[RP] Auberge "Au crabe à trois pinces"

De ne pas m'emporter... je ne pense pas non. Et je saurai prendre soin de moi et je te conseille vivement d'en faire autant.

Elle lui rendit son sourire, savourant ses tendres gestes, ses lèvres sur sa peau. Avant de se lever, elle coucha quelques mots sur un bout de papier qu'elle lui lut.

Alors à mon tour. Les consignes te concernant, sont les suivantes.

Le regard croisa celui de Phaco pour être sûre qu'il était attentif, et d'entamer sa lecture.

De ton vin, excellent il faut le dire, plus que de raison tu ne boiras,
De trop grands risques à te battre seul, tu ne prendras,
De bain dans la baie, dans ton simple appareil, sans moi tu éviteras.

Nouveau coup d'oeil mutin vers son homme et de finir avec...

D'autre croupe que la mienne, bien sûr, tu ne convoiteras !

Elle vint plus près de lui, retrouvant refuge et dernier réconfort avant de partir contre lui, le visage niché au creux de son cou. Et de lui susurrer...

Tu me manqueras tant, je ne m'attarderai pas. Le temps de témoigner et je rentrerai.

Ses lèvres retrouvèrent les siennes tandis que quelques doigts se perdirent dans la barbe, l'un deux se dégageant un peu sèchement d'un p'tit noeud qui se trouva là. Quelques poils cédèrent, la rousse les regarda puis referma sa main dessus, les glissa dans son corset.

Oups ! En souvenir ! Comme ça je t'aurai toujours près de moi.

Un nouveau baiser plus appuyé et la rousse fila à l'étage prendre un minimum d'affaires avant de redescendre en dévalant l'escalier et de sauter dans les bras de Phaco.

A très vite mon mien, je t'écrirai.

Préférant ne pas trop faire durer le moment de la séparation, même temporaire, elle prit baluchon sur l'épaule, salua Renée et soufflant un dernier baiser à son barbu, sortit...

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

L'ultime dôme du soleil disparaissait lentement derrière l'horizon marin. Enfermé depuis trois jours dans son auberge, Phaco s'inquiétait. Lyson était à Paris et il n'avait toujours pas de nouvelles. Pourtant, chacune de ses nuits était peuplée d'étranges cauchemars dont la rousse était le centre. Des ombres effrayantes s'agitaient. Des rondes de monstres s'endiablaient. Des sorcières, caracolant des chevaux de feu, entamaient des ballets diaboliques. Le barbu s'éveillait alors, couvert de sueur, certain qu'il devait prévenir sa belle de quelque chose.

Hélas !…

Il était si fatigué qu'il se rendormait aussitôt et les brumes du petit matin chassaient les chimères de la nuit qui, un temps, l'avaient inspiré.

Ce soir-là, il n'avait encore écrit que la première ligne d'une lettre à Lyson qui lui semblait une sorte de bourdonnement confus. Malgré le petit feu de bois qu'il alimentait régulièrement, il grelottait. L'hiver trainait en longueur et, de jour comme de nuit, il gardait son manteau et un petit bonnet de laine noire au pompon rouge, un bonnet de ramoneur qui lui rappelait ses origines.

L'encre séchait sur sa plume restée en suspend. Il la plongea encore dans l'encrier et griffonna quelques signes sur cette deuxième ligne dont la nudité finissait par l'irriter.

- Ô Saint Maurice qui protège mon pays, grognait-il par instant, je préférerais recevoir cent coups de fouets que rester ainsi sans occupation ! Jamais pareil fléau ne s'est abattu sur moi !

Alors, passant machinalement la main sous son bonnet, il grattait son crâne en ébullition et à chaque fois énumérait :

- Lui raconter des banalités... jamais, lui tourner de jolis compliments... inutile, ce serait comme…

Il s'interrompit et porta nerveusement la main sous son bonnet, grattant encore plus fort ce crâne d'où rien ne voulait jaillir.

- Par Saint Nicolas ! grogna-t-il soudain, je ne me coucherai pas avant de trouver quoi dire. Je sens pourtant qu'il me faut lui dire une chose... rhaaaa... la nuit dernière, je la tenais.

Il reprit sa plume et se remit à griffonner quelques signes, issus sans doute de ses rêves extravagants. Mais son crâne le démangeait toujours et il s'en étonna.

- Par Saint Antoine des cochons ! serait-ce l'inspiration qui voudrait le transpercer ? Donnons-lui de l'air à ce crâne que le manque d'inspiration me met en feu.

Rageusement, il ôta son bonnet et le jeta à terre, découvrant un début de calvitie qu'il avait toujours du mal à accepter. Voulant alors reprendre sa plume, un léger chatouillis fit frémir son cuir chevelu. Il reposa sa plume, fit une grimace d'étonnement et gronda :

- Par Sainte Cunégonde, ce serait surprenant !

Il passa doucement ses doigts sur la partie déserte de son crâne, vers le lieu du chatouillis. Rencontrant un minuscule obstacle, ils s'arrêtèrent net, en suspend, puis esquissèrent quelques caresses pour palper l'incroyable. Après dix années de calvitie grandissante, un minuscule cheveu poussait là, incongrûment, juste au centre de la partie chauve.

- Par Saint Roméo ! un cheveu ! Est-ce ma jeunesse qui renaît ? Vite, il me faut vérifier !

Le savoyard se leva d'un bond, écrasant malencontreusement son bonnet de laine qu'il envoya d'un coup de pied rejoindre la réserve de bois. Il courut vers la porte pour sortir dans les rues de Saint Pierre, ce qu'il n'avait pas fait depuis trop longtemps, marmonnant des proverbes fantaisistes à propos de cheveux qu'une imagination retrouvée lui mettait aux lèvres. Et il en oublia son courrier...

Un bateau avait accosté en pleine nuit au port de St Pierre, un homme en était descendu prestement à la recherche d'une adresse, d'une auberge. Les descriptions avaient été suffisamment précises, les consignes simples selon l'heure à laquelle il remettrait le pli. En l'absence de tout signe de vie, de bruit à l'intérieur de l'auberge, il devait glisser la lettre sous la porte. Ce qu'il fit avant de retourner rapidement auprès de son navire et de décharger diverses cargaisons. On pouvait lire sur le papier "A Phaco, Capitaine de l'auberge "Au crabe à trois pinces", Quartier de l’Amirauté à St-Pierre-Port.

Citation :: Mon Phaco,

La ville des Lumières, t’en souviens tu ? C’est ainsi que tu présentais la capitale ce jour merveilleux où nos chemins se sont croisés. Que dire sinon que sans toi plus aucune étincelle ne jaillit de nulle part dans les mornes ruelles.

Tu comprendras que je suis arrivée à bon port, si je puis dire. Le voyage m’a paru sans fin, et ma seule hâte est de très vite rentrer.

Je n’ai pu m’empêcher de retourner voir le Larron, tant de souvenirs nous y avons laissé. Et cela m’a amenée à rencontrer le boucher, Pierre Maroisse, à qui l’on doit ta jolie cicatrice sur le bras. Heureuse rencontre car au fil de la conversation, alors que je lui expliquais la raison de ma présence à Paris, il a proposé de m’héberger, ce que j’ai accepté. Sa compagne m’a réservé un chaleureux accueil. Je me sens ainsi moins étrangère dans cette ville que je ne reconnais plus.

J’ai eu le temps de réfléchir à ce procès auquel nous avons été conviés. J’aurais peut être dû, tout comme toi, refuser. Cela remonte à si longtemps, mais maintenant que j’ai fait le voyage… je suis curieuse de savoir qui sera présent. A la fois curieuse mais me doutant aussi que je vais revoir de ces personnes que nous qualifions d’indésirables.

Les mots s’enchaînent aussi vite que le temps, et je vais devoir te laisser sur ces premières nouvelles et impressions de la capitale qui je l’espère te trouveront en pleine forme et te rassureront sur mon périple.

Prends soin de toi mon aimé, je pense à toi. A très vite…

Ta Lys

[Ton petit coeur faisait des petits bonds de sardine, quand j'ai posé ma tête contre lui*]

Et de grogner doucement, de plaisir et d'une sérénité retrouvée. Il était à nouveau là, près d'elle, et après un doux baiser sur son épaule, l'accompagna dans les bras de Morphee pour un repos bien mérité.

Derrière elle, un continent, une capitale, un autre temps, une époque révolue. Plus tôt, alors que l'île était encore endormie, le navire avait accosté. La rousse l'avait alors quitté tandis que l'équipage allait se reposer attendant l'aube. Un dernier salut au capitaine puis jupons relevés elle courut au travers des rues, puisant dans ses dernières ressources pour gagner l'auberge. Essoufflée, le visage relevé vers l'enseigne elle avait hésité. Entrée tonitruante afin d'avertir les occupants de son retour ou plus discrète par la porte dérobée donnant sur la cuisine. La seconde solution lui sembla être la meilleure.

Les bottes furent enlevées et la porte silencieusement refermée. La pénombre fit bousculer à la rousse quelques chaises sur son passage dans la grande salle vide, elle adressa alors des "chuuuuut" imbéciles au mobilier. Les marches chouineuses de l'escalier furent évitées, et c'est avec un soulagement certain que Lys pénétra la chambre dans laquelle elle perçut la respiration régulière de l'occupant qui dormait à poings fermés.

Les habits retrouvèrent le sol et la rouquine se glissa sous le duvet tiède de la chaleur familière et réconfortante de son homme. Elle était glacée et attendit quelques instants avant de venir contre lui que son corps se réchauffe pour ne pas le réveiller d'un désagréable contact. La tignasse rousse s'immisça sous le puissant bras jusqu'à se poser au creux de l'épaule. Et de grogner doucement, de plaisir et d'une sérénité retrouvée...

*Au café du canal - P. Perret

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

La lumière du couloir, qui passait sous la porte, s'éteignit soudain. Un léger craquement se fit entendre, et Phaco perçut soudain la présence de quelqu'un d'autre dans la pièce. Bien qu'il fit noir, son souffle la trahissait.

Malgré lui, le barbu se redressa sur le lit. Un chuintement de tissu lui apprit que son visiteur venait de retirer ses vêtements. Des bruits de petits pas légers se firent entendre ensuite. Cela se dirigeait vers lui. Il fit un mouvement pour se retrancher dans la partie droite de la couche, mais à cet instant le nouvel arrivant passa à travers un rayon de lune.

Figé, le savoyard contempla, durant quelques secondes à peine, ce qui lui sembla être le plus beau corps d'Eve de la création. Une peau de lait, des seins à la courbe harmonieuse et invitante, des hanches fines qui se balançaient au rythme de sa marche lente et envoûtante.

Parfaite.

Depuis combien de temps pareil spectacle ne s'était il offert à lui ? Depuis combien de temps n'avait-il pas posé les mains sur cette taille si familière ? Combien de jours depuis son départ avait-il rêvé de toucher des lèvres ce petit creux charmant entre le cou et l'épaule ? De suivre doucement cette ligne courbe et fine, jonction nerveuse et sensible entre la cuisse et le bas du ventre ? Avant de pénétrer dans ce sanctuaire sacré qui fait tout le mystère, toute la force des femmes ?

Toutes ces pensées passèrent dans l'esprit de Phaco avec la rapidité d'un torrent de montagne, avant que la vision magnifique ne quitta ce trait de lumière et ne disparut à ses yeux.

Il ouvrit la bouche, prêt à parler. Mais en lieu et place de la question qui s'apprêtait à poser, ce fut une espèce de gémissement rauque incontrôlé qui sortit de ses lèvres. La créature tant attendue venait d'escalader le rebord du lit, et de nicher sa tête sur son épaule nue. Il plissa les yeux, pour tenter de distinguer ses traits. Il ne vit que l'éclat de deux pupilles rieuses. Son esprit lui intimait de demander des nouvelles de Paris, de rester sobre et de parler du procès, de garder sa raison, de ne pas céder à l'ivresse. Mais son corps tout entier hurlait son désir, criait son besoin de chair, de cette chair là dont il avait été trop longtemps privé.

Phaco la sentit lui mordiller doucement l'oreille, sa joue frottant contre la sienne. C'en fut trop, bien trop pour son esprit rationnel, déjà bien affaibli, qui en cet instant se tut complètement, et fit place tout entier au plaisir.

Un sourire dessina ses lèvres, tandis que les dents doucement taquinaient un lobe. Il ne dormait pas le bougre, et réagissait malgré lui et sans mot à son approche. Sans mot, leurs sens en éveil échangeant sans mal leurs besoins et envies respectives, le bonheur qu’ils avaient d’enfin se retrouver. Son partenaire, le complice de sa vie, son homme dont elle fit, d’un mouvement de bassin et lui faisant alors face, son destrier. Elle avait déjà fait de lui son Poséidon, il fallait à présent laisser place à Pégase. Quoi de mieux pour rejoindre ensemble les cieux dans lesquels lui seul savait la mener.

Les fines mains se saisirent symboliquement mais fermement de celles de Phaco, les maintenant de part et d’autre de son visage. Faim, elle avait les crocs, elle avait faim d’eux, tout son être demeurant insatiable de ses attentions, de ces sentiments qui jamais n’avaient montré signe de faiblesse, faim de lui tout simplement. Il lui avait manqué, elle le voulait, elle avait besoin de lui, tant.

Animale, elle respira plus fort la rousse, dans ses élans d’amour qui leur fit doucement, progressivement perdre pied. La lumière bleutée donna aux regards des amants la possibilité de se caresser. Intenses regards qui ne se lâchèrent alors plus. Lys, davantage penchée sur Lui, embrassa avec tendresse et gourmandise les lèvres aimées au cœur de la barbe. Bouche salvatrice dont elle se nourrit de l’air des soupirs qui s’en échappèrent, pour pallier aux manques de son propre souffle qu’elle avait du mal à reprendre tant l’intensité du plaisir de l’intime chevauchée croissait.

Toujours sans un mot, elle se redressa, le dominant alors davantage. Ses mains retrouvèrent liberté de mouvement et vinrent errer sur le torse viril dans de rondes caresses aux courbes aléatoires, tantôt du bout des ongles, tantôt de la pulpe des doigts. La cambrure des reins s’accentua, la poitrine se tendant et accompagnant dans de légers rebonds les ondulations du bassin qui s’amplifièrent.

A l’affût de ses réactions, de ses gémissements, de ses souffles qu’elle sentit sur sa peau moite, elle laissa son corps continuer de faire office d’interprète, lui révélant tout ce qu’elle éprouvait. Elle l’aima, se livra longuement à lui, sans retenue, sans pudeur, savourant chacun de ces instants où ils s’appartinrent plus que jamais.

Luminosité grandissante d’une aube pointant le bout de son nez, ou éblouissement de l'extrême plaisir ressenti dont seul Phaco avait le secret ? Question qui ne tarda à trouver réponse lorsque la rouquine s’abandonna, s'offrit corps et âme…

[Doute n.m : incertitude concernant quelque chose]

Elle ne lui répondit pas de suite. Après le sanglier, voilà que Phaco se compara à un hibou bizarre. Elle demeura songeuse, calant le pas sur le sien jusqu’à rejoindre le seuil de l’auberge. Elle pénétra la première, lui tint la porte pour la refermer derrière lui. Ils prirent place devant le comptoir et commandèrent boisson bien méritée après la promenade. D’un bras elle s'accouda, une joue reposant au creux de la paume, elle le considéra longuement.

Ne vois aucun blâme ou autre reproche dans ma question mon Phaco. Ce n’était que pure curiosité pour savoir ce que tu avais fait, tout comme toi tu t’intéresses à moi mais… quand tu parles de ton amour de la solitude, tout hibou bizarre que tu es, je demeure ta chouette n’est ce pas ? Serais-tu las ? Aurais-tu besoin d’avoir davantage de temps pour toi ?

Ne sachant trop comment comprendre, interpréter ses précédents propos, Lys préféra s’assurer, se rassurer quant aux sens cachés ou non des mots évoqués. Elle savait que chacun d’eux qui sortait du cœur de la barbe était toujours savamment choisi.

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

Que voilà idée saugrenue ! Le barbu s'empressa de la rassurer.

- Que nenni ma doulce. J'aurai plutôt besoin d'avoir davantage de temps pour toi.

Et de lui sourire tendrement en lui pinçant le menton de deux doigts se voulant taquins.

- Mais voilà, il me faut surveiller mon vin chaque jour que Dieu fait, et puis veiller à l'approvisionnement de l'Auberge, et gronder Renée qui ne va pas assez vite, et puis compter les nuages dans le ciel de Guernesey pour être sûr que le vilain roy de France ne nous en dérobe aucun... bref... j'en suis fort occupé, et n'ai plus trop de temps pour l'aventure dont je sais que tu raffoles, ma pirate !

Mon pauvre Amour, et dire que nous étions, entre autres raisons, venus sur cette île pour profiter davantage de la vie et de ses plaisirs aussi simples soient-ils. Et te voilà devenu bête de somme... c'est ballot.

Elle tapota son épaule joignant au geste un regard mutin, faussement compatissant. Compter les nuages, gronder Renée... elle aurait décidément tout entendu.

Qu'ajouter à cela, je ne peux que comprendre toutes ces lourdes charges qui t'incombent, brave homme que tu es de les accepter sans rechigner. Nul doute que face à cela je ne fais pas le poids et je vais prendre sur moi et me contenter du temps que tu peux m'accorder.

Sautant de son tabouret de comptoir, elle se leva.

Tu sais quoi, je vais t'aider. Modestement mais ce sera toujours ça de fait. J'vais te prendre un de tes envahissants tonnelets, et l'aérer sur la plage. Le vider aussi peut-être, quitte à t'aider autant le faire bien. Ce sera toujours un de moins à surveiller n'est ce pas ?

Un sourire remonta un coin de ses lèvres.

Non non ne me remercie pas, quand il s'agit de te prêter main forte tu connais ma solidarité, ma présence, mon dévouement... quoi d'autre ?

La rousse s'éloigna en direction de la cave, puis se retourna, se remémorant les derniers mots.

Ne te méprends pas sur mes besoins en aventures mon Phaco. J'ai su vivre sans jusqu'à te rencontrer tu sais, et je n'en fus pas malheureuse pour autant. Au fait, un déjeuner est organisé non loin de là, près de la plage, si cela te dit de nous accompagner, le tonnelet et moi.

[Oschterputz - Le grand ménage de Printemps]

Elle était déchaînée ce matin là, certains se demanderaient sans doute quelle mouche l'avait piquée. Duvets penchants dangereusement sur les rebords des fenêtres, tabourets fragiles et autre mobilier à l'usage devenu incertain directement jeté dans l'âtre, tout y passait. Les portes des chambres à l'étage étaient laissées grandes ouvertes, permettant des courants d'air plus que vivifiant. Plantée en haut de l'escalier, économisant ses forces...

Renéééeeee !

La réponse ne se fit attendre, la femme vint la rejoindre. La rousse l'attendait un balai à la main.

Lyson ?
Ha, alors voilà, j'ai besoin de toi.
Pour le ménage ? Il est fait régulièrement, une chambre a été oubliée ?

Large sourire de la rousse, amusée.

Du tout, mais aujourd'hui on ne fait pas du ménage, mais LE ménage, tu saisis ?
Heuu humpf, oui.

Haussement de sourcil, et Lys tendit le manche à Renée.

Trouve-moi Phaco. Vu qu'il n'est pas derrière toi à te sermonner, il doit être en train soit de surveiller son vin de peur qu'il se sauve, soit de compter les nuages. Et vu le ciel dégagé aujourd'hui, en clair il ne compte rien de tout. Va donc lui dire de venir recenser les moutons qu'il y a sous les lits et les armoires.
Lyson, tu crois vraiment que...
Tatata, j'suis persuadée qu'il sera ravi, ça le changera !

Ne demandant son reste, le balai à la main et surement contente d'être épargnée, Renée redescendit les quelques marches à la recherche du maître des lieux pour lui passer le témoin.

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

La réponse ne se fit pas attendre.

Renée redescendit en courant et en riant se cacher derrière Lyson, bientôt suivie par un barbu à peine réveillé qui avec toute la mauvaise foi du monde feignait bien mal d'être mourant et mécontent d'avoir été sorti de son lit de mort.

Comment ? Renée ! Lyson !

Est-ce vous qui me voulez tuer au ménage? J'enrage! Je me meurs tranquillement et vous m'enfoncez le glaive dans le cœur, je suis mort et vous venez m'enterrer comme un chien! Coquines! Ne ressentez-vous point de honte à traiter de la sorte un honnête homme aux portes de la mort, un vieillard malade, que seule la vue de mon auberge dans l'état où elle est tient encore en vie?

Il toussa exagérément.

Ah! Ma fluxion me reprend, je me meurs! Mais mon trépas saura attendre votre sentence. Car vous faites les impertinentes derrière ce comptoir, mais je saurai vous trouver. Ne seriez-vous pas en train de vous jouer de moi? Et puis d'abord, elle n'est pas sale, cette auberge !

Comment diantre puissiez-vous parler de grand nettoyage à son sujet? Vous voilà bien coquines et effrontées! Le Crabe aux trois pinces! Sale? C'est une calomnie éhontée à laquelle je ne saurais me ranger! Dieu me préserve d'un tel vice! Dame! Si je ne fais point frotter trop fort les meubles, c'est pour préserver leur patine et éviter d'abîmer un patrimoine de valeur, voilà tout... Si je laisse les moutons sous les lits, c'est que j'ai peur de manquer de laine quand l'hiver reviendra l'an prochain, voilà tout...

On lui avait dit un jour qu'il n'y avait rien de pire qu'un homme malade. Mais alors un homme qui se meurt... Phaco lui offrit une démonstration digne de ce nom, du domaine de l'inenvisageable pour la jeune femme. Un coup d'oeil à Renée, comme pour dire "nan mais t'y crois à ça", et de reporter son attention sur Phaco.

Justement tu te meurs, comprends que c'est par amour que je veux abréger tes souffrances. Un homme dont la sagesse n’est plus à démontrée m’a dit un jour « Tuer est une chose. Faire souffrir en est une autre... ». Fin de citation. Certes la situation était toute autre mais je ne peux décemment pas te laisser souffrir de la sorte, tu le comprends bien. Donc si quelques coups de balais peuvent t'aider à trouver le repos... N'en ferais-tu pas de même pour moi ?

Un discret sourire, un oeil rieur et se munissant d'un pot vide qui se trouvait là, Lys s’approcha de son compagnon.

L'auberge n'est pas sale non, n'exagère pas non plus mais il est parfois bon de faire les choses plus en... profondeur !?

Une main bienveillante caressa une des joues barbues, la seconde proposant au vieil homme du moment, vivant ses soi-disant derniers instants, le pot. Puis sur le ton de la confidence, la rouquine amusée lui murmura quelques mots.

Tiens, juste pour toi ce joli pot. Précieux pot je dirais même. Tu pourras y mettre tous les moutons que tu trouveras, ils seront ainsi à l'abri des regards indiscrets et envieux de la clientèle.

Elle se recula légèrement, le considéra, ses sourcils se fronçant alors, la jeune femme se voulant menaçante.

Et que je t'y prenne à mourir, tu m'entendras causer comme jamais tu ne m'as entendue !

Une main alerte vint flatter le fessier du vieillard pour l'inviter à reprendre le chemin de l'étage.

Allez hop hop hop, au trot le berger, vos brebis n'attendent plus que vous !

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

Comment résister à ce regard si doux, cette voix si autoritaire et cette main si... audacieuse. Il ne savait pas, alors il obtempéra.
Mais pour sa fierté d'homme, tout de même, il lui fallait protester, en remontant l'escalier, le pot à la main:

Laissez-moi, Madame, je vous prie,
Un autre que moi vous faudrait...
Laissez-moi, merci je vous crie,
Car si quelqu'un y survenait
Déshonoré je serais,
Et plutôt mourir je voudrais.

Laissez-moi donc là-haut seulet,
Et vous en allez vitement.
Votre pot je remplirai
Le faisant ainsi proprement.
Madame, ne vous détachez point,
Vous êtes très bien en ce point.

Connaître faut devant qu'aimer:
De ce mot-là je suis content.
Vous ne me faites qu'enflammer,
Madame, ne me tâtez point tant;
Je vous prie de vous déporter,
Car de doux deviendrai passionné.

Riposte imparable, voici qu'il lâchait des vers, le traître. Les index feignant de boucher ses oreilles, la rousse le suivit dans l'escalier.

Nan nan nan tu ne m'auras pas avec tes mots, je reste là et bien là, près de toi. Inspectrice des travaux finis, tu connais ?

Alors qu'elle appréciait comme toujours sa tirade, une fois arrivée à l'étage, son regard se leva vers le plafond dans le couloir. Elle s'immobilisa et attrapa Phaco par le bras avant qu'il ne disparaisse dans la chambre.

Hé ! T'avais déjà vu ça ?

Et de lui désigner d'un bras tendu une trappe qui devait surement mener à un grenier, sous les combles.

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

Toute excuse pour échapper à la corvée de mouton étant bonne à prendre, le barbu s'empresse de prendre l'air intrigué et mystérieux.
Il inspecte la trappe sous tous les angles, s'empare du balai et y frappe trois petits coups.

- Non, tiens, qu'est-ce donc que cela ? Un passage vers le ciel ? Est-ce par là que l'on monte sur la Lune ? Sont-ce les fameuses portes du Palais du Prince des Nues ?

Il connait sa souris, le barbu... curieuse comme un chat.

- C'est peut-être dangereux, nous ne devrions pas nous y aventurer.

Là, selon toute logique, elle devrait oublier son histoire de ménage pour se lancer dans l'aventure.

Dangereux ? M'enfin Phaco ? Je t'ai connu plus courageux, que risque-t-on ?

Le regard posé sur son homme fut des plus dubitatifs et aussitôt sa phrase terminée, elle chercha dans la chambre la plus proche une chaise qu'elle plaça devant Phaco. La rouquine déposa un baiser sur le museau du mâle étrangement craintif.

Allez mon n'héros, grimpe là dessus. Tu auras juste à tendre les bras et faire usage de cette force...

Elle s'enflamma, les poings relevés et serrés devant elle, sa chevelure se faisant crinière.

... si caractéristique, puissante qui sommeille en toi et que tu déployes avec tant de charme, de virilité, de ... han... 'fin tu vois quoi. Allez, fais sa fête à cette trappe qu'on voit ce qu'elle cache !

Il dut s'y prendre à plusieurs reprises, et c'est un nuage de poussière et divers petits débris qui annoncèrent, en saupoudrant Phaco, que le bois venait de céder. Agitant les mains devant son visage pour retrouver air plus respirable, elle épousseta ensuite le barbu. Puis le visage relevé vers l'ouverture, elle se hissa par réflexe sur la pointe des pieds, s'accrocha à la chemise du barbu sur laquelle elle tira pour mieux se redresser, comme si cela allait l'aider à mieux apercevoir ce qu'il se passait à l'étage du dessus.

Tu vois quelque chose ? Dis moi ? Y'a quoi ? On peut monter tu penses ?

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

- Kof ! Kof ! Venescaille de vertugadin ! Non je ne vois rien, il fait trop sombre et kof ! kof ! poussiéreux...

Le barbu tousse un bon coup, se racle les poumons, hésite puis voyant Lyson ravale à grand peine ses intentions et le reste.

Peu à peu la poussière retombe et les ténèbres semblent s'éclaircir à ses yeux.
Il fronce les sourcils, observe...

Puis tout à coup se met à faire d'étranges gestes, comme si la parole lui manquait et qu'il essayait de dire quelque chose.
Il referme la trappe tant bien que mal en grande hâte, s'appuie contre le mur, reprend son souffle... pour finalement demander:

- Dis-moi, Lyson, est-ce le dromadaire ou le chameau qui est pourvu de deux bosses ?

Petit silence qui va bien... et grand éclat de rire devant la tête de sa compagne.

Elle se recula, intriguée de le voir gesticuler de la sorte, quand il referma subitement la trappe. Il reprenait son souffle quand elle revint vers lui, cherchant son regard du sien, une main se voulant rassurante glissant dans celle de Phaco.

Bien quoi ? Qu'y as-tu vu ? Dis- moi... hein.

La réponse fut aussi rapide que saugrenue. Le clapet de la rouquine se ferma un long moment, et les sourcils relevés, le cou légèrement tendu vers l'avant, elle tenta de s'assurer qu'elle avait bien entendu.

Lequel a deux bosses, bien le droma... heu non c'est le chameau me semble... mais pourquoi cette question, tu as vu... ?

Les sourcils se froncèrent alors, signe d'intense réflexion. Il lui rit alors ouvertement au visage. D'abord vexée puis tout de même amusée au final elle lui flatta une épaule du revers d'une main.

Hannn tu me fais marcher et je galope. Il y aurait donc un chameau là haut ? Tu ne seras donc plus le seul ?

Et de sourire en coin, ne cessant parfois de jeter un oeil vers la trappe.

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

Héhéhé... il en rigole encore comme un bossu.
Les blagues à deux louis sont celles qu'il préfère.

- Arfff... nenni, point de camélidé au grenier. Par contre il y a bien comme deux grosses bosses sous un vieux drap mité.
Je me demande ce que l'ancien propriétaire nous à laissé là en cadeau.
D'ailleurs, je me demande aussi qui était l'ancien propriétaire...

Phaco se baisse un peu et joint les deux mains pour faire la courte échelle à Lyson.

- Bon alors, chérie... tu montes ?

J'arrive j'arrive !

Un peton vint prendre place au creux des paluches sécurisantes, puis lorsqu'il la souleva, le second pied vint s'appuyer sur une des larges épaules. La trappe fut ouverte une nouvelle fois.

Tu tiens hein !? N'bouges surtout pas, j'y suis pressss...

D'un dernier élan la rousse se hissa au travers de l'ouverture jusqu'à se retrouver agenouillée au bord.

... ssssque. Voilà ! A vous mon Capitaine.

Une main se tendit en direction de Phaco, tandis que le regard de la rousse visita les combles et s'arrêta sur les deux fameuses grosses bosses. Le barbu la rejoignit et ensemble ils s'approchèrent du drap dont Lys se saisit d'un bout.

Prêt ?

Question idiote car prêt ou pas, d'un geste vif et dans un subit et épais nuage de poussière, elle dévoila l'objet de leur curiosité. Les paupières plissées, tentant d'apercevoir, d'identifier la chose, elle se recula alors attendant d'y voir plus clair. Et de grogner en articulant à peine.

Quelle idiote d'avoir secoué le drap. Tu vois ce que c'est ? Des malles, des roues, des courges géantes... ?

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

La poussière retombe, et le barbu se gratte la barbe en roulant des mirettes devant l'étrange chose qui trône là au milieu du grenier.

C'est une étrange machine, composée de deux grosses bonbonnes de cuivre, reliées entre elles par des tas de tuyaux tire-bouchonnant en cuivre eux aussi. Les bonbonnes sont équipées de hublots en verre, mais l'obscurité du grenier empêche de voir ce qu'elles contiennent.

- Foutremarie de cul de saint ! Voilà bien estrange découverte... tu crois que c'est un alambic ?

Autour de la machine s'éparpillent au sol dans le plus insolent désordre, cauchemar vivant pour bibliothécaires, tout un pandémonium de grimoires moisis aux pages fatiguées et à la couverture en peau de mouton bouffée par des générations de mites trop curieuses.

Phaco en prend un au hasard et commença à lire:

Citation :: Considère, mon fils, l'authentique puissance de nostre feu secret, nostre bel oiseau d'Hermès, nostre Eau qui ne mouille point les mains, nostre eau pontique se congelant dans le Soleil et la Lune et néanmoins engendrée par eux. Or donc, sachant cela, commence par placer premièrement dans ton matras que tu boucheras avec de la carte la chose susdite, avec ce qu'il faut de Terre dans le fond. Car nostre Terre élémentale, en vertu du Sel nitre qu'elle contient attire à soi comme l'aimant toute la Rosée du Ciel, et l'Eau terrestre gagne au haut par le truchement de son principe igné moteur, son Feu intrinsèque, raison pourquoi on la nomme Eau de Feu. Alors ta saturnie végétable s'épanouira comme germe la graine dans son pot à l'Équinoxe d'Aries. Ainsi parle à ceux qui ont des oreilles pour entendre le Mutus Liber de Nature. Aleph t'assiste dans tes travaux, mon fils, et toujours applique-toi à le glorifier.

Laissant retomber le livre dans un nuage de poussière, il regarde Lyson, l'air perplexe.

- C'est diantre trop compliqué pour une recette de tord-boyaux... ce doit être autre chose...

Elle considéra à son tour la chose, d'un regard aussi perplexe que celui de Phaco.

Un alambic ? Cela me semble trop... enfin pas assez... disons que le peu que j'ai vus, n'étaient pas ainsi.

Quelques pas pour envisager l'objet sous plusieurs angles malgré l'obscurité, et la rousse ne trouva d'autre réponse à donner que...

Bizarre ! Vraiment étrange !

S'approchant davantage du mur non loin de là, de sa manche elle essuya une petite fenêtre percée dans le pignon, tandis que le barbu faisait la lecture.

Y vois-tu mieux ? Tu y comprends quelque chose ? C'est pour faire des potions, des remèdes ? Penses-tu qu'on pourrait descendre cela dans la taverne ? Pourquoi tous ces tuyaux ?

Comme toujours beaucoup de questions auxquelles elle n'était pas sûre d'avoir des réponses. Elle continua à laisser errer son regard curieux sur l'engin, le bout de son index venant parfois caresser les courbes métalliques.

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

Je n'en sais diantre rien. Mais ce qui est certain...

Il passa le bout d'un doigt sous le ventre de ces grosses bonbonnes, puis en toucha le bout du nez de Lyson qui en devint aussitôt noir comme la nuit.

... c'est que ces choses là vont sur le feu. Sans doute pour y cuire ou y bouillir quelque chose.

Il remua alors l'installation, mais aucun bruit n'en sortit.

C'est vide...

A moins que ce ne soit plein... de vide.

Crois-tu que c'est une machine à fabriquer du vide ? Un bouilleur de vide ?

Ho oui du vide bouilli ! Phaco te rends-tu compte de notre découverte !!!!

Le visage de la rouquine s'illumina, les yeux brillèrent davantage de futures larmes à venir, d'une joie plus que factice mais si aisément interprétée. De ses mains elle agrippa fortement le col du barbu, le secoua énergiquement.

Sais-tu que j'en rêve depuis que j'suis toute petite de bouillir du vide, bouillir du vide ! C'est un miraaaaacle, mon voeu est exaucé !!!!

Elle leva les bras au ciel, enfin au plafond, victorieuse puis les baissa, posant ses mains sur ses hanches. Une moue tendrement moqueuse dessina ses traits.

Je ne sais s'il y a encore de vieilles vapeurs qui sortent de ce truc là, mais l'air doit être sacrément vicié et t'attaque le cerveau.

Un franc rire emplit la pièce, et la rousse s'approcha une nouvelle fois de la chose, invitant son compagnon à en faire de même.

De la confiture ? De l'alcool comme tu disais plus tôt ? Nan c'est trop étrange, des potions, des trucs avec des herbes, des animaux morts et tout et tout, j'vois que ça.

Et de frotter un des hublots pour tenter de voir quelque chose.

Il faut qu'on le descende, on ne verra rien ici. Puis s'il faut le mettre au dessus d'un feu, ce serait risqué de le faire ici.

Messages : 209 Date d'inscription : 09/07/2010

- T'as raison ma frégate... descendons cette... chose.

Et le barbu de soulever sans grande difficulté l'étrange bouilloire, vue qu'elle était pleine de vide et que le vide, comme le jeune Isaac Newton vous l'aurait expliqué du haut de ses sept ans, ben ça ne pesait pas grand chose.

- Regarde dans ces vieux grimoires si tu trouves deux ou trois choses qui pourraient nous aider... des dessins, des schémas, des recettes de cuisine, que sais-je encore. Fies-toi à ton instinct de chercheuse de trésors.

Retournant la chose dans ses bras, qui étaient maintenant couverts de suie, il se mit à sourire.

- Au pire, si l'on ne trouve rien, je suis sûr qu'il y a quand même moyen de distiller de l'alcool dans ce machin là.

» auberge
» [RP] Auberge "Au Poséidon"
» [RP]Auberge "Un ciel bleu d'été"
» [RP] L'auberge du port .
» [RP]"Au bon vin" L'auberge de Renaud.