[RP] Quand un Prince doute

[Novembre - quand un prince doute]


Assis derrière son bureau, le Prince lisait une annonce posée devant lui, un léger sourire sur les lèvres se demandant s’il lisait une annonce papale ou la feuille de chou tenue par la commère du coin. Une mise au ban de l'église.. bon ce fait était relativement habituel de la part du pape qui comme avait si justement dit, tournait plus vite que la girouette de l'église par grands vents, et dieu sait que les vents à Guernesey s'en donnaient à coeur joie par moment.
Mais voila aussi que le pape se permettait de révéler publiquement la vie privée d’une femme. En avait il le droit fût elle une femme d'église ? C’est assez incroyable pensait il, choqué par tant d’indélicatesse de la part d’un homme sensé précher l’amour et l’amitié entre les hommes.
Le pape, homme sans doute le plus puceau que la terre n'ai jamais porté, jugeait les histoires de fesses des fidèles.

Spoiler:

Il leva les yeux, perplexe, en se frottant le menton avec une petite moue.... s'occupait il des siennes également ? L'idée ne lui fit guère plaisir et il faudrait qu'il éclaircisse ce point à tout prix.
C’est à ce moment là que le fidèle Jean entra apres avoir toqué à la porte.

- votre Altesse m’a fait demandé ?
- mmm ? air soucieux du jeune prince … oui Jean.

Regard étonné en tendant l’annonce papale à son secrétaire.

- je pense que vous avez lu cette annonce que l’un de nos émissaires m’a faite parvenir. J’avoue qu’elle me laisse stupéfait.

Il se leva et fit quelques pas vers les grandes fenêtres avant de se retourner, observant quelques secondes Jean qui lisait l’annonce, avant de continuer.

- je trouve inqualifiable telle attitude.
- votre Altesse veut elle parler du Cardinal ?
- le Cardinal ? dans son étonnement il en avait oublié tout le contenu du velin .. ah non !

Il abandonna momentanément son idée pour continuer.

- je dois avouer que le Cardinal n’a pas tort qu’en pensez vous ? De ce que je vois et je suis bien placé pour le voir, le pape ne représente pas ce que je me faisais de l’idée d’un pape.
Je me suis toujours imaginé cet homme comme un homme de paix, d’amour, préchant la bonne parole, comprenant la faiblesse des hommes et pardonnant en restant humble.

Mais le pape n’est rien de tout cela. De sa bouche ne sortent que des mots méprisants et suffisants aussitôt que l’on ne pense pas comme lui, comme s’il voulait prendre possession de toutes les terres qu’il foule, et de toutes les âmes qu’il rencontre.

Il s’avança et vint s’appuyer contre son bureau, faisant face à Jean qui le regardait d’un air étonné.

- j’avoue avoir besoin de parler de tout cela avec la Princesse afin de ne point la mettre en péril et de connaître son avis. Mes idées rejoignent sensiblement celles du Cardinal, et sont des idées de respect et d’amour entre les hommes, tel que le veut le Tres Haut, j’en suis certain.
L’église se doit d’être la mère des hommes et comme toute mère, elle doit les aimer et non les combattre et les tuer. Elle doit les soutenir, les aider à grandir et non casser leur croissance en les enfermant dans leur chambre.

Ses mirettes grises se posèrent sur l'homme avec insistance.

- pensez vous que je sois un hérétique comme le crie haut et fort ce pape ?

[Bureau du Prince, novembre]


Jean avait pris le velin que lui tendait le prince et le parcourait à nouveau.

Bien sûr, il l'avait lu avant de l'apporter au Prince, mais n'avait fait aucun commentaire. Un cardinal excommunié pour avoir oser se dresser contre le pape, ça lui rappelait les évènements de mars à Guernesey.
Le prince parlait il de l’attitude de ce Cardinal excommunié ?
Apparemment non et son Altesse lança alors dans la description de sa conception de l’église, conception il est vrai qui se rapprochait de celle du secrétaire.

Mais celui-ci ne répondait pas, attendant qu'Aimelin s’arrête. Il savait que lorsqu’un sujet le passionnait et lui tenait à cœur, il se laissait emporter par ses idées et dans ces cas là, le vieil homme sage et réfléchi, se contentait d’écouter, hochant la tête par moment ou réprimant un sourire ou une grimace, assimilant les paroles et attendant son tour.

Jean leva un regard étonné à la question qui lui était posée.
Décidément, ce gamin avait toujours le chic pour poser des questions aussi soudaines qu’innatendues.

- hérétique, vous Altesse ?

Il entendait ou lisait bon nombre d'idioties et inepties, mais là, cela dépassait la raison.

- c’est plutôt l’idée de dire ça qui me semble une hérésie, alors que vous avez bravé ce louis edouard et son schisme et continué à soutenir notre Evêque qui malgré le danger priait publiquement.
Jamais vous n’avez interdit le culte pascal sur nos îles et jamais vous n’avez faibli devant les menaces, même lorsque l’église elle-même vous a abandonné pour se cacher dans les robes de ce roi plus néfaste que bon.

Il regarda le Prince avec un air de reproches.

- vous ne devez pas donner crédit à de telles paroles insultantes votre Altesse, et je gage que la Princesse vous le dira si ce n’est déjà fait.

[Novembre - quand un prince doute]


Ne pas donner crédit, ne pas donner crédit, il en avait de bonnes le Jean. C'était pas lui qui avait les oreilles qui bourdonnaient à longueur de temps, et qui entendait son prénom associé à un pauvre idiot n'étant pas capable d'être pascalien.
Quoique ceci avait du bon, ça l'obligeait à parler de ce qui le tracassait, ce qui arrivait rarement car il préférait garder ses soucis pour lui plutôt que d'ennuyer son entourage.

En l’écoutant, le prince ne pouvait s’empêcher de sourire. Jean s’emportait doucement et dans ces cas là il le laissait parler attendant une petite pause, qui arriva.

- oui Jean, je sais tout ça, et mon entourage le sait, les iliens qui étaient présents le savent, même la reine le sait et moults amis que j’ai au royaume de France le savent aussi. La Princesse me dit toujours de ne point écouter et de continuer à agir comme nous l’avons toujours fait dans la foi, et que le Tres Haut saura reconnaitre les siens. Nous savons qui nous sommes.
- le pape ne le sait pas lui
- que sait le pape ? pensez vous que nous puissions attendre de l’aide et de la compassion de la part de quelqu’un qui a toujours ignoré nos îles jusqu’à sa venue en septembre pour me faire courber le dos devant lui et insulter la Princesse, la prenant pour un objet mis à sa disposition à l’église ?

Silence de quelques secondes qui s’installa ente les deux hommes. Des jours et des jours que le jeune prince tournait et retournait ses questions dans sa tête. Il se remit en marche dans la pièce, allant des fenêtres à la cheminée, passant derrière Jean qui essayait de se tourner pour suivre le jeune homme des yeux.

- il ne faut rien attendre du pape hormis la dureté du pouvoir qu’il se donne en franchissant les frontières du respect et de la tolérance. Il n’est que mensonge et faux semblants. L’avez-vous entendu à l’église, seul endroit où il ose parler ?
Je suis passé devant la porte et n’ai entendu que mielleries destinées à tromper les fidèles, je n’ai entendu que mensonges, je n’ai entendu que mots ennuyeux et lus dans un livre dont il n’en comprend peut être pas la moitié, je l’ai entendu souiller nos iles et leur souverain.

Il s'arrêta de marcher, s'appuya contre la cheminée.

- La Lucienne n'a pas tout compris et m'a demandé ce qu'il fallait entrer dans ma tête.

Il soupira et se remit à marcher de long en large.

[Novembre - quand un prince doute]


-‭ ‬vouliez vous parler de Monseigneur Anjhely Falcone en me parlant d’attitude inqualifiable‭ ?‬

Le jeune Prince suspendit son pas.‭ ‬Bigre,‭ ‬il avait oublié de lui dire de quoi il voulait parler.
Il s’arrêta derrière le Secrétaire puis se dirigea vers sa droite.

-‭ ‬non en fait ça n’a rien à voir avec ces problèmes de textes non respectés.‭ ‬L’église est d’un compliqué ‭! ‬ ‭

Il avait dit cela en levant les yeux au ciel.‭

-‭ ‬On dirait que les textes sont hardus pour que le simple fidèle n’y comprenne rien.‭ ‬A moins que ce soit pour‭ ‬que l’on pense que les religieux sont au-dessus de tous y compris leur intelligence.‭ ‬Ce dont je doute lorsque je vois certains écrits.

Il fit une petite mimique amusée avant de poursuivre.

-‭ ‬non en fait je suis choqué par ce que dit le pape au sujet de cette femme Evêque.‭ ‬Il parle de dérive‭… ‬attendez.

Il saisit l’annonce sur son bureau,‭ ‬la parcourut rapidement avant de lire à haute voix le passage qui le turlupinait.

‭‘‬En effet,‭ ‬c'est avec stupéfaction que nous apprenons à l'instant que Monseigneur Anjhely Falcone est enceinte,‭ ‬et qu'elle se peut l'être de son propre frère‭ !’

Il le va les yeux vers Jean.

- ‬n’y a-t-il que moi que cette phrase dérange ‭? ‬si je n’avais pas vu la signature du pape en dessous,‭ ‬j’aurais pu penser que je lisais un de ces torchons qui circulent souvent dans le grand monde et qui raconte la vie des uns et des autres.‭

Il fit une petite grimace.‭ ‬Que l’on invoque une raison concernant la fonction mais que l’on écrive publiquement une raison qui ne regarde que l’intéressée,‭ ‬voila qui choquait le jeune gars,‭ ‬pourtant loin d’être une oie blanche malgré son jeune âge.

-‭ ‬imaginez que demain,‭ ‬ce même pape annonce publiquement que la Princesse et moi ne sommes pas mariés et que nous avons un fils.

Il balança le velin sur son bureau et se dirigea vers la fenêtre.

-‭ ‬nul n’a le droit de se mêler de la vie privée de quelqu’un fût il le pape.
-‭ ‬si votre Altesse le permet,‭ ‬je tiens quand même à‭ ‬lui rappeler que le petit prince n’est pas le fruit d’un pêché de votre part

Aime leva les yeux

-‭ ‬un pêché ‭? ‬aimer quelqu’un est il pêché ‭? ‬alors pourquoi le pape tient il tant que cela à marier les gens puisque pour l’église,‭ ‬aimer est un pêché ‭?
-‭ ‬l’acte de chair est un pêché lorsque le couple n’est pas marié.‭ V‬oila ce que condamne l’église Altesse
-‭ ‬parce que le fait d’être marié,‭ ‬qu’un curé vous ai dit‭ ‘‬je vous déclare mariés,‭ ‬allez en paix et soyez heureux‭’‬vous‭ ‬garde de toutes les interdictions et vous met sur la haute marche de ceux pouvant forniquer librement ‭?
-‭ ‬Altesse ‭!‬ Jean fronça les sourcils d’un air de reproches devant son langage
-‭ ‬hé bien quoi Jean,‭ ‬appelons un chat un chat ‭!

Il n’aimait pas les chats de plus.‭ … ‬ou un chien un chien si vous préférez.

Ca ne le gênait pas il pourrait même passer tous les animaux qu’il connaissait,‭ ‬seul Jean se lasserait.

- il est d’ailleurs étrange que les curés,‭ ‬Evêques et tout religieux‭ ‬en général,‭ ‬puissent se marier.‭

En fait il se sentait‭ ‬rassuré que Quasi mette fin à ses fonctions d’Evêque,‭ ‬sait on jamais si le pape pondait demain une loi interdisant le mariage aux religieux.
Petit sourire las.

- enfin sous ses quelques détails l'ensemble de ce que fait le pape me semble être hors église. J'ai lu et relu l'annonce du Cardinal et je ne vois pas où il est hérétique.
Il défend l'amour et la foi, il refuse la violence de l'église et je dois dire que depuis les évènements qui ont vu notre indépendance et maintenant la visite du pape, je suis perplexe sur le role de l'église et celui du pape.

Il pensait à sa douce. Guernesey avait gagné avec elle une abbesse exceptionnelle, une Evêque dont la modestie était à l'image de l'église qui vivait sur les îles. Et voila que parce que les subalternes du pape ne l'appréciaient peut être pas, elle se décourageait et laissait tout tomber.

- Jean je m'inquiète pour la Princesse. Laisser l'église est pour elle quelque chose de tres difficile à faire même si elle ne le montre pas.
Je dois savoir ce qu'elle pense de cette église réformée et je dois discuter de la position que prendra Guernesey.

Dans son fond intérieur il avait pris position, comme face à louis edouard. Mais quand il s'agissait de Guernesey, il ne prenait jamais de décisions importantes sur un coup de tête, sans avoir l'avis de tous.

Il se demandait aussi quelle était la position du royaume de France maintenant que le roi était sacré. Voila qui n'était pas aisée comme situation. Et voila qui le faisait réfléchir pour son propre sacre.

[Novembre - quand un prince doute]


Un sourire qui éclaira son visage lorsqu'il vit entrer celle qui ravissait son coeur. Ses yeux gris la suivirent lorsqu'elle salua Jean puis se dirigea vers lui. Un baiser en réponse au sien avant de prendre doucement sa main.

tu sais que jamais tu ne me déranges.. un petit regard entendu vers Jean ... avant de revenir sur Quasi... tu devrais venir plus souvent pres de moi alors mon amour.

Il l'embrassa tendrement avant de regarder son secrétaire qui s'était levé et semblait attendre qu'on lui dise de sortir.

Jean et moi parlions.. d'église... et je lui disais justement que je devais te parler de tout ça. De cette annonce concernant le cardinal et puis de mon sacre que le pape veut faire à tout prix.

Il l'entraina pour s'asseoir sur une banquette et prit place à coté d'elle, sans lâcher sa main, oubliant que Jean attendait sans doute pour savoir s'il devait les laisser seul ou si le prince avait encore besoin de lui.
Le regard du jeune prince se tourna vers celui de sa douce. Elle aurait surement les réponses qui lui manquaient.

Es tu bien sûre de ne plus vouloir officier à Guernesey ?
je pense beaucoup à ça et je sais l'attachement que tu as pour cette église et tes fidèles.

[Novembre - quand un prince doute]



Tu sais que Jean attend ?

hmm ? il abandonna les yeux de Quasi pour croiser ceux de Jean qui ne disait mot et attendait. Sa réponse était également pertinente et le jeune homme soupira.

Tous deux avaient raison. Le Cardinal soulevait les gens contre le dirigeant officiel de l'église, mais il avait quelque part raison dans ses idées de la véritable Eglise pascal, créée pour apporter et propager l'amour et aider les hommes, et non les rudoyer ou les briser à la simple parole dérangeante.

Regard gris qui croise à nouveau celui de la Princesse.

le problème n'est pas l'église mon cœur, ni les paroles de pascal, ni la foi.
Le problème, du moins, ce qui créé tout ce cafouillage, vient uniquement de ceux qui la dirigent.
Du pape, le plus haut placé, et de ces religieux du concile. Qui les dérange, qui ne leur plait pas, n'a rien à faire parmi eux.
Et tu les déranges car tu parles vrai, tu parles comme doit parler une femme ou un homme qui voue sa vie à l'église, et donc par cela même, aux autres.

Ces gens là sont tout simplement des personnes indignes de leurs charges.

Comment faire pour que ces sots prennent conscience que par leur attitude, ils desservaient l'Eglise.

Je sais ce que tu es, et ce que tu veux pour les fidèles, et je sais aussi que la plupart d'entre eux, tous ceux qui te connaissent, aiment l'Abbesse que tu es. Peu doivent d'ailleurs savoir que tu as été cardinal émerite et que tu es Evêque.
Quant à ceux qui agissent ainsi avec toi, aucun ne doit savoir que c'est toi qui a fait revivre et fait vivre la religion à Guernesey.

Il repensa à Gwen, à son appui pres du pape alors en place en aout 49 afin que la demande de Quasi soit acceptée pour être Abbesse des iles. L'Eglise avait encore à cette époque là, une moralité et une mentalité fidèle à la religion qu'elle pronait. Depuis, cette moralité s'était perdue dans les vents.

A l'heure ou ceux qui sont evêques ou cardinaux le clament sur les toits, tu as toujours préféré ton rôle d'Abbesse, près des gens.
C'est ça qui fait ta différence, c'est ça qui fait la qualité de ce que tu es.
N'en doutes jamais.

Et pour le sacre vous avez raison tous les deux.
Le pape ne fera que dire des mots et seule la protection de nos terres par le Tres Haut, et leur bénédiction par l'Eglise afin de prouver qu'elle sera là pour les conseillers avec bienveillance, sera le symbole de ce sacre.

Petit sourire complice à sa douce.

tu me connais suffisamment pour savoir qu'on ne me fait pas parler avec des mots autres que les miens.

Il essaya d'alléger un peu la tension qu'il sentait chez elle.

mmm, je demandais aussi à Jean si le pape surveillait nos vie personnelles.
Lorsque je vois les révélations malsaines qu'il se permet d'étaler au grand jour concernant cette jeune femme Evêque, je n'aimerais pas qu'il agisse de la sorte avec nous.