Cette maison, Dark en avait ouï dire toute sa jeunesse. Une maison qui aurait pu vivre, si quelques évènements n’avaient pas contraint son père à quitter les lieux. Rien n‘avait été facile pour lui. La naissance de Dark avait dû bouleverser sa vie, une naissance clandestine, le contraignant à l’élever sans celle qu’il avait toujours aimée. Jamais d’ailleurs à ce propos, une femme ne s’était immiscée dans leur vie, refusant sans conteste toutes propositions à ce sujet. Seyar se montrait joyeux plein de vie mais Dark avait toujours décelé en lui, une certaine tristesse, une certaine nostalgie du temps passé. Dark le savait, cette femme le hantait, comme elle l’avait toujours fait…Mais qui était donc cette femme, cette mère dont il s’était toujours gardé de rabaisser, ne lui disant que le strict essentiel, sans pour autant en dévoiler l’identité? Cette question, Dark se l’était toujours posée, mais n’avait jamais insisté, par respect pour son père, voulant le préserver…à moins que ce ne soit lui qui ait voulu la préserver en taisant qui elle était…
Depuis un moment Dark tournait en rond devant cette maison, hésitant à entrer. Elle n’y avait vécu que quelques jours, certes, mais l’acte de propriété appartenait toujours à son père. Les lieux étaient défraichis, usés par le temps, mais un certain charme émanait de cette demeure. Un léger sourire s’esquissa au coin de ses lèvres, tandis que sa curiosité prenait le pas sur son indécision, la poussant à ouvrir ce portail et emprunter l’allée menant sous l’auvent de la porte d’entrée. Et elle entra, visitant l’endroit. Elle n’y trouverait plus grand-chose, mais elle se serait au moins imprégnée de ce qui aurait pu être sa vie...Tout semblait figé, était resté en l’état, comme si la maison attendait ses hôtes d’un moment à l’autre. Seule la poussière recouvrant l’intérieur, rappelait une maison vidée d’âmes et de vie depuis longtemps. Non contente d’explorer, Dark entreprit une fouille des moindres recoins, des moindres placards, des tiroirs, s’arrêtant par moments, le temps de lire certains documents, que son père avait volontairement ou non laissés vieillir durant toutes ces années et peu à peu, elle découvrait quelques brides du passé de son père, dont elle n’avait soupçonné l’existence, mais pouvait en imaginer les faits, tout au moins s’en rapprochant.
La bibliothèque enfermait bon nombre de livres, exposés sur les étagères, l’un d’eux encore ouvert, était posé sur un guéridon près d’une fenêtre. Lui aussi semblait figé dans le temps, attendant son lecteur patiemment. Elle le prit, soufflant la poussière recouvrant les pages, en prit lecture de quelques phrases, puis se laissa emporter dans ses pensées, soupirant par instants, avant de sortir progressivement de sa torpeur. L’on pouvait y voir plusieurs genres littéraires, passant du dictionnaire à l’histoire, du baroque au classicisme, de la pléiade à l’humanisme, certains datant d’autres siècles, une bibliothèque offrant mille et un savoirs, dont nul ne viendrait jamais à bout, tant elle enfermait de richesses. Elle en ouvrit un, puis deux, poursuivant ainsi sa quête, jusqu’à ce qu’en ouvrant l’un d’eux, après avoir tourné quelques pages, pages poétiques en l’occurrence, une feuille en tombe. Machinalement, Dark la ramassa…C’était une Dark à présent stupéfaite, interloquée, abasourdie, qui restait là pantoise, statufiée telle une poupée, les yeux rivés sur le papier, bouche bée...Son acte de naissance…elle savait…Le nom de sa mère y figurait. Elle connaissait enfin son identité.
Elle avait déjà vu ce nom…il fallait qu’elle en ait le cœur net! Il fallait qu’elle sache enfin la vérité, la vraie, et pas celle à demi cachée…Et elle courut document en main, mander des explications à son père…
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