[RP]Une arrivée pour un nouveau départ?

Messages : 1758 Date d'inscription : 04/10/2011

Et voilà....Athénaïs est enfin arrivée à Amiens...Où devrais-je dire déjà arrivée à Amiens?
Le voyage fut bien long malgré les tentatives désespérées de son compagnon de route de la faire sourire.Il aura essayé au début mais elle n'avait pas su lui dire un mot,si ce n'est "dommage" qu'elle se répétait sans arrêt entre deux sanglots.Le voyage fut long et court à la fois,en un rien de temps elle n'avait plus aperçu l'horizon de la capitale,mais pourtant se retrouvant entre son ancienne vie et sa nouvelle destination le chemin lui paraissait tortueux,et cette boule à l'estomac ne la quittait pas.Elle était comme ce chemin en fait,le coeur à Paris,la tête à Amiens mais le corps nulle part.Alors oui cette route lui paraissait à la fois longue et courte.

Elle avait le coeur arraché pour la seconde fois...De quoi était-elle coupable au juste pour mériter tel sort?Autrefois elle n'était pas assez bien pour lui,aujourd'hui il en avait une "mieux" et pourtant tout ceux qui dénigraient Athénaïs et se courbaient devant la "mieux" faisaient tout le contraire en son absence...Les gens sont-ils si hypocrites et superficiels?
Dieu qu'elle aimait Paris,non elle n'aimait pas Paris en réalité elle aurait détesté Paris sans sa présence,tout comme elle déteste le moindre centimètre carré dans lequel il ne se trouvait pas,tout comme elle ne pouvait respirer le parfum d'une fleur si ce n'était pas le sien qui en émanait.Elle n'aurait pu laisser une main se poser sur elle si ce n'était pas la sienne.
De quoi était coupable?uniquement d'amour et elle en payait le prix encore aujourd'hui.On vous dira qu'elle aura tout fait pour le récupérer?est-ce mal?je ne pense pas je crois que ce n'est que justice,on le lui a arraché si brutalement qu'elle n'a pas eu le temps d'en guérir,et le seul remède ce n'est que lui...Elle aurait pu vivre au bout du monde,essayer tous les sorts des marabouts des sorcières des rebouteux,rien à faire jamais elle ne pourrait guérir de lui si ce n'est que par lui.

Le haïr?oui elle pourrait,du moins elle en avait les excuses,il lui a brisé le coeur par deux fois,il lui a enlevé une vie paisible pour la jeter dans la fosse aux lions,quand elle tente de se débattre il la replonge dans la tourmente après lui laisser croire que tout était encore possible,que la flamme n'était pas éteinte dans une profonde étreinte...pour la rejeter une fois encore en pâture aux affamés de médisances et à la méchanceté.
De la haine à l'amour il n'y a qu'un pas dit-on et pourtant ce pas Athénaïs ne saura jamais le franchir,même après une énième nuit de larmes dans cette diligence qui fuyait Paris.Comment aurait-elle pu lui en vouloir après tout?Il semblait tout aussi perdu qu'elle au font...Elle préférait le fuir que de le lui faire subir ce qu'elle devait supporter chaque jour.Et pour elle aussi,elle n'arrivait pas à se passer de lui,elle l'espérait sans cesse,il était sa drogue et le voir ne faisait qu'accentuer son besoin de lui.

Bertine était restée également silencieuse,elle ne parlait pas beaucoup par avance si ce n'est que pour reprendre Athénaïs sur l'éducation de sa fille,mais là elle s'en était bien gardée,même si elle lui avait fait savoir qu'un voyage de nuit qui plus est,avec un nouveau-né n'était pas prudent,elle avait sans doute deviné les raisons.
Elles ne s'appréciaient pas mais pourtant par la force des choses étaient contraintes de passer leur temps ensemble.Athénaïs se sentait si seule,Marie-Jeanne et Narcisse avaient leur vie,leur travail,alors elle s'isolait à la maison avec la nourrice et le bébé.Les seuls moments où elle pouvait "s'échapper" de tout cela c'était pour se rendre à la taverne mais là encore ça n'allait pas.Il lui manquait quelque-chose,quelqu'un...

Mais cette fois c'est fini,elle était partie,elle ne reverrait plus Louis,elle recroiserait le Roi sans doute à un moment donné ne serait-ce que pour le mariage de Narcisse,enfin si Narcisse lui pardonne un jour ce départ,mais quand elle recroisera le Roi il ne sera que le Roi,pas moins mais plus jamais plus.Bien sur il resterait le père de Louisa,et la verrait autant qu'il le pourra,mais leur relation en resterait là.
Elle n'avait même pas pu lui dire au revoir comme elle l'aurait voulu...Elle était passée devant la taverne et l'avait aperçu avec sa nouvelle et donc n'était pas entrée.Elle n'avait nullement besoin de rajouter de peine à son chagrin...Elle lui avait dit au revoir dans une lettre,sans doute était-ce mieux pour lui,il n'aurait pas à se sentir coupable des larmes qu'elle n'aurait su réprimer.

Alors que ses compagnons de route dormaient,elle revivait tous ces derniers mois,ses moments heureux quand son bonheur était complet,jusqu'aux plus mauvais moments de sa vie,de leur rencontre,à leur premier baiser d'abord par jeu puis par amour,de leurs aveux,leur première nuit,leurs rires puis leur rupture et il y a peu leurs retrouvailles...
Elle aurait pu jurer encore sentir la passion de ses lèvres sur les siennes,la puissance de ses bras,la douceur de ses doigts sur elle,elle entendait leurs rires se répercuter le long des murs de chaque endroits où ils allaient,leur complicité sans équivoque presque gênante aux yeux des autres.

Elle n'avait pas lâché la petite main de Louisa durant le voyage,la berçant de ses soubresauts larmoyants,elle pour une fois si calme.Probablement que les chaos de la diligence et les claquements réguliers des sabots des chevaux l'avait plongée dans les bras de Morphée.
Elle n'étaient plus que toutes les deux dorénavant,bien sur Dark veillerait sur elles,et Wallace aussi à sa façon,mais elles ne compteraient plus que l'une sur l'autre.Aussi douloureux que soit de regarder l'enfant de l'homme que vous aimez et que vous n'avez plus,elle était sa fille et devrait vivre pour elle,elle était maintenant sa dernière raison de tenir,sa seule excuse pour ne pas s'abandonner pour toujours dans les bras d'Hadès,même si une partie d'elle lui a déjà été offerte.

Dans quelques heures sa meilleure amie,son soutien de tout temps sera là pour les accueillir mais il était encore tôt,pour l'heure,la diligence s'arrêta devant une petite auberge,où ce semblant de famille trouva le repos.
Elle ne su même pas sourire devant la tête de l'aubergiste quand elle demanda une chambre séparée de celle de Wallace.Il pensait certainement avoir à faire à un jeune couple avec enfant.
Une fois seule dans la chambre,Athénaïs s'allongea de tout son long sur le lit,Louisa bien calée à ses côtés,attendant un sommeil qui ne viendrait pas.

Mais demain serait un autre jour....Aussi blessant qu'était cet"exil"il fallait le voir comme l'occasion d'un retour aux sources...Elle pourrait peut-être redevenir Athénaïs et pas ce semblant de poupée cassée.Elle en avait assez de ce mal-être permanent.Elle cala sa respiration sur le souffle paisible de sa fille endormie avec la volonté d'une autre vie.

Messages : 4263 Date d'inscription : 25/03/2011 Ville : Paris

[Louvre, 26 mai 1652]

Il avait reçu une missive d'Athénaïs, juste avant que celle-ci ne quitte Paris pour Amiens. Enfoncé dans son fauteuil, il avait lu et relu cette lettre, se frottant le front, se demandant ce qu'il devait faire. Y répondre ou pas ? Et si oui, que dire ?

Il resta plongé dans ses réflexions un moment, le regard posé sur cette missive qui le troublait. Elle voulait s'éloigner de lui...Il le comprenait...Mais il ne s'en réjouissait pas pour autant. C'était assez paradoxal, leur relation était différente de ce qu'elle fut jadis, et pourtant...Pourtant il y avait des moments où ils retrouvaient cette complicité, comme quelques jours auparavant et de fil en aiguille, il y avait eu un léger dérapage...

Suite à cela, ils avaient repris leur sérieux et discuté...Mais la conversation ne fut guère aisée et une fois encore, elle se termina en larmes pour Athénaïs alors que lui ne savait plus que dire ni que faire pour tenter de rattraper la situation. Ils s'étaient quittés sur une incompréhension, et lorsqu'il l'avait revue quelques jours après, fort brièvement, il avait essayé de lui expliquer la façon dont il avait vu les choses, mais il n'en avait pas eu le temps.

Sortant de ses pensées, il tourna la tête vers la fenêtre, regardant au dehors, laissant s'échapper un léger soupir. La situation ne lui plaisait guère, mais quelle solution avaient-ils ? Il l'avait laissée partir, lui préférant Esmée. Il savait très bien que s'il l'avait voulu, il aurait pu avoir les deux, mais cela aurait été, selon lui, hypocrite. Il avait beau avoir toujours cette attirance pour Athénaïs, jamais il ne l'aimerait comme il aimait Esmée. Et même si cette dernière n'avait eu d'autre choix que d'accepter la situation, il l'aurait quelque part trahie, et cela il ne le voulait pas.

Vu de l'extérieur, la situation pouvait sembler simple, mais elle ne l'était pourtant pas...Il tenait à Athénaïs, bien plus qu'il ne voulait bien l'avouer, et la voir s'éloigner, à cause de lui, ne lui faisait pas vraiment plaisir. Sans doute aurait-il dû lui dire de ne pas le faire. Qu'il refusait à ce qu'elle soit loin de lui malgré tout. Mais il ne le pouvait. Il n'avait que trop fait montre d'égoïsme, et si elle voulait s'éloigner de lui, alors, il n'avait qu'à l'accepter. Et c'était la raison pour laquelle il ne comptait pas répondre. Il ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie. Et pour lui dire quoi de toutes façons ? Qu'il n'était pas prêt à ce qu'elle soit loin de lui ? Qu'il aurait préféré que les choses se passent autrement ? Non, il n'avait pas le droit de faire cela.

Il devait s'en tenir à ce qu'il avait décidé. Lorsqu'elle était revenue d'Angleterre, il avait espéré une entente cordiale, mais sans plus, et que chacun saurait faire sa vie de son côté. Mais pourtant, dès qu'ils passaient un peu de temps ensemble, les choses devenaient plus compliquées, et s'en tenir simplement à ce qu'il s'était promis était parfois difficile.

Il se dit que peut-être, finalement, l'éloignement était-il la meilleure solution. Peut-être que l'un et l'autre finiraient par prendre suffisamment de recul pour ne pas réitérer cette situation devenue invivable pour l'un comme pour l'autre. Peut-être qu'avec le temps, ce qui les attache l'un à l'autre finira par s'estomper suffisamment pour que leurs conversations ne se finissent pas avec des larmes.

Il replia la missive et alla la ranger dans son bureau. Il n'y répondrait pas. Sans doute était-il mieux qu'il garde cette distance, qu'elle puisse faire sa vie, d'autant plus qu'un jeune homme était à présent là pour elle...Plus tard, il lui écrirait, pour lui demander des nouvelles de leur fille, rien de plus, rien de moins...

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