[RP] Prison de la Bastille

Il aperçut quelques soldats encadrer le fiacre. Pas très discret. Il allait passer pour un noble avec une telle escorte. Et l'autre qui lui racontait sa petite vie.

- Vous l'aimez en silence. Et bien z'ai soizi de l'aimer au grand zour mais elle a présséré LP. Ne savez vous pas que la frontière entre l'amour et la haine est mince. Ze l'aime a ma manière qu'elle vous plaise ou pas. Et mafin, ze l'ai soizi. Ze vais mourir c'est vrai. Mais elle aura souffert ce que zai souffert et c'est tout ce que ze voulais. Ze crois pas que vous êtes capable de comprendre ça, l'amoureux silencieux.

Il regarda en face de lui et ajouta :

- Ze serait vous, ze lui dirais que ze l'aime et vous verrez ce qu'elle va vous répondre. Ze la connais. Elle va pas vous repousser parce que elle aime pas son roi.

- Vous me fatiguer à vouloir me faire la morale. Vous allez bientôt me conduire à l'échafaud alors ze crois que ze n'ai cure de vos discours et de votre façon de pensée bien commune.

Il se pencha pour appuyer la tête contre la paroi du fiacre et ferma les yeux pour lui faire comprendre qu'il était trop las pour discuter plus avant. Et puis il gardait ce qu'il avait à dire pour le tribunal.

- Pas de famille. Vous pourrez zeter mon corps où bon vous semblera.

Il se tassa un peu comme épuisé et même s'il faisait bonne figure devant ceux qui lui lançaient qu'il mourrait bientôt, il n'en menait pas large. Maddox l'avait menacé de le faire souffrir avant de l'exécuter. Une bonne pendaison aurait fait l'affaire, mais la roue. Se voir les os brisés avant d'être pendu et exhibé jusqu'à ce que mort s'en suive ne l'enchantait pas. Il avait même peur de ne pas être assez courageux et de pleurer ou encore d'essayer de se soustraire au bourreau comme un lâche.

Il inspira fortement et demanda comme s'il voulait en finir une bonne fois :

- Il est encore loin ce tribunal ?

Après la réunion entre couple royal, intendants, maires et conseillers

On m'a dit d'escorter une femme à la Bastille en compagnie du Prévôt de Paris et trois autres gardes. Je ne savais pas de quoi il retournait mais ordre donné, on ne rechigne donc pas.

C'est ainsi que la voiture arrive devant la Bastille. Mais là je ne savais pas si c'était à moi d'aller faire demander le bourreau ou si c'est le prévôt qui allait le faire.

Monsieur le Prévôt, dois-je aller à la porte pour demander à ce qu'on nous laisse entrer ou souhaitez-vous le faire vous-même ?

Il avait entendu du bruit à la porte et déjà le garde en faction se manifestait.

- Qui va là ? Lança t'il sans cérémonie quand il vit le bourreau arriver.
- Pas de visite aujourd'hui garde. Je dois me rendre au tribunal pour le procès. Mais si c'est pour une entrée, je resterais un peu. Voyons qui frappe à la porte. Ouvrez le judas.

Aussitôt le garde s'exécuta. Maddox regarda dehors et vit un bien drôle de cortège. Le Narcisse venu chercher Tarek qui ramenait cette fois-ci une jeune femme.

- Ouvrez.

La lourde porte glissa sur ses gonds :

- Garde, fit il à l'intention de celui qui cherchait à entrer. Vous venez me déposer une prisonnière ? Entrez donc. Je vais lui trouver une petite place. Faut il la mettre au secret, au cachot ou une cellule normale ? J'aurai besoin de connaitre son crime pour déterminer ce qui lui conviendrait le mieux.

Il avait tellement pris l'habitude d'enfermer des gens qu'il ne les voyait même plus. Cette femme, c'était à peine s'il l'avait remarquée. Il allait la conduire au fin fond de sa prison sans même savoir à quoi elle ressemblait vraiment. Surtout que depuis l'évasion de Gale à Amiens, il se méfiait des femmes.

- Mon bureau est par là, ajouta t'il simplement.

Ordres de la reine en ce qui concerne le traitement. Maddox ne voyait pas bien ce qu'il entendait par là. Une explication serait bien plus simple. Des mots simples pour quelqu'un de simple comme lui. C'était ce qu'il lui fallait.

- Bien monsieur, répondit il en fronçant les sourcils, puis chuchota, il faudra m'expliquer pour la reine....

Il sortit une plume, la trempa dans l'encre et nota : Entrée : Fleur le 25/04/1652, cellule convenable.

- Mademoiselle, je vous en prie, fit il en lui indiquant le chemin.

Il la fit monter à l'étage. Cellule lumineuse avec parquet en bois, un lit, une petite table contre un mur et une chaise. La fenêtre était haute avec des barreaux mais apportaient assez de lumière. Il posa une couverture sur le lit et remplit une cuvette d'eau propre, laissant la carafe sur la table.

- Voilà mademoiselle. Vous serez bien ici. La cellule est plus chaude qu'en bas. Le garde ne repassera que dans deux heures. Si vous avez besoin de quelque chose dites le lui, il me fera chercher.

Il avait laissé la femme et attrapa un garde au passage.

- T'as une nouvelle pensionnaire. Porte lui à manger ce soir. Cellule 14.

Il retourna dans son bureau et retrouva Narcisse à qui il demanda des explications.

- La voilà sous les verrous. Pardonnez moi monsieur. Mais qu'entendez vous par traitement de la reine ? Sa majesté aurait elle demandé un traitement spécial ?

- Ce que reine veut, reine aura. Je vais m'assurer que tout se passe bien.

Il salua Narcisse et attendit qu'il reparte avec le garde pour s'assurer que le garde ferait bien son travail. Il était nouveau et Maddox n'avait pas encore complètement confiance en lui. Il lui avait bien dit de ne pas faire d'excès avec les prisonniers mais ils n'avaient pas de femme à la Bastille depuis longtemps. Il fallait donc faire attention.

Il chercha son prénom. Comment il s'appelait déjà ? Arien, Adrien peut être. C'était ça. Adrien. Il passa le couloir, monta l'étage et se trouva devant la porte 14.

- Adrien. Je vous rappelle qu'on ne touche pas aux prisonniers et encore moins aux prisonnières. Si quelque chose ne va pas. Vous venez me chercher.
- Mouais, m'sieur, fit il en se grattant le nez. J'y toucherais pas m'sieur. Rien n'à craindre.

Il le regarda et n'avait vraiment aucune confiance.

Adrien - Gardien à la Bastille

Il commençait à se faire tard et Adrien n'avait pas vraiment choisi le métier de gardien de prison par vocation. Cela l'ennuyait affreusement et là à cet instant, il s'ennuyait. Il n'y avait aucun bruit dans cette prison. Quelques jérémiades au loin de quelques prisonniers qui se plaignaient de leur sort. A part ça, pas grand chose. Le chef Maddox ne venait pas souvent le voir. Il avait dit qu'il lui faisait confiance et lui avait remit la clef des cellules. Il avait en charge tous les étages allant du premier au troisième. Maddox s'occupait des pires prisonniers. Ceux au cachot et ceux soumis à la question. Des fois il entendait des hurlements quand la porte du bas s'ouvrait. Cela lui glaçait le dos.

Il ouvrit la porte 14. L'heure du repas même si elle n'en voulait pas. Il entra et posa le pain sur la table. Il la trouvait bien belle. En plus avec un prénom comme ça. Fleur. On pouvait qu'être belle. Il lui fit un sourire évocateur et il trouvait dommage de ne pas pouvoir profiter de sa position. Il y avait bien des gardes qui devaient se servir non ? Alors pourquoi pas lui.

Il s'approcha d'elle et la tira par un bras pour la faire asseoir sur le lit. Elle avait une drôle de mine, comme si elle cachait quelque chose.

- Dis moi, la belle, tu me cacherais rien dans tes jupons ?

Il lui passa une main sur la joue en riant bêtement et la poussa sur le lit avant de ressortir.

- Quelle date sommes nous Adrien ?
- Le 1er mai chef Maddox.
- Bien, bien, bien. Pas de souci avec la prisonnière ?
- Ben non. Elle dit pas grand chose.
- Heureusement encore. Tu n'as pas à parler aux prisonniers.
- Oui chef. Je sais.

Qu'il était enquiquinant ce chef. Il aimait bien parler aux prisonniers. Il trouvait le temps moins long comme ça. Il remonta dans son étage et fit sa ronde comme d'habitude. La nuit tombait sur la Bastille et Adrien était de garde. Il traînait le pas, un flambeau à la main qu'il posa contre le mur avant d'entrer dans la fameuse cellule de la prisonnière avec qui il n'avait pas le droit de parler.

- C'est l'heure de dormir, lança t'il en entrant.

Il avança dangereusement, comptant bien passer un bon moment. Seul dans cette partie de la prison, personne n'entendrait rien. Et puis la donzelle avait pas l'air bien forte. Il ne lui fallut pas longtemps pour la maîtriser et l'allonger sur le lit.

- On fait moins la fiers, la dame de la haute. Ici t'es qu'une prisonnière comme les autres. Rien du tout en fait.

Il passa une main sous sa robe, remontant le long de sa cuisse et :

- Haaaaaaaaaa....cria t'il avant de se sentir soulever en poids et jeter à terre.
- DEHORS ! NE REMETS PLUS JAMAIS LES PIEDS ICI !

Maddox était furieux. Il lui donna un coup de pied dans les côtes et l'attrapa par le col avant de lui mettre un coup sur le séant pour l'expulser de la cellule.

- Mais.... mais elle...
- LA FERME !
- Elle cache un truc.

Il le souleva de nouveau et lui fit dévaler les escaliers en le jetant à terre avant de revenir à la cellule.

- Désolé mademoiselle. Tout va bien ?

Maddox attrapa la cruche d'eau et le repas qu'Adrien avait laissé à côté de la porte qu'il posa sur la table et ressortit en s'assurant de bien refermer la porte derrière lui.

Un garde venait de le prévenir qu'une personne était là.

- Adrien, vous serez de garde sur les murailles et vous n'approcherez plus jamais d'un prisonnier.

Il récupéra ses clefs et le fit sortir par la cour intérieur avant de rejoindre son bureau.

- Monsieur, fit il en reconnaissant le prévot. Le garde m'a dit que vous veniez pour voir un prisonnier. Lequel ?

(N'ayant aucune réponse de Narcisse, je continue. Au fait Narcisse, éditez votre post et mettez qui vous voulez voir, cela évitera les temps d'attente entre les réponses)

Suite au renvoi d'Adrien, Maddox avait décidé, un peu malgré lui puisque la prisonnière refusait de manger quoi que ce soit, d'arrêter de lui porter à manger. Elle finirait bien par trouver le pain avec quelques charançon délicieux. Ou elle mourrait. Cela faisait donc plusieurs semaines qu'il n'était monté la voir sauf pour lui glisser son eau et sa nourriture sous la porte.

En ce 7 mai, il décida d'ouvrir la porte pour s'assurer qu'elle était toujours vivante. Et elle l'était bien. Affaiblie certes, mais vivante.

- J'vous ai apporté une soupe de millet aujourd'hui. Ca vous changera du pain sec. Et un peu de bois pour vous chauffer.

Il jeta les rondins dans la cheminée et les embrasa facilement.

-Si vous voulez que quelqu'un vous apporte des vêtements de rechange, vous pouvez lui écrire un mot et je lui ferais passer. Au fait, votre dernière missive à flotter dans le fossé et toute l'encre s'est effacée. Dommage. Et sachez aussi que seul un garde pourrait sortir vos petits mots vu la taille du mur d'enceinte qui entoure la prison. Alors arrêter de tenter de prévenir quelqu'un de l'extérieur. Si vous voulez écrire, il suffit de me faire passer les lettres et je les ferais porter. Par contre si vous continuez à essayer de faire passer des messages, je vous enferme dans un cachot, 6 mètres sous terre. Vous trouverez soudain cette cellule très agréable. Surtout que je ne me priverais pas de vous mettre les fers.

Maddox était quelque peu en colère. Elle croyait qu'on pouvait faire comme on voulait dans sa prison. Il la regarda d'un regard noir et continua :

- Et si le cachot ne vous suffit pas, vous goûterez à mon fouet que vous le vouliez ou non. Vous êtes prisonnière ici et pas dans votre belle maison bourgeoise.

La colère du gardien ne se dissipa devant le ton que prenait sa prisonnière. Il regarda la gamelle renversée et le millet s'écouler lentement comme de la mélasse sur les pavés. Il se savait d'une force considérable pou l'avoir utilisée bien des fois, mais là, il avait à faire à une femme assez fragile physiquement et qui n'allait pas en s'arrangeant à force de rien manger. Cependant la discipline était la seule loi qui régnait dans cette prison. Alors il s'approcha et de sa main plus large que le visage de la jeune femme, il la fouilla et lui retira ce qu'elle utilisait pour envoyer ses messages.

- Si vous avez missives à envoyer, vous n'aurez qu'à me demander.

Et sans lui lâcher le bras qu'il serrait fortement il ajouta :

- Vous échappez au cachot pour cette fois-ci et aussi au fouet. Mais ne vous avisez pas de me menacer. Je suis le seul maître ici. Et si je considère que votre comportement est inacceptable, je vous jetterais dans le trou le plus infâme et je vous fouetterais sans regret. Et sachez que personne ne dira jamais rien parce que j'ai tous les droits ici et vous, vous n'en n'avez plus aucun.

Il la relâcha et appela :

- GARDE !

Un homme entra.

- Va chercher une bonne soupe, du pain frais et quelques fruits pour madame. Et dépêches toi.
- Oui chef gardien, lança le nouveau qui semblait très effrayé par ce qu'il se passait.

Maddox revint vers la femme et la considéra comme un objet.

- Vous ne verrez plus jamais un seul autre garde que moi. Et il vaudrait mieux que vous appreniez à me respecter un peu plus parce que vous n'aurez plus que moi, fit il avec son sourire aux petites dents pointues tout en mettant la main sur le fouet enroulé qu'il portait à la ceinture.

Le garde revint avec un plateau que Maddox posa sur la petite table.

- Madame est servi, lança t'il.