[RP] Une lettre surprise !

Transfert avait été fait de son courrier, comme chaque semaine depuis quelques temps, du Louvre à Amiens. Une pile de courrier s'amoncelait sur son bureau, et c'est avec un air de dépit qu'il commença à les lire. Il se doutait que les trois-quart n'auraient pas d'intérêt, comme une grand-mère qui appelle au secours parce qu'elle a perdu son chat...Sans doute devrait-il faire lire son courrier par un tiers et qu'on ne lui amène que ce qui importait vraiment.

Dans le lot, une lettre scellée, une écriture féminine. Il l'ouvrit, et rien que les premiers mots, la présentation de l'expéditeur, lui firent avoir de grands yeux d'étonnement. Ursula ? Il ne se rappelait pas qu'il ait eu quiconque de ce nom dans sa famille, mais à vrai dire, il n'avait que peu connu la branche paternelle de la famille.

Mon...Frère ??? Mais qu'était-ce donc que cela ? Louis-Philippe n'avait jamais eu qu'une seule soeur, Sophie, morte il y a près de deux ans, et qui avait été enterrée à Guernesey, lieu où il souhaitait d'ailleurs se rendre depuis un moment, mais il n'en avait guère eu le temps encore. Il lui faudra écrire au Prince afin de lui faire part de cette volonté...

Sortant de cette pensée, et revenant sur cette lettre, il alla de surprise en surprise. Il était dubitatif... Était-ce vrai ? Son père aurait-il osé ? Il se souvenait bien de Marie et de sa fille qui jouait avec sa petite soeur. Il ne l'avait que peu connue, étant parti assez jeune de la demeure familiale mais...Si c'était vrai...

Un sentiment de colère s'empara de lui. Il n'aimait déjà pas beaucoup son père, mais là...Cela surpassait tout. Il ne supportait pas l'idée qu'il ait pu oser tromper sa mère. Il s'était toujours demandé comment elle en avait été réduite à épouser un tel rustre. Elle était, à ses yeux, la personne la plus merveilleuse qui soit, alors que lui...Rhaaaaaaaa ! Mais ce n'était pas possible d'être aussi...Stupide !

Il prit feuille et plume et se mit à rédiger une réponse :

Citation :

A Ursula,

De Louis-Philippe de la Brie en Carly,
Roi de France et de Navarre,

Amiens,
Le 11 octobre 1652

Mademoiselle,

Vous remarquerez que je n'ai point mis mon nom de famille suite à votre prénom pour deux raisons. Tout d'abord, rien ne me prouve que ce que vous m'exposez là est vrai, et si cela l'était, je ne pense pas que mon couard de père aurait eu le cran de vous reconnaître. D'ailleurs vous avouez vous même ne l'avoir appris qu'il y a peu.

Soit, cette chose mise au clair, je vous informe que je ne suis point à Paris, mais Amiens, dans un château à une vingtaine de kilomètres de là. N'importe qui en cette ville saura probablement vous indiquer la route. Nous verrons ainsi si ce que vous prétendez est potentiellement vrai ou non.

[13 octobre...]

Les soucis s’enchaînaient, la veille au soir, il avait rencontré Ursula, cette jeune femme qui se prétendait être sa soeur. Vérité ou mensonge ? Il n'aurait su le dire, même si certains éléments étaient troublants...Il devait la revoir ce jour, mais avant cela, il avait quelque chose à faire, quelque chose d'important...

Cela faisait tout juste un mois…Un mois qu’elle s’en était allée, laissant un vide dans sa vie et dans son cœur. Un mois pendant lequel il était passé par tous les états, et alors qu’il commençait à peine à se relever, un autre deuil venait le frapper.

Durant ce mois, malgré tout, il avait eu une certaine chance. La chance d’avoir Athénaïs qui, toujours, le soutenait, et était là pour lui. Peut-être n’aurait-il pas su supporter ces nouvelles épreuves sans elle, et si, à ce jour, tout cela était encore bien présent, il s’apaisait un peu plus chaque jour, surtout depuis ce rêve étrange.

Rêve ou véritable vision ? Cela il ne le saurait jamais, et le doute était toujours là. Elle lui était apparue tel un ange…Elle lui avait parlé, tentant de le soulager de ce fardeau qu’il s’était mis lui-même sur les épaules en ce culpabilisant de sa mort alors qu’au fond, il savait qu’il n’y était pour rien, ni lui ni personne…Mais le fait qu’ils se soient séparés la veille au soir l’avait amené à se poser des questions.

Cela faisait un mois à présent qu’elle s’en était allée vers un monde qu’il espérait meilleur. Et ce jour, il voulait se rendre en ce manoir qu’elle avait acheté à la sortie d’Amiens. Jusque-là, il n’avait pas encore eu la force de s’y rendre, de voir cet endroit. Lorsqu’elle est morte, il la vit pour la première fois à la cathédrale. Mais jamais il ne mit les pieds là-bas…Et ce jour, il pensa qu’il était temps de le faire.

C’est donc avec une rose rouge, la fleur préférée de la jeune femme, qu’il se rendit en ce manoir qu’elle avait nommé « la gaffeuse ». En pensant à ce nom, il eut un léger sourire, se rappelant le nombre de fois où il l’avait taquinée sur sa maladresse…Et ce surnom était venu du fait qu’elle était sa Grande Aumônière de France…Et que les premières lettres faisaient GAF…

Arrivés à la grille, il demanda au cocher de s’arrêter, il voulait aller jusqu’au manoir à pieds, et seul…C’est le cœur serré qu’il s’avança jusqu’à cette demeure à moitié écroulée. En voyant cet endroit, il sentit l’émotion le submerger, les larmes revenir alors qu’il tentait vainement de les retenir.

Il déposa la rose dans l’herbe, à quelques mètres de l’entrée de la maison et s’assit à côté, regardant les lieux, n’arrivant toujours pas à se faire à l’idée que jamais plus il ne la reverrait. Il avait toujours cet anneau, qu’elle lui avait offert, au doigt. Il n’avait pas encore réussis à tourner la page, il n’avait pas su encore faire son deuil et se détacher suffisamment pour l’enlever. Un jour il le ferait. Pour l’instant, il n’était pas encore prêt.

Je ne sais pas si tu m’entends…Je ne sais pas si ce n’était qu’un simple rêve ou si tu étais vraiment là…Je n’ai pas eu le temps de te dire tout ce que j’aurais voulu te dire…Si seulement je pouvais revenir en arrière…Si seulement je t’avais écoutée…J’ai eu ta lettre…Celle que je n’étais pas censé lire…Pardonne moi de ne pas avoir compris, de ne pas t’avoir crue…Je sais que tu me dirais que c’est de ta faute, que tu as tout gâché…J’avais l’impression de te perdre, et au final…Je t’ai perdue…Pour de bon…J’aurais préféré que la dernière image que j’aie de toi soit ton sourire plutôt que tes larmes, et pour cela, je ne cesserais de m’en vouloir. Il ne te restait plus que quelques heures à vivre, et plutôt que de les passer à être heureuse, je t’ai infligé une souffrance de plus, une souffrance de trop...

Il laissa d’échapper un soupir, passant sa main sur sa joue, essuyant quelques larmes qui, malgré tout, avaient réussis à se frayer un chemin.

Ça fait un mois déjà…Certains jours, tout va bien, j’arrive à ne pas trop y penser…J’arrive à rire, à m’amuser…Et certains jours…Je ne pense qu’à cela…Et aujourd’hui plus encore…Je ne comprends pas pourquoi tous ceux qui me sont chers me sont ainsi enlevés les uns après les autres…Depuis deux ans…Cela s’enchaine et ne s’arrête plus…J’ai peur tu sais…Pour mes enfants…Pour Athénaïs…Pour tous ceux que j’apprécie…Peut-être que là est le problème…Je suis Roi, je ne devrais pas aimer, je ne devrais pas m’attacher…Que dois-je faire, dis-moi ? Est-ce que cela s’arrêtera un jour ?

Les jambes repliées, il posa ses coudes sur ses genoux, prenant son visage dans ses mains…Il attendait une réponse qui ne viendrait pas…Elle n’était plus là, et même si elle l’entendait de là où elle était, lui resterait seul avec ce lourd silence…

On lui avait indiqué la route pour se rendre au Château Royal. Mina l'avait aidé à se préparer, elle avait enfilé une robe bleue, qui laissait apparaître ses formes. Elle mettait toujours des robes comme ça. Elle arrivait ainsi à se rendre plus attirante aux yeux des hommes qui regardaient plus ses seins que son visage. Mina était encore avec elle, mais elle avait eu pour ordre de rester dans la voiture jusqu'au temps qu'elle lui dise de venir. En réalité, Ursula se méfier beaucoup de sa sœur et ne lui faisait pas confiance. Elle ne voulait pas qu'elle fasse foirer son plan qui lui avait demandé tant d'énergie.

Durant le trajet, elle regardait par la fenêtre. Le roi l'avait informé avoir une chose à faire en début d'après-midi, elle avait donc demandé de ne pas rouler trop vite, le temps pour elle se familiariser avec les environs et d'arriver lentement au Château. Mais soudain, elle remarqua une voiture de belle allure, stationnée au bord du chemin. En passant, elle vit les armoiries royales gravées dessus et demanda au cocher de faire halte.

Elle descendit en trombe et alla à l'encontre du cocher royal :

- Le roi est ici ?

L'homme la regarda de bas en haut, se demandant pourquoi une inconnue lui demandait ça :

- Répondez ! Je suis sa soeur.

Le cocher fut de plus en plus surpris, mais de toute façon, les affaires personnelles du roi ne l’intéressaient guère :

- Oui. Il est venu se recueillir devant la maison qui a tué Esmée Valrose...

Esmée... Ursula savait qu’elle avait été une des favorites du roi et avait appris sa mort par l’annonce. D’ailleurs, elle avait aussi compris, en voyant l’annonce pour la mort de la Reine, qu’il tenait sans doute plus à Esmée qu’à sa femme. Il paraitrait que la jeune femme était morte tragiquement, après que sa maison se soit écroulée. Elle qui vivait loin de Paris, c’était les rumeurs qui lui étaient parvenus.

Sans hésiter, elle entra dans la demeure. Le chemin était boueux, elle grimaça, ses pauvres chausses neuves ! Qu’est-ce qu’elle ne faisait pas pour plaire à se foutu roi ! Elle remonta sa robe au niveau des genoux et avança à pas lent.

Elle se retrouva devant un spectacle pathétique pour un roi. Assit sur l’herbe, face à une maison écroulée, il semblait au plus mal. Elle leva les yeux au ciel, non mais ce n’était pas possible ça ! Elle ne pouvait pas être la sœur d’une mauviette !

Pourtant, elle devait faire bonne figure, aller Ursula, fait toi compatissante. Elle savait faire elle ? Elle n’avait même pas versé de larmes pour la mort de sa mère. Elle alla jusqu’à sa hauteur. Elle ne savait pas quoi faire… Finalement, posant son châle sur le sol, elle s’assit à ses côtés :

- Cela avait l’air d’être une belle demeure… Un vrai désastre…

Elle ajouta rapidement :

- Je me dirigeais vers le château, quand j’ai vu votre voiture au bord de la route… Alors je suis venue.

Elle espérait que ça ne durerait pas longtemps, elle n’était pas douée pour les drames elle.

Non, je ne l'ai pas vue avant...Elle était en travaux...Et il semblerait que la charpente fut en plus mauvais état qu'il n'y paraissait...

Il releva le regard vers la demeure, laissant s'échapper un soupir alors qu'elle répondait à sa question de façon...Surprenante...Pendant quelques instants, il se posa des questions. Lui parlait d'Amour, celui entre un homme et une femme, pas entre un frère et une soeur. Et ses propos le perturbèrent quelque peu. Il la regarda d'ailleurs à deux fois, se demandant s'il avait bien compris et s'il se faisait des idées.

C'est alors qu'elle reprit la parole et lui posa de nombreuses questions sur Esmée. Il resta quelques instants sans savoir vraiment s'il devait répondre ni que dire alors qu'elle poursuivait sur sa lancée, posant sa main sur son bras. Il ne bougea pas, baissant juste le regard sur ce geste inattendu avant de le relever vers son visage. Il était assez perplexe face à cette jeune femme bien énigmatique, pouvant se montrer par moments des plus désagréables et à d'autres...En cet instant, avec lui, elle était tout le contraire de ce qu'il avait pu voir la veille au soir, et cela le troublait d'autant plus. Après un petit moment d'hésitation, il finit par lui répondre.

Esmée...C'était spécial...Mon premier amour...Elle m'a plu tout de suite en réalité mais je ne lui ai rien dit. A vrai dire, je ne m'en suis rendu compte moi même qu'après plusieurs mois. Mais elle était mariée, avec des enfants, et heureuse...Alors je me suis tut. J'ai tout gardé pour moi.

Un jour elle est venue me voir, dans mon bureau...Nous nous sommes embrassés, et je lui ai tout dit...Elle a fuit en claquant la porte...Alors j'ai tenté de tourner la page...Mais ce ne fut pas si aisé...Et un jour...Elle est revenue vers moi...Elle m'a dit partager mes sentiments, et nous avons entamé une relation.

Je ne saurais dire que c'était une relation parfaite...Nous nous déchirions régulièrement...Et pourtant, quel que soit le motif de la dispute, nous ne parvenions jamais à nous défaire l'un de l'autre...Jusqu'à ce jour...

Lorsqu'elle est morte, la veille, je lui ai parlé de tout cela. Et nous nous sommes séparés...Il y avait eu une blessure de plus, une de trop, et j'ai préféré qu'on s'éloigne...Mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit définitif...

Elle était...Pleine de vie...maladroite...Extrêmement narcissique. Il sourit en disant cela. Elle avait un nombre de défauts incalculables, mais elle était d'une grande beauté et savait se montrer vraiment adorable...

Il s'arrêta et poussa un léger soupir, toujours avec cette rose qu'il faisait tourner entre ces doigts jusqu'à ce qu'il la lâche précipitamment. Regardant sa main, il vit une goutte de sang perler sur son doigt, rouge, comme la rose...