[RP] Le Manoir "Le cygne glissant"

Marthe était revenue tard à l'auberge et n'avait pas vu sa maîtresse. Le lendemain matin, celle-ci n'était
pas encore descendue quand la femme de chambre fut prête. Marthe prit son petit déjeuner et laissa un mot à sa maîtresse.
Yonoha avait tenue à avoir une femme de chambre qui savait au moins lire et écrire couramment.

Citation :

Ma Damoiselle, Je pars au manoir parce que le personnel que j'ai fait venir va arriver.
Je repasserais dans la journée. Si vous avez absolument besoin de moi, faites moi
appeler et j'accourais

Marthe

Elle laissa le mot et partit au manoir du "Cygne Glissant"

Marthe arriva cinq minutes avant le personnel, elle leur expliqua que la vicomtesse arriverait surement plus tard
et qu'en attendant, ils devaient commencer à travailler et que si la vicomtesse ne voulait pas d'eux, ils seraient quand
même payer. Les futurs domestiques ne roulant pas sur l'or et ayant la perspective d'un généreux salaire, acceptèrent et
se mirent au travail.
Marthe s'aperçut qu'elle aimait bien diriger la domesticité. Allant à l'office, elle discuta du menu avec le cuisinier qui résista.
Le bonhomme n'aimait pas du tout que l'on vienne dans sa cuisine et encore moins lui dire ce qu'il devait faire, ce à quoi la
femme de chambre lui rétorqua qu'il ne serait pas dans sa cuisine tant que la vicomtesse ne l'aurait pas confirmé et que s'il voulait
que cela soit fait, il avait intérêt à parler moins fort. Bine, après quelques échanges aigre-doux, un menu fut choisi par les deux

Citation :

*** Menu***

Potage aux laitues et une chiffonnade
Une galantine d'oseille, d'haricots à la bretonne
***
un brochet à la polonaise
***
Choux fleurs au parmesan, de pain aux champignons
un ragoût mêlé, d'artichauts frits, d'haricots verts, de choux- raves, d'épinards.
***

La demoiselle ne recevant pas, ils avaient fait simple.

Voilà plusieurs mois que le bal s'était terminé, le fameux bal où, sans le savoir, il avait passé la soirée avec la meilleure amie de sa femme et avait eu un coup de coeur pour elle. Mais le lendemain, une discussion s'était imposée, discussion qui avait mené au départ de la demoiselle qui, depuis, se terrait dans le silence...

Il avait finit par savoir qu’elle s'était installée sur Eu et décida donc de lui envoyer missive...

Citation :

A Yonoha Haute-Bresse
Vicomtesse de Conches

De Sa Majesté Louis-Philippe de la Brie en Carly
Roi de France & de Navarre

Mademoiselle,

Si je vous écris ce jour c'est pour vous faire part de mon inquiétude et celle de mon épouse quant à votre silence. Cela fait plusieurs semaines à présent que vous avez quitté le Louvre et nous laissez sans nouvelles. Je puis comprendre que vous ne vouliez plus de contacts avec moi, mais de grâce, n'en abandonnez pas pour autant Loysse. Pour m'avoir questionné, je lui ai dit la raison de votre départ, de façon très superficielle. Je n'ai pas eu envie de m'étaler là dessus et me suis dit que vous voudriez peut-être en parler entre vous.

Je dois vous avouer n'avoir pas compris votre réaction lors de notre discussion, mais après avoir conversé avec Esmée, à qui je dis absolument tout, je pense avoir saisi la raison de votre fuite. Je pense que vous avez fait le bon choix, que tout cela était bien trop compliqué et que votre relation avec Loysse importe bien davantage.

Si je puis comprendre que vous n'ayez pas envie de me répondre, j’espère néanmoins que vous donnerez de vos nouvelles à Loysse.

Le temps avait passé depuis que Yonoha s'était installée à Eu, elle voyait Givrain de temps en temps mais la jeune fille passait le plus clair de son temps seule.
Elle faisait de longues promenades à cheval, jouait de la musique et avait entrepris d'écrire, ce qui faisait que le temps passait vite et qu'elle n'avait point le temps
de s'ennuyer malgré sa solitude. La Cour ne lui manquait pas.
Yonoha n'avait pas pardonné à son père mais elle avait reprit contact avec sa mère qui lui avait apprit que son frère était parti pour l'Angleterre parfaire son éducation de futur duc.

C'est en rentrant de promenade avec ses deux dogues, (oui, Yonoha était passé au chenil et avait craqué pour deux beaux chiots, c’était des dogues. Elle les avaient nommé Hercule et Circé, normal pour un couple) qu'elle trouva la missive du Roi. Sa surprise fut grande et elle se demanda s'il était arrivé quelque chose de grave en décachetant le sceau royal. Quand elle prit connaissance de la missive, elle resta un long moment à réfléchir. C'était vrai qu'elle n'avait plus donné de nouvelles d'elle mais elle savait ce qui se passait à la Cour. Elle avait su que le Roi avait trouvé une maîtresse avant même qu'elle arrive à Eu, cela l'avait conforté dans son choix. Elle savait que la Reine travaillait beaucoup, beaucoup trop selon l'avis de Yonoha. Il fallait qu'elle répondit.
Yonoha alla se changer, la jeune fille était toujours coquette même en étant seule chez elle, puis elle revint s'installer à son bureau.

Son bureau était la pièce avec le salon de musique, où Yonoha passait le plus clair de son temps à coucher ses pensées, ses rêves sur le parchemin et surtout à écrire l'histoire d'une princesse d'un pays imaginaire, à qui il arrivait toutes sortes d'aventures. La jeune fille n'avait pas l'intention de faire lire cette histoire à quiconque mais cela l'amusait de l'écrire et cela donnait un sens à sa vie.

Citation :

De Yonoha Haute-Bresse
Vicomtesse de Conches

A Sa Majesté Louis-Philippe de la Brie en Carly
Roi de France et de Navarre

Votre Majesté,

Je dois vous avouer que votre missive m'a surprise mais que j 'en comprends la raison.
En effet, j'aurais du donner de mes nouvelles surtout à la Reine qui a été si bonne avec moi.
Je vous remercie de me rappeler à mes devoirs. Je vais écrire à la reine.

Que Votre règne soit long et fructueux

Yonoha de Haute-Bresse
Vicomtesse de Conches.

Puis elle écrivit à son amie

Citation :

De Yonoha Haute-Bresse
Vicomtesse de Conches

A Son Altesse Royale Loysse de la Brie en Carly
Reine de France et de Navarre

Mon Chère amie Loysse,

Tu sais donc maintenant pourquoi je suis partie de Paris.
Tu comprends aussi pourquoi je ne t'ai plus donner de nouvelles. Je ne t'ai jamais menti
et je n'avais pas l'intention de le faire. Pour moi le silence a été la meilleure des choses.
Je vais beaucoup mieux et je pourrais même dire que je suis heureuse à ma façon.
Si tu n'as pas de nouvelles de moi, je sais moi que tu travailles beaucoup. Beaucoup trop.
Fais attention à toi. Comment va ton fils ?
Eu est une belle ville et j'aime me lever le matin et regarder la Manche paresser aux pieds
des falaises. Je suis au calme et ce calme m'a permis de me retrouver et de panser mes blessures.
Il n'y a rien de nouveau dans ma vie. Ah si je me suis réconciliée avec Mère et Ysdalio est parti en Angleterre
mais je ne parle toujours pas à Père. Et surtout mon oncle est mort et il m'a légué une vraie fortune.
Je ne crois pas que tu l'aies connu. Il n'est jamais venu en France.
Sache que je vais de temps en temps à Conches et que le vicomté est magnifique. J'y fais de l'élevage de chevaux.
Le haras que je me suis achetée à Eu m'a donné envie de continuer à avoir des chevaux. C'est passionnant comme
activité. Je fais donc souvent le déplacement Eu_Conches.
Mon amie, j'espère que tu es heureuse. Je suis satisfaite de n'avoir pas contribué à bouleverser ta vie.
Je ne crois pas que je viendrais à Paris pour l'instant mais j'espère que tu répondras à cette missive.
Je dois t'avouer que c'est le Roi qui m'a prié de t'écrire. Non pas que mon amitié pour toi a disparu ni
même diminué mais je ne savais pas quoi te dire sans te mentir.

Je t'aime toujours ma Reine. Sois heureuse !

Yonoha.

Elle fit porter de suite les deux missives. Elle resta mélancolique toute la journée. Loysse lui manquait mais elle s'était éloignée volontairement. Lui écrire lui faisait revivre tous les merveilleux moments qu'elles avaient passés ensembles et tous leurs fou-rire. Yonoha s'était persuadée qu'elle ne manquait pas à la Reine mais cette lettre du Roi démontrait le contraire.
A l'heure vespérale, elle prit son cheval et partit courir au galop dans la campagne normande. quand elle revient, elle était mieux.

Le messager était arrivé rapidement à Rouen et c'est avec une surprise non dissimulée que je lisais la lettre de Yonoha.

La lecture à peine terminée, je prenais encre, plume et vélin pour lui répondre.

Citation :

A Yonoha Haute-Bresse
Vicomtesse de Conches

Ma chère Yonoha

Depuis le temps que je n’avais plus de nouvelles, je n’osais même plus en espérer. Ma surprise est grande d’apprendre aussi que Louis-Philippe t’as écrit pour te demander de me donner des nouvelles.

J’ai appris par Louis-Philippe le pourquoi de ta fuite et j’avoue ne pas comprendre. Je pensais que nous étions suffisamment proches pour que tu puisses m’en parler avant ton départ, mais je crois que le temps nous a changé toutes les deux.

Il est vrai que je me donne entièrement à ma fonction faisant abstraction de tout ce qu’on peut raconter comme ignominies, mensonges et j'en passe au sujet de Louis-Philippe ou de moi-même. La vie n’est pas simple non plus depuis qu’il a choisi favorite, mais il est le roi et le roi fait ce qu’il veut.

Notre mariage n’est pas un mariage d’amour et pourtant l’un et l’autre nous sommes liés, nous nous aimons à notre manière et je sais que rien ni personne ne pourra altérer ce lien.

Quant à Gabriel, il se porte comme un charme, il grandit et gazouille. Malheureusement je n’ai que trop peu de temps pour lui. Je fais en sorte de passer quelques heures avec lui chaque jour, mais cela m’est insuffisant, je ne remplis pas ma fonction de mère comme je le souhaiterai. Sans compter que sa sœur me manque terriblement, je n’ai pas encore su faire son deuil.

Sinon je suis bien heureuse que tu aies renoué des liens avec ta mère et ton frère, cependant et comme tu dois t’en douter, je ne veux jamais avoir aucun contact avec lui et si le hasard de la vie devait faire que je le rencontre un jour, il serait inexistant pour moi. Après tout ce qu’il m’a fait subir quand nous étions plus jeunes il est impensable que je puisse lui pardonner. Il est des blessures qui ne se referment jamais et il fait partie de celles-ci.

J’ai bien compris aussi dans ta lettre que je ne suis pas prête de te revoir et je trouve cela fort dommage. Il aura fallu que toute cette histoire nous sépare encore une fois. La vie ne serait donc qu’un éternel recommencement ?

En tous cas le principal pour moi est que tu sois heureuse mais qui sait peut-être que nous nous verrons durant le voyage que nous avons entamé à travers le Royaume. C’est aussi le fait que je puisse te répondre aussi rapidement. Tu es à Eu et moi à Rouen.

Prend grand soin de toi

Ceci fait et après quelques louis donnés, le messager repartait pour Eu

C'est le lendemain au soir que la missive parvint par porteur à Yonoha. Elle lut la missive avec avidité puis répondit tout de suite

Citation :

de Yonoha à Loysse

Mon amie,

Cela me fait un plaisir immense de lire ta missive, un plaisir inouï de la recevoir aussi rapidement.
J'aimerais bien le voir Gabriel, il doit être si mignon. J'ai appris qu'il a une favorite mais si cela ne détruit pas ton mariage j'en suis heureuse.
J'ai fui sans rien te dire ? oui c'est vrai que nous avons changé. Surtout moi avec ce couvent horrible. Sais-tu que la seule période de bonheur
de ma courte vie fut les années que nous avons passées ensembles ? Comment voulais-tu que je risque de briser ses souvenirs si chers à mon coeur ?
Comment voulais-tu que je détruise tout ce qui m'a donné joie, bonheur et amour dans la si courte existence ? Je n'ai pas eu le courage de te mettre en colère.
Je n'ai pas eu la force de lire de la tristesse et de la réprobation dans tes yeux. C'était au dessus de mes forces. J'ai préféré fuir pour garder intact ton sourire,
pour garder en mois nos rires, pour que rien ne vienne entacher tout ça.

Pour Ysdalio, je te comprends, il n'a pas été gentil avec nous quand nous étions enfants, il ressemble beaucoup à père de ce coté mais il m'a écrit et
il m'a demandé pardon pour tout ce qui s'est passé dans notre petite enfance et puis il est en Angleterre, ce n'est pas comme s'il était à Eu.
Normalement, il y vit pour parfaire son éducation. En quoi cela consiste-t-il je ne sais pas. Tu ne risques pas de le rencontrer sauf si tu vas en Angleterre et puis
même l'Angleterre est vaste.

Ainsi tu voyages ? Tu es à Rouen ? Si tu passes par Eu, je viendrais te rendre mes hommages, par amitié bien sur et par devoir. Je n’oublie pas que je suis vicomtesse
par ta volonté et celle du Roi. Il est donc de mon devoir de venir vous rendre hommage. Tache que j'accomplirais avec une joie infinie.

Je suis heureuse à ma façon à Eu, pas le bonheur auquel j'aspire. Je suis seule.
Je ne crois plus que le bonheur soit pour moi, alors j'occupe mon temps.

Prends soin de toi aussi et travailles moins,

Je t'aime

Yonoha

Elle fit réveiller un de ces gens pour porter la missive et que la Reine la trouve à son réveil. Puis elle pensa à sa vie et elle ressentit l'absence de Givrain.
Il était en voyage depuis quelques semaines et il lui manquait plus qu'elle n l'aurait avoué. Ce soir là, en repensant à son passé. à son amitié avec Loysse, elle éprouva
le besoin de l'avoir à ses cotés avec son si beau visage, sa voix douce et son rire communicatif.
Yonoha soupira puis alla se coucher. la journée était finie et la nuit ne lui apporterait rien de nouveau.

[Amiens, le 4 mars 1652]

J'en avais fini avec mes transactions diverses sur Amiens. Je partirais le lendemain. Je me mis en devoir d'écrire à ma soeur pour l'informer de mon périple et surtout de mon intention de lui rendre visite.

Citation :

Ysdalio de Haute Bresse
"Ex Pair" "Comte en cieux" [Seul compte reversant 100 fois la mise ^^]
surnommé "casse noisette" par sa soeurette adorée...

à

Yonoha Haute-Bresse
Vicomtesse de Conches
surnommée "Nohasette" par son taquin frangin



Yo Ma chère soeurette,


Bien du temps a passé depuis que nous nous sommes vus pour la dernière fois, je ne pensais pas venir te rendre visite si vite mais mes études commerciales me donnent l'occasion de passer te saluer.

L'école supérieure de commerce nous a donné pour première tâche de glaner un maximum d'informations sur divers marchés. J'ai choisi ceux des trois zones liées à la Manche : Londres Eu et St Pierre Port.

Je passerai demain à Eu mais en coup de vent. J'aurai, comme je me suis entraîné à le faire ici, un travail assez important concernant les informations à recueillir.
Tu sais Yo ! ma "Nohasette" chérie, j'ai profité du cadeau que tu m'avais envoyé pour réaliser une première opération assez bien réussie sur Amiens.
J'en profite pour te renouveler tous mes remerciements et t'envoyer plein de bisous.

Je t'explique : j'ai eu l'opportunité de croiser la mairesse en taverne et cette charmante personne m'a échangé immédiatement tous mes sangliers contre du raisin et quelques autres douceurs. Entre autres daim et cerf me permettant une rapide évolution sociale. Le raisin c'est pour ta ville.
Je ne sais pas si tu la connais mais elle est à la fois fort jolie personne, très intelligente et affirmée ainsi que d'une douceur exquise. Je crois lui avoir fait bonne impression. Elle a accepté de m'appuyer financièrement au cours de mon périple si l'opportunité le permettait.

Demain donc je serai à Eu mais je ne saurais arriver à l'improviste d'une part, et je n'aurai guère beaucoup de temps avec mes relevés à effectuer pour mon mémoire, d'autre part.

Je préfèrerais donc effectuer ma visite chez toi lors de mon retour de Saint Pierre Port, le 9 ou le 10 mars sauf imprévu.
Ecris moi pour me dire ce qui t'arrange ou te dérange et bien sûr si cette nouvelle te sied.

Je t'embrasse tendrement soeurette en dédommagement de ce temps délicieux où j'adorais te taquiner et où tu m'appelais "casse noisette"

Ys.

Je pliai le vélin et quelques instant plus tard confiai cette missive aux bons soins d'un messager picard.

Au Manoir du Cygne Glissant à Eu en Seine Inférieure mon cher Hermès.

Spoiler:

Ce matin-là, la jeune Yonoha se réveilla de bonne humeur, elle s'était endormie sans tirer les lourds rideaux de velours qui lui servaient de doubles rideaux et ce sont les rayons du soleil, lui caressant le visage qui la réveillèrent.
La jeune fille sortit du lit en chantant, il faut dire que le fait de savoir que Givrain devait revenir bientôt de son voyage y était pour quelque chose, mais se l'avouerait-elle ? Rien n'était moins sur. Toujours est-il que la jeune fille était heureuse ce jour-là- Elle se fit porter le petit-déjeuner sur la terrasse de sa chambre. On la servit et on lui porta aussi son courrier. Elle faillit sauter de joie quand elle reconnu l'écriture de son frère.
Yonoha lit la lettre avec avidité et se mit à rire. Casse-noisette, elle avait presque oublié qu'elle l'appelait comme ça quand il la taquinait de trop. Il faut dire qu'il était l’aîné et beaucoup plus âgé qu'elle.

la jeune fille alla dans son bureau lui répondre tout de suite avant même de commencer à manger.

Citation :

A Casse-Noisette de Nohasette

Cher Casse-noisette

Quel plaisir de te lire et de savoir que tu seras bientôt là ! Je te croyais assis sur les banc d'une Grande Ecole ennuyeuse de Londres ? Tu es donc en mission ? Comment t'es-tu débrouillé pour avoir à faire un mémoire qui te demande de voyager ? Tu me diras tout cela de vive voix. J'ai trop hâte de te voir !
Je suis contente que mon "cadeau t'ait été utile. mais tu n'as toujours pas reçu ton héritage d'oncle Gérald ? Moi, j'ai reçu ma part.

Tu es à peine arrivé que tu es déjà tombé sous le charme d'une dame ? Je n'y crois pas !!! Il va falloir que tu me contes tout cela
Tu as dit demain je serais à EU ? C'est donc aujourd'hui ! Je t'attends tout de suite !

Viens vite mon casse-noisette, chéri. Je t'attends !!

Noihsette, ta soeur qui t'aime

Yonoha fit porter la lettre, le coursier trouverait les nouveaux arrivants puis elle retourna manger. Elle donna des ordres pour un dîner pantagruélique, que l'on prépare la chambre de son frère et que l'on selle le cheval le plus retif de l'écurie. Elle était certaine qu' Ysdalio apprécierait.

Mon séjour à Saint Pierre Port avait été à la fois plus court et plus long que prévu. Plus court car javais pensé initialement y rester le temps que se vende le stock de marchandises à exporter là bas. Mais les mesures protectionnistes assez strictes m'avaient dissuadé de déposer quoi que ce soit et j'avais fini par me faire à l'idée de repartir pour Eu le premier soir. Néanmoins, trop las, je laissais passer l'heure et mon voyage amorcé trop tard s'effectua le lendemain.

La traversée du premier jour sur la Manche s'effectua sans encombre par mer calme et beau temps. La seconde étape fut plus houleuse et il me tardait d'arriver à Eu. Le port était déserté ce petit matin là et mes marchandises une fois tirées de la cale et déposées sur les quais s'y amoncelaient sans que les dockers habituels ne me les chargent pour l'entrepôt que j'avais réservé. Cette journée commençait bien mais je me consolais en songeant que la traversée s'était effectuée sans incident.

Je vérifiais mes stocks et constituais les lots :
Marché de Eu : 25 chevreuils - 75 raisins - 30 pains - 4 merlans 2 planches.
Marché d'Amiens : 33 choux
Usage perso : 4 daims 4 planches.

J'évaluais rapidement la valeur du stock à la vente locale. A lui seul, il couvrait bien les 1040 avancés par la mairesse d'Amiens, j'étais satisfait. La brume montait maintenant doucement sur le plateau et s'éloignait du littoral.
Je hélai le chef de port et donnai mes consignes concernant les destinations...

Quelques temps plus tard, j'étais sur le marché eudois. Je me félicitais de cette rapide inspection car je trouvais porte et fenêtre pour 57 Louis soit le même montant que pour ma canne à pêche et mon fusil quelques jours auparavant. Je me frottais les mains et changeais aussi tôt mes plans. Plus question de repartir vite sur Amiens. Ce jour, j'allais ordonner l'amélioration de mon habitat sur place. La journée s'annonçait chargée : Préparation du marché. Visite à l'hôtel de ville et au cadastre... Puis surtout, surtout ... rendez vous chez Nohasette ma soeurette.

J'avais reçu l'avant veille un courrier de Yo et je l'avais lu plein de bonheur.
Yo ma chère soeurette. Elle était ma benjamine d'une petite dizaine d'années... mais si ce dicton "la valeur n'attend pas le nombre des années" avait bien un sens c'était bien au regard d'une fille comme elle. J'adorais alors taquiner ma Nohasette qui me rendait bien toute l'affection que je lui portais. Avait elle changé ? Etait elle restée aussi belle que dans mon souvenir ? Il me tardait de la revoir.

Je songeais tristement à cette nouvelle qu'elle m'avait annoncée. Ainsi l'oncle Gérald était décédé.

Wow ! Mazette ma "Zette" tu dois être full aux as par le R... Mais qu'est ce que je raconte moi ... Tu dois être pleine aux as, mon Ange !!!

Je m'empressais de trouver un fleuriste sur ce marché et de lui acheter un magnifique bouquet d'orchidées et d'hibiscus. Enfin, je griffonnais un mot à la hâte et le glissais dans les fleurs avant de faire livrer le tout chez ma frangine.

Citation :

Chére petite Nohasette

Es tu toujours aussi délicieuse à croquer ? J'arriverai en fin d'après midi. Pour te faire patienter, je te fais livrer ces quelques fleurs. J'aimerais que tu glisses un hibiscus dans tes cheveux pour te retrouver telle que tu étais quand nous nous sommes quittés. A l'époque c'était de simples fleurs des champs si je me souviens bien. As-tu gardé ce penchant mi hispanique mi polynésien ? Mon Dieu que cela t'allait bien et donnait de l'éclat à tes grands yeux innocents..

Ton Casse noisette

Je me tournais en direction de la mer. A l'horizon, un demi disque rougeoyant sortait lentement de l'onde orangée. La journée commençait bien et elle promettait d'être belle.

Cela faisait plusieurs semaines que Givrain était sur les routes, Il avait dit à Yonoha...Enfin plus précisément, à la vicomtesse de Conche qu'il la quittait afin de régler quelques affaires en suspend et qu'il reviendrait une fois cela réalisé, lui présenter ses hommages et prendre de ses nouvelles.

La visite au haras lui avait donné des idées et il avait battu la campagne afin de trouver des chevaux de qualités appartenant à des propriétaires qui ne connaissait pas la valeur réelle de leur bête. Avec son bagout, il réussit à acheter à bas prix et à revendre à plein tarif aux personnes aisées et noble, argumentant avec les hommes et en usant de charmes et de sourires avec les dames. Cela lui réussit bien, voir très bien et il réussit à se faire une renommée, parfois bonne et parfois un peu moins bonnes avec certains propriétaires qui avaient mal supporté de se voir attribué de cornes à leur insu.

Malgré ses journées bien remplies, il ne cessait de penser à Yonoha, se demandant ce qu'elle faisait et si elle était satisfaite du choix qu'il lui avait proposé quand ensemble ils avaient visité le haras qui maintenant appartenait à la vicomtesse.
Ayant suffisamment fait d'affaire et voulant la revoir, il prit la plume et lui écrivit pour annoncer sa visite.

Citation :

A

Yonoha Haute-Bresse
Vicomtesse de Conches

Bonjour chère vicomtesse,

Depuis que je vous ai quitté, je n'ai cessé d'arpenter les chemins afin de régler quelques affaires, qui je dois l'avouer, furent meilleures que je ne l'aurais espéré. Il est dommage que vos obligations vous aient empêché de m'accompagner, vous qui aimez la nature, j'ai découvert plusieurs endroits magnifiques qui vous auraient grandement plus.
Comme promis, je suis sur le chemin de votre domaine afin de vous revoir et vous présenter mes hommages, ainsi qu'une surprise pour vous, qui je l'espère vous fera plaisir.

Givrain

Les clématites et le chèvrefeuille qui ornaient la balustrade au sommet des marches me cachaient Yo et je n'en voyais que le visage radieux. Elle n'avait pas changé bien que fillette encore quand nous nous étions quittés.

Oh ! Somptueuse ma frangine ! Tu es somptueuse ! Il n'y a pas d'autre mot.

Et je lâchai émerveillé :

ooooohhh !!!

Je m'étais alors rué dans l'escalier de marbre...

De son côté Yo, un instant figée dans son rire plein d'émotion s'élança à son tour vers moi, contournant la balustrade. Elle m'apparut soudain entière.
Elle avait du faire une randonnée à cheval et n'être rentrée que depuis peu pour avoir, elle si coquette et féminine, gardé son pantalon d'équitation dont il me fallait avouer priser fort peu les basanes. Elle avait encore ses bottes et sa cravache également... Elle chantait littéralement mon nom :
YSSSSSSSSSSSS

Entre mon "ooh" et son "ysss" C'était toute notre enfance qui "remontait" à la surface tandis que le temps suspendait son vol et ravivait nos souvenirs...

J'escaladais ces marches qu'elle dévalait et elle finit par me tomber dans les bras tandis que je la soulevais, tournoyant sur moi même.

Citation :

- Ys, comme je suis contente de te voir ! Quel plaisir ! Oh comme tu es beauuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !

Nous nous étions laissés emporter par la joie de nous revoir mais l'ivresse fut de courte durée.
Newton qui passait par là sans sa pomme s'imposa soudain à nous...

- eauuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !

Déséquilibré par l'élan de ma Nohasette, je dus bouger mon pied pour réassurer ma prise mais l'étroitesse de la marche nous emporta soudain elle et moi dans une étude plus approfondie de la gravitation universelle.

- eauuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !

J'eus l'intinct de ne pas la lâcher et nous roulâmes, Dieu merci, sans mal jusqu'au bas de l'escalier.

- ohhh !...ohhh !

Nous regardant et réalisant que nous en étions quittes pour la peur l'un et l'autre, nous partîmes dans un fou rire du autant à nos nerfs qui se relâchaient qu'au plaisir d'être ainsi à nouveau réunis.

ça ma Nohasette, pour être beau, on est beau !

Euhh ...
Dis mon trésor ! ...

Si on se relevait ...

Allez !

Ohhhhh ! Ysssssss !

Nous entrâmes dans un salon bleu où Yonoha m'avait entraîné. Confortablement installés l'un en face de l'autre, elle m'avouait avoir un penchant non déclaré pour quelque voyageur qui devait revenir sous peu... mais au lieu de s'étaler sur cette confidence, elle se montra soudainement bouleversée, me parlant de notre père qui ne voyait dans la gente féminine qu'une nature perverse, certes, source de plaisirs pour lui, mais dont il fallait absolument et naturellement corriger les effets pour les autres quand il s'agissait de sa famille. Je souriais volontiers de ce très mâle paradoxe qui consistait à vouloir, pour un père, "protéger" sa fille et l'exiger prude et obéissante en espérant secrètement que le père de la voisine soit moins regardant et elle très indocile et volontiers légère.

J'appris ainsi tout à la fois le legs de tonton Gérald, lui c'était la classe pure... le passage au couvent, deux ans plus tôt, avec son lot de maltraitances... et la "délivrance" par Loysse l'amie d'enfance dont je me souvenais vaguement et plutôt tendrement mais à l'époque je voyais les filles comme un entomologiste voit les insectes. Mon amour pour elles se traduisait plus par une envie de les enfermer d'abord dans une petit bocal avant de les disséquer ensuite sur le canapé du salon. Sans doute l'héritage de père !!! De toute évidence, la pauvre Loysse avait fait les frais de mon apprentissage et de ses balbutiements dans le domaine de la vie sentimentale.

Perdono! ragazza, per averti fatto soffrire delle mie cattiverie di un tempo !

Si ... sì... comprendo bene... Oh ! mais voilà que j'enchaîne en italien moi...
Oui bien sur Nohasette ! Je comprends fort bien que ...

La gouvernante ou une soubrette entra pour annoncer l'arrivée de Sir Givrain. Yonoha soudain rougissante balbutia un consentement à son entrée comme si elle consentait à l'épouser. Avant même qu'elle ne me le précise j'avais deviné.

- C'est le jeune homme dont je t'ai parlé ! On continuera notre discussion quand il sera reparti, je ne veux pas le faire attendre. Il est très beau.

Un fort beau jeune homme entra tout sourire. Je notais une ombre passant sur son visage quand il me vit mais il présentait déjà ses hommages à Yo, inclinant le buste avant de lui faire un baise-main, puis se présentait à moi :

Citation :

- Bonjour monsieur, je suis Givrain, spécialiste en choix de chevaux pour la vicomtesse de Haute-Bresse, si j'ose me titrer ainsi.

Je me levai et m'inclinai.

Enchanté Sir ! Je suis Ysdalio de Haute Bresse...

Un très court instant mon esprit facétieux me poussa à poursuivre : ... "le mari de Yonoha"... mais j'eus pitié leur émoi naissant et me contentai d'ajouter :

"le frère aîné de Yo... enfin... de Mademoiselle Yonoha ! J'arrive de Londres où je poursuis mes études..."

J'allais enchaîner mais il se tourna vers ma soeur pour lui faire part d'une surprise qu'il lui avait rapportée et qui était restée dans la cour. Je précipitais la fin :

"... sans trop m'essouffler."

puis, me tournant vers ma soeur pour "envelopper" ce raccourci, je lui tendis la main ouvertement, et d'un clin d'oeil, l'invitai expressément :

Ohhh ! ma Nohasette ! Viens vite ! Emmène nous dehors... J'ai hâte de découvrir ce mystérieux cadeau que Sir Givrain t'a offert.

Visiblement ma Nohasette était amoureuse. Elle badait littéralement Sir Givrain lorsqu'il me demanda le sujet de mes études avant d'entrainer Yonoha avec moi vers le dehors.

Le Management : commerce et finance, Sir. Vous n'avez pas tort sur l'austérité londonienne mais, pour le business, c'est ce qui se fait de mieux. Je ne vous cache pas que la Suisse plus proche m'attirait indéniablement. Mais il ne faut pas se leurrer l'ambiance y est tout aussi stricte...

Nous sortîmes tous trois riant à l'idée de ce cadeau sur la comestibilité duquel on plaisantait.

Citation :

Ce n'est pas un cheval, j'espère ? Je ne mange pas les chevaux !

Un cheval, il y avait bien... mais uniquement comme porteur de ce cadeau. Deux caisses dont Sir Givrain s'empara avant que de les poser à même le sol et de les ouvrir pour libérer deux paons magnifiques.

Citation :

... j'espère que la beauté de ces animaux conviendra à votre domaine.

D'emblée, le mâle fit sa parade à destination de la femelle qu'il semblait découvrir tout comme nous mais surtout trouver à son goût. J'ignorais avoir tant de concurrence chez ces volatiles mais tel semblait bien être le cas.

Eh bien ! Je propose de l'appeler Ys ! C'est un charmeur ce paon.

Ma Nohasette, devant ce manège évocateur, en perdit sa retenue et, pour remercier Sir Givrain de ce cadeau superbe et plein d'originalité, se jeta dans ses bras pour l'étreindre amicalement. Humm ! Il me sembla même qu'elle déposait un petit bisou léger et furtif sur sa joue droite tant sa tête s'approcha de celle de son généreux pourvoyeur d'animaux.

Citation :

...Ils seront les joyaux de mon jardin ! ...

Tandis que ma soeurette contemplait son cadeau qui déjà ne se souciait plus de nous et évoluait librement en prenant possession du parc, je regardais Sir Givrain. Il affichait un réel et pur bonheur à avoir su procurer tant de plaisir à ma Yo.

Hummm ! je ne me suis pas trompé tu m'as bien l'air d'en pincer pour ma frangine toi ! Je dois avouer en plus que tu as marqué un sacré point, là. Je la connais bien ! Classe et romantisme. Tout y est... Un peu d'humour et ce sera gagné.

Yonoha m'arracha à ces considérations...

Citation :

...Ysdalio ! Tu vois combien il me gâte ?

Oh! J'en conviens ma Nohasette. Tu vas pouvoir baptiser ton parc, soeurette adorée.
Je pense à "Yale" ! Grâce à Sir Givrain tout visiteur pourra avoir la chance en arrivant ici d'une "roue à Yale"(,) distinction ainsi garantie...
Mais...
à propos de "royale"...
ahem !
Tu me disais que Loysse est devenue Reine ?