officiel et que cette personne prêtant être l’ancien ministre des affaires étrangères sous le Reyne d’Alexandre le fier ..

Keridwenn resta sereine pourtant face à Maddox, décidément ces hommes donnant la mort aux prisonniers pouvaient être simples d’esprit au point de leur faire avaler n’importe quoi …mais sur le coup, son fils avait pu accéder à cette demeure tout en gardant son identité anonyme aux yeux de « Ariane ». Peut être un moyen de l’approcher et de voir de ses propres yeux à quoi elle pouvait prétendre être la véritable Ariane.

Mais puisque vous êtes si proche de cette demeure, vous allez m’y conduire afin que je puisse la rencontre également, et lui présenter mes plates excuses pour l'intrusion de mon fils en sa demeure est la moindre des choses .. prenez votre matinée demain et vous viendrez me chercher à Vincennes à 10h . fit-elle en levant un sourcil

Alors à demain lui ordonnait elle en lui tendant la main pour clore leur entretien… . ne soyez pas en retard.

Elle lui donnait un ordre et en plus il n'avait d'autre choix que de lui obéir. Les mots qui lui venaient en tête et surtout les idées étaient plutôt sordides et il préféra les taire.

- Demain 10h. Bien madame, fit il froidement. Et vous verrez de vos yeux que Madame Ariane est bien en vie. Je l'ai vu. Je vous mènerai là bas madame.

Maddox avait levé le regard. Il fixait cette femme qui faisait montre d'autorité envers lui. Elle ne l'aimait pas beaucoup. Et cela ne le perturbait pas plus que ça. Personne ne l'aimait bien et il n'avait pas besoin de ça de toute façon. Il se dit qu'il pourrait se venger sur ses soldats un jour. Il avait déjà eu deux de ses hommes entre les mains.

Il fit un petit sourire aux dents pointues et ajouta :

- Si vous n'avez rien de plus à me demander madame, je dois aller faire ma ronde.

Non effectivement je n'ai plus rien à vous demander fit elle en mettant ses mains dans le dos. il n'avait osé la toucher .. à croire que ce bourreau connaissait un maximum des choses à faire et à ne pas faire .

elle se retira du bureau laissant Maddox à ses préoccupations de la journée, tandis qu'elle même , passait dans le couloir qui rejoignait la cour ou zacharias s'amusait à sauter et à jouer avec le chiot

Nous partons Zac !

et sur le chemin du retour, le silence s'était instauré jusqu'à l'hotel de savoie ou lorsqu'il franchisse le pas de la porte, elle le consigna dans sa chambre jusqu'au souper

Il avait longtemps joué avec le chien qui le suivait partout en sautant et jappant. Zacharias riait, rire qui fut rapidement stoppé à la sortie de sa mère du bureau du bourreau.

- Consigné dans ma chambre.... répéta t'il en se retournant pour dire au revoir au chien qui le regardait partir assis dans la neige.

Il allait être puni pour avoir joué avec son ami. Mince alors. Il monta dans la calèche et préféra ne rien dire devant la colère de Keri.

Maddox récupéra son chien et se baissa à sa hauteur.

- Dis moi toi, tu n'as pas l'air bien méchant. T'as pas une tête à t'appeler Molosse. T'as vu la boule de poil que tu as un peu ?

Il chercha un nouveau nom et lui fit en riant :

- Je vais t'appeler Zeus. Ca te va bien Zeus. Allé vient, on va faire ta première ronde.

Il tapa sur sa jambe pour le faire suivre et commença sa ronde par l'extérieur avant de monter voir les cellule des étages. Tout était calme. Les gardes étaient à leur poste et le saluèrent en le voyant passer lui demandant chacun leur tour qui était son nouveau compagnon.

- C'est Zeus, répétait il fièrement.

Le chiot fit moins le fiers lorsqu'il voulu le faire descendre dans les boyaux en sous sol. Il dût le pousser un peu pour l'encourager.

- On va chercher notre premier prisonnier. Avec eux, il ne faut pas leur faire la fête mais plutôt montrer tes crocs.

Il ouvrit la cellule de Tarek et prit un ton mauvais avec lui autant pour montrer à son chien qu'il ne fallait pas fraterniser que pour garder une autorité sur lui.

- Sors de là, lança t'il en le poussant du pied.

Ouvrir les yeux et voir cette lumière lui aveuglé les yeux fut assez difficile. Il se protégea de son bras mais n'eut pas le temps de s'accoutumer que déjà le garde le poussait dehors à coups de pied. Avec lui un chien d'une taille impressionnante alors qu'il était évident que ce n'était encore qu'un chiot.

Tarek se leva difficilement et avança dans le boyau.

- Alors ça y est. Ils vont m'exécuter ? demanda t'il les peur au ventre espérant que sa question obtienne une réponse positive et qu'on ne le ramenait pas pour une nouvelle séance de torture.

Le garde ne répondit pas de suite et il commença à paniquer.

- Où... où m'emmènes tu ? Z'ai plus rien à dire, fit il faiblement fatigué par ces semaines d'enfermement dans le trou qui lui avait servi de cachot.

Il se faisait poussé à chaque fois qu'il ralentissait et au fur et à mesure qu'il le faisait remonter vers la surface, son estomac se serrait.

Des gémissements et des pleures d'hommes enfermés dans les sous sol étaient la seul compagnie qu'ils eurent alors qu'ils remontaient vers des cellules plus saines.

- La ferme et presse toi un peu de monter. J'ai pas que toi à m'occuper.

Il le fit remonter jusque dans la cour qui était déjà assombrie par la soirée tombante et le poussa jusqu'au puits.

- Déshabille toi. Et plus vite que ça. Tiens un savon noir. Frottes toi et laves bien partout. Tu pues pire qu'un rat mort.

Il remonta un seau d'eau et s'éloigna non sans fixer avant les fers qu'il avait aux pieds à un anneau du puits.

- Garde surveillez le. Quant il aura terminé, je le conduirais dans la cellule 12.

Il partit aux cuisines trouver à manger pour son chiot et passa prendre un pantalon et une chemise de toile pour le prisonnier. La toile était rugueuse et le vêtement déchiré à divers endroits mais cela ferait l'affaire.

Il retourna auprès de Tarek et donna les morceaux de viande sèche à Zeus tout en le surveillant d'un oeil.

Devant la mine patibulaire du garde que Maddox lui affecta, Tarek préféra ne rien dire et surtout profita de ce petit air frais. Il retira ses haillons plutôt que ses vêtements. Les plaies mal cicatrisées et les marques des sévices du bourreau n'affecta pas plus le garde qui continuait à se gratter entre les jambes en lui disant de se laver au lieu de bailler aux corneilles. Certains auraient pu avoir pitié de lui et crier au scandale devant les conditions de sa détention seulement personne n'oubliait qu'il avait été l'instigateur de l'enlèvement de la reine et qu'il l'avait même faite souffrir de diverses façons.

Sous son air de pauvre prisonnier mal traité, il y avait un monstre prêt à tout pour assouvir sa vengeance. Il jeta un regard vers la portes des cuisines et ne voyant pas revenir le bourreau, il tenta sa chance :

- C'est que ce soit pas être marrant que de surveiller des zens comme moi ?
- Sure que t'es pas un cadeau.
- Et c'est pas trop bien payé en plus que d'être gardien de prison.
- Pas assez pour ce sale travail. C'est qu'on peut attraper un tas de maladies entre les rats et les prisonniers aussi crasseux que toi.
- Ze peut te donner un peu d'argent si tu vas prévenir ma famille que ze vais bien. Zuste dire que ze vais bien.
- Parce que t'as de l'argent toi ?
- Quelques Louis. Pas beaucoup. Mais ils t'en donneront un de louis si tu vas leur parler. Suis sure que t'as zamais vue de louis de vie.

Le garde tourna la tête et s'approcha du prisonnier.

- Un louis et qui j'dois prévenir.
- La Zertrude. A l'auberze "Les Plaisirs de Paris". Tu lui laisse le messaze que le Tarek va bien. C'est tout. Et t'auras un louis.

Le garde repartit sans répondre quand il vit Maddox revenir et Tarek termina de se rincer et se sècher avant de passer les vêtements propres que le bourreau lui apportait.

Un garde entra par la porte qui séparait la cour des prisonniers du reste de la prison et surtout de la sortie.

- Monsieur Maddox. Une dame est arrivée pour vous voir. Elle est dans votre bureau.

Il avait l'air totalement paniquer à croire que c'était la reine elle-même qui venait de se déplacer. Le bourreau le renvoya et lui ordonna d'accompagner le prisonnier dans la cellule 12.

- Tu me l'enchaînes. Donnes lui un pain, de l'eau, une paillasse et une couverture. Et toi, fit il en fixant Tarek, si tu fais des histoires, tu retournes au trou.

Il le laissa aux soins des gardes et se dirigea vers son bureau. Une femme en cape en sortait et commençait à se promener dans les lieux sans aucune surveillance. C'était quoi ces manières de laisser n'importe qui faire ce qu'il dans sa prison. Sentant la moutarde lui monter au nez devant autant d'incompétence, Maddox fonça sur cette intrus bien curieuse et posa fortement une main sur son épaule :

- Qu'est ce que tu fais là toi ? Tu crois pouvoir te promener impunément dans ma prison comme ça.

Il la retourna violemment et lui saisit le bras pour la reconduire dans son bureau quand sous la capuche il reconnut le regard de la reine. Il la lâcha comme s'il venait de rencontrer le diable et resta figé un instant avant de s'écarter, de regarder autour de lui si quelqu'un les entendait et lança :

- Vous ! Mais....

Deux mots qui voulaient tout dire et ne rien dire à la fois mais qui montraient bien sa surprise. Il s'attendait à voir une mère, une épouse, une soeur de prisonnier qui venait encore lui pleurer dans les bras pour qu'il n'afflige pas trop son proche des mal traitances de la détention. Ce qui se terminait par un "Mais oui madame, mademoiselle... On fera ce qu'on pourra... mais les prisons sont loin d'être aussi agréables qu'un hôtel."

Et le tout s'arrêtait à une reconduite immédiate des intruses aux portes de la prison.

- Ma reine, fit soudain Maddox se rendant compte de la situation.

Il se baissa comme il le devait en signe de respect pendant un certain temps, puis releva le visage comme encouragé par le fait d'être seul avec elle et en plus sur son territoire. Il changeait de personnalité selon la situation dans laquelle il se trouvait et là, il était chez lui, dans ce qu'il appelait, sa maison.

- Reine Loysse, commença t'il doucement comme pour la rassurer après la peur qu'il lui avait faite. Je ne voulais pas vous impressionner.

Il lui lança un sourire de ses dents pointues et ajouta :

- Je savais que vous viendriez majesté. Je suppose que vous avez eu mon cadeau. Il semblerait qu'il soit temps pour vous de faire face à vos démons. Ils sont toujours là n'est ce pas ?

Il se pencha un peu en avant et tendit humblement le bras.

- Si vous voulez bien majesté. Ce couloir mène aux lieux de vie des gardes. Vous ne trouverez rien de bien intéressant par là. Il vaudrait mieux retourner en arrière. Nous serons plus tranquille dans mon bureau.

Ainsi il s'était trompé. Elle ne venait pas pour son cadeau. Pourtant il avait pensé que cela lui ferait plaisir qu'il essaye de l'aider. Mais il s'était trompé. Comme toujours avec les femmes. Vraiment, il ne les comprendrait jamais. Il avait pourtant été gentil avec elle.

Il la regarda sous un autre jour. Peut être qu'elle avait été gentille avec lui juste pour qu'il la libère des mains de Tarek ? Il l'écoutait parler des enfants et au fond voyait bien qu'elle était pas comme toutes les reines. Elle avait un petit quelque chose qu'il aimait. Elle était belle. Excessivement belle. Le roi avait de la chance.

- Majesté, les enfants ne sont plus là. La maman du plus petit est venu le récupérer et l'autre n'était autre que Jean. Celui là, il traîne dans les rues et n'a pas de parents. Il a filé depuis longtemps déjà. Je pense qu'il a eu peur et qu'il va rester tranquille pendant un petit moment.

Il baissa soudain la tête. Il n'aimait pas la voir en colère. Elle n'avait jamais été en colère avec lui. Elle avait pleuré, souffert entre ses mains, lui avait demandé de l'aide et il avait même lu une certaine reconnaissance mais jamais de la colère. De la tristesse, oh oui, oh combien. Il revoyait ses yeux pleins de larmes et sa façon de le regarder sans le détester malgré tout ce qu'il lui faisait endurer.

Il approcha d'elle en relevant la tête, reprenant le dessus après cette incertitude et veilla à ne pas la toucher. Elle se retranchait derrière cette histoire d'enfants même si cela lui tenait à coeur mais il ressentait l'angoisse qu'elle avait de rester seule avec lui. Leur histoire commune n'était pas oubliée. Loin de là. Il lisait en elle tout le dégoût qu'elle avait sachant ce qu'il avait été capable de lui faire.

- Il faut effacer le passé ma reine. Je ne suis pas certain que vous en ayez la force et le courage. Vos yeux sont en colère mais votre coeur à peur de moi, peur de ce passé qui vous hante, lui murmura t'il d'une voix qu'il voulait basse à dessein.

Elle lui avait tourné le dos et il entendait dans sa voix tout le poids qui lui alourdissait le coeur. Il avait envie d'aller vers elle et de la prendre doucement comme il l'avait fait dans la cabane pour lui montrer qu'il n'était pas aussi monstrueux que cela et qu'il avait aussi un coeur malgré les horreurs que d'autres lui demandaient de commettre.

Elle parlait et se retournait. Des larmes emplissaient ses yeux. C'était trop dur de la voir ainsi. Il voulait l'aider parce qu'il savait ce qu'elle subissait encore intérieurement même si cette histoire datait déjà de plusieurs mois.

- Les bouts de bois Majesté étaient là pour vous faire venir à moi. Ils n'ont aucun signe caché. Ce ne sont que des bouts de bois et vous leur donné le sens qui vous convient le mieux. Ou devrais je dire qui convient à ce que vous ressentez. Et si je ne me trompe, vos larmes montrent que tout ceci pèse encore lourd en vous.

Il savait quoi faire mais il n'était pas certain qu'elle accepterait. Faire face à l'horreur de ce qu'elle avait vécu serait peut être trop difficile et surtout trop tôt. Il fallait pourtant qu'il aille plus loin. Qu'il soit certain qu'il devait renoncer en attendant un meilleur moment.

- Vous auriez le droit de me haïr majesté. Me haïr pour ce que je vous ai fait et être reconnaissante pour vous avoir sauvé la vie. Je comprendrais parce que la vie d'un bourreau est ainsi. Il est adulé quant il rend la justice et est évité dès le lendemain avec des regards qui baissent, ces mêmes personnes qui changent de trottoir et préfèrent ne pas le croiser.

Il avala sa salive se trouvant dans une position qu'il n'avait pas prévue et posa soudainement un genou à terre :

- Je suis votre serviteur Majesté et si vous pensez que pour être soulagée vous devez me faire mettre aux arrêts alors je ferais face à mes actes.

Il glissa une main sous sa veste et décrocha le fouet qu'il portait à la ceinture, le tendant du bout des bras, la tête baissée :

- Et si me réprimander pouvait effacer ce que vous avez vécu alors frappez moi jusqu'à ce que votre coeur soit enfin libre. Frappez moi ou acceptez de voir le mal tel qu'il est et pas uniquement celui qui en a été l'outil.

Peu à peu les choses resurgissaient et c'était comme si tous les deux ils n'avaient jamais quitté cette cabane et que Trek était là, camouflé quelque part, prêt à intervenir et faire encore le mal. Maddox ressentait tout ce que la Reine avait enduré et bien plus encore parce que ce soir, elle l'exprimait par des mots. Elle dévoilait les pensées qu'elle avait eu quand il l'avait torturer à la faire hurler. Hurlements qu'elle n'avait jamais pu exhorté parce que bloqués par sa propre main et qu'il avait usé d'une force d'esprit pour l'obliger à enfouir la douleur en elle.

Il laissa tomber le fouet au sol et se releva, la regardant marcher dans la pièce avant de s'asseoir comme exténuée par cette épreuve et il répondit de but en blanc, se rabaissant pour ne pas être plus haut que la reine en restant debout :

- Je serais allé jusqu'où Tarek m'aurait demandé Majesté, si je n'avais pas su que vous étiez la reine, si j'avais été certain que cette femme que vous étiez n'était en fait rien, qu'une fille sans valeur comme je les estimais avant. Mais ça, c'était avant Majesté. Ce qui n'excuse en rien mes actes passés, j'en suis conscient.

Son genou à terre, les mains croisées dessus, la tête pénitente, il releva toutefois le visage voyant face à lui une femme perdue. Il était évident qu'elle ne savait plus que faire, que penser pourtant elle avait tout dit et peut être ne le voyait elle pas alors il se permit de la guider :

- J'ai été votre démon et je le serais encore pour beaucoup de gens lorsque j'aurai entre mes mains un ami, un fils ou un époux. Mais aujourd'hui, pour vous ma reine, je ne veux être que votre ange gardien comme je le suis devenu le jour où dans vos yeux j'ai compris que vous étiez la reine, certes, mais aussi une femme. De ce jour, je n'ai plus jamais fait de mal gratuitement et je suis allé expié mes pêchés auprès de l'Aumonière Amélya. Vous m'avez ouvert les yeux majesté et peut être ne vous rendez vous pas compte du changement qui s'est opéré en moi depuis notre rencontre.

Il se releva, prenant soudain un allure plus dominatrice, se changeant en homme et plus en pénitent et lui montra la lourde porte qui les séparait des geôles.

- Le démon qui vous hante est là majesté, enfermé dans une cellule et il ne tient qu'à vous de lui faire face une bonne fois et de le rayer de votre vie à jamais. Il a souffert au centuple ce qu'il a osé me demander de vous faire et vous verrez pourtant que le démon est toujours là et qu'il ne sait pas ce qu'est le pardon et encore moins de reconnaître ses fautes.

Il espérait ne pas lui demander l'impossible. Cet homme avait voulu la violer, l'avait frappé, avait torturé son amant sous ses yeux, s'était extasié devant le mal qu'il lui avait fait et en avait même redemandé pour assouvir une froide vengeance. Lui faire face serait certainement encore une épreuve de plus à traverser.

Les mots claquaient dans ma tête tel qu’aurait pu le faire le fouet sur la peau en guise de punition : « Je serai allé jusqu’où Tarek m’aurait demandé…..fille sans valeur comme je les estimais avant » Pire encore je frissonnais d’imaginer ce qui aurait pu m’arriver et surtout de constater la folie qui pouvait atteindre les hommes.

Doucement ma tête se tournait vers lui, mes yeux se posant sur ses cheveux. Je le regardais malgré moi tendrement, comprenant aussi que sa vie n’était pas simple du tout et que d’être bourreau de France était synonyme de solitude. J’avais beau être entourée de plein de monde je vivais moi aussi une certaine solitude, alors oui je pouvais comprendre.

Si j’ai pu vous aider en quelque sorte vous m’en voyez ravie et bien plus encore d’apprendre que vous êtes allé voir Amélya, mais j’ose espérer que vous n’avez pas dit que c’était vous avec Tarek ?

Je secouais la tête venant de me rendre compte de ce que je venais de dire. J’étais à le protéger encore une fois. « Mais que m’arrive-t-il ? Pourquoi est-ce que je réagis de la sorte ? »

Je le voyais se relever et le suivais du regard, mes poings se refermant au fur et à mesure qu’il parlait. Serrer encore et encore les poings comme pour emmagasiner une force invisible, comme pour retenir cette force en moi pour affronter et surtout de chasser la peur qui venait de me regagner. La respiration se faisait plus rapide et courte et il me fallait bouger.

Prestemment je me levais de la chaise pour faire les cents pas, tourner dans cette pièce comme un lion en cage afin de réaliser ce qu’il venait de me proposer et surtout de savoir ce que je voulais faire.

Haine, colère, peur, l’envie de mettre fin à ses jours qui venait de me regagner comme dans la cabane où mes chaines serraient et serraient encore la gorge de Tarek. Oui telle une bête sauvage je tournais en rond pendant une ou deux minutes avant de m’arrêter les poings toujours serrés.

Oui…. Si vous me promettez qu’il ne pourra pas me toucher je veux lui faire face, je veux lui montrer qu’il n’a pas eu ce qu’il voulait et que c’est lui qui est à présent à ma merci et non l’inverse…si cela peut m’aider alors oui je veux le voir.

En temps normal j’aurai refusé mais là je ne savais pas quelle force mystérieuse me poussait à le faire. La nausée était présente mais même si au fond de moi je sentais cette peur, cette rage et cette haine prenaient allégrement le dessus.

- Je n'ai pas trahi notre secret ma reine, répondit il avec un sourire un peu narquois. Ceci restera pour toujours entre nous. Vous avoir sauvé la vie est un honneur que je ne pourrais jamais partager mais il me suffit de savoir que nous avons cela en commun pour me satisfaire.

Il s'approcha tout près d'elle pour attraper le flambeau accroché au mur. Il ressentait un désir qu'il n'avait encore jamais pu imaginer jusqu'à ce jour. Un désir si différent. Celui de la choyer, de la protéger, de l'aimer. Jamais une femme ne lui avait donné tels sentiments.

Lui, un pauvre bougre pas plus haut que le ras de sa fine cheville qu'il avait tenue entre les mains se trouvait à aimer une étoile inatteignable.

- Il ne vous touchera pas ma reine. Il ne pourra même pas vous approcher. Faites moi confiance. Rien ne sera fait sans votre propre volonté.

Il avala difficilement sa salive et serra le poing pour ne pas lui toucher les doigts pour la guider, ne pas mettre son index sous son menton pour lui relever le visage et la fixer dans les yeux afin qu'elle comprenne les sentiments qui l'envahissaient à cet instant.

Il recula, posa le flambeau sur le poêlon qui s'embrasa aussitôt et ouvrit la lourde porte qui les séparait des cachots. Quelques marches qui descendaient dans l'étroit boyau qui devenait de plus en plus bas à devoir se courber un peu en avant puis une porte sur laquelle le numéro 12 était grossièrement peint dans un blanc devenu crasseux avec le temps.

Un tour de clef et il poussa la porte, écoutant le souffle de la reine derrière lui. Il posa le flambeau dans son support au mur et en éclaira un second pour donner le maximum de lumière à ce cachot borgne.

Tarek était enchaîné au mur comme il l'avait demandé au garde. Il lui donna un coup de pied dans les jambes :

- Debout sale vermine. T'as une visite.

Il s'écarta pour la laisser entrer, doutant à présent qu'il serait capable d'aller au bout de ce qu'il avait décidé. Il craignait qu'elle ne le supporte pas, qu'elle refuse même et qu'elle ne lui pardonne pas. Pourtant il savait qu'elle serait obligée d'en passer par là pour que toute peur en elle s'efface à jamais et que plus jamais ses nuits soient envahies de cauchemars et de sueurs froides.