Alors son frère, il en avait des idées stupides parfois … Mais celle de prendre le bateau, pour quitter Saint Pierre Port, de nuit, avec une mer agitée, celle-là, c’était le pompon de la pomponette, le gratiné sur le gratin, bref, la pire ânerie qu’il est jamais décidé dans sa vie, après celle de l’avoir accepté comme sœur !
Puis on ne peut pas dire qu’il n’avait pas été mis au courant ! Y’a un homme, dans la journée qui était venu en taverne, dont elle n’avait retenu ni le nom, ni la fonction (mais moi joueuse, je vous dis qu’il s’agit de Delarosa) qui l’avait dit : « Ouh là, vous partez ce soir, la mer est agitée en cette fin octobre ! ». Mais LP, au fond, c’est un maso. Il a dû se dire que faire des montagnes russes, sur la mer de nuit, avec un frère qui est mort sur l’eau dans un naufrage, et après avoir vidé son estomac tout l’aller, c’était pas suffisant pour décider de partir plus tard… Genre, quand la mer sera devenue un lac !
Alors Ursula, elle avait tenté de l’implorer, de pleurer même, mais non, rien n’y fit. Parce que sur terre, y’avait deux catégories de personnes. Ceux qui adorent la mer, les bateaux tout ça, qui monte sur le pont à la Léonardo Dicaprio dans Titanic, les bras ouverts : « Je suis le roi du monde !» et y’a les autres… Les autres, comme Ursula, comme LP, comme la chialeuse qu’il a pondu avec sa rouquine, qui pour eux, le trajet se limite à avoir la tête dans un pot et à s’approcher sur les murs pour avoir la sensation que ça tangue moins. Puis c’est vrai que la nuit, c’est tellement plus simple ! Tout est noir au moins, on ne peut pas voir les vagues… Ni les icebergs ! Comment ça entre SPP et Eu, y’en a pas ? Qu’est-ce que vous en savez-vous ? Si je décide qu’il y aura un iceberg, y’en aura un, c’est mon post, on m’a demandé de le faire, faut assumer maintenant.
C’est donc, pleine de joie et d’entrain, qu’Ursula monta sur ce bateau à 00h00 pile. Les bagages avaient été montés avant, manquait plus qu’eux. Et comme si ce n’était pas déjà assez dur, il fallut que le radar à danger ce déclenche à peine sa mère eut posé un pied sur le bateau, j’ai nommé : Louisa, dont les cris stridents crevait déjà les tympans aux personnes à bords, alors qu’ils n’avaient pas quitté le port encore. Ursula aurait bien proposé de la jeter par-dessus bord… Mais elle ne pouvait pas. Après tout, elle était officiellement la tante de cette pleureuse. Elle devait tenir ça de sa mère, ce n’était pas possible autrement. LP était trop calme pour avoir pondu un énergumène pareil. Enfin, pondu, lui il avait rien pondu. Il avait juste lâché la sauce dans la rouquine… Comment ça s’est fin ? Bon, alors il a… planté la petite graine dans le petit mignon ventre de la rouquine… En tout cas, 14 mois plus tard, on note les dégâts.
Ursula était accrochée à LP. Elle ne voulait pas le lâcher. Elle avait exigé être avec lui pour le trajet. Pour une fois, elle ne mentait pas. Elle était en panique. Le bateau tanguait déjà à quai et son estomac se retourna dès qu’elle fut à bords. C’est tout naturellement qu’elle se dirigea vers la cabine royale, mais lorsqu’elle vit Athé venir avec eux, elle fit tout un caprice. Ce n’était pas la rouquine qui l’a dérangé, quoi que, elles étaient un peu en froid depuis la petite dispute qu’il y avait eu plus tôt au sujet de Mina. Tout le monde semblait s’apitoyer sur le sort de cette pauvre servante, alors que franchement, y’avait rien à redire. Elle était nourrie, 1 jour sur 2, et elle avait droit à une chambre, que demander de plus ?
Enfin bref, la présence de la rouquine ne la dérangeait pas, mais celle de la gamine oui. Tout ceci allait déjà être assez pénible sans qu’en plus, elle entende le bébé pleurer pendant une heure. C’était un coup à ce qu’elle pète un câble et devienne dangereuse pour Louisa. Si si, vous avez vu comment elle traite sa sœur, alors pensait avec un bébé qu’elle déteste ! La tante qui tue sa nièce, ça ferait mauvais genre. C’est donc après un gros caprice d’enfant gâté que LP accède à sa requête, sans doute à cotre cœur, et qu’Athé va s’installer quelques cabines plus loin.
Mina était avec elle. Ursula lui demanda d’aller chercher plusieurs pots et des linges. Alors qu’elle venait d’avaler de l’alcool de menthe, comme l’homme de l’après-midi lui avait recommandé, elle tendit le flacon à LP pour qu’il en avale aussi. Elle n’y croyait pas, mais valait mieux essayer. Elle ne savait même pas comment s’installer, pour éviter les secousses. C’est alors que d’un coup, tout s’agita. Le bateau se mit à tanguer plus fort et le bruit des vagues s’amplifia aussi. Le trajet commençait…
Elle décida de s’asseoir sur la couchette, dos au mur, tirant LP par la main pour qu’il vienne avec elle. Mina réapparut, avec les pots. Puis, son estomac commença à remuer sérieusement. Elle fut prise d’une bouffée de chaleur, la tête lui tourna :
- Mina ! Un po….
Juste à temps ! Cela faisait à peine 2 min que le trajet avait commencé, qu’elle avait déjà rendu. Elle se releva, essoufflée. Mais elle n’était pas au bout de ses peines. Le bateau tanguait de plus en plus. Elle vivait un enfer. C’est en larme, qu’elle se jeta dans les bras de LP, avec Mina qui levait les yeux au ciel :
- Je veux retourner à terre ! Philippe… On va mourir..
Prise d’une crise de panique, elle se leva, commença à tourner dans la pièce, puis regarda au travers du hublot. C’est là qu’elle vit une grosse vague arriver sur eux ! Elle poussa un cri, se jeta sur le sol et tenta de glisser sous la couchette. Et même temps qu’elle c’était autant agitée, forcément, son estomac n’apprécia pas. Elle eut juste le temps de tirer un pot.
LP aussi était malade. Mais moins. Et voir sa sœur sauter partout, tantôt dans ses bras, tantôt dans la cabine devait l’épuiser. Cela faisait à présent 30 minutes qu’ils étaient en mer, tous les trois enfermés là-dedans. Mina n’avait pas ouvert la bouche, ne c’était pas approcher du roi, sauf quand il avait besoin d’un pot et d’un linge. Le reste du temps, elle restait contre un mur, tentant d’être le plus invisible possible.
Encore un nouveau tangage et une nouvelle Ursula, hystérique. Elle courrait autour de la pièce criant : « On va tous mourir ». Si bien que… Mina attrapa un pot en cuivre, assez gros et lorsqu’elle passa près d’elle, elle donna un grand coup sur la tête d’Ursula qui s’écroula au sol, assommée. Elle poussa un soupir de soulagement. Elle allait s’occuper de sa sœur, mais le roi était encore pris de nausée.
Elle posa une main sur son épaule, lui tendant un linge humide :
- Ne lui dites pas que je l’ai assommée… Mais ça m’a fait un bien fou… Voulez-vous que j’aille chercher Madame Revel et votre fille ? Je pense que votre sœur va dormir pour le reste du trajet… Je vais la mettre sur le fauteuil là, vous devriez vous allonger un peu, vous êtes tout pâle.
Mina alla chercher Athénais, puis elle retourna s’occuper de sa sœur, la hissant tant bien que mal sur un fauteuil. Elle constata alors que sa langue pendait. Au moins, elle ne risquait pas de s’étouffer. Ce geste l’avait tellement soulagée ! Une revanche personnelle. Cependant, elle redoutait le réveil du démon.
Ce qui d’ailleurs arriva 5 minutes avant l’arrivée. Elle hurla si fort, que tout le bateau l’entendit, encore plus que Louisa… A présent, en plus d’avoir l’estomac en vrac, elle avait aussi mal à la tête. Elle continua à se plaindre ainsi, grognant après tout, même une fois à terre. L’avantage, c’est qu’ils n’étaient pas encore arrivés à Amiens !
Par précaution, Mina avait gardé le pot en cuivre. Il pouvait toujours servir dans la diligence ! Elle fit un clin d’œil à LP en descendant, et alla s’occuper des bagages, tandis qu’Ursula boudant et pestant toujours, prenait place dans la voiture.
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