[RP] Prison de la Bastille

Il se leva lentement intrigué par cette fameuse visite plus qu'inattendue. Et il ne fut pas au bout de ses surprises lorsqu'il reconnut la silhouette de Loysse avant qu'elle ne finisse d'entrer dans la pièce :

- Tiens donc. La reine Loysse en personne, fit il d'un ton moqueur. Tu viens voir dans quel désséansse tes hommes m'ont mit. Ou alors tu viens vérifier si ze ne suis pas mort ? Désolé de te décevoir, mais ze suis encore bien vivant, fit il en s'avançant doucement dans un bruit de chaîne.

Il plissa les yeux et tira soudainement sur ses bras s'approchant le plus possible de la reine en sortant un grognement du fond de sa gorge.

- Le bourreau et l'étoile. Z'suis gâté. Approsse donc Loysse. On dirait que tu as peur, fit il en ricanant. Tu as raison d'avoir peur. Ze t'avais dit que ze hanterais tes nuits. Tu dors bien en ce moment ? C'est pas fini Loysse. C'est pas fini. Ze reviendrais et depuis que ze suis ici Maddox m'a appris de merveilleuses techniques pour te faire souffrir encore plus. Ze te ferais souffrir comme zamais après t'avoir prise comme la sienne que tu es.

Il parlait doucement avec conviction, la sentant apeurée et totalement soumise. Si seulement il avait une main de libre, il l'aurait mise à ses pieds sans la moindre difficulté. Elle n'était pus rien et n'avait plus aucune volonté devant lui. Il le sentait. Il le savait et en jouait.

- Viens donc plus près pour voir l'effet que tu me fais, fit il en baissant les yeux sur sa virilité. Tu cherches des sensations fortes, un homme capable de te donner ce que tu mérites. Approches et fais moi retirer ces chaînes pour que ze te montre ce que c'est qu'un mâle.

Il avait vu la rage monter en elle et plus sa colère montait et plus elle se transformait. De reine elle passait à une femme vile ayant envie de vengeance. Il porta une main à sa lèvre légèrement ouverte par la giffle qui avait écrasé sa joue contre ses dents. Le sang coulait un peu. Il s'essuya d'un revers de la main avec un sourire aussi odieux que les paroles qu'il venait de prononcer.

- C'est ça. Utilise donc ton bourreau pour me faire taire. Ze suis à ta merci de toute façon, enchaîné comme un sien qu'on peut battre à volonté lorsqu'on n'a pas envie de s'entendre dire ses quatre vérités. Finalement tu n'es pas si différente que moi Loysse. Tu as en toi un désir profond de me donner la mort, comme moi celui de te tuer tout doucement. Juste que moi z'ai le couraze de faire ce que ze veux alors que toi, tu te casses derrière cet homme qui pourtant n'a pas hésité une minute à te torturer à mon ordre.

Il resta tout près d'elle, aussi près qu'il le pouvait tout en regardant le bourreau de qui il n'avait pas vraiment envie de recevoir une correction connaissant la force de ses coups.

L'entrevue se passait à peu près comme il l'avait imaginé. Enfin, à peu près. Parce qu'il ne pensait qu'après tout ce qu'il lui avait fait subir, Tarek aurait encore trouvé autant de force pour sortir des mots aussi épouvantables envers la reine. D'ailleurs elle le prenait mal, très mal. La gifle partit comme l'éclair pour venir s'écraser sur le visage du prisonnier faisant sourire Maddox.

Un sourire qu'il ne garda pas longtemps. Simplement parce que la reine avait une réaction encore totalement incontrôlée. Elle avait peur et cette peur se lisait aux travers de tous ses pores.

Il fit un pas et fut sur elle, osant poser une main sur poignet qu'il souleva en la fixa d'un regard noir :

- Je ne le frapperais pas majesté. C'est votre combat, lui dit-il. Vous devez lui faire face. Regardez le. Ce n'est qu'un homme fait de chair et de sang. Il n'a rien de plus qu'un autre à part qu'un jour il vous a fait plier et à présent il vous tient entre ses mains. Les mots qu'il prononce ne sont qu'un eut de vent. Ils ont la puissance que vous voulez bien leur donner. Comme les bouts de bois que je vous ai offert. Rien de plus.

Il lui mit son bâton dans la main.

- Exhortez le mal qu'il vous a fait. Ne fuyez pas et ne vous cachez pas derrière moi.

Il lui lâcha le poignet se rendant compte de ce qu'il venait de faire et recula.

Tarek malgré la gifle n’avait pas perdu sa langue et c’est encore bien pendante que je l’entendais dire des insanités. Non je n’étais pas comme lui et je ne le serai jamais.

Retranchée dans ma colère et ma rage je sentais la main de Maddox se poser sur mon poignet. Mon regard se relevait sur le sien que je voyais noir. Le face à face du regard était rude. L’ambre s’était assombris aussi et bien plus encore à ses mots.

Le bâton qu’il venait de me mettre dans la main droite sans même que je ne le regarde je le lui plaquais sur son torse.

Jamais ! Vous m’avez entendu ? Jamais je ne deviendrai celle qu’il souhaite que je sois, celle que vous souhaitez que je sois ! Je ne tuerai pas même si l’envie est grande. Non Maddox ! Je vous croyais mon ange gardien et pas le bourreau qui souhaite que je devienne bourreau à mon tour !

Décidément je ne comprenais plus rien. Il se disait mon ange gardien et là que cherchait-il ? N’avait-il donc aucune émotion en lui alors que je pensais qu’il pouvait m’estimer ? De rage et de colère les larmes me montaient aux yeux et d’un coup reprenais le bâton en main pour aller le frapper sur la cruche d’eau qui s’envolait pour se fracasser contre le mur non loin de Tarek.

Si vous pensiez que j’allais me défouler sur lui vous vous trompez Maddox, mon cœur n’est pas meurtrier à ce point là même si je souhaite sa mort. Mon cœur bat pour l’amour et non la mort !

Tenant le bâton de toutes mes forces je fixais Maddox alors que mes larmes coulaient sur mes joues.

Il n’est rien, il n’est que vermine ! Je vaux et je suis mieux que lui !

- Hahahahaha.... Hahahahaha... se mit il à rire grassement. Mais vous m'entendez ça. L'amour, l'amour. Ben voyons. L'amour avec un grand A si z'en crois ce que z'ai vu. Notre reine, fit il en se baissant pour faire une révérence moqueuse, aime tellement son prossain qu'elle couche même avec.

Il se mit à rire encore.

- Tu crois que z'ai pas vue tes petits yeux langoureux envers ton médecin serri. Z'aurai dû le faire exécuter sous tes yeux tiens. Ze regrette de ne pas y avoir penser avant.

Il la regardait pleurer et leva une épaule de dégoût :

- Des larmes de crocodile. C'est tout ce dont tu es capable Loysse. Toi et ton Louis Philippe aussi. Tu savais qu'il était venu assister à la séance de torture dont m'a si zentiment fait profiter Maddox ? Ze suis sure que non. Vous êtes tous les deux de la vermine et vous salez pas mieux que moi.

Il sentait pourtant qu'il perdait du terrain avec elle et qu'elle remontait doucement la pente. Il fallait qu'il arrive à lui faire assez peur pour que sa colère tombe et qu'elle s'écroule. Seulement il était à court d'argument et s'en rendait bien compte. Il surveillait Maddox apeuré qu'il surgisse d'un coup pour le corriger mais il semblait totalement inerte ou alors aux ordres de la reine et n'osait pas le toucher.

Epuisé par ces mois de détention et d'enfermement dans des conditions inhumaines, il recula et s'appuya contre le mur prenant un air dépité comme si la reine n'avait aucun intérêt pour lui. Autant l'ignorer pour le moment.

Maddox se mit entre elle et le prisonnier pour le cacher de sa vue, serrant le bâton qu'elle lui avait rendu. Elle était tellement bouleversée. C'était trop difficile. Il ne voulait pas la faire pleurer et encore moins la rendre triste. Il voulait... il voulait quelque chose mais il était peut être trop tôt. Il s'était trompé. Il tenta pourtant le tout pour le tout. Elle était là, les yeux pleins de larmes à lui dire à quel point elle n'était pas comme Tarek mais ça il le savait. Elle était bonne, attentionnée et avec coeur sur la main.

- Ma reine, lui fit il doucement comme pour ne pas la brusquer, vous avez parcouru la moitié du chemin. Vous avez réussi à venir ici, à le regarder, à le défier même et à refuser de devenir comme lui. Je sais bien majesté que jamais vous ne pourrez faire le mal comme cet homme en est capable. Seulement votre combat n'est pas terminé pour autant. il vous faut sécher vos larmes et gonfler le torse.

Il lui donnait presque des ordres pour la faire se redresser :

- Regardez-moi Majesté, fit il d'un seul coup pour la sortir de son état de tristesse mélangé de colère tout en lui prenant les mains au risque de se faire pendre sur le champ pour avoir oser toucher la reine de nouveau.

Il s'écarta pour que Tarek se trouve de nouveau dans son champ de vision et la fit approcher.

- Regardez cette homme majesté et reprenez le dessus. Il n'est rien et vous valez mieux que lui, n'est ce pas ce que vous avez dit ? Que vous ne serez jamais comme lui ? Alors regardez le dans les yeux jusqu'à ce que votre peur disparaisse à jamais, termina t'il en attrapant Tarek par les cheveux pour lui faire redresser le visage. Approchez majesté, faite face à votre passé et redevenez vous-même.

Le gardien avait du mal à se reconnaître dans ses termes. Il n'était même pas certain que ce qu'il faisait aiderait la reine. Il faisait ce que son père lui avait fait pour que plus jamais un prisonnier ne lui fasse peur après avoir été presque égorgé par l'un d'eux ce qui lui valut cette horrible cicatrice qu'il n'osait montrer que depuis peu. Il l'avait traîné devant celui qui lui avait poignardé le cou malgré ses pleurs et ses cris et l'avait laissé avec lui jusqu'à ce que sa peur disparaisse, lui mettant un bâton dans les mains. Après avoir pleuré, il avait ragé et frappé cet homme jusqu'à ce qu'il lui demande pitié. Depuis les prisonniers n'avaient plus aucune prise sur lui. Il n'en demandait pas tant à la reine. Il voulait juste qu'elle affronte Tarek et reprenne sa vie en main

Tarek avait sauté sur l’occasion et s’en donnait encore et encore à cœur joie pour déverser sa haine. Toutefois il m’apprenait que Louis-Philippe avait été ici et qu’il avait assisté à une séance de torture. Bien sur il ne m’en avait pas parlé et je ne lui en voulais nullement, je comprenais qu’il ne m’en ait pas fait part, mais de l’apprendre par la bouche de Tarek me dégoutait plus que tout.

Maddox quant à lui tentait du mieux qu’il pouvait de me calmer tant pour les larmes qui coulaient que ma colère. Et pour cela il n’avait pas hésité à prendre mes mains dans les siennes. Sans rien dire je relevais mon regard sur sa personne à sa demande. Son regard était certes déterminé mais pas mauvais ni même autoritaire, et lorsqu’il s’écartait pour que je refasse face à Tarek, mon regard suivait Maddox qui allait vers Tarek.

Au fond il n’avait pas tort, il avait même raison il me fallait l’affronter et dans un geste inattendu, ne réfléchissant pas un seul instant à ce que j’allais faire, je reprenais le bâton en main faisant mine de vouloir frapper Tarek tout en le regardant droit dans les yeux, arrêtant le bâton à quelques centimètres de son visage avant de redescendre mon bras droit lui montrant le bâton.

Regarde ce bâton Tarek, regarde le bien…. Tu l’as vu ?

Je redescendais mon bras le long de mon corps bâton toujours en main que je serrais fortement au point de faire blanchir mes phalanges alors que mon regard se posait sur celui de Tarek.

Ce bâton a bien plus d’importance à mes yeux que ta personne, que ta propre vie. Rien ! Tu n’es rien Tarek ! L’indifférence voilà ce que tu auras de moi. Ce qui n’existe pas, ce qui ne vaut rien, ce qui n’est pas digne d’intérêt n’a que l’indifférence…

Tu n’es rien, tu n’existes plus….

Je venais de me rendre compte que je l’avais défié et que du fond de mon cœur je lui avais dit ce que je pensais de lui. Laissant glisser mon regard vers Maddox, je lui redonnais le bâton en main avant de tourner les talons et de sortir de la cellule.

Au dehors je m’adossais au mur me laissant glisser doucement pour m’asseoir à même le sol ramenant mes jambes vers mon torse, comportement bien indigne d’une reine mais peu importait en fait, ce n’était pas la reine qui venait de comprendre ce qu’il venait de se passer, mais moi Loysse, la femme qui avait été torturée par cet homme.

Coude sur mes genoux je laissais mon front reposer sur leurs paumes tout en laissant enfin sortir en grosses larmes ce qui me rongeait depuis des mois et des mois.

La tête penchée en arrière, il savait le coup inéluctable et souriait à l'idée de la rendre comme lui. Elle ne l'aimerait que plus lorsqu'elle sentirait en elle le plaisir de châtier. Ne dit pas "Aime bien, châtie bien" ?

Alors il souriait sans quitter Loysse des yeux et poussa un cri ne réalisant que plus tard que c'était lui qui l'avait pousser :

- Haaaaaaaaaaaaaaaaaaa.........Nonnnnnnnnnnnnnnnnnnnn !

Il venait de la perdre à jamais. Elle avait stoppé son geste, tournée les talons et était sortie la tête haute.

- LOYSSE, hurla t'il, LOYSSE.... Ze t'aime.... REVIENS....! Reviens, répétait il, reviens.....

Mais elle ne revint pas. Il ne l'entendait plus. Elle était partie et il ne la reverrait plus jamais. Il avait bel et bien perdu cette fois. Ses bras en tombèrent, le privant de toute force jusqu'à ce qu'une rage incontrôlable l'envahisse. Alors il hurla encore plus son prénom et gesticula pour que le garde le lâche, le frappant même pour qu'il le laisse partir.

- ZE VOUS DETESTE TOUS.... VOUS POURRIREZ TOUS EN ENFER..... ZE VOUS SOUHAITE DE MOURIR DANS LES PIRES SOUFFRANCES.

Le prisonnier agissait comme s'il avait perdu la raison. Maddox reçut quelques coups tellement il remuait.

- TU VAS TE CALMER OUI ? Et tu n'appelles pas la reine par son prénom, ajouta t'il en lui donnant un bon coup de bâton au visage avant de reculer. Tu as perdu Tarek. La reine se fiche complètement de toi et tu sais ce qu'il t'attend maintenant ? La roue. Ha ha ha... je vais rompre chacun de tes petits membres sous les cris de joie d'une foule en délire.

Il ricana et sortit refermant la pote derrière lui.

La reine était assise contre le mur, le visage mouillée de larmes. Il se baissa à sa hauteur et lui prit un coude.

- Vous ne devriez pas rester assise là. Venez ma reine, venez, dit il doucement. Ce monstre n'aura plus jamais aucune emprise sur vous. Il est encore moins important qu'un ver qu'on utilise pour la pêche.

Il était satisfait de voir comment les choses avaient tournées. Et les larmes qu'il voyait sur ses joues n'étaient autre que l'évacuation d'une rage trop longtemps gardée au fond d'elle. Il lui fit un petit sourire à la lueur du flambeau qu'il tenait haut. Venez, je vais vous reconduire jusqu'à mes appartements où vous pourrez vous remettre en ordre avant de rentrer au Louvre.

Maddox avait des gestes délicats, précautionneux comme si'l craignait de la brusquer. Il fallait dire qu'il était un élément de son calvaire et il ne voulait pas la faire replonger de ces souvenirs qui allaient maintenant doucement s'estomper. Il ouvrit la portes de ses appartements, dans lesquels Zeus entra en trombe et laissa passer la reine.

- C'est très modeste Majesté.

Il fallait dire qu'il ne s'encombrait pas de biens. Un lit, une chaise, une table et une étagère pour poser quelques affaires.

Il attrapa une cruche et versa de l'eau dans une cuvette qu'il déposa sur la table avec un linge propre. C'était modeste mais très propre. Il détestait la saleté autant chez lui que sur lui. Il était d'ailleurs toujours net et impeccable.

Il baissa le regard pour ne plus la regarder. Il ne pouvait plus. Chacun de ses regards l'empêchaient presque de respirer. Elle avait des yeux magnifiques et il savait la chance qu'il avait eu de pouvoir l'approcher de si près, de la tenir dans ses bras, de la serrer contre lui même. Il n'arrivait plus à effacer l'empreinte qu'elle avait laissée sur lui.

Il prit le linge avant qu'elle ne s'en saisisse ayant remarqué une petite tâche de sang sur le dos de sa main. Il trempa rapidement le linge dans l'eau et lui tourna la main pour l'essuyer tendrement. Il était juste devant elle et n'avait plus envie de lâcher cette main. Ses yeux l'avaient fixé intensément alors qu'elle s'était relevé dans le couloir et il aurait juré qu'elle y avait quelque chose qui se passait. Ce n'était peut être que de la reconnaissance ou peut être un mélange de peur et d'admiration ? Il ne savait pas exactement mais lui aussi était envoûté par cette étrange relation qu'ils avaient ensemble.

Son regard se leva, s'attardant un instant sur les longs cils pour se plonger dans les yeux clairs. Puis il se posa sur ses lèvres, approchant imperceptiblement de son corps. Il sentait son coeur battre comme jamais, son souffle se coupait et pourtant, sachant que ce qu'il allait faire lui coûterait la vie, il se pencha lentement vers elle, ne voyant en elle que la femme qu'il avait aimé un soir dans une cabane, au fond d'un bois, alors qu'il la tourmentait au point d'être détestable. Il se pencha un peu plus, s'approchant de ses lèvres jusqu'à pratiquement les effleurer et...

Son doigt sur sa bouche pour l'arrêter dans son geste. Qu'avait il cru par cette tentative dérisoire ? Une reine et un bourreau. Un amour impossible et même un commencement de quoi que ce soit impossible. Maddox devait voir la réalité en face. Il n'était rien et elle était tout. Deux extrêmes qui ne pourraient jamais se rencontrer.

Elle recula pour se retourne lui signifiant et lui rappelant à quel point tout ceci était pure folie et sorti uniquement d'un rêve qu'il avait pu avoir un jour de décembre quand il l'avait revue à Paris. Pourtant elle était bien là, avec lui, dans sa modeste chambre et ne l'avait pas giflé, n'avait pas fui non plus. Elle s'était simplement retourner pour ne plus le regarder.

Il ne fit que ces deux petits pas qui le séparaient d'elle et posa deux mains immenses sur ses frêles épaules. Son coeur se serra en l'entendant dire qu'ils ne pouvaient pas. Il ne le savait que trop mais il refusait que tout s'arrête aussi simplement.

- Ma reine, fit il en la tournant doucement, nous ne pourrons jamais et notre première rencontre déjà n'était pas raisonnable, tout comme votre présence ici. Devons nous nous arrêter à ce qui est raisonnable ? demanda t'il sans sourire, sans pour cela être froid.

Il lui remonta le menton d'un doigt :

- Et si je n'étais pas Maddox, le Bourreau de France. Et si vous n'étiez pas reine. Nous pourrions l'imaginer que le temps d'un baiser.

Son regard étincelait et devant ces réponses Maddox avait senti un colère monter qui ne dura que le temps qu'il remette ses yeux dans les siens. Elle avait ce pouvoir de le calmer alors que les autres femmes finissaient par être violemment frappées voire pire. Il était devenu un autre homme sans comprendre pourquoi se changement s'était opéré en lui. Mais maintenant, en la voyant là, en l'écoutant, il comprenait. Elle ne le regardait pas comme un bourreau, ni même comme quelqu'un d'une classe inférieure à la sienne. Elle le voyait comme un homme avec ses défauts et savait voir ses qualités.

- Mon coeur souffrira de toute façon reine Loysse. J'ai des sentiments pour vous et vous voir vous éloigner me fera souffrir. Alors pourquoi parler de ce qu'il se passera plus tard ? Nous sommes là tous les deux dans l'instant présent et demain sera ce qu'il sera, sans promesse.

Il lui parlait doucement, presque en chuchotant, comme si le son de sa voix pouvait briser cet instant qui n'était qu'à eux et répétant les gestes qu'il avait fait quelques minutes plus tôt, il se pencha vers elle, remontant une main jusqu'à toucher la peau de son cou qu'il caressa doucement du pouce. Il s'arrêta une fraction de seconde pour s'assurer qu'il n'allait pas au-delà de ce que la reine pouvait accepter et posa délicatement ses lèvres sur les siennes pour lui donner un baiser tendre avant de se s'écarter un peu pour ajouter :

- Ceci conclura nos rencontres ma reine qui ne devront jamais plus se renouveler sauf selon votre seul et unique désir.

Il s'écarta encore un peu, caressant une dernière fois le cou fin et claqua des doigts pour appeler son chiot :

- Zeus. Laissons la reine, ordonna t'il en posant une main sur la poignée de la porte.

La reine le retint alors qu'il était encore sous le coup de ce baiser et qu'il voulait fuir pour ne pas exprimer son bonheur devant elle. Comme par pudeur, il voulait garder ce sentiment pour lui. Elle avait une main posé sur son bras dont il sentait la chaleur passer au travers de son vêtement. Ses yeux dans les siens, elle prononça des paroles si douces, si inimaginables pour lui pauvre gardien, qu'il en resta muet, la fixant sentant son coeur battre si fort qu'il crut qu'il se romprait.

Un sourire vint se poser sur ses lèvres et ses yeux savaient exprimer ce qu'il ressentait sans avoir besoin de le dire. S'il s'était écouté, il l'aurait encore embrassée et entraînée vers sa couche seulement cela devait se gagner par bien des sacrifices dont le premier était de ne jamais poser ses mains sur elle sans qu'elle ne le lui ait demandé.

Il se baissa jusqu'à son oreille, aimant ce jeu de confidence et lui chuchota bien des choses qui ferait rougir jeune fille avant d'ouvrir la porte en grand pour la laisser passer.

- Majesté, je vous conduis vers la sortie.

Quelques minutes plus tard, ils passaient la lourde porte qui menait au cellule, traversait de nouveau son bureau pour se retrouver dans la cour. Le garde en faction se mit droit comme un I tandis que l'autre ouvrait la porte qui menait à la rue. Le carrosse attendait toujours. Maddox lui ouvrit la porte et lui tendit une main pour l'aider à monter, se baissant en signe de respect. Il retint pourtant ses doigts fins une fraction de seconde, les laissant glisser pendant qu'elle montait pour une ultime caresse invisible aux yeux des autres.

Maddox vérifia que celui qui se présentait était bien de la prévoté. Il semblait que les papiers pour emmener le prisonnier soient en règle.

- Suivez-moi, fit il aussi taciturne que les murs de la Bastille.

Il le conduisit jusqu'à son bureau et nota dans le registre la sortie de Tarek.

- Je vais vous le chercher, vous pouvez vous asseoir, j'en ai pas pour longtemps.

La gardien attrapa les clefs, un flambeau et descendit aux cachots. Il enchaîna Tarek aux poignets, qu'il fixa à une chaîne autour de sa taille qui se prolongeait jusqu'à ses chevilles.

- Tu vas en balade. Ton procès commence. Ca aurait été que de moi, je te passais à la roue sans procès. Mais bon, faut respecter la loi. Allé avance.

Quand Maddox entra, Tarek se leva et se prépara à recevoir quelques coups. Pourtant ce dernier lui retira ses chaînes pour lui en remettre d'autres. Cette fois-ci, ce n'était pas comme d'habitude. Ils allaient enfin lui faire un procès. Pourrir dans cette prison était probablement pire que la roue dont le menaçait le bourreau. Au moins on en mourrait que là, on vivait comme un mort vivant et les tortures de la part du gardien étaient presque quotidiennes.

Il le fit avancer devant lui en le pressant un peu au risque de se prendre les pieds dans les marches pour arriver jusqu'à son bureau dans lequel une personne attendait.

- S'est vous qui me conduisez au procès ? demanda Tarek. Ze suis prêt.

" Je vous remercie. " répond Narcisse, aussi bien à l'invitation à s'assoir, qu'au fait qu'il aille chercher le prisonnier. La jambe raide, il s'assied donc, puis fouille dans ses affaires pour en tirer la longue pipe fine. Quelques feuilles broyée s'effritent entre ses doigts, pour tomber dans le fourneau. Il soupire car se lever pour ajouter une braise va faire mal. Mais bon, il a quelques instants, avant que Maddox ne revienne, alors, autant partir en quête de braise.

Lorsque le prisonnier arrive, Narcisse est donc en train de tirer sur sa pipe. Un filet de fumée s'échappe d'entre ses lèvres lorsque Tarek lui pose la question. Narcisse regarde l'homme. Comment rester insensible face à cela ? Lui en tout cas, il ne peut pas. Et puis, il songe à ce qu'il a fait. Toucher à Loysse. Une grande partie de la pitié s'efface, pour laisser place à une haine froide. S'il ne savait pas combien on perdait en tuant un homme, il l’exécuterai sur place. La vie est bien trop précieuse, c'est ce qu'on lui a appris. Le travail de prévôt est un travail cruel. Mais c'est un travail. Le piaf se relève, prend appuis sur sa cane, et s'approche de l'homme. Retirant la pipe de sa bouche, il s'adresse au prisonnier.

" C'est moi en effet. Je m'appelle Narcisse. Allons-y maintenant. "

Narcisse de remercier Maddox pour son aide, et de se diriger vers la porte. Il se dirige vers la porte pour l'ouvrir, et invite Tarek à le suivre, tout simplement. Le dédale triste défile sous leurs pas, et enfin, ils retrouvent la lumière du jour. L'Oiseau laisse un peu de temps à celui qui n'a pas vu la lumière d'en profiter un peu. Ouais, il est gentil le Chardonneret. Trop peut-être. Il lève une main, pour appeler un fiacre.

" N'allez pas croire que c'est pour vous faire plaisir... Je pense simplement que c'est plus discret qu'une cage. Je n'ai pas envie de devoir protéger quelqu'un comme vous pour que la foule ne le lapide pas. "

Et puis, il ne va pas aller chier loin avec les chaînes qu'il porte. S'il tente de s'échapper, il ne va pas aller bien vite. Et après je ne sais combien de mois sans avoir mangé correctement, le moindre effort devrait provoquer un effondrement. Il peut lui sauter au coup. Même amoindri, je mise sur Narcisse ! Voilà pourquoi le serein est piaf.... le piaf est serein. Tarek grimpé, Narcisse lui tend sa pipe, avant de monter s'assoir à son tour, tout en criant :

" AU TRIBUNAL ! C'est de la drogue. Ça évite de trop penser à la douleur. Alors, comment comptez-vous vous racheter ?"

Alors que la voiture se met en route, une autre arrive. Narcisse reconnait Cylouan par la fenêtre, et lui fait un petit coucou de la main. Il se demande ce qu'il vient faire là. Peut-être apporter un prisonnier ? Ou en déplacer un autre. La route commence.

Il le regarda tirer sur sa pipe. Le convoyeur semblait bien à l'aise et loin du soldat ou garde qu'il avait imaginé pour l'emmener jusqu'au tribunal. En plus de cela il boitait et Maddox ne les accompagnait même pas. Fallait il qu'il ait l'air d'un débris que personne ne se souci qu'il puisse basculer ce boiteux pour tenter une évasion.

Un plissement des yeux au contact de la lumière du jour et effectivement il réalisa vite en portant les vingts kilos de chaînes qu'il n'aurait pas la force de se débarrasser de son convoyeur, ni même la force de courir bien loin sans être rattrapé sans difficulté. Maddox l'avait affamé, frappé, torturé et aujourd'hui, alors qu'il franchissait la porte du fiacre, il réalisait qu'il n'était plus l'homme qu'il avait été avant d'entrer dans cette prison infâme.

Il lui avait dit son prénom. Qu'est ce qu'il s'en fichait de comment il s'appelait celui-là. Il ne lui répondit même pas d'ailleurs. Pas plus non plus quand il lui parla de la cage. Il pouvait bien le transporter comme il le voulait. Il s'assied et ne lui jeta même pas un regard. C'était ce qui lui restait comme détermination propre de choisir de lui parler, de le regarder ou pas. Alors il en profitait un peu. Du moins jusqu'à ce qu'il parle de se racheter.

- Me rasseter ? Ze n'est commis aucune faute qui faille que ze doive me rasseter. Ze n'ai fait que punir une femme qui m'a conquise pour finir dans les bras d'un autre. Ce n'est qu'une traînée pour moi qui n'a pas plus de valeur que ces filles que l'on paye pour son plaisir. Alors, allons à ce tribunal et finissons en au plus vite.