Un valet, couvert des cris de Louisa, vint annoncer à Athénaïs l'arrivée de Madame de Bourbon. D'une voix presque suppliante elle la fit entrer, serrant sa fille contre elle.
Bonjour Madame, je suis Athénaîs et voici Louisa. Je suis extrêmement inquiète, je vous remercie d'être là.
Marianne s'arrêta un instant sur le visage de la petite tout en se renseignant sur elle. C'est quasiment en larmes qu'Athénaïs lui répondit.
Elle a 5 mois et demi. Elle est comme ça depuis trois jours, mais j'ai l'impression que ses joues sont encore plus enflées qu'hier, elle semble avoir moins de fièvre mais hier était très chaude c'est pour cela que le Roi vous a fait demander si rapidement.
Athénaïs se tut, laissant la nourrice détailler le reste des symptômes, sa voix devenant toute tremblotante. La nourrice s'occupait de Louisa essentiellement le soir, quand Athénaïs se rendait en taverne, ou si le temps trop frais l'empêchait de la sortir pour se rendre à la mairie. Le reste du temps elle ne la quittait pas, aimant malgré le caractère bien trempé de sa Chouquette, s'occuper d'elle à chaque instant. Elle tenait à l'élever comme une petite fille "normale" et non comme une "princesse", du moins la sortir de cette bulle dorée afin de plus tard en faire une femme humble et appréciée. Son père est peut-être le Roi mais elle ne devrait pas renier les origines de sa mère.
Elle écoutait la nourrice énumérer un à un les symptômes, observant les réactions du médecin. La question de savoir si Louisa présentait des rougeurs ailleurs que sur les joues, rassura quelque-peu Athénaïs, Marianne semblait avoir une idée du mal dont souffrait sa fille. Espérons maintenant que ce mal ne soit pas très grave et vite curable. La nourrice confirma que les cris de Louisa avaient commencé pratiquement au même moment que le changement de couleur de ses fesses.
Athénaïs tenait toujours Louisa contre elle, tentant tant bien que mal de l'empêcher de bouger, tandis que Marianne examinait l'intérieur de sa bouche. Elle hurlait plus encore en se débattant, repoussant de ses petits bras potelés "le vilain médecin".Elle tenta même de lui mordre les doigts.
Marianne appliqua ensuite une pommade sur les fesses de Chouquette, qui portait l'index de sa mère à la bouche, avant de venir lui masser les gencives, ce qui eu don de calmer quelque-peu la petite.
Alors, vous savez de quoi elle souffre? c'est grave? L'examen semblait terminé, et Athénaïs s'impatientait du verdict. Elle fut des plus surprises d'entendre que sa fille n'était pas malade. Quoi? , bien que soulagée. Ses dents? ainsi donc la nourrice avait vu juste. Mais Athénaïs, jeune maman de 18 ans, était encore bien inexpérimentée à contrario d'elle, aussi s'était elle inquiétée, envisageant les pires tragédies. Louis-Philippe s'était également inquiété de voir sa fille dans cet état. Il était un père des plus attentionné, passant beaucoup de temps avec elle et la voir souffrir ainsi le peinait beaucoup.
Oui c'est en effet mon premier enfant et j'avoue que j'étais réellement angoissée. Je m'excuse de vous avoir fait faire si longue route, mais comme je ne savais pas quoi faire et qu'il n'y a plus de médecin à Amiens, j'étais complètement perdue.
Elle regardait l'oiseau de bois que lui tendait Marianne, écoutant ses directives, puis laissa la nourrice ranger le petit pot de crème.
Donc elle va avoir ses dents déjà, mais elle va toujours souffrir comme cela? Merci pour cet objet sans doute fort pratique et très joli en plus.
Marianne était sur le départ mais avant Athénaïs lui paya la consultation généreusement, la dédommageant au passage de l'avoir fait venir pour "si peu". Elle lui fut reconnaissante de sa rapidité et de sa patience.Bien entendu, reposez-vous, pardonnez-moi encore de m'être laissée emportée comme cela par la peur. Vous êtes la bienvenue durant votre séjour, que j'espère agréable.
Elle demanda à ce qu'elle soit accompagnée jusqu'à l'Amiénoise.N'hésitez pas si je peux à mon tour vous êtes utile de quelque manière que ce soit, ce sera avec plaisir.
Bien que pleurant toujours, Louisa semblait moins grognon que plus tôt. Athénaïs la berçait doucement, tandis qu'elle fit prévenir Louis-Philippe.