[rp] L'arrivée d'Annabelle

Messages : 12 Date d'inscription : 19/07/2013

Je ne suis pas du matin, il faut dire que je suis un oiseau de nuit, et je me couche ou je ne m'endors qu'aux premiers rayons du soleil, alors la matinée ne commence jamais avant au moins deux heures de l'après-midi. Gregory a passé la nuit ici, comme chaque nuit ou presque depuis notre rencontre, je ne saurais dire pourquoi mais sa présence me rassure en l'absence d'Eddy. Mes cauchemars s'envolent quand un homme est dans mon lit, indépendamment du plaisir qu'il me procure. Je ne supporte pas de dormir seule, seule avec les ombres du passé. Je suis heureuse, je suis en apparence la joie de vivre, c'est plus facile pour tout le monde et surtout pour moi, et depuis tout ce temps j'ai même fini par y croire. Plus rien ne me touche, j'aime la vie que je mène, on peut dire ce que l'on veut, mais les catins connaissent le sens des vraies valeurs. Elles sont loyales et fidèles en amitié, pas toutes bien sur c'est comme partout, mais par leur propre histoire, elles ne jugent pas, elles ne cherchent pas à avoir l'impossible, elles se contentent de ce qu'elles ont.

Et du jour où elles m'ont accueillie, j'ai adopté leur mode de vie. Je ne me suis jamais prostituée non, je n'aurais pas pu à l'époque, le sexe me répugnait au plus haut point et le moindre regard insistant d'un homme sur moi suffisait à me faire pleurer. Je ne voulais pas de cette vie, je ne voulais même pas de vie. Mais la patience de Blandine et d'Edouard m'a sauvée. J'avais renoncé quand Blandine m'a trouvée. J'étais seule et enceinte d'un gosse que je ne voulais pas et que je rendais responsable de ma perte. Je venais tout juste d'avoir 15 ans quand à l'étage de la maison des plaisirs d'Eddy, je mis au monde Annabelle. J'ai de suite refusé de la voir et de lui donner un nom, mais devant l'insistance de Blandine et d'Edouard, je l'ai prénommée Annabelle, le véritable prénom de mon amie. Elle devait être confiée à un orphelinat mais Eddy refusa et souhaitait que je m'en occupe. Au bout de deux ans il dû se résoudre à la confier à un couvent qui se chargerait de son éducation.

Je la recevais pour Noël et j'allais lui rendre visite pour son anniversaire, mais toujours à contre-coeur. Je ne pouvais l'aimer, et plus le temps passait, plus elle prenait les traits de son père, c'était d'autant plus insupportable pour moi. Paradoxalement elle était plus la fille d'Eddy que la mienne, il lui avait d'ailleurs donné son nom lors de notre mariage. Je ne pouvais pas lui donner d'enfants, les tentatives d'avortement avaient cassé quelque-chose en moi, alors Annabelle était devenue sa fille et il se battait pour elle, lui apportant l'amour que je ne pourrais jamais lui donner. Chaque été, le pensionnat où elle étudiait fermait, et les enfants devaient rentrer dans leur famille.

D'habitude je fais avec, elle reste avec Eddy et je vais vivre ma vie le plus loin possible mais cette année mon époux était accaparé par ses affaires et il ne pouvait la prendre. Il ne voulait pas la mêler aux filles et aux clients, il ne voulait pas de cette vie pour elle non plus et malgré mes supplications, elle arriverait dans la matinée. Il est trop tôt pour un verre pour le commun des mortels, mais j'en avais besoin. J'étais plongée dans mes pensées, le regard vide posé sur mon reflet dans le miroir quand la cloche retentit.

Madame Elise, votre fille est arrivée.

Je soupirais, regardant Nicole, dépitée.

Je vous ai déjà dit de ne pas l'appeler comme ça. Et ne restez pas planter là, allez l'installer dans sa chambre.

J'avais bien conscience que j'étais dure, mais je n'y pouvais rien, c'était plus fort que moi, je n'étais plus moi-même quand Annabelle était là. Je ne désirais pas la haïr, Eddy avait raison, elle aussi avait été victime de tout ça, mais je n'arrivais pas à faire autrement que la mépriser. Elle sera ma seule enfant mais je ne pouvais pas contrôler cette hantise chaque fois que j'avais à poser les yeux sur elle.

Messages : 3 Date d'inscription : 23/07/2013

Je n'avais pas la moindre idée où j'étais. J'avais quitté le pensionnat pour monter dans une diligence qui me conduisit dans une ville inconnue. Papa m'avait écrit pour m'annoncer la mauvaise nouvelle, il ne pourrait pas s'occuper de moi et je devrais rester quelques temps avec mam... Elise. Je devais l'appeler par son prénom, c'est bizarre, ma copine Hortense appelle sa mère maman, mais Elise ne voulait pas. Mais dans ma tête je disais maman. Elle n'était pas comme les autres ma maman. Elle ne m'aime pas, soeur Marie-Hélène dit que ce sont des bêtises, que toutes les mamans aiment leurs enfants, mais je sais moi que ce n'est pas vrai.

Quand je l'approche ou que je lui parle, elle ne me regarde pas, elle est ailleurs, tout le temps. Et à chaque fois elle finit par s'en aller et je ne la revois plus jusqu'à la fois suivante. Elle ne m'écrit jamais, papa dit que c'est elle mais je sais que c'est lui qui signe à sa place, je ne lui dis pas que je sais, ça lui ferait de la peine. Mes parents ne sont pas comme les autres, les parents d'Hortense n'aiment pas d'autres hommes et femmes, les miens si. La dernière fois, maman était avec un monsieur, je les entendais rire dans la chambre, mais je n'aimais pas comment il me regardait et caressait mes cheveux et je crois que maman non plus, elle lui a crié dessus pour qu'il parte et a jeté un vase sur lui. Elle a dit je suis désolée et je l'ai entendue pleurer, je l'entends souvent pleurer et quand je vais la voir pour la consoler et la prendre dans mes bras, elle me repousse et me met dehors.

Pourquoi elle est comme ça? Je n'ai pas envie d'aller dans cette maison, je voulais rester au pensionnat, mais comme le dit soeur Marie-Hélène, on ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie.

Maurice m'aide avec mes bagages et papa a envoyé un de ses amis me chercher là-bas. Je fais teinter la clochette de la porte et Nicole vint m'ouvrir. Je regarde autour de moi,la maison est jolie, je ne sais pas chez qui nous sommes mais c'est silencieux. Nicole est revenue pour me conduire dans une pièce lumineuse qui serait ma chambre. Je me suis assise sur le lit, je rangerais mes affaires plus tard, pour l'instant je n'ai aucune envie ni aucun courage. Je suis sortie de la chambre pour me rendre dans la cuisine, je n'avais pas faim mais Nicole insistait pour que je mange quelque-chose après ce long voyage.

Nicole, tu ne crois pas que je devrais aller saluer maman?

Au regard de Nicole la réponse était non. J'irais la voir après le petit-déjeuner si elle ne vient pas.
Je sens que cet été sera long, très long.

Messages : 225 Date d'inscription : 13/02/2013 Ville : là où j'y ai un interet

Elle m'épuise Elise, mais heureusement c'est pas dans le mauvais sens du terme enfin en général. Parce que des femmes épuisantes, j'en ai connu et j'en connais encore. Ce que je n'aime pas c'est quand elles l'épuisent à me coller, à me harceler même pour certaines ou à être trop bavardes alors que ce qu'elles disent ne m'intéresse absolument pas. Elise cause pas mal aussi mais jusque là, elle ne m'a jamais ennuyé. J'ai un peu l'impression, étrangement, que les femmes me prennent pour leur confesseur. Il y en a plus d'une déjà qui m'a raconter sa vie et ses misères. La plupart du temps, je m'en moque comme de ma première chemise. Mais parfois, il se produit une chose miraculeuse qui s'appelle : susciter de l'intéret ou tout au moins une certaine curiosité et dans ces cas là, j'écoute. Mais il ne faut rêvé, ce genre de choses arrive rarement.

Ca fait quelques temps que je squatte chez elle, enfin chez elle...Elle m'a dit : "viens chez moi, j'habite chez un ami" et j'avoue que je ne me suis pas gêné. Il faut dire que je ne suis pas du genre à m'encombrer de fausses politesses et que la sensation de gêne m'est peu familière, sans doute faut-il avoir un minimum de conscience pour ça.

Après m'être lavé et habillé, je descend donc dans la cuisine où je compte bien dévalisé le placard. J'espère que Nicole est allée chercher du pain parce que je meurs de faim.

Messages : 3 Date d'inscription : 23/07/2013

Nicole me posait des tas de questions sur ma vie de pensionnaire, mes amies, mes activités tout ça. Elle est gentille Nicole, je l'aime beaucoup, heureusement parce-que je sens bien que je vais passer tout l'été en sa compagnie. Maman sera encore trop occupée pour rester avec moi. J'entendis du bruit dans l'escalier, elle venait peut-être pour prendre le petit-déjeuner avec moi, papa disait qu'un jour tout sera différent, je ne comprends pas trop ce qu'il veut dire quand il dit ça. C'est aujourd'hui le jour où tout est différent?

Je me retourne en souriant mais je suis vite déçue en constatant que ce n'était pas elle mais un homme que je n'avais encore jamais vu. C'est sans doute un Amant, tous les hommes avec maman s'appellent Amant. C'est assez bizarre cette affaire, comment elle fait maman pour rencontrer des hommes jamais pareils mais toujours avec le même prénom? Je me levais pour le saluer, je n'aime pas les Amants de maman en général, aucun n'est aussi bien que mon papa, mais il faut être polie.

Bonjour monsieur Amant. Je m'appelle Annabelle. Tu es l'ami de ma mam...d'Elise?

Je me rassois pendant que Nicole demande s'il désire prendre le petit-déjeuner avec madame Elise dans la chambre ou ici dans la cuisine. Je n'osais pas le regarder, il me fait un peu peur, il est tout sombre. Ils ne m'aiment pas les Amants alors je ne leur parle jamais. J'espère que Nicole va rester là ou que maman va descendre. Elle me fait peur aussi parfois mais j'aime bien quand elle est là.

Messages : 225 Date d'inscription : 13/02/2013 Ville : là où j'y ai un interet

Je descend les escaliers et me dirige vers la cuisine. Je m'arrête dans mon élan en voyant une gamine assise là qui se lève et s'adresse à moi. Au premier abord, je suis surpris à la fois de la voir là et d'entendre ses paroles. Je comprend vite qu'il s'agit de la fameuse Annabelle, la fille d'Elise, qui est sa pire hantise. Je la regarde un instant, un peu interloqué, et m'approche un peu.

Bonjour Annabelle, je ne m'appelle pas Amant mais Gregory, mais tout le monde m'appelle Greg. Et oui je suis un ami de ta maman.

Là j'en suis à me dire que sa mère ne doit pas lui avoir expliquer grand chose de ce qu'elle fait exactement ni de ce dont il s'agit. Je souris légèrement puis regarde autour de moi, Nicole a apporté de quoi faire, apparemment, elle préparait la table pour la gamine.

Tu allais prendre ton repas j'ai l'impression, je peux me joindre à toi ?

Elise doit encore être dans la chambre à cette heure, je me demande si elle va descendre nous rejoindre ou resté éloignée le plus possible de la petite ce qui ne m'étonnerait pas vu ce qu'elle m'en a dit. Je regarde la petite et me demande ce qu'elle va faire pendant le temps où elle sera ici.

Alors Annabelle, tu vas rester longtemps ici ?

Messages : 3 Date d'inscription : 23/07/2013

J'observais du coin de l'oeil l'homme, il ne ressemblait pas aux Amants de maman, il avait l'air gentil en plus il essayait de me parler. Je ne savais vraiment pas quoi lui dire moi, on apprend toutes sortes de choses au pensionnat mais pas à faire la conversation avec un inconnu.

Enchantée monsieur. Vous pouvez m'appeler Anna si vous voulez.

Je lui souris, je n'aime pas voir maman avec un autre que papa, et souvent ils sont désagréables avec moi quand ils ne font pas semblant de ne pas me voir. Mais lui il s'est assis, je suis très surprise qu'il ne soit pas remonté voir maman, c'est peut-être qu'elle va descendre?. Je l'espère, je ne la vois jamais et elle me manque quand même beaucoup.
Je regarde rapidement l'encadrement de la porte où se trouvait Gregory quelques minutes plus tôt pour voir si elle allait à son tour apparaître, puis il me demanda s'il pouvait se joindre à moi, je me vois mal refuser, surtout s'il est chez lui. Et puis ça peut-être bien de parler un peu à quelqu'un ,à quelqu'un d'autre qu'à Nicole qui sera encore mon unique compagnie ici.

Bien sur monsieur avec plaisir. Vous êtes chez vous c'est déjà bien de m'accueillir dans votre jolie maison. On part bientôt on doit rejoindre mon père à Lyon au début du mois d'août, j'ai hâte de le voir.

Je lui fis un grand sourire et un à Nicole qui posa un petit pot sur la table.

Vous aimez la confiture? C'est Nicole qui l'a faite elle est trop trop trop bonne.

Si soeur Marie-Thérèse était là elle me reprendrait sur mon exagération disant que ce n'est pas digne d'une jeune fille ou alors d'une frivole, je ne sais pas ce qu'est une frivole et cette rabat-joie n'est pas là. J'aime la confiture et je l'assume! Surtout j'en profite parce-qu'elle est rare au couvent.
Je finissais d'étaler la myrtille sur la tartine puis je la tendis sans réfléchir à Gregory. C'est que quand papa est là je le fais et je n'ai pas réalisé, prise dans mon empressement de me régaler. Je n'avais pourtant pas bien faim, triste d'être ici, mais la confiture de Nicole savait toujours me rendre le sourire.

Pardon je l'ai fait machinalement.

J'étais toute rouge je le sentais bien à la chaleur de mes joues, je baissais les yeux mais c'était plus fort que moi, je regardais sais arrêt en direction de l'entrée de la cuisine.

Elle va descendre mam...Elise?