[rp] Petit détour par les boutiques

Brianna était très fatiguée mais aussi tellement heureuse de retrouver quelqu’un qu’elle connaissait qu’elle ne put s’empêcher d’accepter la proposition de son cousin. Elle n’avait pas besoin de grand chose, mais quelques vêtements qui lui appartiendrait et qui auraient été achetés spécialement pour elle lui ferait le plus grand bien. Après toutes ces années de captivité à ne plus s’appartenir, elle avait très envi de posséder quelques effets. Une robe, une chaude chemise pour dormir et dans un futur qu’elle espérait plus près que loin, une paire de chaussure qui serait ajustée à la taille de ses petits pieds. Elle rêvait depuis longtemps d’une paire de chaussure qui lui aille. Rien d’extravagant et pas des masses, une seule paire de chaussure.

Son besoin de posséder quelque chose l’avait poussée à sortir même pendant sa convalescence, à chasser assez de petits animaux afin de pouvoir troquer et obtenir la chaude fourrure de loup traitée avec laquelle elle s’était fabriquée la chaude cape qu’elle portait. Sa seule possession, à l’exception de Côtelette, mais pouvait-elle vraiment dire que la truie lui appartenait? Elles étaient compagnes d’infortune, principalement.

- Je te suis, Jérémy, répondit-elle. Je suis très contente aussi d’avoir retrouvé quelqu’un, quelqu’un aussi vite.

Brianna observait les alentours, fascinée par cette nouvelle ville qu’elle découvrait et se disant qu’elle pourrait bien se faire à une vie ici.

Tien, les humains l’avaient oubliée. Côtelette, occupée à faire le « m.nage » sous la galerie du bureau de l’accueil avait creusé et déterré des trésors qu’elle s’était empressée de manger. Elle avait cassé la corde qui lui servait de laisse mais ne s’était pas éloignée jusqu’à ce qu’elle entende la voix de l’humaine qui la nourrissait un peu plus loin. Alors, laissant un beau ravage derrière elle, elle s’élança sur le chemin, rejoignant son humaine et l’inconnu qui l’accompagnait.

Est-ce que cet humain-là avait de quoi à manger aussi? Qui était-il et où emmenait-il l’humaine qui la nourrissait?

Côtelette décida qu’il ne servait à rien d’attendre et se planta droit devant Jérémy, saisissant le moment présent et s’approchant afin de faire sa connaissance. Elle commença par renifler vigoureusement les bottes puis remonta, poussant son inspection du mieux qu’elle pouvait.

- Oh, Côtelette! s’écria Brianna horrifiée.

Elle se mit à rougir furieusement. Elle avait complètement oubliée la truie dans son bonheur de retrouver quelqu’un de connu.

Bri ne se fit pas prier pour l'accompagner chercher quelques effets. Il aimait autant cela que de devoir batailler, il n'avait de toute façon pas envie de la laisser ainsi, avec si peu de choses. Alors qu'ils marchaient, Jérémy observa sa cousine, qui avait l'air plus que fascinée par la ville et les nombreuses boutiques devant lesquelles ils passaient.

Tout à coup, côtelette, qui s'était faite discrète jusqu'à présent, s' aperçu que sa compagne d'infortune avait disparue. Elle s'élança donc vers eux et vint se placer devant Jérémy qui sourit voyant l'animal.

- Tiens donc...ton exploration est terminée ?

Elle commença par renifler ses bottes puis remonta, puis commença à se faire plus inquisitrice, ce qui sembla affoler Brianna. Criant pour stopper l'animal, elle se mit à rougir. Jérémy ne s'en formalisa pas et caressa l'animal.

- Ne t'en fais pas Brianna, ce n'est pas bien grave !

Puis il se redressa et continua de marcher, jusqu'à une boutique où il pensait que Bri trouverait son bonheur et la regarda...

- Je pense qu'ici ce n'est pas mal, qu'en penses-tu ? Peut-être y trouveras-tu quelque chose qui te convienne ! Et ne t'en fait pas, prends ce que tu veux, ce qui te plait !

Jérémy entra dans la boutique en compagnie de sa cousine, ils devraient ensuite lui trouver des chaussures, enfin, tout ce dont elle pourrait avoir besoin. Mais il devait également penser au repos de sa cousine...peut-être pourraient-ils s'attarder à boire quelque chose entre deux boutiques.^^

En voyant que Jérémy ne se formalisait pas de l’approche de Côtelette, Brianna sourit. Elle ne savait pas encore quoi penser de cet animal mais ne pourrait pas la laisser tomber non plus. Encore une fois, elle laissa la truie à l’extérieur en pénétrant dans la boutique. Un peu de la Bri d’avant refit surface dans ce lieu chaleureux et familier.

- Je me contenterai de peu de chose, tu sais. Deux ou trois tenues pratiques, une chemise de nuit et quelques autres effets. Je n’ai pas besoin de tenue de soirée avant d’être invitée à une soirée et je m’organiserai bien pour trouver les moyens de m’en procurer.

Elle se mit à fouiller dans les étalages à la recherche des vêtements idéaux.

Elle ne pouvait plus attendre, elle voulait savoir… elle avait besoin de savoir.

- Jérémy, dis-moi.

Elle leva les yeux vers lui, un vêtement entre les mains, ses longs doigts fins caressant le tissus.

- A-t-on retrouvé quelqu’un? Après l’attaque?

Voilà, c’était dit. Elle ne pouvait plus attendre. Elle avait toujours espéré qu’au moins quelqu’un s’en serait sorti. Ou bien que l’on aurait retrouvé une de ses soeurs…

Bri fut rassurée lorsqu'elle vit que Jérémy ne prenait pas mal, "l'inspection " menée par le truie. Drôle de compagne que cet animal, cela promettait quelques surprises plus ou moins amusantes. Bien évidemment, Côtelette dut rester dehors lorsqu'ils entrèrent dans la boutique, mais l'animal ne chercha pas à luter, ce qui était une bonne chose.

Bri disait se contenter de peu de chose et Jérémy ne doutait pas que cela soit vrai, mais elle n'était plus prisonnière dorénavant, elle pouvait recommencer à vivre pleinement et ça, il lui ferait comprendre avec le temps.

- Eh bien ....prends dans un premier temps ce que tu as besoin ! Mais si le coeur t'en dit ensuite, tu pourras prendre d'autres choses pour te faire un peu plaisir ! Mais ne te bride pas d'accord ?

Jérémy sourit lorsque Brianna commença à fouiner un peu dans les divers étalages. Mais alors qu'elle cherchait, il voyait bien son regard revenir parfois sur lui, comme si elle avait oublier de lui dire quelque chose. Ce qui se confirma, sa famille bien sur, elle avait des questions sur sa famille. Jérémy redoutait ce moment, mais il fallait bien y venir à un moment ou un autre.

- Eh bien ... peu après que vous ayez subit cette attaque, un petit convois de marchands retrouva ton cheval, malheureusement cette pauvre bête avait la patte cassé....ce qui est irréversible .... ensuite poussant un peu plus, il ont retrouvé la trace de votre convoi...

Jérémy soupira puis continua son récit...

- Ils ont retrouvés tes parents, en piteux état.... les gardes qui vous accompagnaient avaient été tués, sauf l'un d'eux, partis chercher du secours ! Les marchands les ont ramenés jusqu'à la ville où tes parents se sont peu à peu rétablis ! Puis lorsqu'ils le furent assez, ils décidèrent de partir à votre recherche ! Nous avons participé aux recherches nous aussi, mais en vain ! Puis tes parents ont pris la décision de pousser plus encore leur recherches, nous laissant un mot avant de partir ! Nous ne les avons plus revu depuis lors....pour ce qui est de tes soeurs, je ne puis te donner quelques nouvelles que se soit.....

Jérémy aurait voulu lui donner de meilleurs nouvelles que cela, mais il ne le pouvait à sa grande déception.

- Mais tu es là Bri, il y a encore de l'espoir pour eux

Brianna écouta son cousin attentivement. Elle se rappelait ce cheval, un superbe étalon à la robe palomino d’un roux flamboyant. Elle pouvait passer des heures à nettoyer et peigner sa longue crinière et sa queue d’or pâle. Son père lui avait offert alors qu’il n’était qu’un poulain et elle l’avait élevée et entraînée elle-même. Elle lui avait donné le nom de Barron Rouge, ce qui lui allait particulièrement bien.

Alors que des images de son cheval revenait dans sa mémoire, ses yeux s’embuèrent et elle se mit à caresser le tissus de la robe qu’elle avait entre les mains d’un air absent.

- Barron était un excellent cheval. Malheureusement, je n’ai pu lui apporter le soulagement qu’il méritait, je n’avais qu’un couteau et je devais m’enfuir, je n’avais pas le temps de… j’aurais du. puisqu’ils m’ont attrapée quand mêm.

Elle se sentait coupable pour son cheval qui avait tout donné afin de lui sauver la vie, courant à bride abattue dans la pénombre, fuyant le danger éminent.

Brianna mis la robe de côté et passa au prochain item sur sa liste. Elle continua d’écouter, ses sombres pensées s’illuminant.

- Alors, il y a peut-être de l’espoir, souffla-t-elle. Du moins, pour Mère et Père. Il est difficile à croire que nous nous soyons toutes sortie de cette mésaventure.

La commerçante aida Brianna à essayer les vêtements choisis et eut l’air sévère en constatant la maigreur et l’air épuisé de la jeune femme. Elle fit les gros yeux à Jérémy et suggéra:

[b[Vendeuse: « Vous savez, messire, j’aurais pu vous envoyer une couturière pour prendre les mesure de la demoiselle directement à votre domicile. Cette pauvre enfant est épuisée. »[/b]

Brianna sourit de l’intervention de la dame. Elle avait finalisé ses choix et les déposa sur le comptoir d’un air déterminé.

- C’est un plaisir pour moi, chère dame, de sortir un peu. Et Jérémy s’occupe bien de moi, ne vous inquiétez pas.

Elle se demandait autre chose mais ne voulait pas en parler ici, pas devant la commerçante. Évidemment, elle n’avait choisi que le nécessaire, elle se doutait bien que ses forces du jour ne lui en permettrait pas davantage.

Brianna aurait cru se sentir embarrassée que Jérémy règle sa note, mais non. Ils se connaissaient depuis aussi longtemps qu'elle se souvienne et Jérémy n'était pas un étranger, il ne faisait pas ses choses par pitié pour elle.

Ce qui la poussa à s'amuser de la réaction de la commerçante qui avait osé laissé parler son instinct maternel et qui s'était vue remettre à sa place. Elle continua d'observer la boutique d'un air presque émerveillé alors qu'on emballait ses effets.

- Non. Je ne vois pas. Je n'ai besoin de rien... Du moins, de rien qui soit prêt avant que mes forces ne m'abandonnent. J'aurai bientôt besoin de chaussures à ma taille, mais pour l'instant, j'ai surtout envi de me mettre au chaud.

Elle resserra sa cape sur elle et jeta un regard implorant à son cousin avant de se rapprocher de lui et de s'agripper à son bras.

Une jeune vendeuse vint remettre le paquet à Jérémy tout en le remerciant pour ses achats, son regard curieux retournant sans cesse vers Brianna.

Aussi rapidement que la politesse le permettait, Brianna se mit à tirer son cousin vers l'extérieur, le visage tendu.

En récupérant Côtelette, elle expliqua:

- Tout ces regards sur moi... ça me rend nerveuse. Les inconnus que j'ai croisé durant les dernières années n'ont pas été des plus familiers et je crois que mon courage et mes forces arriveront bientôt à leur fins. Rentrons, je t'en prie...

Elle détestait la fragilité qui transparaissait dans sa voix et, s'agenouillant par terre pour un meilleur contact avec Côtelette, se concentra sur sa respiration.

Il n’y avait rien de confortable à monter en amazone sur une selle régulière. En fait, selon l’avis de Bri - elle réalisait que malgré le fait qu’elle n’ait pas monté depuis plusieurs années, son opinion n’avait pas changé en la matière -, il n’y avait rien de confortable à monter en amazone tout court.

- J’imagine que je me ferai jugée comme une femme vulgaire et indécente si je me fais faire une tenue d’équitation me permettant de monter normalement, commenta-t-elle sans même s’apercevoir qu’elle avait parlé tout haut.

Aussitôt installée sur la monture de son cousin, son instinct de cavalière s’était réveillé et sa posture et son assurance d’antan étaient revenus, démontrant au cheval que cette passagère étrangère savait ce qu’elle faisait. Les oreilles de l’animal s’agitaient, suivant son maître qui tenait les rennes et s’intéressant à la charge légère sur son dos.

Brianna ne s’était pas aperçu que des larmes coulaient sur son visage jusqu’à ce que celles-ci s’égouttent sur ses mains, scintillant pour un instant avant d’être soufflées dans l’air. Les chevaux lui avaient tant manqué et le simple fait de se trouver à nouveau sur une monture la remplissait de joie. Sans réfléchir, elle tira délicatement sur les rennes pour indiquer à Jérémy qu’il pouvait lâcher le cheval s’il le désirait et demanda:

- Parle-moi de toi, Jérémy. Parles-moi de ce qu’à vécu le monde ces sept dernières années.

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