[RP] Une tempête, un naufrage

Messages : 7 Date d'inscription : 11/09/2013

11 Septembre

Le froid me glace les sangs, quelle heure est-il, où suis-je ... Mon corps est transi, mes membres engourdis, ma tête ... Fichtre, ma tête me tourne, que s'est-il passé ... Me voilà allongée inerte dans une eau glacée. De l'eau ? Mais ... comment se fait-il ? Soudain, le néant. Je replonge dans les ténèbres, ces ténèbres qui m'ont fait échouer ici lieu. Les minutes passent, peut-être même quelques heures, qui sait, le Très Haut certainement. Mais pourquoi m'a t-il fait cela ? Qu'importe ! Tant de d'interrogations se bousculent en ma pauvre caboche, je trouve une once de force venant porter une main à mon front humide, je fronce les sourcils lorsque le bout de mes doigts frôle ma peau salée, cela pique. Mes opales scrutent la voûte céleste, une légère brise souffle les senteurs marines ambiantes, pas un mouton dans le ciel clair de la nuit, seul le clapotis des vaguelettes sur mon corps étendu là rompt le silence de l'instant. Otant la main de mon front, je remarque du rouge sur mes doigts, du sang, je dois être blessée à n'en pas douter. Et si je viens à mourir en cette contrée inconnue, toute inconnue que je suis, personne ne le saura. Me lever, il me faut bouger au risque de nourrir les crustacés ou le pire prédateur qu'il existe ... l'homme ! Un jour, quelqu'un m'a dit de me méfier de cette bête là mais, je n'ai plus souvenance de son auteur d'ailleurs, il se pourrait qu'il soit homme. Prenant appui sur mon coude droit, je bascule sur le côté c'est alors qu'une douleur fulgurante m'envahit, je ne saurais dire avec précision d'où elle émane tant elle me parcoure et ma tête qui n'en fini plus de tanguer. Ma main gauche vient se poser sur mon ventre puis descend jusque sur mes cuisses, elle tâtonne furtivement mes nippes trempées et collantes et fini par trouver l'origine du mal, un morceau de bois transperce mon cuissot, mon liquide vital s'écoule avec lenteur. Mon regard se porte aussitôt sur la meurtrissure, je grimace à l'idée qu'il me faille enlever le morceau de bois mort d'autant que le sang me fait horreur, qui plus est lorsqu'il s'agit du mien. Les doigts viennent enserrer l'intrus en ma cuisse, ma respiration se veut saccadée, mon coeur cogne si fort en ma poitrine qu'il me donne impression de vouloir en jaillir davantage à chaque battement.

Messages : 7 Date d'inscription : 11/09/2013

Tandis que ma main s'apprête à retirer la masse plantée en mes chairs, mon regard se porte sur les environs, à quelques mètres, mon radeau de fortune du moins ce qu'il en reste pour ainsi dire, fort peu. Le mât est brisé en deux en son centre, la voile est brinquebalée entre deux eaux quand à la coque, de multiples débris flottent ça et là. Mes maigres bien eux voguent très certainement au large, seules une outre et ma besace ont survécus au naufrage et sont venues s'échouer avec moi sur le sable. Je soupire longuement, ma colère se mêle au désespoir en cette terre inconnue. Si force m'en était donnée, je maudirai la lune semblant se moquer, priorité est donnée à ma cuisse. J'inspire profondément alors que ma main retire lentement un morceau de mon épave. Me voilà bien belle moi aussi, je dois être comme mon bateau à présent, épave échouée flottant au gré des vents et marrées entre deux mondes. Celui des vivants et celui des inconscients, peut-être n'est-il qu'un seul après tout sauf que pour le savoir, encore faudrait-il en avoir mémoire. Tout ce dont je me souviens c'est que j'ai pris la mer, je me revois à manoeuvrer, le temps a changé, le vent s'est levé, l'onde calme s'est déchaînée, le ciel s'est déchiré, j'ai démâté puis plus rien et me voilà sur ce sable fin. D'où je viens ? Je n'en sais plus rien. Où j'allais ? Si seulement je le savais ! Mes réflexions et mes efforts effectués pour recouvrer la mémoire m'ont fait oublier la réalité, le sang qui gicle de ma plaie béante m'y ramène douloureusement, je serre les poings tout comme les dents puis me laisse choir face contre terre, réfrénant un cri que j'enfouis dans le sable et avant de m'évanouir à nouveau, mes opales ont juste le temps de se fixer sur mon pendentif ... Roxanne ...

Messages : 7 Date d'inscription : 11/09/2013

La jeune femme que je suis s'éveille au petit matin, tout est calme, du moins, en apparences car, je ne suis pas tranquille, je ne me souviens toujours de rien et ma douleur se réveille pourtant, il me faut quitter cette plage déserte au plus vite. Trouver asile ne sera pas chose facile.

Je me redresse avec lenteur, mon visage maculé de sable, l'onde salée me berce de temps à autres. Je me retourne puis laisse mes mains glisser dans l'eau, j'en applique un peu sur mon visage, me débarbouillant sommairement et je fini par saisir un assez long morceau de bois qui dans un premier temps me sert à me lever et en un second m'aidera à marcher du moins, j'en ai l'espoir. La soif me tenaille, de ma béquille de fortune, j'attrape mon outre abandonnée sur le rivage, ma besace suit le mouvement les deux étant accrochées l'une à l'autre. Je me penche et les ramasse, ma tête tourne encore, cela cogne en mes tempes, ce mal sournois irradie sans aucun répit. Le bouchon de liège saute tandis que je lève les yeux au ciel mais pas une goutte ne m'abreuve, l'outre est désespérément vide. Comble de l'ironie, mourir de soif au bord de l'eau ! Mon regard balaie les alentours, un soupir s'échappe de mes lèvres rosées qui ne le seront bientôt plus. Je suis bien mal en point néanmoins, chez moi, le courage est tenace surtout accompagné de mon entêtement. Je m'appuie de tout mon poids sur ma " canne " et commence à remonter la plage, le soleil point entamant lui aussi son ascension matinale.

Tudieu ! Comme cette plage est immense ... elle n'en finira donc jamais.

Et pour cause, la progression n'est pas rapide, bien au contraire, les heures s'égrainent au fil des marrées, tantôt haute puis arrive la basse laissant place nette à une autre forme de vie jusque là sous-marine. Dans les falaises grises au loin, une ouverture, très certainement une grotte recelant peut-être le trésor d'un pirate quelconque, des boucaniers, l'on en croise parfois en haute mer mais, possibilité est donnée également au butin amassé et caché par un notable véreux. L'imagination n'a aucune limite, mérite lui est donné de faire passer agréablement le temps et d'en faire perdre toute notion. Cette vaste étendue révélée me rends fort curieuse et mon ventre criant famine depuis bien trop longtemps déjà me pousse à prospecter. Une nuée de rochers jonchent le sol, certains sont recouverts d'algues vertes aussi glissantes qu'une peau de banane lorsque l'on met par mégarde le pied dessus. Des trous d'eau abritent la faune locale, certaines bestioles paraissent peu ragoutantes, entre une espèce de grosse pustule marron foncée et une sorte de pelote d'aiguilles piquantes toutes noires, le choix est vite restreint. Toutefois, d'autres peuplades semblent davantage convenir pour un maigre repas, crabes et petites crevettes pullulent sans parler les moules bien accrochées sur leurs rochers. Oui mais voilà, à mains nues et sans quoi que ce soit où mettre cette nourriture, comment faire ? D'autant qu'il va bien falloir faire un feu pour faire cuire le tout.

Messages : 7 Date d'inscription : 11/09/2013

Je suis épuisée, ma cuisse me fait souffrir si bien qu'elle me ramène à la raison. La mer va bientôt reprendre ses droits engloutissant pour quelques heures cet univers à découvert. Je me retourne et me décide à arpenter en largeur l'immensité alors étendue sous mes pieds. Moins d'une heure après, je me retrouve sur la terre ferme, le sentier menant quelque part m'offre occasion de partir. Une marchande ambulante déambule sur le petit chemin aux côtés de son baudet tirant une carriole emplie de foin, elle s'approche, je perçois des paniers remplis de fruits et légumes cachés derrière la montagne de fourrage.

Hoooo Hoooo Bourricot ! Tout doux, on fait une pause.

La vieille femme s'arrête à ma hauteur et me scrute de haut en bas, de sa canne, elle montre ma cuisse meurtrie, je reste impassible, mon visage est blême.

C'est une bien vilaine chose que vous avez là.

De l'eau, auriez-vous un peu d'eau ?

L'aïeule plonge une main en une des sacoches que porte l'âne, elle en ressort une outre qu'elle tend avec grande méfiance. J'avance lentement ma main libre et prenant le contenant, je lui souris brièvement tout en ôtant le bouchon.

Vous êtes assoiffé, buvez doucement.

Tandis que je me désaltère avec prudence, elle me jauge, je fais de même sans dire mot puis lui rend son bien.

Je vous remercies Dame.

Vous n'est pas d'ici !

Cela se voit tant que cela ?

Disons que je voyage beaucoup, je vois du pays, foule. A force, on remarque tout, on arrive à distinguer les bons des mauvais et vous me semblez égarée.

Egarée, certainement, je me retrouve en cette terre maudite sans pouvoir en partir, du moins, point avant un moment.

Etes-vous retenue ici lieu ?

D'une certaine façon oui et ce contre ma volonté !

Qui vous retient ? Je ne vois personne d'autre que vous et moi.

Il n'y a personne qui me retiens ici c'est ... je suis blessée et ne peux prendre routes.

Si vous avez brigandé, ça ne me regarde pas et je ne veux rien savoir néanmoins, je vais à Eu, en Normandie, une fois là bas, le vieux pourra vous soignez.

J'ouvre grandes mes opalines, brigander, cela jamais, si je venais à crever la faim, je préfèrerai encore emprunter sans rien mander puis rembourser une fois sur pieds dés que je serai apte à travailler.

Fichtre ! Détrousser autrui jamais ! Vous vous fourvoyez à mon sujet Dame, s'il y a bien une chose que je sais, c'est que je suis honnête.

Je fouille en mes nippes cherchant ma maigre bourse puis tend une piécette à la femme.

Encore merci pour votre eau Dame. Puissiez-vous faire bonne route jusqu'à Eu et que Le Très Haut vous bénisse.

La vieille marchande avance sa main vers la mienne puis referme mes doigts sur la pièce, elle ne m'a point vexée mais, je suis désolée que l'on puisse me prendre pour une maraude.

Vous n'êtes pas brigande, je suis pas mendiante.

Des sourires sont échangés tandis qu'elle m'indique de prendre place dans le foin. La route jusqu'à Eu se passe tranquillement, elle me présentera le " vieux " dont je me méfierai bien entendu, il me soignera tandis qu'elle ira vendre au marché. Le surlendemain, Rouen nous accueillera puis la Picardie en Amiens nous ouvrira ses portes, c'est là bas que notre chemin prendra fin puisqu'elle rentrera chez elle et moi, la route me mènera toujours plus loin.

» [RP] Incidence du naufrage de Dieppe