[RP] Les Prisons Royales de la Ville d'Eu

Ottokar avait été contacté par Dame Anjehly, Chancelière de France, et avait attendu l'annonce royale officielle pour se présenter à la Prison de la Ville d'Eu. Il venait d'être nommé Gardien en Chef de cette prison. Il ouvrit la porte qui était restée fermé depuis fort longtemps. A la demande du Roi, la décision de reprendre cette prison et de la remettre en état. Il trouva les clefs dans le bureau couvert de poussière.

Il prit le temps de nettoyer les cellules l'une après l'autre et prépara quelques unes d'entre elles avec plus de précaution pour des hôtes de marque.
Il s'installa sur le bureau qui se trouvait à l'entrée de la porte de la prison et ouvrait le registre à la première page ....et écrivit d'une main tremblante ...

Prison Royale de la Ville d'Eu - Ouverture mai 1651

Après s'être installé à l'auberge du Port, prit un bon repas et un peu de repos, Maddox se présenta à la prison. Ce serait probablement le lieu où il allait devoir officier son art. Ce lieu était là où il pouvait sévir et il savait qu'il faisait bien son travail.

Il frappa quelques coups à la porte attendant qu'un garde vienne lui répondre.

- Annonce Maddox au responsable des lieux.

Le bourreau s'appuya contre le mur et attendit avec patience. Une autre vertu qu'il fallait maîtriser dans son métier. Il fallait savoir attendre le bon moment pour questionner, le bon moment pour insister, celui pour torturer et celui pour laisser le supplicier se reposer. Un art difficile très efficace quand bien utilisé. Il avait pris avec lui son sac dans lequel se trouvait ses outils.

Il ne savait pas qui il devait interroger et il s'en fichait. Il n'avait besoin que des questions à poser, le reste il s'en chargeait et sur n'importe qui. Un noble, un roturier, un prince s'il le fallait. Des visages qu'il ne regardaient pas et qui finissaient oubliés aussi vite qu'il les avait vu.

Un garde vint voir Ottokar et lui indiqua qu'un homme attendait à l'entrée de la prison. Il se dirigea vers l'entrée. Ottokar ouvrit la porte d'entrée et vit l'homme

Monsieur Maddox ? Bonjour, je suis Ottokar, gardien et responsable de cette prison. Entrez ...

Il laissa entré l'homme et referma la porte derrière lui

Un homme de l'armée royale venait de frapper et interpella Ottokar par ces mots ...

Citation :

Monsieur Ottokar, voici le sieur fafounet. Je le
remet à votre garde. Il doit aller au cachot jusqu'à ce que le procureur
l'ait vu du moins. Voilà mes ordres reçus pour l'instant. Si la
situation en exige de nouveaux, la lieutenant Aurélya, le procureur ou
moi vous le feront savoir. Si non, ma mission s'achève ici en ce qui me
concerne."

Ottokar écoutant, regardait Sieur Fafounet. Lorsque le soldat lui ôta les liens qui entravaient le prisonnier, il saisit Fafounet et le mena dans une cellule.

Bonjour, Monsieur Fafounet, je suis Ottokar et gardien de cette prison. Mes gardes et moi même feront ce que nous pouvons pour que vous soyez capable de témoigner et de vous défendre lors de votre procès. Je ne suis ni juge, ni partie ... je ne fais que mon travail. Nous vous apporterons à manger une fois par jour un morceau de pain et un pichet d'eau.

Pendant qu'il lui expliquait cela.. il lui indiquait la cellule et referma à clef la lourde porte de bois.

Sieur Ottokar le fit entrer et à peine un pied dans l'établissement qu'un soldat arriva avec un prisonnier. Maddox ne connaissait ni l'un ni l'autre. L'homme entravé avait l'air pâlichon et sa démarche laissait entendre qu'il avait été blessé. Il se demanda si c'était celui qu'il devait interroger. Il aurait préféré quelqu'un en meilleure forme mais bon il se contenterait de e qu'on lui donnerait.

Il regarda un instant le responsable de la prison et le prisonnier partir pour les cachots. Et attendit que l'homme remonte pour lui montrer la missive du Secrétaire d'Etat à la Guerre. Il profita de se retrouver seul pour faire le tour de l'entrée. Le garde n'avait pas l'air commode et fixait un point sur le mur en face de lui. Le soldat quand à lui était déjà reparti. Il n'avait pas traîné. Les lieux ne devaient pas l'inspirer et il le comprenait.

Maddox regarda la porte par laquelle monsieur Ottokar et monsieur Fanounet avaient disparu et se colla contre un mur, tenant à la main son sac d'ustensiles.

- Il en a pour longtemps ? demanda t'il au garde qui se contenta de soulever une épaule en guise de réponse.

Après avoir mit au frais son unique prisonnier, il revint vers l'entrée retrouver l'homme qui était venu de son plein gré à la prison d'Eu.

Alors Monsieur Maddox, que puis-je faire pour vous ? je vous ai laissé seul mais les prisonniers sont prioritaires ...

Il l'invita à le suivre dans son bureau non loin de l'entrée.

Le bourreau le suivit jusqu'à son bureau et s'installa sur la chaise qu'il lui proposa. Il attendit qu'il soit installé à son tour et lui tendit la missive du Secrétaire d'Etat à la Guerre.

- Voilà ce qui m'amène. Comme vous le voyez le nom de la personne dont je dois m'occupée n'est pas noté sur la missive et je n'ai aucune idée de qui cela peut bien être. Il est possible que ce soit ce Fafounet que vous venez d'enfermer. Mais pour en être certain il faudra attendre l'arrivée d'une autre missive ou de Monsieur le Secrétaire d'Etat à la Guerre.

Il posa la missive sur le bureau pour que Monsieur Ottokar en prenne connaissance.

- Je sais que ma demande va vous sembler délicate, mais j'aurai besoin que vous me mettiez une pièce à disposition afin de procéder à l'interrogatoire. Je vous dirais ensuite ce dont j'ai besoin. La pièce doit être borgne et je dirais dans un endroit où les cris ne seront pas entendus depuis la rue. Si vous voyez ce que je veux dire.

Ottokar écoutait ce que l'homme lui disait en lisant la missive posée sur le bureau par Monsieur Maddox.

Je vois ... je n'en sais pas plus que vous .... Monsieur Fafounet est enfermé ici pour des problèmes de finances mais je n'en sais pas plus ... vous savez...la rumeur !
Pour répondre à votre requête, nous avons une tour au centre de cette prison qui est terminé par une mansarde loin de la rue ... je pense que cela devrait vous satisfaire.

Si vous le souhaitez, allons-y, ce sera une chose faite.

Il se leva et invita Monsieur Maddox à le suivre

Une tour au centre de la prison. Ca lui plaisait bien comme endroit. Il attrapa son sac et suivit le responsable. Il avait bredouillé, peut être que cette idée d'interrogatoire dans sa prison ne lui disait rien de bon. Maddox aurait bien voulu le rassurer en lui disant qu'il connaissait bien son travail et que tout se passerait bien, mais comment expliquer que d'infliger de la douleur à une personne pour en soutirer des informations était quelque chose de bien. Il préféra s'abstenir.

Une fois dans la cour centrale, effectivement il y avait une belle tour avec une lourde porte. Le responsable ouvrit et le bourreau constata l'épaisseur des murs, les meurtrières qui ne laissaient pas passer de lumière ou si peu.

Il y avait sur le côté des escaliers qui menait en haut. Ils étaient bien usés et patinés par le nombre de passages qu'ils avaient subi.

- La pièce que vous allez me montrer est elle déjà équipée en chaînes, anneaux aux murs, au sol et au plafond ? Ou peut être d'autres matériels à utiliser pour ce genre de pratique ? lui demanda t'il tout naturellement comme s'il demandait à un marchand quels légumes il lui proposait ce matin.

Ainsi c'était cela une cellule de prison !
Quatre murs de pierre, de trois mètres chacun, une lourde porte en bois, une fenêtre à barreaux de laquelle on ne voyait même pas la mer, un peu de foin en guise de paillasse, un seau pour les besoins, une couverture qui avait déjà servi lors de l'invasion normande quelques huit siècle plus tôt ...

Evidemment, après les fastes de la Résidence Normande du temps de sa splendeur, pour Fafounet le contraste était frappant.
Mais bon, à la rigieur, le logement pouvait être supportable. Mais que dire de l'intendance et des menus :

Ottokar a dit :

Citation :

Nous vous apporterons à manger une fois par jour un morceau de pain et un pichet d'eau.

Là, il lui était impossible de laisser passer cette injure :
Un morceau de pain et un pichet d'eau par jour !!!!!!!!!! gronda-t-il, ... Vous vous fichez de moi Aubergiste ? ... Ou alors votre mission consite à me faire mourir de faim !
Non mais des fois !

Fafou respira un grans coup et se lança dans l'énumération de ses doléances :
J'exige une potée auvergnate le lundi, un cassoulet le mardi, un canard entier le mercredi, un gigot d'agneau le jeudi, du poisson frais le vendredi, si possible de la sole, sauce-crevette, un faisan le samedi, origine plaine de la Limagne uniquement, sinon j'opterais volontiers pour une fricassée de poularde !
Pour le dimanche, je vous laisse la surprise ! Il faut bien qu'on vous accorde quelques initiatives, mon brave, sinon vous risqueriez de sombrer dans l'ennui.

Bien sûr, à ces quelques plats ordinaire, vous trouverez vous-même les vins qui s'accordent le mieux ! N'oubliez pas ma rasade journalière de calva, je vous rassure, je ne suis guère exigeant, pas plus d'une demi-douzaine de litres et n'oubliez pas qu'un vrai repas ne saurait se passer de fromage !
Fromages auvergnats, comme il se doit ! ... Enfin, pour faciliter vos approvisionnements, j'accepterai sans rechigner quelques camemberts pas trop faits.

Fafou ne s'ocupa pas de savoir comment l'autre accueillait sa requête, emporté par son élan il continua :
Voilà pour ce qui concerne l'intendance ! Intendance qui, bien entenu, ne vaut que pour le repas de midi. Pour le dîner, je vais y réfléchir un peu, si ça ne vous dérange pas !

Maintenant, parlons du logement ! Je ne vous cache pas que j'aurais préféré un grand lit pour y recevoir les visiteuses qui vont se précipiter nombreuses à ma porte dès qu'elles connaitront ma nouvelle adresse.
J'aimerais aussi pouvoir disposer de quelques meubles ! Votre chambre me fait pense à une cellule de capucin forcené ! Je n'ai jamais fait voeu de pauvreté et encore moins de chasteté, alors, mon ami parez au mieux à mes désirs simples et modestes et vous serez récompensé comme il se doit !
Le Baron de Conteville n'a qu'une seule parole !

Et comme l'autre restait abasourdi, Fafou le secoua :
Allez, mon vieux, exécution ! ... Il manquerait plus que le service lui aussi laisse à désirer !

Ottokar montait l'escalier quelque peu sombre suivi de Monsieur Maddox. Ils arrivèrent au terme de l'escalier et prit son trousseau de clefs et chercha la bonne. Lorsqu'il y parvint, il tourna deux tours dans la serrure et la porte s'ouvrit dans une pièce sombre, sèche ...

Citation :

- La pièce que vous allez me montrer est elle déjà équipée en chaînes, anneaux aux murs, au sol et au plafond ? Ou peut être d'autres matériels à utiliser pour ce genre de pratique ?

Je ne sais pas à quoi pouvait servir cette pièce, elle ne sert pas souvent ... Il fut un temps où le gardien avant moi faisait sécher des morceaux de lards... j'imagine donc qu'il doit y avoir des crochets mais je ne sais pas si ceux-ci vont conviendront.

Il fit entrer le bourreau dans la pièce.

Je ne sais pas si c'est pour Monsieur Fafounet que vous avez fait le déplacement jusqu'à Eu. Mais si c'est pour lui, cela va lui faire drôle. Vous avez entendu ce que Mooonnsssieur Fafounet exigeait. Il demande des plats que je n'ai pas assez de louis moi même pour me les offrir. Un mets différents chaque jour ! du fromage ! du vin ! et des filles. Il ne le sait peut-être pas mais je n'ai aucune consigne pour ce qui est des visites qui lui seront accordées. J'espère que j'aurai un courrier officiel sinon il n'aura aucune visite.

Pendant qu'il parlait, Monsieur Maddox faisait le tour de la pièce.

Cette pièce va-t-elle vous convenir pour votre activité ? Si je dois faire exécuter des travaux ou des aménagements... dites le moi !

Il ne put s'empêcher de rire devant les exigences du prisonnier Fafounet.

- Et bien....un drôle de client que vous avez là, fit il en riant. Si vous avez besoin que je vous le calme, appelez moi.

La dessus Maddox fit le tour de la pièce. Elle était presque parfaite. Quelques crochets et anneaux au plafond, deux dans un mur et une sorte de lavoir ou de bac en pierre contre un autre mur. A chaque angle un poêle qui devait servir à faire chauffer la pièce pour le séchage en question.

- Cette pièce ira très bien, répondit il. J'aurai besoin d'une paire de chaines, de la corde et de la cordelette. Ca sert plus. Une table en bois assez longue et une plus petite pour poser mes affaires, une chaise pour moi et une pour le prisonnier. Une chaise que vous ne pourrez plus jamais utiliser, donc pas la plus belle de la prison, mais une solide, du bois à brûler et pour le reste, tout est là, finit il en remuant son sac d'où sortit un son de ferraille.

- Faites mettre le tout devant la porte, je me charge d'aménager la pièce à ma façon.

Maddox quitta sa veste et posa son sac dans un angle.

Ottokar redescendit les escaliers et retourna vers les cellules. Il passa devant la cellule de Fafounet ... il se mit à sourire.

Garde ... crie-t-il ... vous allez dans la réserve et vous me ramenez ... alors il m'a dit ...des chaines, cordes et des cordelettes....puis ... ...Ottokar réfléchissait .... la table qui servait aux anciens gardiens dans la grande tour, ... celle de six places, elle doit faire environ 2 métres de long ... Vous prendrez 2 chaises bien solides ... et ...euh ... je crois que c'est tout !!!! Exécution !

Aussitôt, les deux gardes qui étaient de repos partirent dans la réserve face à la tour centrale.

Ottokar se mit à table et pris un vélin et nota ce qu'il allait confier à Monsieur Maddox. Ces meubles n'étaient pas les siens mais appartenaient à la Famille Royale comme tout ce qui étaient ici.

Tout fut rapidement apporter par les gardes. Maddox leur indiqua où mettre la lourde table à laquelle monsieur Ottokar s’installa pour faire l’inventaire des objets qu’il allait utiliser. Il le laissa faire et commença à préparer la salle.

Il aimait que les choses soient méticuleusement bien rangées. Il ne devait pas à avoir à chercher ce qu’il utiliserait. Il fallait que tout soit sous la main. Il dépoussiéra la plus petite des deux tables sur laquelle il déplia un linge propre avant de vider son sac. Un à un il plaça les objets de torture, bien alignés comme l’aurait fait un chirurgien. Il savait que le supplicié porterait son regard sur cette table et pouvait parfois le dissuader de rester silencieux trop longtemps. Généralement ceux qui arrivaient jusqu’à lui avaient la ferme intention de rester bouche cousue et se laissaient attacher avant de commencer à transpirer quand il tripotait ses outils, les choisissant avec soin.

Toujours sans trop regarder ce que faisait le responsable de la prison, il prépara les cordes, les glissant dans des poulies, les fixant à des barres, les passant dans les anneaux au mur. Toute une installation bien étrange. Il mit ensuite le bois sec dans les poêlons et sortit chercher de l’eau pour remplir le bac en pierre. Sur la chaise, il déposa sa tenue avant de passer à la seconde sur laquelle il plaça les chaines. Un anneau pour chaque cheville et un pour chaque poignet. Ne lui restait plus qu’à préparer ses petites préférées qu’il exposa bien en rang sur la petite table.

Il espérait que le prisonnier lui serait laissé pour une longue durée. Quand il fallait soutirer des informations rapidement cela laissait entendre un travail plus fin mais plus intense. Le mieux encore était que l’issue soit mortelle. Comme ça pas besoin de prendre de gants. Il verrait bien quand le prisonnier sera là. D’ailleurs il en mettait bien du temps pour arriver. D’où est ce qu’il le lui amenait ?

Le Fafounet en dessous. C’était peut être lui et un ordre allait bientôt arriver.

- J’ai terminé monsieur. Si vous voulez que je vous signe quelque chose. Par contre, j’aimerais avoir la clef. Je préfère que personne n’entre dans ma pièce en mon absence. Je vais retourner à l’Auberge du Port. Si vous avez des nouvelles et que l’on me demande, merci de me faire prévenir. Sinon, je repasserais demain matin.

Ottokar complétait la liste des articles que le gardien déposait dans cette pièce pour permettre à Monsieur Maddox d'exercer son activité. Il se leva et tendit le vélin à l'homme qui continuait à s'installer.

Citation :

- J’ai terminé monsieur. Si vous voulez que je vous signe quelque chose. Par contre, j’aimerais avoir la clef.

Vérifiez si cela correspond bien à ce que nous vous laissons et voici la clef... cette pièce ne nous servait pas alors cela ne me dérange pas de vous confier la clef.

Citation :

Je préfère que personne n’entre dans ma pièce en mon absence. Je vais retourner à l’Auberge du Port. Si vous avez des nouvelles et que l’on me demande, merci de me faire prévenir. Sinon, je repasserais demain matin.

Parfait, je vous raccompagne jusqu'à la sortie.

Ils redescendirent tous les deux l'escalier et traversèrent la cours. Ils passèrent par les cellules puis Ottokar fit ouvrir la porte de la prison et laissa partir Monsieur Maddox.

Ottokar comme tous les soirs passait voir le prisonnier et lui amenait sa nourriture... un pichet d'eau et du pain noir. Il ouvrit la porte et déposa sur la table la nourriture.

Voilà pour vous Monsieur Fafounet ... ah oui, je voulais vous dire que j'ai rencontré Dame Carvine à l'auberge d'Eu. Elle m'a dit de vous dire ... Bonjour de Carvinette, que vous lui manquez et que vous devez revenir vite.

Il tourna les talons et referma la porte de bois de la cellule pour repartir vers son bureau.

Fafounet regarda avec désespérance la maigre pitance qu'on venait de lui jeter sur la table.
On ne voulait pas tenir compte de ses remarques pourtant judicieuses et bien fondées concernant la nourriture et le logement dans les prisons normandes.
Si vous la revoyez, dites à Carvine que je l'embrasse ; dit-il au gardien comme il ressortait.

Il but l'eau et balança le pain par la fenêtre à barreaux. On avait beau être prisonnier, traité comme un moins que rien par un gardien qui croyait que son uniforme lui garantissait un pouvoir et lui ajoutait quelques grammes d'intelligence, il y avait des humiliations qu'on se devait de refuser.

On ne voulait pas le nourrir décemment, dans ce cas on l'entendrait gueuler.
Il s'aggrippa à ses barreaux et se mit à chanter d'une voix forte :

Messieurs les Gros Normands, j'ai deux mots à vous rire
Il y a trop longtemps que vous me faites frire
A vous souffler dans le cul pour vous gonfler la panse
Vous voilà phallocrates sans vraiment rien qui pense
Planqués durant les guerres et alcooliques entre elles
Vous oscillez sans cesse du fusil au missel
Vous engrossez vos chèvres et vos filles sont jalouses
Vos vaches donnent du pinard, le calva pue la bouse
Tu vois quand je pense à vous j'aime que rien ne se perde
Messieurs les Gros Normands je vous emmerde !

...

Et il reocmmença plusieurs fois de suite en espérant que son chant allait ameuter un peu de monde.

Ottokar qui venait de refermer la porte de la cellule espérait bien que Fafounet allait se calmer. Il retournait dans son bureau quand il entendit le prisonnier hurlait de sa cellule. Il s'approcha de la porte et ouvrit le regard qui permettait de surveiller les prisonniers.

Citation :

.....scillez sans cesse du fusil au missel
Vous engrossez vos chèvres et vos filles sont jalouses
Vos vaches donnent du pinard, le calva pue la bouse
Tu vois quand je pense à vous j'aime que rien ne se perde
Messieurs les Gros Normands je vous emmerde !

Ooooohhh ! Monsieur Fafounet .... Calmez vous ! Vous allez aggraver votre situation ... ce n'est pas comme ça que vous reverrez Dame Carvine !!! et vos amis ...

Ottokar avait entendu les doléances du prisonnier mais il n'avait reçu aucune consigne particulière pour recevoir ce prisonnier, alors il sera loger au même titre que les autres de Rouen à Eu. Il ne ferait aucun effort exceptionnel pour cet homme. Ce n'est pas qu'il avait quelque chose contre lui mais il voulait être juste.
Il s'étonnait d'ailleurs de ne pas avoir reçu de consignes pour ce prisonnier. Monsieur Maddox était-il en ce lieu pour lui ou un autre prisonnier ?

Il se retourna vers son bureau et prit un verre d'eau ... il faisait encore lourd en cette journée de mai 1651.

Maddox prit la direction de la prison en cette matinée pour se rendre à la prison. Il était encore assez loin qu'il entendit une voix s'élever depuis l'une des cellules. Un prisonnier chanteur. Cela l'amusa. Il toqua à la porte et le garde lui ouvrit en le reconnaissant. Il se dirigea jusqu'au bureau de responsable pour signaler sa présence.

La porte était entre ouverte et après avoir toqué, il se permit d'entrer.

- Bonjour monsieur Ottokar. Je vois que vous avez un chanteur qui vous fait des vocalises. Si vous voulez que je le fasse taire, je m'en occupe quand vous voulez. Sinon, je venais aux nouvelles. Avez vous un courrier du Secrétaire d'Etat à la Guerre ou avez vous un nouveau prisonnier qui serait arriver ?

Maddox commençait à s'impatienter et rosser le chanteur lui aurait fait un bien fou. Cela lui aurait certainement évité de passer ses nerfs sur Lulu. Et rosser un prisonnier dès le matin, y'avait rien de tel pour vous mettre de bon humeur. Surtout ceux qui voulaient leur faire croire qu'ils étaient bien dans leur cellule à ne rien manger ou presque. Le chanteur était l'un de ceux là. Une bonne dérouillée, une diète sans pain ni eau et ils finissent pas manger n'importe quoi. Au pire, un emboquage de force avec de la mie trempée dans de l'eau s'ils refusaient le pain noir.

Ottokar leva la tête et vit entrer Monsieur Maddox.

Citation :

- Bonjour monsieur Ottokar. Je vois que vous avez un chanteur qui vous fait des vocalises. Si vous voulez que je le fasse taire, je m'en occupe quand vous voulez. Sinon, je venais aux nouvelles. Avez vous un courrier du Secrétaire d'Etat à la Guerre ou avez vous un nouveau prisonnier qui serait arriver ?

Non, Monsieur Maddox, je n'ai aucune nouvelle de personne. Ni pour vous et ni pour cet oiseau de malheur ... il va finir par nous faire pleuvoir !!! Je vous offre un pichet de vin ...oh je sais, ce n'est pas une grande cuvée mais il se laisse boire ...

Ottokar montrait à Monsieur Maddox deux verres et un pichet sur une commode.

- Et bien, ils ne sont pas pressés de me l'amener. Tant mieux, comme ça je profite de votre belle ville et en plus j'ai droit à un petit verre de vin, ajouta t'il en prenant la chaise pour se mettre en face d'Ottokar.

Il n'était pas si heureux que cela de ne pas avoir encore son invité surprise mais il n'avait pas le choix. Il devait attendre.

- Monsieur Ottokar, Peut être puis je vous appeler Ottokar et vous pouvez m'appeler Maddox, c'est plus convivial, donc je voulez vous demander si cela faisait longtemps que vous étiez directeur de cette prison. Elle a l'air à la fois ancienne et peu utiliser. Vous me direz c'est aussi bien. Cela prouve que votre ville n'est pas pleine de malfrats en tout genre.

Il tendit le verre alors que le geolier offrait de le servir. Il n'arrivait pas bien à lui donner un âge. Lui venait d'avoir 18 ans, presque un vieillard et il n'avait ni femme ni enfant. Mal parti dans la vie se dit il.