[RP] Incidence du naufrage de Dieppe

Le bonhomme la laissa près de l’Eglise où elle lui demanda de l’attendre. Elle fila directement au Bureau du Conseiller à la Sécurité de Dieppe. Elle fut soulagée de voir que c’était toujours le même homme. Il la reconnut de suite et s’étonna de sa présence. Un jeune homme qu’elle avait dû rencontrer, car son visage ne lui était point inconnu se tenait à ses côtés. Il le présenta comme son Adjoint.

Sachant qu’il était au courant des drames qui avait affectés sa famille, elle alla droit au but et lui demanda s’il pouvait l’accompagner au rendez-vous de l’horrible Le Rudulier ou lui donner un homme de confiance.
Elle crut qu’il allait refuser car il hésita.
« Messire ! Vous savez ce qu’il m’en coûte mais ….. » Hermione se tordit les mains d’angoisse devant le Conseiller.
« Voyez-vous, c’est que Messire Le Rudulier est devenu quelqu’un de très influent à Dieppe. Et je ne voudrais pas le froisser en me présentant chez lui ! »

« Dois-je comprendre que c’est une réponse négative ? » fit-elle en se levant d’un bond. Il n’eut pas le courage de répondre et baissa la tête tandis que son Adjoint avait l’air, lui, de bouillir derrière lui.

« Je croyais que vous étiez un homme intègre et courageux. Je me suis trompée. Pardonnez-moi de vous avoir fait perdre votre temps. »

Il se leva pour la raccompagner. D’une main, elle le congédia comme l’on fait d’un opportun.

Sale lâche ! lança-t-elle en claquant la porte.

Hermione se retrouva sur le front de mer ne sachant si elle devait être en colère ou pleurer de rage.
Son cœur battait à tout rompre lorsqu’elle arriva devant l’Hôtel particulier qui avait été la demeure de son père, de sa famille. La haute et grande porte cochère était ouverte. On pouvait voir la cour intérieure.

Elle ne s’aperçut qu’elle claquait des dents en pénétrant sous le porche et en pénétrant dans la grande cour. Rien n’avait changé. Du moins en apparence. Tel un fantôme, elle s’approcha de l’escalier en marbre. Le majordome lui ouvrit la porte et la salua. Ce n’était pas leur vieux majordome. Sans doute avait-il aussi licencié tous leurs gens de maison.

Etait-ce un cauchemar ? Elle était là, dans sa ….. maison. Non.

Messire Le Rudulier, m’attend. Je suis Hermione Lacoudraye ! dit-elle d’une voix qu’elle voulait ferme.

L’homme eut comme un sursaut imperceptible, la fit attendre quelques instants, puis lui demanda de la suivre.

Le cauchemar continuait. Qui suivait-elle dans le couloir qui menait au bureau de son Père. Qui allait-elle voir ?
Non ! Non !

Le majordome s’effaça devant elle et Hermione pénétra dans le bureau qui avait été celui de son père. Le décor, ici, avait changé. Les meubles n’étaient plus les mêmes, les tapisseries non plus, son cœur manqua un battement. L’homme assis derrière le bureau se leva. C’était …. Lui.

Elle ne fit plus un pas, les mains serrées contre son escarcelle, cherchant instinctivement son poignard.

Il s’avança en souriant. Il était petit et gras. Ses bajoues semblaient plus rouges que dans son souvenir, son nez bourgeonnant, sa bouche aux lèvres épaisses et ses petits yeux noirs qui la scrutaient. Ce regard avait le don de provoquer un malaise chez Hermione à cause de ce qu’elle pouvait y lire, qui sentait son maquignon à un pied. Il lui faisait penser à ses armateurs de Nantes qui faisaient trafic de chair humaine. Il lui prit la main et la baisa, ce qui la fit sursauter comme si un serpent l’avait mordu.

Allons, allons, mon enfant ! Venez vous assoir, je ne vais pas vous manger que diable ! fit-il d’une voix doucereuse.

Il ouvrit une porte et un autre homme entra au soulagement d’Hermione.

Bonjour Demoiselle Lacoudraye. Je suis Notaire et Messire Le Rudulier m’a convoqué pour que vous contresigniez devant moi, ce contrat qu’avait établi feu votre père avec lui. Chaque mobilier garnissant votre appartement, vos bijoux, toutes vos toilettes, votre clavecin ainsi que votre jument vous reviennent à partir de ce jour. Les procès commencés avant le décès de Messire Lacoudraye sont terminés et acquis par Messire Le Rudulier. Quand vous aurez signé, tout sera en ordre.

Elle avait l’impression que son cerveau n’enregistrait pas ce qu’il lui expliquait.

L’homme de Loi lui tendit une plume qu’elle prit d’une main tremblante. Elle prit le temps de lire rapidement le vélin et signa aux différents endroits indiqués.

C’est parfait ! Voilà, un exemplaire pour vous et l’autre pour Messire. Dès demain, je m’assurerai que toutes vos biens partent convenablement emballés. Où dois-je les faire livrer ?

Hermione prit un papier sur le bureau et écrivit en cachant du mieux qu’elle pouvait son adresse et le tendit au Notaire. Je ne souhaite pas qu’on diffuse mes nouvelles coordonnées, je vous prie.

Tandis qu’elle rangeait le document dans son petit sac, il se plia en deux et sortit bien trop vite de la pièce au goût de la jeune femme.

Elle se leva d’un bond. Je pense que je n’ai plus rien à faire ici ! dit-elle.

Trois pas. Elle n’eut le temps de faire que trois pas. Elle sentit une main s’abattre sur son poignet et la força à se retourner. Comment un homme avec ce pareil embonpoint pouvait-il être aussi rapide ?

Laissez-moi ! cria-t-elle en essayant de se libérer de cette poigne de fer. Il la poussa d’un coup contre le mur.

Tu crois que tu vas t’en tirer aussi facilement ? Ton père et ton frère ne sont plus là, ma belle. Il y a trop longtemps que j’attends ce moment ! éructa Le Rudulier cramoisi.

Hermione se débattait comme elle pouvait mais l’homme était fort et ses forces certainement décuplées.
Une sueur froide lui glissa le long du dos. Il l’avait complètement coincée contre le mur et il tenta d’arracher son décolleté, heureusement fort serré. Il posa ses grosses lèvres dégoutantes sur son cou et elle hurla, un long cri démentiel.

Nonnnnnnnnnnnn !

Au même moment, la porte du bureau s’ouvrit en un fracas terrible, rebondissant sur les boiseries.

Le Rudulier fut comme soulevé et reçut un énorme coup de poing dans la mâchoire qui craqua. Il resta à terre. Sonné.

Hermione était comme pétrifiée. Elle reconnut enfin l’Adjoint du Conseiller à la Sécurité de Dieppe.
Elle se mit à trembler nerveusement, s’essuyant le cou maladroitement. Des mèches de cheveux s’échappaient de son chignon, elle resserrait maladroitement son décolleté légèrement déchiré.

Damoiselle ! Comment vous sentez-vous ? Je suis désolé d’arriver un peu tard ! Le jeune homme lui avait pris doucement une main.

Elle se mit à pleurer, incapable de se retenir même devant cet inconnu qui l’avait sauvée.

Je …. Je vais bien. Mais, Messire. Vous….. vous êtes perdu. Votre carrière ?

Hermione sanglotait convulsivement pendant qu’il l’entrainait hors de l’Hôtel. Elle se laissa emmener.

Ma carrière ? Ne vous inquiétez pas. Je lui ai filé ma démission. Il y avait longtemps que j’aurais dû le faire mais je ne m’y décidai pas. Quand il vous a reçu, je connaissais sa réponse à l’avance. J’ai explosé dès votre sortie. Je regrette seulement qu’il m’ait retenu un peu trop longtemps.

Je suis tout de même désolée pour vous. Comment pourrais-je vous remercier Messire ? Sans vous…. Elle se remit à pleurer.

Allons, allons. Comment êtes-vous venue ? Je ne voudrais pas qu’il vous fasse chercher ?

Elle lui indiqua le lieu de rendez-vous avec le marin, qu’il trouva facilement à la taverne du coin, lui donna quelques louis aussi, le pressa de partir et installa même Hermione dans la charrette.

Elle serrait contre elle toujours son escarcelle contenant papier, poignard et mouchoir qu’elle sortit.

Merci, merci ! lui dit-elle encore une fois en se rendant compte qu’elle ne lui avait même pas demandé son nom.

Le marin avait fouetté le cheval qui trottait la crinière au vent. De temps à autre, le brave homme, rendu un peu gai par son passage en taverne, jetait un œil sur sa passagère, légèrement inquiet par sa pâleur.

Z’êtes pas bien Damoiselle ? Vous avez pas l’air dans votre assiette ?

Je ne me sens pas bien, c’est vrai. Tu peux aller un peu plus vite ? lui répondit-elle avec un petit sourire.

En fait, elle se sentait très mal. Elle avait mal partout. Une nausée la tenait depuis que Le Rudulier lui avait posé ses sales lèvres sur le cou. D’un geste saccadé, elle s’essuya encore. Elle s’aperçut que ses deux poignets portaient deux vilaines marques rouges et lui faisaient mal aussi. Elle frissonnait comme si une fièvre la dévorait.

Le chemin du retour lui parut interminable. Pourtant, son marin faisait trotter son cheval plus vite qu’à l’aller tout en lui lançant des regards inquiets. Il lui avait donné une vieille couverture qui devait servir souvent au cheval, elle claquait des dents. Un froid insidieux s’était emparé d’elle. Enveloppée complètement dans sa cape, et roulée dans la couverture, elle avait encore froid.

Enfin, Eu apparut et il eut vite fait d’arriver au port. Hermione se laissa glisser de la charrette, le remercia encore en lui glissant un autre louis dans la main.

Ça va aller, damoiselle ? lui demanda-t-il gentiment.

Oui, oui. Elle ne voulait qu’une chose. Rentrer chez elle. S’enfermer. Faire un grand feu. Prendre Etoile avec elle et se coucher. Ne plus penser à rien. Rien.

Comme un automate, la jeune femme prit le chemin de la maison. Elle avait l’impression de ne pas avancer. Ses jambes tremblaient, tout son être tremblait. Elle ne s’aperçut pas qu’elle gémissait toute seule dans la rue. La maison n’était plus bien loin. Elle voyait celle de ses amis. Louis-Oscar, Adrien…
La nausée se fit plus forte encore, elle ralentit, s’arrêta. Ses oreilles bourdonnaient, une ombre noire passa devant ses yeux. Elle essaya de lever un bras pour appeler à l’aide. Elle essaya de crier.

Hermione bascula à terre. Elle perdit connaissance son sac toujours serré contre elle.

Après avoir été témoin d'un superbe coucher de soleil sur le terrain où Adrien édifiait son Nid, Louis-Oscar proposa à son Frère d'âme et de cœur de s'installer à l'Iliade, le temps des travaux.
Pour sa plus grande joie, il accepta et les jeunes gens chahutèrent un peu tout en riant, puis ils s’apprêtèrent à rentrer, quand Nuage s'agita d'une façon fort inhabituelle...

Rien ne le calmait... il mordilla même la belle tenue de son Maître pour tenter de l'attirer  vers on ne sais où...,ce qui lui valu quelques remontrances.
C'est qu' il y tenait à ce bel habit, nécessaire pour assumer sa fonction en Mairie...
Adrien tenta même de lancer un jeu, dont le petit loup était friand habituellement, mais non...

Et quand le louveteau s’assit sur son séant et poussa un hurlement, levant son museau vers la lune naissante, les deux Frères échangèrent un regard explicite. Il se passait bien quelque chose, cette fois c'était certain...
Louis-Oscar s'agenouilla face à l'animal et tenta de le rassurer, puis il dit tout en le caressant, regrettant au passage de l'avoir grondé....:

Viens mon loup, montres nous !

Et Nuage fila, obligeant les deux Amis à courir pour le suivre.
La nuit tombante diminuait grandement la visibilité.... La course ne fut pas longue, et l'animal  semblait gratter le sol, mais une fois le petit loup rejoint, ils découvrirent une forme gisant sur le sol...

Oh Demoiselle  Hermione,... Un regard vers Adrien, à genou à ses cotés, qui semblait aussi surpris que lui...
Ses mains étaient gelées, et il s'empressa de défaire sa lourde cape et de couvrir la jeune fille inconsciente. il tapota ses joues, espérant la faire revenir à elle, mais non...

C'est bien mon Loup ! Louis Oscar le gratifia d'une caresse, puis après concertation avec son Frère, il glissa une de ses mains sous les genoux de l'inconsciente, et une main dans son dos.
Puis aidé d'Adrien, la jeune fille fut portée dans ses bras.

Emmenons là chez mes parents, Camille saura quoi faire j'espère...
Ah regardez mon Ami, ici, il y a son sac .  

Les affaires furent rassemblées et d'un pas rapide, ils se dirigèrent vers la petite maison des Parents adoptifs de Louis-Oscar, précédés de Nuage qui semblait fier de lui !
Adrien prit un peu d'avance, et frappa avant d'entrer, expliquant brièvement la situation.

Le nuit tombait autour du Domaine de L’Iliade et Camille s'affairait dans sa cuisine ...
Le dîner était prêt et n'attendait que des ventres affamés pour être réchauffé.
Et tandis qu'elle déposait avec soin des plantes, sur des petits  carrés de tissus fin, destinées à ses infusions, d'un œil distrait elle admirait Danath façonner une nouvelle marionnette de bois.

Comment l'appelleras tu cel.......

Quelques coups brefs à la porte qui s'ouvrit en grand l'interrompirent, et Adrien, l'Ami de son fils entra sans refermer la porte derrière lui .

Citation :

Camille, avez-vous de l'eau chaude et des linges propres ? Danath, pouvez-vous faire de la place sur la table ? Il est arrivé un malheur...

Puis Louis Oscar suivi, portant Hermione dans ses bras.

Tout se déroula  très vite, habitués par le passé à faire face à des situations d'urgences...
Le vieil homme, après avoir lâché son ouvrage, déblaya rapidement la table, sans se soucier de saboter le travail minutieux de son épouse, et Camille de son coté versa de l'eau fumante dans une jatte et attrapa dans le bahut quelques linges fraichement repassés.

La jeune fille inconsciente fut déposée délicatement sur la table, il glissa un coussin sous sa tête.

Au regard interrogateurs de ses parents, Louis-Oscar relata les faits, encore surpris lui même par ce qui venait de se passer.
L'inquiétude se lisait sur les quatre visages penchés sur l'inconsciente.

Adrien lui parlait, mais sans résultat...:

Citation :

Hermione ? ... Hermione, s'il-vous-plaît ? ... Vous nous entendez ?

Camille pris alors les choses en main, des soins de toutes sortes, elle connaissait, elle dit à son époux ;
Approches le chandelier s'il te plait, je n'y vois rien là..

Après un examen rapide où elle vérifia ses pupilles, son pouls, pas d'odeur de poison dans son haleine, juste des marques sur ses poignets et son décolleté déchiré.
Pourtant la fièvre l'envahissait...
Un diagnostic rapide lui fit penser à deux éventualités : une sorte d'état de choc vu les traces de lutte, ou bien une maladie... peut être même contagieuse ...
Elle avait hélas vu ce genre de maladie qui s'abattait sur un village et telle une houle, emportait avec elle les habitants....

Les garçons, prenez la marmite et des branches de Saponaire au cellier et filez d'ici !
Faites chauffer de l'eau et décrassez vous, même les cheveux. Brulez aussi de cette plante dans l'âtre, c'est de la sauge, ça purifiera l'air .

Vos vêtements, laissez les dehors cette nuit, le froid  s'occupera de les nettoyer.
J'espère de tout cœur  avoir tort, nous serons vite fixés....

Ah encore une chose...
Et la vieille nourrice attrapa un bocal avec quelques petits sacs de tissus.

Ce soir et demain, il vous faudra boire ça, c'est une tisane mauvaise au gout, mais des plus efficace pour protéger votre organisme des maladies.
Filez, et on vous avertira des que j'en saurai un peu plus.

Elle se hissa sur la pointe de ses pieds et déposa un baiser sur le front de son fils, et fit de même avec son Ami Adrien.
Puisses Pascal veiller sur nous ...ajouta-t elle tout bas, mais pas assez bas encore...
Louis-Oscar croisa son regard  qui trahissait son inquiétude...

Et il posa sa main sur l'épaule de Camille, et dit:

Mille merci d'être là pour nous ce soir.
J'ai confiance, tu sais. Si Pascal nous a permis de découvrir Hermione, c'est parce qu’entre tes mains elle sera vite rétablie  hein !
Et à son tour de serrer sa vieille mère dans ses bras.

Puis un regard à son Frère d'âme et ils filèrent, Nuage sur leurs talons.

La nuit tombait quand dans son inconscience, Hermione avait senti une petite langue sur sa joue et tout de suite derrière, elle perçut des bruits de pas.

Citation :

Oh Demoiselle  Hermione,...

Elle ne pouvait répondre ni même ouvrir les yeux. Un cauchemar encore ? Elle se sentit enveloppée dans un vêtement bien chaud et soulevée de terre. Des bras forts la serraient contre une poitrine dure et réconfortante. Sa tête lui faisait si mal. Ses tempes battaient vite au rythme de son cœur. Ces voix masculines ? Dans un effort, le nez si près d’une odeur qu’elle reconnaissait, oui, c’était l’odeur rassurante et aimée de Louis-Oscar. L’autre voix, oui, oui, Adrien. Oh, Adrien.

Un vertige la reprit et plus rien.

Citation :

Hermione ? ... Hermione, s'il-vous-plaît ? ... Vous nous entendez ?

Où était-elle ? Elle sentait sa respiration rapide, cette fièvre ! Une lumière près de son visage, on la palpait, on lui soulevait les paupières. Ses poignets la brulaient.
Elle restait sans réaction. Sa tête allait éclater, tellement elle souffrait. Louis-Oscarrrrrrrrrrr, Adriennnnnnn ! Aidez-moi. J’ai mal. Je suis malheureuse. Elle aurait voulu pleurer. Elle avait si mal.

Sa demi-conscience la quitta une nouvelle fois.

Louis-Oscar avait peu dormi cette nuit là, trop inquiet, il se tournait et se retournait encore...
Il se dirigea vers la cuisine et attisa le feu, enfila son gilet doublé, puis sa cape, et sans faire de bruit,c'est qu'il ne voulait surtout pas réveiller son Frère d'âme qui dormait dans la chambre voisine,
Il traversa la longue allée qui séparait sa demeure , de celle de ses parents.

Il frappa très légèrement la porte, et Danath lui ouvrit.
Voyant le sourire éclairer son visage, il souffla, sans doute Hermione allait mieux !

Il entra donc, à pas lents, ne voulant surtout pas gêner, et quand il vit Hermione installée dans le large fauteuil, une tasse fumante entre ses mains, il cria presque :

HERMione ..!!  Camille  , avec de grands gestes des ses mains lui fit comprendre de baisser d'un ton...

Oups pardon...c'est que je suis content...
Il offrit son plus joli sourire à son Amie, puis dit: puis je prendre votre clé? , je pensais fendre quelques buches pour votre feu, et  surtout vous apporter Étoile...,
c'est qu'il doit se sentir bien seul, dans votre maison vide...

L'adorable étourdie du lavoir, lui renvoya son sourire, puis hocha la tête pour signifier son accord... ce qui lui arracha une légère grimace...

Pauvre demoiselle Hermione pensa t'il alors...

Il fouilla dans le sac indiqué de la main par la jeune fille, et découvrit dans son sac une dague...
Il ne dit mot...ce n'était pas le moment...

Il se contenta de prendre la clé, déposa un doux baiser sur le front d'Hermione, et lançat en souriant,
Je reviens vite !

Les larmes coulaient toutes seules sur les joues d’Hermione. Danath, qui était allé prévenir Camille revint vers elle. Il eut pour la jeune des gestes de père.

Citation :

Il lui caressa doucement le front, geste spontané pour la calmer, comme il l'avait fait si souvent avec son fils en proie à des cauchemars...
Et il disait de sa voix grave :
C'est fini, tout va bien, je suis là ...

Elle eut un soupir de soulagement, comme si son geste paternel et ses paroles lui avaient fait du bien. Elle lui sourit. Louis-Oscar avait eu de la chance d’avoir ce couple comme parents adoptifs.

Camille lui proposa d’aller s’assoir dans le fauteuil. Hermione serait bien restée allongée mais il est vrai que cette table lui semblait bien dure maintenant.

Mais elle se sentait toujours aussi faible qu’à son réveil. Elle tendit les bras vers Danath.

Pouvez-vous m’aider Danath ? Je n’ai plus aucune force.

Rien que le fait d’essayer de se soulever, la tête lui tournait et elle sentit le malaise revenir.
Heureusement, il ne l’avait pas quittée des yeux et un bras rassurant et costaud la retint juste à temps. Ni une, ni deux, avant même de dire ouf, il l’avait soulevée de la table et l’avait installée sur le fauteuil. Une couverture l’enveloppa, un oreiller installé derrière sa tête douloureuse encore, Camille lui apporta une infusion odorante.

Merci, merci, tous les deux, je suis si fatiguée encore, leur souffla-t-elle.

Tout mouvement l’épuisait.

Oh, Danath, mon petit Etoile est tout seul ! murmura-t-elle.
Elle y avait pensé plusieurs fois. Elle aurait aimé l’avoir sur ses genoux.

On frappa à la porte et Danath alla ouvrir laissant passer un Louis-Oscar qui en la voyant cria presque :

Citation :

HERMione ..!!

Elle sourit doucement. Elle était contente, si contente de le voir. Elle lui fit un petit signe de la main ce qui lui provoqua une douleur dans le poignet et elle grimaça.

Citation :

puis je prendre votre clé? , je pensais fendre quelques buches pour votre feu, et  surtout vous apporter Étoile...,

Il avait deviné qu'elle voulait son chat. C'était plus qu'un ami précieux.

Il lui donna un doux baiser sur le front et elle lui chuchota : Oui, oui, ramène moi mon Etoile et laisse le bois, Louis, revient vite. J’ai besoin de vos deux présences près de moi.

Elle ferma les yeux un instant, épuisée d’avoir bougé et parlé. Mais, ne l’avait elle pas tutoyer ? Appeler Louis ? moins pompeux que Louis-Oscar ? Elle ne savait plus, mais elle savait que sa présence lui était indispensable. Et Adrien, où était-il ?

De son pas aérien, Louis-Oscar fut bien vite arrivé devant la maison de son Amie.

Effectivement, il ne restait plus de bois pour le feu sous l'abri.
Il fit alors rouler quelques uns des rondins soigneusement empilés, descella la hache de la large souche, plaça en son centre une des bûches, et la danse qu'il connaissait par cœur commença.

Il se redressait, hissant de ses bras, la hache au dessus de sa tête , et d'un ample mouvement, , concentrant toute sa force, il abattait le tranchant sur la bûche maintenant fendue.
Il enchaina ainsi ses mouvements, et quand le tas de bois lui sembla suffisant, il l'entassa sous l'abri, et chargea ses bras de ce qui restait. il déverrouilla la porte, entra et déposa son chargement près de l'âtre.

Évidemment, il fut accueilli par le chaton qui semblait réclamer pitance.

Tu a faim mon bel ami?

Dit il en s'agenouillant pour le caresser.

Ne connaissant pas bien la maison de son Amie alitée, il n'osa s'y aventurer pour dénicher de quoi nourrir le petit félin affamé.

Viens, à L'Iliade, Camille te trouvera surement quelque chose de bon à croquer, et j'ai une surprise pour toi !
Tu vas retrouver ton adorable Maîtresse !

En disant ses mots, il glissa le chaton dans son gilet, referma soigneusement la porte de la maison, et fila d'un pas rapide vers son Domaine.

Toc Toc Toc, et sans attendre de réponse, il entra , affichant son sourire légendaire !

Me revoilà !

Les yeux d'Hermione semblèrent s'illuminer quand il tira de son gilet le petit chat .

Hermione somnolait sur son fauteuil quand enfin elle le vit. Il marchait de son grand pas léger et remontait l’allée.
Il entra, se dirigea vers elle et entrouvrit son gilet. Deux petites oreilles surgirent, suivit d’une petite tête curieuse. Etoile vit sa maîtresse et poussa un miaulement bien appuyé.

La jeune malade eut un sourire radieux envers Louis-Oscar. Malgré ses traits tirés par la fièvre, son teint très pâle encore, ses yeux bleus lavande plus clairs qu’à l’habitude brillèrent de joie en tendant les mains vers le jeune homme et le chat. Elle ne l’aurait jamais pensé, mais même ainsi elle était très jolie. Elle envoya un baiser de la main à Louis-Oscar. Merci, mon ami.

Il lui déposa sur ses  genoux. Il grimpa jusqu’au cou d’Hermione et s’y nicha. Elle sourit en le caressant de la tête au bout de sa petite queue. Comme c’était bon de sentir son petit corps chaud et doux. Il miaula à nouveau d’une autre manière.

Elle regarda Camille. Auriez-vous quelque chose à lui donner à manger ? Sa voix était encore faible. Elle avala sa salive, toussa, reprit : Il doit être affamé le pauvre. Un peu de foie ou du lait ? Non, impossible pour elle de parler encore normalement. Elle s’effraya de sentir si épuisée encore.

Elle n'allait pas rester là dans leur petite maison. Mais, elle se rendait compte en paniquant qu'elle était dans un état de fatigue intense. Comment rentrer chez elle ? Rien que de se soulever, elle défaillait.

Adrien sortit de la chambre, frais et rasé de près. La nuit à l'Iliade avait été mouvementée avec cette histoire qui leur avait fait trouver Hermione inconsciente. Le sommeil n'avait pas été au rendez-vous, mais il n'était pas pour autant fatigué. Adrien était bien trop excité par tout ce positif qui lui arrivait ces jours-ci. Il savait que son Frère bien-aimé était parti tôt ce matin, aussi il se décida à passer saluer Camille et Danath et s'enquérir des nouvelles d'Hermione. A ce nom, il se remémora les événements de la veille et, plus soucieux, il sortit de la demeure de Louis-Oscar, remonta l'allée encadrée par l'écurie et le pigeonnier d'une part, les ateliers d'autre part. Aussi quand il entra dans la grande salle :

Hermione !

Et de se précipiter à son chevet. Ses sourcils froncés trahissaient son inquiétude à la voir pâle et démunie.

Ô chère Amie, vous êtes à nouveau des nôtres ! Quelle joie de vous voir recouvrer votre forme...

Puis, comme Danath et Camille s'étaient approchés, Adrien s'empressa d'ajouter sur un ton qu'il voulait rassurant :

Comment vous sentez-vous ? Auriez-vous quelque souvenir de ce qui s'est passé ? Si vous voulez en parler, nous voici. Vous pouvez compter sur nous.

Louis-Oscar était reparti cette fois pour la Mairie. C’était normal. Elle le savait.

Citation :

Voilà, ça devrai lui plaire, ce sont des abats justes ébouillantés, que je garde pour Nuage.
J'ai haché ça menu, et ajouté du lait de chèvre

Elle regarda son chat dévorer l’assiette que lui donna Camille. Danath l’observait et lui demanda de finir son infusion. Ils allaient la garder jusqu’au soir, c’étaient des gens si adorables. Ils voulaient qu’elle mange aussi pour reprendre des forces. Mais, ça, pour le moment, elle sentait que c’était impossible. Elle se força à finir la tisane.

La porte s’ouvrit cette fois sur un Adrien à l’air plutôt gai.

Citation :

Comment vous sentez-vous ? Auriez-vous quelque souvenir de ce qui s'est passé ? Si vous voulez en parler, nous voici. Vous pouvez compter sur nous.

La tasse échappa des mains d’Hermione. Elle tomba sur le sol de la cuisine.
Elle lança un regard de détresse à Danath.
Une boule d’angoisse lui monta à nouveau dans la gorge et elle cacha son visage dans ses mains en éclatant à nouveau en sanglots. Elle n’était pas prête à parler. Et surtout pas comme ça, Adrien ne se rendait pas compte assurément.

Pardonnez…. Moi. Fit-elle entre deux sanglots.

Non, elle ne pouvait pas, pas maintenant. Elle se tordit un peu les mains, frottant par la même occasion ses poignets aux vilaines marques rouges qui viraient même au bleu violacé.

Adrien, démuni, prit l'une des mains de la jeune femme pour la rassurer. Ce faisant, il sentit la peau rugueuse autour du poignet et se prit à l'examiner : traces de lutte, rougeurs qui trahissaient l'apparition prochaine d'hématomes. Camille avait déjà soigné ces poignets par l'application d'un baume à la violette dont elle avait le secret.

Hermione était retombée dans un état de semi-conscience sur l'oreiller. Le jeune homme s'assit à ses côtés, conservant sa main dans les siennes, et attendit. Il rassura Camille et Danath en leur assurant un temps de veille, de sorte que les deux parents de son Frère puissent vaquer à leurs occupations.

Le temps passa, la respiration d'Hermione se faisait plus régulière, elle s'était rendormie. Adrien en profita pour se lever, ferma les rideau de l'alcôve et confia la jeune femme aux bons soins du vieux couple si généreux.

Il partit travailler sur le chantier du Nid, cela faisait du bien d'être à l'extérieur, de se dépenser sainement, se libérant de pensées stériles. Danath le rejoignit d'ailleurs, quelques temps plus tard. Et les deux hommes, tout en travaillant, devisèrent au sujet d'Hermione. Tous deux étaient d'accord pour l'assister et l'aider à se remettre rapidement. Il fallait tout d'abord qu'elle reprenne des forces, ensuite elle parlerait si elle le désirait.
Ils revinrent pour le déjeuner et trouvèrent la jeune victime assise sur le lit, une meilleure mine malgré les traits tirés.

Chère amie, vous avez pu vous reposer. C'est un bon début. Avez-vous senti cette odeur qui émoustille les narines ? Parmi les nombreux talents de Camille figure celui de la cuisine. Venez, levez-vous, nous allons tous reprendre nos forces.

Saisissant fermement les mains de la jeune femme, il la leva, la soutint dans sa marche encore un peu titubante et l'aida à s'asseoir.

Vous allez voir, la cuisine de Camille est déjà un pansement en soi. Mangez, jeune fille, vous devez faire face aux besoins vitaux afin de surmonter le choc. Nous en parlerons plus tard si vous le désirez, pour l'heure, j'ai faim, et nos hôtes sans nul doute aussi.

Et tous, après avoir rendu grâces, déjeunèrent.

Il lui prit une de ses mains et elle ne put cacher les vilaines traces. Il passa un doigt léger dessus, ne faisant aucun commentaire. Hermione lui en fut reconnaissante. Il avait approché une chaise près d’elle et resta assis à côté d’elle. Sa présence si proche la rassura. Ses larmes cessèrent de couler et elle s’endormit, épuisée par la fièvre.

La matinée passa. Adrien revint avec Danath. Ils avaient travaillé à la construction de la maison et avaient grand faim.

Le jeune homme décida qu’Hermione devait venir à table manger pour reprendre des forces, avant qu’elle ait pu dire quoique ce soit, il l’avait levée et accompagné à table avec douceur en la soutenant.

Citation :

Mangez, jeune fille, vous devez faire face aux besoins vitaux afin de surmonter le choc.

En effet, le repas préparé par Camille sentait très bon et avait l’air très appétissant. Hermione se força donc à avaler quelques bouchées. Au bout d’un instant, elle eut l’impression d’avoir fait un festin. Son estomac refusait une part de plus.

Camille c’est vraiment très bon. Mais je ne puis en avaler plus. Je ferai un effort au prochain repas. C’est promis.

Elle sourit à Adrien. Je vous remercie de votre gentillesse et de vos attentions. Elle posa sa main sur celle d'Adrien qui reposait sur la table et la serra d'une petite pression.

Elle devait se calmer. La fièvre la quittait petit à petit.
La jeune femme se doutait que ses amis allaient essayer de la secouer pour la sortir de son mutisme.

Elle aurait aimé que son frère, Hugues, soit là. Il aurait pu la serrer dans ses bras, lui chuchoter des petites phrases, la câliner tendrement. Elle se sentait très seule. Etoile sauta sur ses genoux, les chats ayant un sixième sens. Il se lova contre Hermione et elle caressa son doux pelage, le soulevant pour lui donner des baisers.

Il faut que tu m’aides mon petit chat. Je vais avoir du mal à oublier cette fois.

Hermione s'inquiétait des jours à venir. On allait lui livrer ses affaires, meubles et autres. Aurait-elle la force de diriger tout cela ? Il fallait qu'elle se décide à en parler à Louis-Oscar et Adrien sinon ils allaient s'étonner de cette soudaine livraison.
Elle avala difficilement sa salive. La jeune fille s'angoissait et se demandait si elle retrouvait la joie de vivre. Une lente dépression la guettait mais elle ne s'en doutait pas. Et en plus, elle avait peur. Et si, ..... et si.... l'autre..... l'a retrouvait....