[RP] Prendre un peu de bon temps...

Monter les escaliers rapidement pour filer aussi vite dans les appartements et trouver de quoi se changer. Certes toute ma garde de robe n’était pas là mais j’avais tout de même prévu une tenue si l’occasion de faire du cheval se présentait. Et cette opportunité je l’avais aujourd’hui.

Je bousculais donc les domestiques dont Mathilde pour qu’elles m’aident rapidement à me changer. Pantalon noir, chemise blanche et corset noir et rouge, cuissardes noires et veste courte noire ouverte. Voilà la tenue que j’allais porter.

La coiffeuse quant à elle avait eu une envie folle de me faire un chignon mais au regard que je lui lançais elle avait très vite compris qu’il était hors de question de cela. Cheveux au naturel, et ouvert. J’avais une sainte horreur d’attacher mes cheveux, si ce n’est en été et encore il fallait qu’il fasse très chaud pour cela.

Fin prête, je ressortais de mes appartements pour refaire le chemin inverse. En descendant les escaliers, par une grande fenêtre je voyais que l’Anspessade Mickael m’attendait déjà dans la cour. Je me hâtais donc un peu plus. Arrivée devant la grande porte d’entrée du Château, un garde m’ouvrait la porte et arrivant sur le perron m’adressais à Mickael tout en descendant les quelques marches laissant ma main courir sur la rampe en pierre, un sourire illuminant mon visage.

Vous avez été rapide Anspessade…. Alors prêt pour… je levais la tête vers le ciel d’un bleu des plus clair et où aucun nuage ne venait troubler cette beauté avant de reposer mon regard sur Mickael…. profiter de cette magnifique journée ? Le grand air me fera le plus grand bien.

Ma phrase achevée, j’arrivais à sa hauteur et tout naturellement alors qu’il tenait les rênes, je caressais le chanfrein de mon cheval qui tournait la tête en ma direction.

Au son de la voix enjouée de sa Reine, Mickael sursauta, pris en flagrant délit de songerie, celle-ci causée par la douce remémoration de la seconde plus belle femme du Royaume après la Première Dame de France selon l'aune personnelle du jeune homme. Il rosit un peu, contempla sa souveraine.



"Il répondit avec joie au lumineux sourire de sa Dame puisquen ce jour il est son chevalier servant.


[b]"Ma Dame, je suis paré à vous suivre où bon vous semblera selon votre bon plaisir. Vous n'aurez qu'à diriger votre superbe monture là où vous pousse votre fantaisie et je chevaucherai à vos côtés avec grande joie. J'oserai ajouter que cette tenue d'amazone rehausse à la perfection le teint parfait et l'éclat des yeux de ma Reine, faisant d'elle la soeur cadette de Dianne Chasseresse !"



Si ce ne fut du fait de se trouver en si noble compagnie, Mickael en aurait sifflé d'admiration sincère sans gravelure ni mauvaise pensée cependant.


Lâchant les rennes, Se plaçant de côté afin de présenter sa robuste épaule droite pour appui et croisant ses deux mains à hauteur de taille en guise de marche-pied pour recevoir le pied si joliment galbé de la Reine pour l'aider à monter en selle, il ajouta.


"Vous avez raison Ma Dame, cette journée est magnifique et nous détendra tous les deux. Je descend à peine d'une frégatte pour trouver à mon retour des problèmes personnels. Cette évasion en une compagnie si inespérée pour l'humble soldat que je suis, m'enchante au-delà de toute expression !"

"Je vous présente mes deux meilleurs éléments, Sonia Larousse qui vous servira de domestique si le besoin s'en fait sentir et assurera nos arrières, et le colosse que voici c'est Gros-Pierre qui nous servira d'éclaireur."


Les deux interpelés rougir de joie, saluèrent et s'inclinèrent gauchement.


"Au service de Votre Majestée avec plaisir et joie !", dirent-ils en choeur...

Après avoir aidé Sa Dame à monter en selle, Mick leva les yeux et dit sérieusement.


"Ma Dame, je n'ai point dit cela en manière de compliment mais le plus sérieusement du monde. Ma comparaison est justifiée pour plusieurs raisons. Vous êtes aussi superbe que toutes les statues représentant cette divinité. Elle, elle chassait les animaux et les hommes. Vous, vous chassez, Votre Majestée, l'obscurité du cœur de vos sujets, vous tentez d'éradiquer le chaos ambiant tant par votre lumineuse présence que par vos actes généreux votre compréhension et votre gentillesse. Vous chassez chagrins et soucis du cœur de notre bon Roy et le soutenez dans les affaires du gouvernement, et bien d'autres choses belles et bonnes dont la liste serait trop longue à énumérer. Donc ma comparaison est amplement justifiée et méritée. Si elle vous fait plaisir par-dessus le marché, j'en suis fort heureux ! Et j'ajouterai que si le Roy était ici pour entendre mes propos, il abonderait en mon sens sans réserve, car je le juge homme de goût et de bon sens."



Aux propos de la Reine concernant la promenade, Mickael souleva son chapeau et se gratta la tête pensivement...


"Voyons, voyons... hmmm... Eh bien douce Reine, il faut dire que les sites de promenades exotiques sont pratiquement inexistantes dans la région... Il y a un port de pêche, un autre militaire... À senestre, au-delà des vieilles fortifications de la ville, il y a des champs des tourbières et une grande forest... À dextre, cependant, il y a un chemin de halage le long de la Somme qui fait dix kilomètres. Il y a aussi au bout du dict chemin au centre de la rivière une Isle plantée de cyprès... Pour faire bien prendre de l'exercice à nos montures et à nous-mêmes, je suggère d'aller à dextre en sortant d'ici. Puis en bout de route nous pourrions prendre le bac qui s'y trouve en permanence, y monter avec les chevaux pour aller déjeuner sur l'isle... Qu'en pense Ma Dame ?"


Il rosit un peu…


] »Je me suis permis de pourvoir à nous sustenter, car la chevauchée risque d’être fatigante et je ne voudrais point que ma souveraine bien-aimée ne dépérisse d’inanition. Je me dois de veiller à sa sécurité tant qu’à sa santé, après tout… Cela est dans mes attributions de soldat et de chevalier servant désigné par vous comme tel pour ce jourd’hui. En plus, cet endroit sera propice pour bavarder tranquillement ou bien pour que ma souveraine puisse se reposer pendant que mes hommes et moi veillerons sur elle.»/b]


Se hissant à son tour en selle, il vint au botte à botte avec sa souveraine, tant pour la protéger que pour la poursuite de leurs échanges et attendit sa décision en lui souriant...

Mickael réfléchit un moment avant de répondre.


"Ma Dame, vous méritez honnêtement tous les compliments que je vous fais. Je juge que chaque femme, étant la plus belle création du Très-Haut, en mérite sa part. Le genre féminin endure bien des maux fautent à la gente masculine : coups, injures, violes, dictats paternels ou maritales, conception et enfantements, travaux ménagers et des champs, soins des malades, et j'en passe... Étant la première femme de France, vous en méritez plus que toutes autre, étant exposée plus qu'une autre aux critiques aux médisances et aux attentats. Je suis de par nature un homme respectueux et courtois envers le beau sexe, quoique ni marivaudeur ni ravisseur, la faute à mon éducation rigoriste et à mon passage au séminaire je suppose... Donc acceptez avec joie ce que je vous dis, et si ce n'est point déroger à l'étiquette dont j'ignore tout, en plus de ma loyauté de ma vie et de mon admiration émerveillée, j'ose vous offrir ... mon amitié si humble soit-elle, Ma Dame. Je ne l'offre que très rarement, sauf à des personnes très spéciales dignes de confiance intéressante et honorable."


Il sourit gentiment à sa sublime souveraine...


"Si vous répétez mes propos au Roy, j'espère qu'il n'en prendra point ombrage car ils viennent d'un cœur pur. J'aime beaucoup votre époux également et le juge homme intelligent sympathique et ayant la bonne gouvernance à cœur. Si je puis lui prouver qu'en moi il a davantage un ami qu'un serviteur, qu'il me mette à l'épreuve. Mais puisqu'il m'accorde la joie extrême d'une journée en votre compagnie, journée que je chérirai comme un trésor sans prix en ma mémoire, il a déjà confiance en moi ce qui est déjà beaucoup pour un homme d'origine coloniale comme moi ; qu'il en soit remercié."


L'anspessade réfléchit un moment...


"Loysse, si vous me permettez de vous appeler ainsi lorsque nous sommes pratiquement seuls, vous devez comprendre une chose... Je ne suis pas encore officier, mais j'ai beaucoup lu et étudié en plus d'avoir commandé maximum à une cinquantaine d'hommes... Le commandement est semblable à la pierre de faîte du pignon le plus haut du clocher d'une cathédrale. Elle semble attirante, belle, briller au soleil, mais... elle est bien seule au bout de sa flèche dorée qui transperce les nuées. Pour vous encore plus, mais pour votre époux encore bien davantage. Les autres vous craignent vous envie vous admire vous flatte, voir même tout ceci à la fois. Les humains sont par nature rebelles à l'autorité même à celle du Très-Haut. Beaucoup vous aimeront par intérêt et vous fuiront si vous chutez du piédestal érigé par vos ancêtres, car les gens sont attirés comme les abeilles par le miel par les miettes de pouvoir qu'ils peuvent tirer de vous mais peu auront le courage de soutenir la couronne si elle chancelle. Ils sont si souvent semblables à des chiens vicieux qui mordent la main nourricière quand surviennent les jours de malheur ! Alors mon amie, soyez toujours forte et dure quand il le faut. Mais avant de rendre un jugement, pesez soigneusement le pour et le contre, car vous vous devez d'être juste en toutes circonstances. Soyez la main de fer dans le gant de velours, et le Roy la main d'acier la voix d'autorité et l’œil juste et compatissant... Tout ce dont je viens de vous parler est valable pour tout bon officier conscient de ses devoirs et du fait que ceux qui lui sont assujettis comptent sur lui tout en le craignant ou l'aimant c'est selon... Mais cela est valable également à un degré multiplié par cent à vous et à votre époux. Tâche écrasante que la vôtre en vérité, mais je crois que vous avez assez de perspicacité et notre Sire les épaules assez robustes, pour l'assumer de mieux en mieux."


Mickael reprit son souffle, rougit un peu... C'est la plus longue tirade philosophique qu'il n'a jamais fait, et à la Reine en plus !


Il lui prit la main droite et la baisa.


"Si jamais j'ai offensé ma Reine par mes propos, qu'elle veuille me pardonner. Je me sens bien et confiant en son auguste et charmante compagnie et j'ai laissé marché ma langue en toute confiance comme avec une amie très chère..."




Il fit signe à Gros-Pierre de sortir le premier, puis il chemina lentement près de sa Reine.


"Vous êtes un ange de me demander de mes nouvelles... En effet, cela fait bien trop longtemps que nous ne nous sommes point vus ! J'ai souvent demandé de vos nouvelles aux nobles et aux officiers que je croisais. J'aurais aimé vous écrire, mais ne savais pas si j'en avais le droit pour prendre de vos nouvelles, car j'avoue que votre santé et votre rétablissement me tenaient fort à cœur. ... Des nouvelles... eh bien oui, je viens de passer trois mois en mer avec le SEG comme capitaine ainsi qu'en compagnie d'hommes et de femmes de divers régiments. L'expérience fut fort enrichissante il est vrai. Cocasse aussi, car peu d'entre nous avions navigué auparavant. Mais Charles fut un merveilleux professeur et nous des élèves enthousiastes et au final nous finiment par devenir des apprentis marins convenables. Cela est bel et bon, car la France n'ayant plus de marine pour le moment, il est prudent que les fantassins palient même imparfaitement à ce déplorable état de fait. Décidément, la vie militaire mène à tout !"


Il eut un rire franc et chaud...


Mais... sur le chemin du retour, je reçus par pigeon une brève de mon épouse me disant qu'elle en aimait un autre... Cela fut un choc dans une certaine mesure j'avoue ! Après avoir beaucoup pleuré et m'être torturé l'esprit, puis consolé par Charles Jiovani mes compagnons de bord, mais surtout par mon amie Cara aujourd'hui Capitaine médecin de Paris, je me suis fait une raison. Mercedes aime rire s'amuser être entourée constamment, ainsi est sa nature. Elle est sublimement belle lumineuse généreuse enjouée pleine de vie et hyper compétente dans son travail, toutes choses que j'admire en elle. Étant peu présent à cause de mon métier et ayant pris conscience que nous avions une optique diamétralement opposée vis-à-vis de la vie de couple et ce qu'elle implique et sur une foule d'autres sujets cruciaux, n'étant point un tyran et ne voulant point d'un amour et d'un corps partagé, je lui ai rendu la liberté d'agir à sa guise et me suis octroyé la même. Je ne pouvais faire plus, vu que le divorce est impossible en France. Cet arrangement en surprendra plus d'un mais peu m'en chaud au demeurant. Avant de quitter le château j'ai reçu une missive d'elle m'indiquant qu'elle comprenait ma décision et qu'elle appréciais ma compréhension de ses désirs. Cela fait de nous de tendres amis sans oublier des parents responsables, car sachez-le, j'aime mes enfants même s'ils ne sont point de mon sang et continuerai à aller les voir à notre villa qui est décrétée zone neutre réservée aux amis et à la famille et non à nos... amants ou amantes respectives ; point question entre nous de triangle amoureux ou de partie carrée, cela est totalement exclu ! Notre histoire fut fort belle, cela restera toujours une belle part de ma vie. Elle changera de registre tout simplement. Mais Votre Majestée nous verra toujours ensembles lors de solennité n'ayez crainte, et soyez rassurée : malgré la désaffection de mon épouse, je la soutiendrai la défendrai en cas de coups durs, et serai le plus souvent présent possible pour l'éducation de nos enfants ; je suis homme d'honneur et de devoir. Mais tout comme mercedes a su finalement trouver le compagnon qui lui convient, je... je crois bien que... si le Très-Haut le veut, j'ai trouvé celle qui est faite pour moi... Je l'ai rencontré à ma descente de bateau. Nous nous sommes heurtés, je l'ai soignée, nous avons bavardé, je l'ai raccompagné chez elle. Elle est belle bonne et douce, mais je sens en elle des trésors d'intelligence et d'amour. Et... elle est d'une beauté lumineuse qui me ravit l'âme et fait chanter mon cœur à nouveau ! Elle se prénomme Marie."[/b]


Mickael sourit tantôt avec mélancolie tantôt avec joie ou émerveillement aux divers passages de sa narration.


Une fois les grilles du château franchient, il fait passer son étalon du pas au trot, toute la petite troupe se calquant sur son allure...


"Je suis fort aise que mon déjeuner dans l'Isle vous plaise, L... euh je veux dire... ma Reine. Vous faites grande joie à votre humble chevalier servant en agréant à ses idées !"


Cheminant en silence un instant laissant à Loysse le temps de digérer toute la logorrhée qu'il vient de lui servir, Mick n'oublie pas sa tâche, et scrute d'un oeil perçant tout ce qui l'entoure, buissons et arbres ainsi que faussées, à l'affût de tout danger, prêt à offrir son corps en guise de bouclier à sa souveraine et à tuer net tout fou assez imprudent qui oserait venir lui gâcher cette belle journée !

Je ne savais si cela était le fait d’avoir passé un long moment en mer et de n’avoir pu voir grand monde, ou si Mickael était du genre bavard, ou alors est-ce que le fait de pouvoir passer un peu de temps en ma présence l’encourageait à parler ? Toujours est-il que je le laissais parler sans le couper.

Je le regardais lui souriant profitant de ce moment de quiétude donné, de sentir le soleil frapper avec douceur mon visage pour le réchauffer et laisser jouer les quelques mèches de cheveux qui vouaient un malin plaisir à me caresser la joue.

Mickael était une personne que je ne connaissais que peu et pourtant j’avais tout de suite eu grande sympathie pour lui. Certains de ses propos devaient sans doute marquer un léger étonnement sur mon visage. D’autres peut-être une expression du visage qui laissait à penser que je comprenais ses maux, ses ambitions, volontés. Et quand il abordait le fait de n’avoir pas osé m’écrire, j’en étais plus qu’étonnée voire même un peu déçue qu’il n’ait pas osé franchir le pas. Mais je le comprenais aussi. J’étais la reine et aux yeux de bien du monde on n’écrit pas à la reine comme on écrit à une amie. Mais là pour moi si Mickael avait fait le pas cela aurait été bien différent. Je commençais donc à lui répondre concernant ce sujet là pour ensuite revenir sur les autres après m’être surtout remise, en tentant de chasser le rouge qui gagnait mes joues, de la marque d’affection qu’il venait une fois de plus me porter en me prenant et baisant la main tout en osant me demander s’il pouvait m’appeler par mon prénom.

Je le laissais inspecter les lieux du regard avant de briser le silence en le regardant et lui souriant.

Mickael…. Vous êtes incroyable tout de même, vous me faites sourire et rire. Par contre je devrais vous tirer les oreilles oh que oui.

Je le regardais en coin riant légèrement à me dires.

Vous tirez les oreilles parce que vous ne m’avez pas écrit. Tout le monde a le droit d’écrire à la Reine, pourquoi pas vous ? En plus j’avoue que si j’avais eu lettre de votre part j’en aurai été fort heureuse. Savez-vous que j’ai demandé de vos nouvelles à Mercedes lors de notre arrivée à Rouen ? Je lui ai dit de vous passer le bonjour et que j’aurai bien voulu vous voir. Elle ne m’a rien dit concernant votre situation et m’a juste fait savoir que vous étiez en mission. Je n’ai su que par la suite par des rumeurs, que Mercedes avait donné son cœur à quelqu’un d’autre.

Donc pour en revenir à cette ou ces lettres non écrites, vous êtes impardonnable, il va vous falloir vous rattraper.

Riant encore je devais sans doute l’étonner d’avoir tel langage mais à présent un vent de sérieux venait de s’abattre sur moi. Je savais qu’il ne minerait rien au moment que je partageais avec Mickael mais ce retour au sérieux était on ne peut plus normal.

Vous savez…. Je n’oublierai jamais ce que vous et Alban avez fait pour moi quand vous m’avez retrouvé. Je n’oublierai jamais le regard presque larmoyant que vous portiez sur moi et les soins que vous m’avez prodigué. A cela je vous serai à jamais reconnaissante. J’ai su par la suite aussi ce que chaque soldat a fait pour me retrouver, à chacun je leur dois sans doute ma vie, mais vous…

Je secouais légèrement la tête pour ne pas me laisser submerger par les émotions, soupirant un bon coup pour me reprendre avant de reposer mon regard sur Mickael en ayant retrouvé le sourire.

Alors oui vous pouvez m’appeler Loysse, oui vous pouvez m’écrire quand vous le souhaitez et sachez que vous pouvez compter sur moi aussi. Je suis peut-être la première Dame du Royaume de France et de Navarre, mais pour certains je suis Loysse avant tout et reine ensuite. Enfin toujours est-il que l’étiquette en public se doit d’être de mise et qu’est ce qu’elle me fatigue parfois cette étiquette si vous saviez.

Un petit temps au trot avant de revenir au pas…

Sinon vous me voyez vraiment navrée pour vous et Mercedes mais je puis tout à fait comprendre. Comme je le dis souvent « le cœur a ses raisons que la raison ignore » et combien de fois cette citation ne s’est-elle pas révélée exacte. Un grand philosophe que celui qui a donné cette citation. Pour moi la raison n'arrive pas à comprendre logiquement ce qui fait agir une personne qui ressent des sentiments pour quelqu’un alors qu’on ne devrait peut-être pas. Les sentiments vivent dans un monde non régi par des lois, mais par des impulsions, des pulsions, des attirances, des coups de coeur inexplicables d'une façon raisonnable.

Après il est certain que d’autres facteurs entrent en ligne de compte peut-être aussi, telle la solitude, la longue séparation. C’est peut-être tout cela réunit qui a fait que vous et Mercedes mettiez un terme à votre relation tout en gardant une énorme tendresse l’un pour l’autre, un respect commun naturel entre vous, pour vous et pour vos enfants.

En fait, on dirait que l’amour que vous vous portiez s’est transformé en amour fraternel, amical, un mélange des deux.

J’avais l’impression en m’exprimant de parler de ma propre histoire. Cet attachement sincère et profond qui nous liait Louis-Philippe et moi. Ce lien indestructible mais qui pourtant n’étant pas l’amour avec un grand A.

Mais là où je suis étonnée c’est que vous me disiez que votre union ne peut se défaire. Pourtant cela est tout à fait possible, puisque je sais qu’annulations de mariage ont été prononcées par le cardinal Luc au Mont. Donc si vous souhaitiez vraiment mettre un terme à cette union il vous faudrait vous renseigner auprès de sa personne. Enfin c’est à vous de voir car il ne s’agit pas là non plus d’une urgence de ce que j’ai compris.

Je m’arrêtais de parler à mon tour et sans m’en rendre compte m’attardais sans doute longuement pour Mickael, sur sa personne et son visage.

Vous savez que de partager du temps avec vous est un pur et réel bonheur ? Nous n’arrêtons pas de parler et parler encore. J’ai l’impression à vos côtés d’être une personne comme une autre. J’en oublie même que nous avons escorte, que je suis la reine…. Je me sens bien et presque libre.

J’en avais du coup oublié de lui donner mon avis ou réponse sur tous les autres sujets dont il m’avait parlé, mais nul doute que nous y reviendrons un moment ou un autre de notre journée passée ensemble. Et pour ne point le gêner plus en avant de la manière dont je l’avais dévisagé. Je tournais ma tête pour regarder un peu aux alentours puis devant moi.

Sous le regard à la fois tendre rieur et amical de la reine, la boule de chagrin qui serrait le cœur de l'Anspessade se dénoua un peu. Il lui rendit son long regard, la détaillant, encore et toujours admiratif devant la beauté sans égale de sa souveraine. Le rouge à ses joues et le vent jouant dans ses cheveux l'embellissait davantage si possible, faisant d'elle l'image même d'une jeune amazone libre sauvage et pleine de grâce. En l'entendant prononcer son nom de sa bouche si joliment dessinée, son cœur fit trois tours.


"Oh très chère Loysse, quelle joie inexprimable de vous entendre dire mon nom de votre voix musicale aux harmoniques si pures ! Je me sens bien en votre compagnie sachez-le. Dès notre première rencontre, j'ai deviné la femme enjouée et naturelle derrière le masque de la reine et cela m'a conquis. Oui ma chère, vous avez mon amitié pour tout ce qu'elle peut vous apporter. Pour ma reine je ferai bien des choses même les plus dangereuses ou les plus ignobles ; pour mon amie, je ferait n'importe quoi. Donc usez et abusez, n'ayez point crainte de trop demander. Si vous voulez également un confident, je suis là et ce que vous me confierai restera scellé en mon cœur je vous en fais le serment."


Quand son amie le réprimanda gentiment, il rosit de confusion.


"Je me rend bien compte que j'ai été un imbécile doublé d'un goujat de ne point vous écrire. Mais ne connaissant rien à l'étiquette, je n'ai pas osé le faire. Mais pas un jour n'a passé sans que je ne pensasse à vous et que je ne m'inquiète. C'est finalement le Colonel kalimero casanova qui a fini par me dire que vous alliez mieux. J'ai aussi été touché profondément lorsque mercedes m'a transmit vos salutations. Puisque vous me le permettez, je vous écrirai avec joie ! Et si vous voulez me voir à Paris ou pour d'autres excursions, je serai à nouveau votre chevalier servant avec joie mon amie !"


Mickael éclata d'un grand rire joyeux au diapason de celui de son exquise amie. Puis redevenant sérieux...


"Vous savez, j'avais déjà un coin de mon coeur réservé à votre seul usage dès ce jour terrible où je dû prendre le risque de vous sauver. Je pleurais en effet, tant de vous voir dans ce triste état que de l'angoisse de vous mal soigner et d'être la cause de votre mort. J'avais dû torturer une femme et un homme atrocement, j'étais prêt à cette extrémité pour vous récupérer vivante. Personne n'avait assez d'estomac pour le faire, sauf le Roy qui m'a aidé une fois. Personne n'a eu le courage de tenter de vous sauver, je l'ai pris, sachant bien que si j'échouais, mon exécution suivrait votre trépas de peu; mais peu importe, il fallait que je tente ma chance. Le Très-Haut adjoint à mes modestes talents ont paré au plus pressé, et je l'en remercie à deux genoux matin et soir ! Vous parlez aussi de ce si cher Alban ! Oh, il a bien pleuré lui aussi et il aime noblement sa reine. Alban, voilà un homme selon mon cœur, un gentilhomme droit bon et généreux, mais aussi brave téméraire et aimé de ses hommes. Mon colossal ami est mon modèle à penser, mon exemple de ce que doit être tout bon soldat et gentilhomme ! Lorsque vous le verrez, dites-lui tout le bien que je pense de lui, faites-lui mes amitiés je vous prie, douce amie."


Mickael écouta Loysse dans un silence recueilli puis après deux minutes de réflexion, tandis que Lucifer ralentissait son rythme à celui de la pouliche de la reine...


"Tout ce que vous venez de dire est juste et vrai chère Loysse. Il serait bien plus facile pour tout le monde, quoiqu'un tantinet ennuyeux, si notre raison commandait à notre cœur. Je suis sûr que même connaissant mon état de soldat déjà existant avant nos épousailles, mercedes m'a aimé. En fait, elle m'aime encore, mais aime ottokar en même temps. Mais elle s'est et se donne de cœur et charnellement à lui, elle va chez lui aux yeux de tous, même lorsque je suis présent en ville. Il est vrai que j'ai moi-même édicté le gentleman agreement, mais je ne pousserai point la complaisance jusqu'à ... euh... réchauffer son lit la nuit tandis que le jour... eh bien... Bon bref, c'est déjà assez pénible de voir mon nom ainsi bafoué en ma quasi présence. Mais ils s'aiment et l'amour rend insensible à tout ce qui n'est point son objet... Je fais tout mon possible pour lui garder mon amitié et mon estime, même si les deux sont misent à rude épreuve ces temps-ci. De devoir paraître calme aimable courtois durant les fêtes et les solennités est déjà presque au-delà de mes forces, mais grâce au Très-Haut, j'y parviens encore même si, à part pour les enfants, je me demande bien à quoi cela me sert de continuer ce rôle qui me sied si mal... Le divorce serait probablement préférable, car ce... hummm... briseur de ménage qu'est le sieur ottokar clabaude partout que mercedes sera bientôt sa femme... L'imbécile ! S'il n'y a pas divorce, il fera de mercedes tout simplement sa maîtresse, pour ne pas dire autre chose Je ne vous dit point tout cela pour les calomnier à vos yeux, je ne mange pas de ce pain-là moi. Ils sont outre cela de bons administrateurs très compétents et des personnes agréables à côtoyer selon les dires des Rouennais. Toute cette affaire me trouble, et il me fallait bien en parler à une amie, et le destin a voulu que ce soit à vous que je me confie, vous qui avez tant de choses a songer !! Et puis... Si il l'aime tant que cela, pourquoi elle et lui n'ont-ils point fait les choses dans l'ordre ? À savoir eu l'annulation et ensuite vivre ensemble et se marier ? Ainsi cela m'aurait évité la honte de porter des cornes, de voir mon nom noirci, d'entendre les ricannements et les chuchotis dans mon dos, et cela permettrait à quatre personnes de s'aimer dans l'honneur et la paix retrouvée... Est-ce moi qui ai tort en pensant cela, ou bien la France est-elle tombée dans une immoralité telle, que le bris des serments indiffère tout le monde sans que presque personne n'en éprouve vergogne ? Le Très-Haut, du haut de Son trône Céleste, doit en verser des larmes de sang, j'en jurerais ! L'amour c'est bien beau, mais cela n'excuse pas tout. Puisque ce sont eux les fautifs et qu'ils ont déjà consommé leur union, ils devraient demander ce divorce ; leur attitude m'échappe complètement. Mais si ils ne le font pas, eh bien, je garde votre suggestion du Cardinal Luc en mémoire et vous remercie grandement pour cette information... Je… j’ose espérer qu’ils n’agissent point sciemment comme ils le font en ce moment, j’ose avoir cette naïveté. Je vous ai avoué qu'une jeune femme du nom de Marie dict. delarose a su dégeler mon cœur. J'ai le pressenti qu'elle éprouve de beaux sentiments à mon égard que mon cœur est enclin sans réserve à lui rendre en retour. Elle a su que je suis encore marié et les rumeurs allant bon train sais sans nul doute ma situation maritale pour le moins bancale. Cela ne la trouble point et elle ne me rejette pas, chose dont je suis fort joyeux ! Mais sachez ma reine que j'ai toujours respecté cette jeune femme. J'irai lui parler de ma situation et lui demanderai si elle veut que nous vivions ensembles sans être mariés. Si elle ne le veut point, alors je tenterai la démarche d'annulation à moins que les deux autres aient la décence de la faire. Si je l'obtiens, j'épouserai Marie et me conduirai correctement jusqu'au mariage. Si je ne l'obtiens point, alors, Marie décidera si elle m'aime assez pour me prendre sans qu'elle puisse porter mon nom. Ce qui me chagrine dans tout cela, c'est que j'ai adopté les enfants que mercedes a eu de son défunt époux Chawg O.Neel. Je les aime comme si ils étaient miens ! Mais me sera-t-il encore permis de les voir ? Mais si jamais cela m'est défendu, eh bien, je vivrai tout de même avec Marie coûte que coûte, et mes enfants eh bien, ils auront un autre père à aimer. Ils sont du sang de mercedes et au bout du compte le sang est plus fort que tout. Mais je les aimerai toujours, et j'espère que quand ils auront l'âge de raison ils comprendront qu'il n'y a point de ma faute dans toute cette navrante histoire et consentiront de leur propre chef à me voir. Car j’ai toujours été d’une correction parfaite avec leur mère, je n’avais jamais regardé aucune autre femme qu’elle depuis mon arrivée en France, même si l’armée en compte de fort belles que j’aurais pu séduire. La faute en est donc à la fatalité, à ce maudit cupidon qui a tiré ses damnées flèches là où il ne fallait pas, voilà tout. J’espère que ceux qui sont à la fois mes amis et ceux de mercedes ne prendront parti ni pour elle ni pour moi et continueront à nous aimer tous les deux de manière égale ainsi que nos compagnon et compagne respectifs si divorce il y a possibilité d’avoir. Mais si ce sont de véritables amis, ils comprendront je suppose…"


Mickael saisit la main de Loysse, la serra fort tout en continuant à cheminer.


Sentant son doux regard peser sur lui, il la regarda, lui sourit.


"Eh bien chère Loysse, en ce moment, nous sommes simplement deux bons amis qui se retrouvent après une longue séparation pour échanger leurs avis sur foules de sujets, et aussi pour profiter de leur présence mutuelle pour y puiser joie et réconfort ainsi que pour partager les joies simples qu'offre la nature et la vie. Voilà un bel exemple d'amitié pure !"


Tout en cheminant, Mickael fixait l'horizon. Soudain, un éclat de soleil se reflétant sur une nappe d'eau vint frapper son regard.


"Nous arriverons au bac dans une demie-heure très chère Loysse. Mais que cela ne nous retienne point de bavarder, car sachez-le, je ne me lasse point de vous entendre, cela est musique à mes oreilles !"

Cinq minutes plus tard, Mickael serra un peu plus fort la main de Loysse qu'il n'avait pas lâché....


Lui faisant un sourire gêné, ajouta...


"Loysse, j'espère que mes propos ne vous semblent point trop vieux-jeux ou provinciaux... Mais le fait est que je viens de Nouvelle France, là où le Pascalisme est très fervent et suivi par tous avec grande rigueur. Ma sainte femme de mère, le Très-Haut l'ait en sa divine garde, m'a enseigné la droiture de cœur et d'âme, la fidélité, le respect des serments donnés du moins tant que l'autre personne ne les brisent pas de son côté, le respect de la femme en général et plus particulièrement celui dû à la femme aimée en lui étant fidèle de coeur de corps et d'esprit. Je suis homme bien sûr dans toute la force du terme et ai parfois des idées de mal me conduire, mais cela ne va jamais plus loin le Très-Haut en soit loué ! Donc je vous avoue que les mœurs plus laxistes de la belle terre de France m'ébaudissent un peu, rendant sans doute mon rigorisme risible aux yeux du plus grand nombre. Cela est patent, puisque peu de gens de ma connaissance prennent mon parti en ce qui concerne mercedes ottokar marie et moi. Je n'en veux point à mes détracteurs si leur loyauté va à l'autre camp. Mais cependant, tant que leur loyauté ne va pas plus loin que des murmures dans mon dos, je n'en ai cure. C'est seulement si cela finit par se traduire par des actes à mon encontre ou à celui de ceux ou celles qui me sont chers que là, j'avoue que cela serait de l'ingérence intolérable dans les affaires d'autrui, chose risquant d'attirer horions et entailles douloureuses aux mal polis !"


Il sourit d'un sourire dur et glacial...

"Je donne libéralement et sans compter de bon cœur les deux choses susdites mentionnées sans rechigner à la besogne.", ajoute-t-il d'un ton mortellement sérieux.


"Quant aux mœurs des autres, tant que cela ne me nuit pas, eh bien, chacun a le libre arbitre de faire comme il lui convient bien évidemment."


Puis se soulevant sur ses étriers, regarde au loin.


"Très chère Loysse, Ma Dame, j'aperçois la berge de la rivière. Patience donc ma reine, nous nous reposerons bientôt sur le bac pour une courte excursion au file de l'onde pure et claire."

Mickael savourait ce moment de profonde intimité avec sa Dame, sa Reine, mais avant tout son amie. Il reprit sa douce main, la serra à nouveau.


La regardant intensément, il vit le jeu des émotions passer fugitivement sur son visage aux traits si purs et si fins, dignes des plus beaux chef-d’œuvres de la statuaire grecque classique au sommet de son art. Il y lisait tantôt amour, tendresse, désir. Il capta son regard de femme posé sur lui. Avec son instinct d'homme véritable, il compris ce regard de Loysse et y répondit un instant avec feu, y faisant passer tout l'amour pur et sans ambiguïté que lui inspirait cette jeune femme si belle noble et pourtant, si douce généreuse et compatissante, quand la femme prend le pas sur la Reine. Il enfoui les changements d'émotion et le sublime regard de Loysse comme un tableau vivant dans son cœur et dans son âme, souvenir qui ne disparaîtrait qu'au jour de la mort de l'Anspessade ! Il se dit en lui-même que si elle n'avait point été Reine et que si ce fut elle qui eut croisée sa route la première lors de son arrivée en France, il aurait tenté les plus folles audaces pour l'épouser ! Puis il se calma, lui jeta un long regard empli de douceur de dévotion et d'amitié sans faille. Le beau rêve ne saurait jamais être désormais, mais l'amitié mutuelle, elle, perdurerait.


"Vous savez, Loysse, dès le premier regard que j'eusse posé sur vous lors de votre visite à Rouen, j'ai su que je serais prêt à bien des choses pour vous servir, vous protéger, vous aider. Il y a des dévouements et des amitiés qui naissent en un instant de manière incompréhensible mais pourtant bien réels. Le coup de foudre classique m'était interdit tant par votre position que par nos attaches respectives, mais en amitié cette chose-là arrive également. Dès cet instant, j'étais déjà votre ami quoiqu'en secret, mais la providence a permis que nous passions cette magnifique journée ensemble et que nous nous disions toutes les belles choses que nous pensions chacun de notre côté. Choses belles et bonnes en vérité, et dont personne ne peut prendre ombrage sauf si il a le coeur bien noir et mesquin !"


"Oui Loysse, cette journée n'est point terminée et sera encore riche en événements joyeux, en douces discussions, en calme bien mérité."

Mickael soupira...


"Effectivement, lilly est assez grande et suffisamment intelligente pour comprendre bien des choses, vous avez raison. Je ne sais vraiment pas si la situation finira par se régler dans le calme ou dans la guerre, de manière civilisée ou déchirante. Mais toute situation conflictuelle ne peut durer indéfiniment quand il est question de l'avenir de plusieurs personne. Chacune a ses aspirations, ses attentes, ses buts. Chacun ici-bas a le droit de tenter de les atteindre et d'écarter de son chemin ce qui nuit à son épanouissement personnel. J'ai sincèrement aimé mercedes ! Même durant mes absences pour causes de service, son image était toujours en mon cœur, les autres femmes n'existaient point pour moi. Elle m'a aimé je le sais, elle a eu un moment de faiblesse et un autre a su profiter de cette faille. Il a osé risquer la mort ou à tout le moins de graves blessures pour la conquérir ; il l'a fait par amour je l'espère tant pour lui que pour elle. Mais du moment où mon épouse a succombée, eh bien, elle a perdu ma confiance ; sans confiance, l'amour véritable n'est point possible du moins selon mes critères à moi. Lorsque je déciderai définitivement du sort de ma vie et lorsque toutes les circonstances favorables pour un changement seront en place, eh bien, elle ira son chemin avec ottokar et moi, si mariedelarose dont je vous ai déjà parlé veut faire un bon bout de chemin sur la route de la vie en ma compagnie, je le ferai avec elle. Mieux vaut deux couples heureux que quatre individualités qui se déchirent, ce me semble."


Il adressa un sourire rassurant à son amie.


"Ne vous inquiétez point, chère Loysse. Mes éclairs de rage et d'envie de meurtre sont très rares désormais. En Nouvelle France, durant quatre ans, j'ai pillé, incendié, ravagé et tué, les peuplades amérindiennes qui avaient détruit ma famille ma maison et une bonne partie de ma cité natale. C'était la Guerre avec tout son cortège d'horreurs innommables. Je n'ai point aimé faire ce que j'ai fais, une fois que mes troupes et moi eûmes exterminé la tribu la plus fautive. Je quittai donc la milice du Sieur De Repentigny et vins en France pour recommencer ailleurs ma vie. Oui la vie est belle et cruelle tout à la fois, comme une médaille aux deux faces diamétralement opposées. Mais malgré tout, elle vaut la peine d'être vécue à fond jour après jour ! Surtout quand on a la chance d'avoir des amis véritables qui feraient n'importe quoi pour ceux qu'ils aiment et respectent. Merci très chère amie, je sens dans vos paroles que vous m'accordez vraiment amour pur amitié et protection ; il en va de même pour moi vous concernant, n'en doutez pas."


Mickael interpella Gros-Pierre, lui ordonna d'aller jusqu'au bac, de le réquisitionner, d'en expulser tout le monde le cas échéant. L'homme partit ventre à terre et revint dix minutes plus tard. Tout était réglé, le bac les attendait bien sagement.


"Encore quelques minutes de chevauchée puis une demie-heure de traversée, et nous pourrons nous délasser en prenant un excellent repas, ma chère Loysse."


Il porta la main de son amie à ses lèvres un instant, puis fixa les alentours d'un oeil pénétrant pour déceler si rien ne pouvait leurs gâcher cette belle journée. Il soupira de soulagement, rien à signaler, le Très-Haut en soit loué !

Mickael sourit de plaisir aux douces boutades de SA Dame, embrassant sa main avec ferveur, dans un élan d'amour pur et d'amitié sans ombre ni sous-entendus.


"Merci loysse, tu as parfaitement raison, je ne suis pas une machine à égorger et étriper sauf en service commandé ou en légitime défense. Concernant ma mariedelarose, je l'aime de toutes mes fibres tant mentales émotionnelles que physiques, j'en suis payé de retour je le sens au plus profond de moi. Je lui ai envoyé une missive, j'attend Ventdunord d'un jour à l'autre me ramenant sa réponse que je souhaite favorable à notre union à ma belle sylphide et moi."

Il sourit, confiant. Confiant en son avenir, heureux de cette journée de rêve en compagnie de son amie.


Serrant sa douce main dans la sienne...


"Sache très chère amie, que désormais tes ennemis personnels sont les miens, que tes joies et tes peines me sont sacrées. Use et abuse de moi selon ton bon plaisir et tes besoins. Cela fait partie des devoirs entre amis. Mais j'accomplirais n'importe quoi pour toi, même protéger aussi ceux ou celles qui te sont cher ; j'ajouterais au devoir d'ami ainsi, mon ardeur à te servir sans coup férir, sans trembler ni reculer, peu importe les ennemis ou les embûches."


Une fois arrivée sur le quai du bac, toute la troupe mis pied à terre, Mickael fut plus prompt que loysse, sauta à terre, enleva sa sublime amie dans ses bras, monta avec son doux fardeau plus léger que plume de cygne, qu'il remis sur ses pieds charmants un instant. Retirant sa propre casaque, l'étendit sur un banc de bois longeant tout le côté bâbord de la coque carrée de l'embarcation.


Lui faisant une bise sur la joue qu'elle avait fraîche et douce, lui ramena ses longues mèches folles derrière les oreilles et sourit, taquin.


"Soldate loysse, mes ordres te concernant sont simples. Tu t'assied sur ce banc pour profiter de la brise et du paysage. Accessoirement, tu peux regarder aussi autour de l'embarcation et me signaler tout écueil flottant risquant d'endommager notre coque. Je serai le capitaine et le rameur pour notre équipée à deux. Oui, rien que nous deux, les autres restent ici pour monter la garde afin que personne ne puisse traverser et venir nous déranger. Étant ce jourd'hui ton chevalier servant, je remplirai tous les rôles de ton service, nous pourrons ensuite nous promener tranquillement et continuer à bavarder paisiblement ou toute autre chose qui te plaira pour ton délassement et ton amusement. Tu mérites cette journée de repos loin des soucis et des tracas, un seul vrai ami à tes côtés."


Étant redescendu un instant, il se saisit du panier à provision ainsi que de ses armes personnelles, confiant Lucifer aux bons soins de Sonia. D'une voix forte, il ordonna à ses hommes d'établir un petit camp sur cette berge-ci, mais de demeurer vigilants au cas où... Ils acquiescèrent. Il dédommagea aussi le batelier à double tarif, et l'homme s'en alla content en le bénissant.


Remontant sur le bac,, il laissa choire tout son chargement sur le banc de bois tribord, puis empoigna la longue perche gisant au fond, se plaça en proue, la plongea jusqu'à ce qu'elle touche le fond de vase, s'arc-bouta, et le bac décolla du quai lentement. Tout en poussant sur sa perche, il chantonna doucement un air de son pays, retrouvant avec plaisir les sensations du voyage en rivière, comme au temps pas si lointain où il arpentait celles de Nouvelle France en solitaire dans son canot d'écorce. Mais cette fois-ci il n'était point seul ; la première et la plus belle Dame de France l'accompagnait, son amie. Il en était encore tout émerveillé et bouleversé de joie, le pauvre Anspessade, que de cette amitié réciproque et foudroyante, mais par Dieu, il n'échangerait ni sa place ni ce bonheur pur pour tous les trésors du monde ! Il sourit joyeusement à loysse et chantonna...


"C'est l'aviron, qui nous mène, qui nous mène ; c'est l'aviron, qui nous mène en avant. Hauts les cœurs compagnons, souquons fermes avec rires et chansons comme compagnons. Ramons hardiment, je vois repos et belles compagnies de nos mies au-delà de ce tournant, là où bondit le soleil sur le lac miroitant... C'est l'aviron, qui nous mène, qui nous mène, c'est l'aviron, qui nous mène au fil des flots rugissants..."


Une fois sa chansonnette achevée, sourit timidement à sa belle amie.


"Je viens de me rendre compte que je t'ai tutoyé chère amie. Je continuerai si tu le permets, car entre amis en privé cela est permis...."

Tout en continuant à pousser sa perche contre le fond vaseux de la rivière, Mickael sourit largement à sa Reine bien-aimée.


"Oh très chère Loysse, tes compliments me vont droit au cœur ! Mais... si tu continue à m'en prodiguer, je crois bien que je vais rougir, chose dont je ne suis point coutumier... En effet, j'aime bien chanter lorsque je suis heureux et je le suis en ce moment en cette splendide journée en ta sublime compagnie douce amie ! C'est mon défunt père qui m'a refilé son goût du chant et de la musique que j'ai affiné au séminaire... J'espère que ce talent plaira à Marie ainsi que ce que je peux lui offrir et ce que je suis. J'avoue sans fausse honte que, moi qui ne reculerais point devant une charge de cavalerie, cette jeune femme me désarme rienque en étant elle-même ; je tremble que ma situation familiale et maritale présente ne la rebutent, mais je la présuppose assez éprise et fine mouche pour passer par-dessus tout cela. J'attend avec impatience le retour de Ventdunord porteur de sa réponse !"


Il regarda son amie.


"Je suis fort aise de te voir détendue et alanguie pour un moment et que tu puisses profiter de cette ballade au fil de l'eau et du reste en ma compagnie ! Tu mettrais le comble à ma félicité si tu avais l'amabilité, lors du pique-nique, de me chanter de ta voix de cristal une ballade de ton pays, si cela n'est point trop demander. Ainsi, je me croirais transporté dans le pays des enchantements féeriques pour un bref instant... Oh mon amie, j'apprécie à sa juste valeur le cadeau que tu me fais de te côtoyer telle que tu es au naturel ! Cela vaut toutes les médailles et les titres de noblesse, plus que l'argent le plus pur, car l'amitié d'une femme telle que toi est incomparable et sans prix, et je souhaite que ce jour sera suivi de bien d'autres, car ne plus pouvoir être ainsi avec toi serait le comble de la désespérance ! Je prierai le Très-Haut pour que cela réarrive souvent ! Mon travail ? Oh oui il est prenant et ne m'offre point beaucoup de moments de détente. Je chéris donc ceux que je puis avoir auprès de mes enfants chérie, de toi également, et j'escompte bien pouvoir en passer aussi très bientôt avec ma belle Marie car nous en avons eu si peu et la faire languir est une torture ! Mais... cela va changer en mieux rapidement et définitivement pour notre satisfaction mutuelle le Très-Haut et elle voulant. Je ne connais point la vie de cour et ses manigances tortueuses, mais n'étant point idiot et ayant du vécu, si mes modestes talents et facultés intellectuelles peuvent t'être d'une quelconque utilité, je les met à ton service ; si tu as envie d'en parler, je t'écouterai avec intérêt et attention n'en doute pas. Un ami est aussi là pour être un confident et un conseiller tu sais..."


Détachant son regard de son amie à regret, il reporta celui-ci vers l'avant et poussa une exclammation de joie...


"Regarde Loysse, nous arrivons !"


Après cinq minutes d'efforts, Mickael fit échouer en douceur la barge. Sautant à terre un épais cordage de chanvre sur l'épaule, traversa la petite plage de sable blanc pour aller en enrouler la seconde extrémité autour d'un grand saule pleureur. Revenant à l'embarcation, souleva son amie aussi légère qu'une plume dans ses bras puissants, la déposa sous l'ombrage des arbres situés au fond de la crique encaissée faisant office de port naturelle à la petite isle. Retournant à la barge, passa son arquebuse en bandoulière, prit les couvertures sous son bras gauche, le grand panier d'osier à provisions dans sa main droite... Revenant vers son amie.


"Me voilà fin prêt pour l'excursion douce amie. Veux-tu prendre ton repas ici à l'ombre des arbres, sur la plage, ou bien chercherons-nous une clairière à l'intérieure des terres ? Ton chevalier servant fera, en ce jour comme en tout autre, tout pour te servir comme le devoir mais surtout comme l'amitié le commande."

Mickael repensa aux dires de sa royale et sublime amie. Il sourit.


"Je doute que tu chantasse ne fusse qu'une seule fausse note, car nul doute que tes nobles parents t'ont obligé à avoir des maîtres de musique, de danse, de chant, de bonnes manières, bref tout ce qui a fait de toi une femme accomplie digne d'attirer l'attention de notre bon Sir et l'admiration de toute la cour, ton humble ami ici-présent compris !"


Tout en riant, il la suivit.


"Cette clairière me plaît bien à moi aussi et si notre séjour se prolonge plus longtemps que prévu selon le bon plaisir de Ma Dame, eh bien, je t'aménagerai la cabane pour t'en faire un gîte pour la nuit sinon convenable, du moins sec confortable et à l'abri du froid, qui te donnera un moment l'illusion d'être une simple femme du peuple régnant uniquement sur une humble chaumine. Et puisque tu veux être une simple femme ce jourd'hui, alors ma chère Loysse, je te laisse le soin de dresser notre table sur l'herbe tendre que voilà, tandis que j'irai ramasser quelques branches mortes mousse et brindilles, toutes choses belles et bonnes pour préparer un petit feu de camp destiné à faire chauffer de l'eau pour que nous ayons de l'eau chaude pour nous débarbouiller après ce festin champêtre. Tu sais Loysse, je suis très heureux de ce que tu as dit ce tantôt tandis que je te portais. Moi aussi je serais fort content et honoré de pouvoir passer d'autres journées en ta présence en tout lieu que tu jugeras bon mon amie, et peu importe ce que en diront les crétins ; tant que cela ne dérange point le Roy ni ma Mariedelarose, tout est bien."


Alors que le Lieutenant fouillait dans tout leur barda pour retrouver une petite hachette qu'il y avait adjoint, un bruissement d'ailes et un double roucoulement caractéristique lui fit relever la tête, un sourire naissant aux lèvres, qui s'élargit en voyant, perchés sur une branche basse d'un chêne vénérable, le couple des messagers ailés si chers à son cœur. Lâchant ce qu'il tenait, s'écria joyeusement..."[/b]


"Aube, Ventdunord, vous voilà enfin mes doux et vaillants amis !"


Il caressa le pigeon et la colombe du bout des doigts, et détacha le petit paquet fixé aux pattes de Ventdunord. Dans un transport de joie, il baisa le paquet d'où montait un doux parfum mélange de vanille et de miel, celui de sa Marie adorée ! Les doigts tremblants et le cœur cognant à tout rompre, il lu la lettre de celle-ci, écrite d'une écriture déliée et élégante.

Citation :

Mon bel Aspessade, ravisseur de cœur et d'âme.

Je vous rassure mon bel amour, oui j'ose vous le dire car vous m'avez définitivement conquise pour l'éternité . Je vous pardonne votre promptitude a dévoiler
vos sentiments et vous dirais qu'il en est de même pour moi, comme vous l'aviez si bien deviné .
Vous me manquez cruellement, depuis notre chevauchée d'Amiens a Eu, je n'ai cesse de penser a vous, a vos bras doux, forts , réconfortants.
Malgré mes occupations , je me languis de vous. Mes pensées se tournent vers vous, où que vous soyez, de jour comme de nuit, m'inquiétant de savoir comment
vous vous portez.

M'avez vous donc ensorcelée beau militaire ?

Mon amour, mon bel amour, vous aurez toujours une place de choix dans mon cœur et dans ma maison, qui si vous le souhaitez, sera votre havre de paix désormais
.
Cette décision, si surprenante soit -elle, est réfléchie.

Certes, mon aimé, je connais votre situation, mais vous aime et vous aimerai pour toujours, envers et contre tout ou tous .
La vie est souvent courte Mickael chéri , n'aurions nous point le droit de nous aimer , de nous chérir en toute quiétude ? Quel qu’en soit le prix a payer,
mon tendre amour, je serais prête a bien des sacrifices afin d'être votre , vous apporter bonheur, joie, tendresse et passion.

J'ai hâte , mon aimé , que nous nous retrouvions. Je joins a cette missive, un présent pour vous.
Ma croix en argent, offerte par feue ma Mère, lorsque j'avais 8 ans. Ce fut la sienne avant cela et cet objet ne m'avait jamais quitté avant . Je vous l'offre
en gage d'amour et de fidélité mon bien-aimé.

En l'attente de vous revoir mon beau Mickael, doux rêve incarné en homme ,
Laissez-moi me blottir a nouveau dans vos bras puissants pour une autre chevauchée dans nos songes , celle qui nous réunira enfin .

Votre Marie conquise et follement éprise .

Pleurant de joie et d'un soulagement indicible, Mickael passa la croix d'argent à son cou, la baisa dévotement, la glissa à même la peau sous sa chemise tout contre son cœur. Il noua le ruban bleu à son chapeau, mit le mouchoir dans une poche intérieure de sa casaque. Puis s'approchant de Loysse, la saisit par les mains et l'emmena dans une ronde folle.


"Oh Loysse, Marie veut bien de moi pour toujours, elle m'aime, elle m'attendra ! Oh ! Je suis vraiment le plus heureux des hommes en ce moment ! Une journée de rêve en ta compagnie, Marie qui me veut peu importe les difficultés et les embûches, que demander de plus à la vie ?"


Arrêtant sa danse endiablée, il rejeta la tête en arrière, éclatant d'un grand rire de joie pure et libérateur. Il baisa les mains de son amie.


"Avant de dresser la table champêtre pour le repas, que dirais-tu, si ce n'est point nuire à ta dignité, de nous servir un apéritif pendant que je rédige une réponse pour ma bien-aimée ? Lors de notre dernière rencontre, Marie m'a donné deux bouteilles de Morentum, un vin excellent à base de mûres et de miel qui te plaira sûrement ; il est dans le panier ainsi que deux coupes de cristal."


Après avoir récupéré son nécessaire à écrire, Mick s'assied en tailleur, écritoire sur ses cuisses croisées, mordillant les rémiges de sa plume tout en réfléchissant. Puis il écrivit...

Citation :

Ma si chère et douce Marie, soleil de ma vie, bien le bonjour. J'espère que cette brève te trouveras en bonne santé et que tu as trouvé une occupation satisfaisante pour chasser l'ennui de notre séparation très temporaire. Je suis toujours près de notre sublime Reine, mon amie Loysse en mission d'escorte. La journée se déroule bien, nous avons bavardé d'une foule de sujets plaisants, dont le moindre ne fut pas toi. Eh oui ma bien-aimée, j'ai parlé de toi à notre gentille souveraine, qui, suite à mes dires flatteurs et sincères te concernant, te trouve bien du charme et aussi du goût pour m'avoir choisi ! Cela m'a fait un peu rougir j'avoue, ne me trouvant pour ma part rien de spécial, mais qui suis-je pour contredire la Reine de France et toi qui conjuguez vos louanges pour penser du bien de moi ?
Oh ma déesse incarnée, je t'aime de tout mon cœur ! À mon retour, nous vivrons pour toujours ensembles au grand jour. J'ai mûrement réfléchi à la chose. Tu auras mon corps mon cœur, ma force, ma fidélité, le peu de fortune que j'ai, ainsi que toutes mes nuits que je pourrai dérober aux devoirs familiaux étatiques ou militaires. Je suis militaire mais non sans honneur, et j'ai la paillardise en horreur du moins pour moi-même, donc, ma belle fleur d'amour, je te fais le serment de ne plus jamais, tant que le Très-Haut nous prêtera vie, de dormir dans les bras et de m'unir charnellement à nulle autre femme que toi ! La rumeur t'a probablement appris que mon épouse mercedes attendait mon enfant. La chose est vraie, mais il a été conçu l'automne dernier, avant ma séparation de cœur et de corps d'avec elle suite à sa folle incartade. Étant toujours mon épouse de selon la loi de ce pays, je lui dois assistance en cette circonstance, et puisque l'enfant est de moi, je le reconnaîtrai bien évidemment et l'aimerai autant que les deux autres que j'ai adoptés. Ne te tourmente point ma douce, une fois la délivrance de l'enfançon effectuée, c'est près de toi que j'irai vivre, mais revenant de temps en temps à Rouen pour voir mes enfants adorés (sauf si leur mère éprouve trop de dépit et me l'interdit). Mais nulle pression ni manoeuvre ne m'empêcheront de faire ma vie près de toi. Nous nous sommes trouvés, nos cœurs se sont reconnus et choisis mon bel amour, et cela est plus fort que n'importe quelle convention sociale, et je suis assez homme fort pour imposer ma volonté et mes choix !
Oh si seulement ma famille de Nouvelle France était encore de ce monde, je la ferais venir ici pour qu'elle te rencontre ! Je ne doute point qu'elle t'aimerais et te chérirais tout comme moi je le fais !
Dans l'anticipation du bonheur de te lire bientôt, ton Mickael, qui t'aime ardemment !

Après avoir séché sa lettre avec du sable, cachetée de son sceau, il revint vers ses amis ailés.


"Aube, ma douce, vas porter cette brève à ta gentille maîtresse. Ne m'en veux point, mais je garde ton amoureux près de moi pour le moment, mais lui et moi finiront par te rejoindre Marie et toi, n'ais point d'inquiétude à avoir."


Après que les deux oiseaux se fussent mutuellement effleurés les plumes du ventre et du cou en de doux baisers prometteurs, il attacha la missive aux pattes de la tourterelle, la baisa sur la tête, la lança en l'air.


Après qu'Aube eut disparu au loin en direction d'Eu, Mick s'assied le dos appuyé au chêne, l'esprit battant la campagne, en attendant que Loysse vint le rejoindre avec le vin offert gracieusement par Marie...