[RP Privé] Confessions d'une "servante"

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Attablée à la petite table dans sa chambre, dont la chaise cognait au lit, Mina ressentit, ce soir-là, le besoin de se confier. Et elle ne pouvait le faire qu’en écrivant sur du papier ses pensées les plus sécrètes. Le Roi c’était montré très froid avec elle car Ursula lui avait raconté que Mina avait volé de la nourriture aux cuisines alors qu’elle avait demandé la permission, tant son estomac ne pouvait plus supporter la faim. Cette situation devenait de plus en plus invivable et elle était sérieusement en train de craquer.

Citation :: « Je m’appelle Mina Malice. Fille d’une servante, servant une noble famille et d’un père que je n’ai que trop peu connu, partit, abandonnant femme et famille après la naissance de ma sœur, Ursula Malice. J’ai aujourd’hui 18 ans, je suis une musicienne douée et jusqu’à maintenant, j’étais fiancée à un homme que j’ai cru aimé et que j’ai cru qu’il m’aimait. Mais ma vie à totalement basculée, à cause de ma sœur, me faisant vivre avec un secret bien trop lourd pour mes épaules.

Ma mère avait réussi, dès son plus jeune âge à entrer au service d’une grande et riche famille, les De La Brie en Carly. Ce nom aujourd’hui connu de tous car il s’agit de celui du Roi de France et de Navarre. Ma mère était une femme bonne et elle avait fini par se lier d’amitié avec la mère de la famille, ce qui faisait d’elle la servante la plus importante.

Dès mes 3 ans, je fus intégrée moi aussi dans cette famille. En effet, Sophie, la plus jeune née et la seule fille avait alors un an et, les années qui suivirent, l’on m’autorisa à jouer avec elle et même à suivre quelques cours de bonne conduite. Il y avait également deux autres garçons, Alexandre et Louis-Philippe.

Très vite, je fus fascinée par ce jeune garçon réservé, qui subissait régulièrement les misères de son frère et le courroux de son père. Je n’ai jamais compris cette haine envers ce garçon que je considérais merveilleux et beau, plus que tout autre garçon qui aurait pu m’approcher. Je n’étais pourtant qu’une enfant et l’amour n’était pas réel pour moi. J’aimais être avec lui, le suivre, le consoler, mais je ne saurais pas définir ce que j’éprouvais à l’époque.

J’étais prête à me battre pour empêcher Alexandre, pourtant bien plus fort et plus grand que moi, d’arrêter de torturer son frère. Et j’étais celle, qui après un tourment, chercher à suivre Louis-Philippe pour le consoler. Il avait fini par en faire pareil pour moi, Sophie se jetant elle dans les bras d'Alxandre au moindre souci.

Sans doute se fut les plus belles années de ma vie. Je me rendais toujours là-bas, de gaîté de cœur, espérant passer, ce jour, encore plus de temps que la veille avec lui. J’aurais passé, avec lui, des moments gravés dans ma mémoire. Ursula, née deux ans après moi ne connue pas tout ça. Malgré qu’elle avait le même âge que Sophie, on ne lui permit pas à elle de rejoindre la famille, car déjà bébé, elle était infernale. De plus, mon père étant partie et ma mère devant travailler, c’était une voisine qui gardait ma sœur. Moi j’étais bien trop jeune pour le faire et il fallut attendre quelques années pour que je m’occupe de ce démon qui avait vu le jour.

Un jour, alors que j’allais comme d’habitude chez les De La Brie en Carly, on m’annonça le départ de Louis-Philippe pour le monastère. Pour moi, ce fut un drame, comme si je perdais tous mes repères. Les mois qui suivirent me parurent ternes et mornes. Je m’amusais toujours autant avec Sophie, mais plus rien n’était comme avant. J’avais beaucoup d’affection pour elle, se fut ma plus grande amie, mais chaque chose avait sa fin et elle aussi dû quitter la maison pour le couvent.

Un nouveau coup dur pour moi qui refusa après ça de retourner dans la maison de la famille, désespérément vide sans les enfants. Je me concentrais sur ma passion la musique. J’avais un réel talent pour la flûte et je partais chaque jour jouer dans les auberges et taverne pu même dans la rue, ce qui me permit de gagner quelques sous.

En parallèle, ma mère vieillissait et Ursula faisait les 400 coups. Elle n’écoutait rien, ne suivait aucune règle et faisait toujours ce qu’elle voulait. Lors de mes temps libres, je restais avec elle, mais c’était les moments que j’appréciais le moins. Pourtant, elle restait ma sœur et je l’aime malgré tout. Ursula nourrissait pour moi une grande jalousie. Sans doute j’avais plus de classe et de talent qu’elle. Alors pour faire mieux que moi, elle ramena à la maison, et ce, dès ces 14 ans, un nombre d’homme affolant. Mère la surprit à plusieurs reprises dans un lit en charmante compagnie et malgré les punitions, rien n’y faisait.
Moi à côté, j’étais un ange. Les garçons ne m’intéressaient pas. Chaque jour et pendant 8 années, lorsque ma mère rentrait du travail, je lui demandais des nouvelles de Louis-Philippe. Mais un jour, elle me signifia qu’il était temps que je tourne la page sur une amourette d’enfance et que je me cherche un mari.

Je mis donc en quête de trouver l’amour. Mais dans le village, les jeunes qui n’étaient pas passés entre les mains de ma sœur se faisaient rares. Pourtant, rapidement, je trouvais Robin. Un nouvel arrivant, musicien lui aussi duquel je m’amourachais rapidement. Il me promit mont et merveille. J’étais bien avec lui et j’oubliais tout : ma sœur, mon enfance et les problèmes financiers qui nous touchait.

Un soir, ma mère m’annonça que Madame De La Brie en Carly était souffrante et qu’il était fort peu probable qu’elle s’en remette. Je sentis mon cœur se serrer. J’avais de l’affection pour cette femme qui m’avait permis de vivre ce que j’avais vécu, qui avait fait de ma mère une de ses proches malgré le fait qu’elle était servante et l’avait toujours traité avec respect. Mais je savais aussi que cette femme aimait par-dessus tout Louis-Philippe et que pour lui, perdre sa mère serait très dur.

Bientôt, la rumeur courue en ville que son fils allait revenir pour l’enterrement. J’accueillis la nouvelle avec un plaisir sans précédent. Je ne l’avais pas revu depuis 8 ans. Robin, Ursula, ma mère et moi nous nous rendîmes à l’enterrement. Lorsque je l’aperçu de loin, mon cœur fit un bond. Mon esprit avait envie de se lancer dans ses bras, le serrer contre moi comme lorsque j’étais enfant. Mais au lieu de ça, je me contentais de rester à l’écart et n’allait même pas lui présenter mes condoléances. Trop impressionnée, l’angoisse m’avait paralysée. Et je ne voulais pas que Robin se rende compte.

Suite à la mort de Madame de la Brie en Carly, ma mère perdit son emploi et tomba malade. Les deux années qui suivirent furent infernales. Nous n’avions pas d’argent, moi je passais mes journées à m’occuper de ma mère et Ursula à courir les hommes, ne songeant même pas à travailler. Je vivais ma relation avec Robin un peu platoniquement. J’avais refusé de me donner à lui avant le mariage et j’appris qu’il avait eu des aventures mais la santé de ma mère m’importait d'avantage.

Puis elle mourut. Ce fut dramatique pour moi et pour Ursula qui prit un peu conscience de ce qu’elle avait raté. Avant de mourir, elle me demanda de veiller sur ma sœur, ce que je lui promis. Si j’avais su…

Durant les 5 mois qui suivirent la mort de mère, nous continuâmes à vivre dans une misère noire. Mère nous avait laissé un peu d’argent, mais Ursula avait tout prit pour des raisons que j’ignore. J’avais beau être l’ainée, je n’avais pas le dessus sur elle, et elle faisait de moi tout ce qu’elle voulait. En réalité, j’avais peur. Ursula venait et repartait et chaque soir, elle m’interrogeait sur mon enfance auprès de la famille du roi. Je n’étais pas sans ignorer que Louis-Philippe était roi et marié. J’avais accueilli la nouvelle avec beaucoup de plaisir me rappelant que gamine je lui avais prédit un grand destin. Naïvement, je racontais à Ursula tout ce que je savais et qu’elle voulait savoir.

Puis elle m’annonça la nouvelle. Elle voulait se faire passer pour la sœur du roi. Née du père de celui-ci, dans une relation extra-conjugale. Pire, elle voulait devenir moi, prendre mon âge, mes souvenirs et faire comme si c’était elle l'amie de Sophie. Elle avait tout prévu. L’argent de mère lui avait permis d’acheter des robes. Elle avait rencontré des servantes et avait toutes les infos. Et elle voulait que je la suive. Elle voulait que je passe pour une servante. Subitement, j’allais être à nouveau projeté dans la vie de Louis-Philippe de la pire manière qui soit.

Suivant la promesse faite à ma mère, j’acceptais de la suivre dans son délire. Je laissais Robin, mes projets, lui promettant de revenir. Et nous partîmes après une lettre qu’elle avait adressée au roi.

Je ne pus décrire la sensation que j’ai éprouvée en le voyant. Ce mélange de mal être, face à ce mensonge, et le flot de sentiment et de souvenir qui déferlait en moi. Mais le pire fut lorsque je compris qu’il ne se souvenait de rien.

Ursula joua son jeu à fond. Elle me prit tout, se faisant passé pour ce que j’avais été pour lui. Les souvenirs, ses histoires tout était réel, et il y cru. Ma sœur, usurpatrice, mauvaise, fut projetée sœur du Roi de France et Duchesse.

Je voulu repartir, ne pas affronter ça. Trahir Louis-Philippe était la pire chose qu’il m’était donné de faire. Et pire, je l’aimais. J’en étais autant persuadée autant que j’étais également persuadée qu’il ne me verrait jamais ainsi. Il était fou d’Athénais, qui était bien plus belle et précieuse que moi et jamais, jamais, je ne pourrais tenter de briser ça ou de m’interposer.

Mais Ursula voyant que c’était horrible pour moi, devint infernale. Régulièrement punie, je passe mes journées soit enfermée dans ma chambre si minuscule et froide, soit à travailler comme une forcenée. Des jours, elle me rattache au nettoyage des appartements du roi, sachant que c’est un calvaire pour moi. Les rare fois où je suis amenée à le croiser, j’ai envie de tout lui avouer. J’aimerais qu’il se rappelle de moi. Mais il ce n’est pas le cas. Il croit dur comme fer qu’Ursula est la fille avec qui il jouait petit.

Ursula me piège. Elle m’envoi chercher des choses, qu’elle utilise pour piéger le roi et me faire accuser. A la suite de ça, je suis puni et parfois, je n’ai rien le droit d’avaler pendant 3 jours. J’ai déjà perdu du poids et je me sens de plus en plus faible. Elle m’a acheté des tenues, avec lesquelles je ressemble à une trainée. C’est tellement pas moi tout ça..

La vie ici est un enfer. Pendant que la belle pavane, avec un homme dont elle s’est soi-disant amourachée et avec lequel elle passe pour un agneau, je vis un calvaire de chaque instant. Je voudrais fuir mais où aller ? Robin m’a envoyé un courrier pour rompre nos fiançailles, ayant trouvé une autre femme. Puis-je lui en vouloir ? Non. Mais je suis heureuse d’avoir gardé ce qui m’est de plus précieux pour l’homme auquel je souhaiterai vraiment le donner. Enfin. Cela ne sera jamais lui en réalité. Ou ça ne sera jamais tout simplement.

Car un jour, Ursula se fera démasquer et je serais sa complice, malgré l’enfer que je vis et que je n’ai jamais été d’accord avec ça. Mais j’ai promis à mère de veiller, alors je veille, quoi qu’il m’en coûtera. Et puis, s’il me tue, il aura raison. Après tout, si je dois mourir de son ordre ou de sa main, alors ça sera la plus belle mort. Je veux que le Très Haut me donne la force. Je veux que le Très Haut me fasse garder ce secret. Mais le pourrais-je ? Devant les souffrances que m’inflige ma sœur, pourrais-je ne pas craquer lorsque mon regard plonge dans son océan bleu ? Je ne résisterais pas ainsi longtemps. Mère, je te fais mes excuses, car si je craque, j’aurais trahi ma promesse, et nous mourrons toutes deux par ma faute… »

La bougie s’éteignit alors qu’elle écrivait le dernier mot de son long récit. Ecrire lui avait fait du bien. Elle laissa le parchemin sur la table, elle le cacherait ou le détruirait demain. Elle n’eut qu’un pas à faire pour rejoindre son lit et enfin trouver le sommeil.

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Arrivée dans sa minuscule chambre, elle s'allongea sur le lit. Le roi lui avait demandé de quitter le château, sans pour autant lui dire qu'il voulait qu'elle disparaisse dans l'heure. Fixant le plafond, tout se bousculait dans sa tête. Elle ne pouvait pas partir ainsi. Non. Cela serait trop facile pour Ursula qui n'aurait qu'à se retrouver une autre servante à torturer. Elle ne serait même pas peiné de savoir que sa soeur c'était faite humiliée de la sorte.

Et puis Philippe... Elle ne pouvait pas le laisser comme ça. Vivre dans ce mensonge d'une soeur qu'il n'a pas. Vivre sans savoir que son "amie" d'enfance n'est pas Ursula mais Mina. Elle ne pouvait partir sans lui dire que sa soeur lui avait tout voler, la plupart de ses souvenirs pour se les approprier. Elle ne pouvait pas partir sans lui avouer, enfin, à quel point elle l'aimait et ce depuis toujours. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il décide après qu'elle est tout dit, cela serait juste. Ursula était coupable de haute trahison. Elle n'avait fait tout ça que pour elle, pour sa petite personne. Même si ces derniers temps elle c'était radoucie, tombant soit disant amoureuse, elle n'en restait pas moins une affreuse personne.

Elle se leva de son lit. C'était décidé. Ce soir, elle irait attendre le roi dans sa chambre et lui raconterait tout. Pourquoi sa chambre, parce qu'elle ne voulait aucune oreilles indiscrètes et voulait être seule avec lui. Elle devait le surprendre. Si elle demandait une audience avec lui, il refuserait de la voir. Elle fit trois pas pour aller s'asseoir à la petite table face au petit miroir qu'elle avait. Elle versa l'eau du broc dans la cuvette et avec un linge qu'elle humidifia, elle se le passa sur le visage histoire de se rafraîchir les idées.

Puis alors, tout s'enchaîna. Elle attrapa son sac qui lui servait de seul bagage. Elle plia les trois robes qu'elle possédait et les rangea, gardant la plus jolie qu'elle avait et qu'elle avait que très peu mit à cause du décolleté qu'elle avait et qu'Ursula avait pris soin de choisir pour l’embarrasser. Elle rangea sa flûte, puis ses quelques possessions. Les bagages étaient faits. Le bagage plutôt.

Puis elle se déshabilla, se fit une toilette avant d'enfiler sa nouvelle robe. Elle brossa longuement ses cheveux pour qu'ils soient doux et brillants. Et finalement, elle se parfuma de son parfum habituel, forçant un peu la dose. Tout ce qui pourrait lui faire retrouver la mémoire serait utile. Puis, elle attendit quelques temps, se faisant oublier.

Lorsqu'il fut assez tard, elle se glissa au travers des couloirs, le plus discrètement possible, espérant ne croiser personne. Elle réussit à atteindre l'autre aile de bâtiment. Elle ne chercha pas à trouver Ursula. Le roi avait déjà du l'informer de son renvoi et elle n'était pas venue voir. Pour dire si elle tenait à elle. Elle arriva dans les appartements réservés au roi. Les servantes étaient occupées ailleurs. Le roi n'allait pas tarder à venir. Elle connaissait ses habitudes.

Elle entra dans la chambre. Les bougies étaient allumées. Elle se dirigea vers le fauteuil face à la porte et près du lit. Mina s'installa dedans. A présent, il fallait qu'elle garde le cap, le courage de tout avouer et du moins, pour le début, de faire en sorte qu'il se rappelle d'elle.

Car avant tout, c'était ça qu'elle voulait, qu'il se rappelle...

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[RP considéré comme s'étant réalisé à la mi-janvier mais écrit avant, profitant de mes congés]

Il avait passé une très mauvaise journée, c'était le moins qu'on puisse dire. Ces derniers temps, il allait de tracas en tracas, et les seuls moments où il soufflait un peu étaient ceux qu'il passait seul avec Athénais ou lorsqu'il rentrait se reposer quelque peu. Et ce jour, il n'avait fait que la croiser en coup de vent pour lui dire quelle catastrophe avait eu lieu encore une fois. Il avait à peine mangé, tant les contrariétés de ces derniers temps s'accumulaient.

Certains serviteurs s'amusaient à lui faire des blagues de mauvais goût, et il s'avérait qu'à chaque fois, le prénom de Mina ressortait. La dernière fois, n'ayant eu aucune preuve, il avait laissé choir, mais ce jour il ne pouvait en être de même, et il était entré dans une colère noire, comme on le voyait rarement. Il était las. Il avait du travail par dessus la tête, des projets qui n'avaient pas encore pu aboutir et qui restaient en attente...Entre le travail et tout ce qu'il avait appris dernièrement, toutes ces trahisons...Il tentait de faire bonne figure, comme si rien ne le touchait, comme si tout cela n'avait aucune importance, et pourtant, cela pesait sur ses épaules, de plus en plus...

Mais dans son malheur, dans ses problèmes, il avait de la chance. Celle d'avoir une femme aimante sur laquelle il pouvait compter, celle d'avoir retrouvé une soeur qui, malgré des débuts laborieux, s'avérait être bien plus agréable et attachante qu'il n'y paraissait. Les femmes de sa vie comme il disait, et ses enfants, voilà ce qui le faisait tenir. Car hormis cette famille, sur qui pouvait-il compter réellement ? En qui pouvait-il avoir confiance ? Difficile à dire...S'il avait une attitude amicale avec bien du monde, rares étaient ceux qu'il considérait comme de réels amis.

C'est donc avec un bon mal de tête dû à ces récents tracas qui s'accumulaient qu'il se rendit dans ses appartements afin de se reposer. Il avait laissé ses chaussures à l'entrée, commençant à ôter les manchettes de sa chemise tout en marchant vers sa chambre, ne pensant qu'à une chose : s'allonger et dormir...Dormir encore et encore...Qu'on ne vienne pas le réveiller, quelle qu'en soit la raison.

Il pénétra dans sa chambre et fit un bond de surprise lorsqu'il vit une silhouette dans son fauteuil. Il lui fallu quelques secondes pour réagir et se rendre compte qu'il s'agissait de Mina, la jeune servante qu'il avait congédiée plus tôt. Il avait été dur avec elle, et une fois la colère passée s'en était voulu de la façon dont il l'avait congédiée. Mais il était exaspéré, et cela ne changeait rien aux faits. C'est sur un ton de lassitude qu'il s'adressa à elle, la regardant à peine, se dirigeant vers son lit , lui tournant le dos, alors qu'il commençait à déboutonner ses vêtements, espérant bien qu'elle partirait vite, qu'il puisse enfin dormir.

Je n'ai pas la tête aux supplications ce soir. Vous faites bêtise sur bêtise, je ne reviendrais pas sur ce que j'ai dit, allez donc trouver du travail ailleurs. Je souhaite bonne chance à celui qui vous prendra.

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Il entra enfin. Elle ne bougea pas d'un centimètre. Il avait l'air épuisé et si elle c'était écoutée, elle serait sortie sans rien lui dire tellement il n'avait pas l'air d'être assez en forme pour l'écouter. Elle serait alors partie, loin, comme il lui avait demandé, laissant Ursula à sa place et elle finissant dans une taverne à se faire tripoter par des hommes saouls, tout ça pour gagner quelques louis. Elle eut un frisson à cette idée.

Lorsqu'il remarqua sa présence, il fit un bond, mais sa réaction fut moins violente qu'elle l'aurait cru. Non, il semblait tellement ailleurs qu'il la regarda à peine, prononçant une phrase mollement avant de se diriger vers son lit en commençant à se déshabiller. Elle tenta de ne pas se laisser troubler par cette vision. Il fallait qu'elle reste sur ses objectifs. Mais c'était impossible pour elle de ne pas réagir devant un spectacle pareil.

Elle se leva et se dirigea vers la porte. Sans doute aurait-on cru qu'elle allait s'en aller, comme il lui avait demandé, mais non, elle tourna la clé dans la serrure pour verrouiller la porte. Aucun servant n'était entré, elle en profitait :

- Je ne suis pas là pour des supplications. J'ai bien compris. Je dois disparaître, ne plus jamais croiser votre route. Etre l'indésirable, ça, je sais ce que c'est.

Elle se retourna puis avança vers lui pour se retrouver à sa hauteur. Elle posa ses mains sur les siennes, regardant son geste et l'arrêtant dans son élan, et lui souffla :

- Restez habillé, s'il vous plait...

Elle leva le regard pour croiser le sien, se rendant compte que ses mains étaient toujours posées sur les siennes et que ce simple contact avait suffi à faire s'envoler des papillons dans son ventre. Elle leva l'une de ses mains et la posa sur sa joue. Elle savait que c'était courir un grand risque ce qu'elle faisait là. Si la colère lui reprenait, elle passerait un autre mauvais quart d'heure, pourtant, elle avait l'espoir que tout ce passe bien. Elle lui sourit :

- Je sais que vous me pensez idiote et folle. Je sais que ce que je fais là n'est que pure folie. Mais avant de partir... avant de vous quitter à tout jamais... J'ai des choses à vous dire... Des choses qui seront dures à entendre pour vous...

Elle poussa un soupir :

- Je vous ai dit à plusieurs reprises, lorsque nous avons été amenés à nous croiser... Pour des raisons qui n'ont pas été heureuse mais j'en parlerais plus tard... Bref. Je vous ai demandé, donc, à plusieurs reprises de fouiller dans votre coeur et votre mémoire à chaque fois que j'éludais une question... L'avez-vous fait ?

Elle avança encore d'un pas, se retrouvant un peu plus près de lui mais pas trop non plus. Assez pour qu'il sente son parfum. S'il ne se souvenait pas d'elle, sa révélation n'aurait aucun poids et il ne la croirait pas. C'était vital :

- J'ai besoin que vous vous souveniez de moi...

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Un soupir de lassitude alors qu'il déboutonnait sa chemise, ne pensant qu'à s'allonger, se reposer un peu. Il l'entendit se lever et pensait qu'elle allait partir mais elle n'en fit rien. Elle prononça des paroles, dont, au final, il n'avait cure. Tout le monde avait son lot de problèmes, et lui était fatigué de tout cela.

C'est alors qu'elle revint auprès de lui, posant ses mains sur les siennes, l'arrêtant dans son geste, lui murmurant quelques mots qui le surprirent. Qu'était-elle donc en train de faire ? Ce n'est que lorsque sa main remonta vers son visage qu'il eut une réelle réaction et un mouvement de recul. Il la regardait, interrogatif, ne sachant ce qu'il devait penser ou faire.

Que faites-vous ?

C'est alors qu'elle reprit la parole, et Louis-Philippe l'écouta, entrant à chaque mot prononcé dans une perplexité d'autant plus profonde. En l'instant, il se demandait s'il n'avait pas à faire à une folle, et en ce cas, il ferait bien de prévenir ses gardes en vitesse, Pascal seul sait ce que ces gens sont capables de faire dans ces cas là.

Ce n'est que lorsqu'elle prononça les derniers mots, se rapprochant de lui, qu'il se mit à repenser à ces rares moments où ils s'étaient croisés et où la jeune femme l'avait laissé dans le doute et le questionnement le plus complet. Elle semblait le connaitre, et il avait en réalité une sensation de déjà vu, mais où ? Quand ? D'un coup il tressaillit. Et si ? Après tout, pour quelle raison une jeune femme chercherait à l'approcher ainsi en lui demandant de se souvenir d'elle ? Il se mit à prier intérieurement pour que la réponse qu'il allait lui donner soit fausse.

Je...Je ne sais...Seriez-vous une de mes...Anciennes conquêtes ? Pitié dites-moi que je ne vous ai pas engrossée, j'ai déjà suffisamment de problèmes ainsi...

Et il se voyait mal raconter ça à Athénais ! "Au fait Chérie, j'ai une nouvelle à t'annoncer ! J'avais fait un gosse à une servante il y a quelques années, on sera encore plus nombreux aux prochaines fêtes !" Ben là, il se ferait étriper vite fait bien fait...Il resta là, dans l'expectative qu'elle lui dise qu'il n'en était rien et lève le voile sur ce mystère qui demeurait depuis leur rencontre où elle avait laissé échapper que, contrairement à ce qu'il croyait, ce n'était pas la première fois qu'ils se voyaient.

Il l'observait, guettant ses réactions, tentant de retrouver, enfouit dans sa mémoire, la situation dans laquelle il avait pu rencontrer la jeune femme, cherchant dans ses traits une réponse à ses questions. Mais l'on change beaucoup en environ dix ans, et il ne sut faire le rapprochement...

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Il se méfiait d'elle. Elle le comprenait. Ursula avait tout fait pour que Louis-Philippe se méfie de Mina, pour qu'il finisse par le détester. Il eut un mouvement de recul lorsqu'elle toucha sa joue. Elle n'était rien pour lui, rien de plus qu'une servante qui venait s'enfermer dans sa chambre. Elle n'avait pas d'autre idée en tête, elle voulait simplement lui révélé ce qu'elle avait à lui dire sans oreille indiscrète. Et il lui fallait du calme, si elle voulait qu'il se rappelle.

Comme son geste semblait l'avoir repoussé, elle abaissa sa main et ne le toucha plus, restant cependant à proximité de lui. Si lui guettait ses réactions, elle en faisait de même. Elle souhaitait voir cette lueur dans ses yeux, cette petite étincelle qui prouverait que ça y est, il se souvient de qui est Mina. Mais oui, ses souvenirs d'elle se rapportait à une enfant. Elle n'avait pas été le voir à l'enterrement, il ignorait donc à quoi elle pouvait ressembler en étant une femme.

Malgré le sérieux de la situation, lorsqu'il lui demanda s'il l'avait mise enceinte, elle ne put s'empêcher de rire. Si seulement cela avait été ça ! Elle aurait été alors la femme la plus heureuse du monde. Avoir un enfant de lui aurait signifié qu'une chose dont elle rêvait secrètement se serait passée et que le Très Haut lui aurait alors donné ce merveilleux cadeau qu'un enfant de lui. Si tel avait été le cas, elle n'aurait pas cherché à l'importuner avec ça. Mais malheureusement, ce n'était pas cette vérité là qu'elle était venue lui dire :

- Non Majesté. Je n'ai pas d'enfant de vous et je ne suis pas l'une de vos conquêtes... Jamais un homme ne m'a eu dans son lit de toute façon..

Elle soupira. Elle aurait tellement aimé l'être, même pour une nuit. Mais cela ne se fera jamais, elle c'était fait une raison. Elle l'avait toujours aimé, elle l'aimerait toujours mais le destin avait voulu que sa place ne soit pas auprès de lui et que ce petit bonhomme maltraité par son frère devienne le plus grand roi que la France n'ai jamais connu.. Roi... Voilà un élément qu'elle oubliait bien souvent en étant face à lui. Il était clément. A sa place, un autre lui aurait déjà coupé la tête pour ses impolitesses et son comportement :

- Vous ne creusez pas assez loin dans votre mémoire... Il vous faut remonter à une époque où vous n'étiez pas encore en âge d'avoir des conquêtes... Je vous en prie.. Réfléchissez... Mon parfum... Mes yeux... Mes cheveux... N'ont pas changé...

Elle lui désigna le lit :

- Allongez-vous et fermez les yeux.. Cela vous aidera... Je ne partirais pas d'ici sans que vous vous rappeliez... Et je ne peux pas vous le dire si votre mémoire ne s'en souvient pas...

Espérant qu'il suive son conseil, elle s'agenouilla auprès du lit, attendant.. Elle aiderait sa mémoire, elle avait des petits moments entre eux deux, gravés dans sa mémoire, aussi clairs que si c'était hier...

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Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle lui dit qu'il n'était rien de tout cela, qu'elle n'avait point fait partie de ses conquêtes et qu'il ne l'avait pas engrossée. Il n'aurait plus manqué que ça, avec tous les soucis qu'il a déjà, rajouter ça par dessus ! Il se détendit quelque peu à cette annonce, car après tout, que pouvait-il y avoir de pire ? Il n'imaginait pas un seul instant ce qu'il en était, ce dont elle voulait lui parler était, pour lui, inimaginable !

Elle reprit la parole, lui demandant de creuser plus loin dans sa mémoire...Avant qu'il ne soit en age de connaitre les femmes...Avant son arrivée au monastère donc, où il était allé à treize ans...Il la regardait alors qu'elle lui disait qu'elle n'avait pas changé, et il est vrai que son parfum lui avait donné une sensation de déjà vu, mais où ? Qui ? Tout ce qu'elle voulait lui dire, il l'associait à Ursula. On lui avait tellement bourré le crane qu'il avait fait cette association, oubliant au passage que la jeune enfant qui le suivait partout était blonde, et que même si leurs prénoms avaient la même consonance, ce n'était pas Ursula avec qui il passait son temps, non, c'était avec Mina...

De l'eau avait coulé sous les ponts, s'il avait quelques souvenirs de ce lointain passé, tout ce qu'il s'était passé depuis deux ans lui avait quelque peu fait perdre la tête. Il lui arrivait d'oublier certaines choses, l'esprit trop préoccupé par le royaume. Il plongea son regard dans le sien, tentant de déceler le moindre indice qui pourrait le mettre sur la voie...Il ne pouvait nier qu'elle avait quelque chose de familier...Mais d'où lui venait cette image ?

C'est alors qu'elle lui demanda de s'allonger, il la regarda, non sans une certaine méfiance, se demandant bien ce qu'elle voulait faire. Mais alors qu'elle finissait sa phrase, il comprit ce qu'elle avait en tête, elle voulait qu'il visualise pour se rappeler...Du moins c'était l'impression que cela donnait...Il l'observa encore un instant, elle ne semblait pas dangereuse...Mais à qui peut-on réellement se fier ? Il avait eu l'occasion de voir à plusieurs reprises que l'agneau pouvait être loup.

Malgré cela, au fond de lui, quelque chose le poussait. Une réminiscence du passé ? La curiosité ? Il n'aurait su le dire...Il alla s'installer sur son lit, sans un mot, ne la quittant pas du regard, intrigué de ce qu'elle allait lui dire. Ce n'est que lorsqu'elle commença qu'il ferma les yeux, écoutant cette histoire lointaine de deux enfants que tout opposait et qui, pourtant, s'aimaient plus qu'ils n'aimaient leur véritable famille.

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Elle le regarda s'installer sur le lit. Heureuse d'avoir au moins réussit à éveillé assez sa curiosité pour qu'il l'écoute et accède à sa requête. Elle se disait que s'il fermait les yeux, se concentrant uniquement sur ses paroles, ce qu'elle disait, il se rappellerait d'elle. Le contraire ne pouvait pas être possible. Même si Ursula avait tout fait pour prendre sa place, elle ne pouvait rien contre la mémoire des gens. Et physiquement, hormis les yeux bleus, elles étaient opposées.

Un silence s'installa pendant une longue minute où l'esprit de Mina carburait à 100 %. Quel souvenir choisir ? Elle en avait tellement... Qu'est ce qu'il serait le plus parlant pour lui. Elle aurait aimé avoir face à elle, une autre personne qu'un roi, qui de par son statut même, l'empêchait de se rapprocher trop de lui ou même d'employer le tutoiement. Et pourtant... Elle voulait retrouver ce petit garçon elle. Au fond, elle se berçait d'illusion..

Restant à sa place, agenouillée près du lit, elle tendit le bras pour prendre sa main dans la sienne. Elle osait ce geste, elle avait bien posée sa main sur sa joue quelques minutes auparavant. Elle prit une profonde inspiration :

- Je veux que vous écoutiez mes paroles. Je veux que vous fassiez au mieux pour vous replonger dans ce passé que vous avez enterré à mon plus grand regret... Je veux que vous oublié Ursula pendant quelques minutes...

Elle marqua une pose. Le regardant ainsi allongée, elle n'avait qu'une envie... Le rejoindre, s'allonger à ses côtés, et poser sa tête contre son torse. Mais encore une fois, tout ceci n'était que désir et pensée, elle ne pouvait pas le faire :

- Il était une fois, un petit garçon sous un arbre.. Un petit garçon qui venait souvent se réfugier là, échappant ainsi aux méchancetés de son frère. Ce petit garçon avait aussi d'autres cachettes, ce qui rendait folle sa mère. Seule, une enfant, plus jeune, le suivait. D'ailleurs, cette petite fille le suivait où qu'il aille, quasiment. Elle, comme lui, détestait Alexandre et s'occupait toujours plus de ce garçon aux yeux merveilleux. Petit à petit, une amitié était née entre eux, amitié qu'elle avait toujours pensée infaillible.

Elle marqua une pause. Une larme roula sur sa joue. Une amitié qu'elle pensait infaillible oui. Elle se rappelait ce jour où on lui avait annoncé qu'il était partit. Elle ne lui avait jamais dit au revoir. Et aujourd'hui, elle retrouvé un roi qui avait effacé le moindre souvenir d'elle. Elle restait forte, mais elle se demandé pourquoi elle avait passé tant d'année à penser à lui alors que l'inverse n'existait pas. Pourquoi le monde ne pouvait-il pas être merveilleux ? Elle aurait tellement aimé qu'il tombe dans ses bras... Elle poursuivit, sa voix se faisant un peu plus hésitante :

- Un jour, le petit garçon se retrouva une énième fois en pleurs sous cet arbre. La petite fille c'était alors rendu aux cuisines et avait réussi à volé un gâteau aux framboises, sachant que ce fruit était son préféré. Elle n'avait pas le droit, normalement, de prendre de la nourriture aux cuisines, mais comme sa mère travaillait là, elle arrivait de temps à autre à lui faire passer un petit gâteau. Elle rejoint donc le petit garçon, essuyant ses larmes et lui donnant le gâteau. Elle passait des heures ainsi, à rester près de lui, des fois, sans même parler, ni jouer, juste pour qu'il sache qu'elle était là, son soutien.

Elle serra sa main :

- Contrairement à Sophie, qui elle suivait Alexandre partout, pour notre petite fille, ce garçon était le centre du monde. Elle arrivait tous les jours heureuse ignorant combien de temps elle passerait avec lui, mais dès qu'elle pouvait, elle échappait à la vigilance des adultes pour le retrouver. Un jour, elle avait même donné un coup de pied à Alexandre suite à une misère qu'il avait encore fait à son frère... Des souvenirs, il y en a par dizaine, des moments passés ensemble...

Retourne sa main et suit les lignes de son doigt :

- Elle s'amusait même à lui prédire l'avenir : "Tu as une grande ligne de destinée... Tu feras de grande chose dans ta vie, Philippe !". Elle ne c'était pas trompée cette petite fille...

Lâche enfin sa main et essuie ses larmes. Elle pose sa tête contre le lit, fermant les yeux. Elle s'y voyait, clairement elle. Comme si c'était hier. Elle prononça une dernière doléance avant de plonger dans le silence :

- Je vous prie, concentrez-vous sur cette petite fille... Rappelez-vous d'elle... Rappelez-vous de moi...

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Installé là, il attendait d'entendre ce qu'elle avait à lui dire lorsqu'il sentit sa main se glisser dans la sienne. Cela le fit légèrement tressaillir alors qu'elle commençait son histoire, leur histoire. Un léger froncement de sourcil lorsqu'elle lui demanda d'oublier Ursula. Il ne se doutait pas de toute cette histoire, du rapport qu'il y avait avec elle...

Il joua le jeu, laissant son esprit repartir dans le passé, à une époque où la vie est censée être simple et facile, où l'innocence de l'enfance devrait être la seule chose qui compte...Mais il n'avait pas réellement eu cette chance. C'était sans doute en partie cela qui l'avait rendu si désagréable et égoïste avant qu'il ne vienne à Paris et ne rencontre quelques personnes qui firent voler cette carapace en éclats. Il était redevenu celui qu'il était, et qu'il n'aurait jamais du cesser d'être...

Pourtant, peu à peu, la carapace revenait, sous une autre forme. A présent, il ne montrait plus rien, il arborait un sourire quoi qu'il arrive, une façade qui laissait croire que rien ne pouvait plus l'atteindre, et pourtant...En cette soirée, il allait apprendre quelque chose qui allait le replier plus encore sur lui même. De toutes les trahisons possibles, celle là serait sans doute la pire qu'il ait vécue.

Un arbre, un refuge parmi tant d'autres. Un endroit où se cacher, disparaître. C'était tout ce qu'il cherchait à cette époque où il ne comprenait point encore ce qu'il se passait. Pourquoi une telle différence entre deux frères ? Comment une famille pouvait ainsi être divisée ?...Encore aujourd'hui, il n'avait pas la réponse à ces questions.

Lentement, il s'enfonçait dans la brume de ses souvenirs, repensant à ces épisodes dont elle lui parlait, et que lui, avait associés à Ursula...Elle s'était faite passer pour Mina, et si ce n'est la couleur de ses cheveux, comment aurait-il pu savoir que ce n'était pas elle ? Les gens changent beaucoup en dix ans, d'autant plus à cet age là. Et lorsque l'on ne voit pas une personne durant fort longtemps, peut-on réellement se souvenir de chaque détail ? Non, il avait un souvenir lointain, un souvenir d'enfants qui jouaient ensemble, mais son apparence restait floue...

Il restait dans ce brouillard alors qu'il sentait son doigt glisser sur la paume de sa main...Combien de personnes l'avaient appelé Philippe ? Hormis cette enfant du temps jadis et aujourd'hui Ursula ? Mais elle était sa servante, elle aurait très bien l'entendre en parler...Si les souvenirs resurgissaient peu à peu, rien ne lui permettait encore d'identifier la jeune femme clairement si ce n'est un doute qui l'assaillait...Cette histoire sur les lignes de la main, il en avait parlé à Ursula...Elle avait réagit étrangement, éludant le sujet au plus vite, lui demandant de ne plus penser au passé...

Son esprit était embrouillé. Que devait-il penser ?

Invité

Elle garda encore un peu le silence. Elle releva la tête pour le regarder, toujours là, étendu près d'elle. Elle était partagée par des sentiments divers, en premier par cet amour et cette envie de lui qui la transperçait littéralement. Mais y'avait aussi la peur qui l’oppressait, la tristesse de devoir lui faire traverser cette épreuve. Toute sa vie elle n'avait voulu que son bonheur. Et elle allait sans doute le faire souffrir comme nulle autre.

Mais si elle ne le faisait pas ? Si elle ne dénonçait pas la trahison de sa soeur, qui le ferait ? Devait-elle toute sa vie le laisser croire qu'il a une soeur qui n'est rien d'autre qu'une usurpatrice, infâme et mauvaise ? Ursula était un mal pour ce royaume, elle se faisait détester de tous et même elle, sa propre soeur finissait par éprouver que du dégoût pour elle. Elle lui en voulait de l'avoir entraîné là-dedans, de la rendre coupable de trahison. Le trahir était bien la seule chose que Mina n'avait jamais voulu faire de sa vie, elle lui était toujours restée fidèle, même si lui ne le savait pas.

Personne hormis Mina elle-même ne pouvait savoir combien elle l'aimait, l'avait toujours aimé et l'aimerait toujours. Mais au-delà de cet amour déraisonné, elle ne voulait que son bonheur. Son bonheur, il l'avait trouvé auprès d'Athénais. Elle les avaient vus souvent, lui, elle et la petite Louisa, rayonnant de bonheur. Elle ne lui enlèverait jamais ça.

Elle se leva, faisant quelques pas autour du lit, dans la pièce. Certaines bougies c'étaient à présent éteintes. Il n'avait pas dit mot. Il n'avait pas bougé. Ses paroles apparemment n'avait pas l'air d'avoir suffi.. Ursula c'était si bien fait passé pour elle, que les histoires qu'elle racontait, il devait obligatoirement les associer à elle. Mina réfléchissait. Elle devait trouver plus fort. Une chose qu'elle n'avait jamais dit à Ursula, malgré l'oppression de sa soeur pour la faire parler. Soudain elle repensa à une chose... Une histoire, un secret entre eux... Mais ils n'étaient que des enfants, elle ignorait si aujourd'hui, ça aurait le même poids.

Elle revient auprès du lit, lui parlant d'une vois plus douce et calme et reprit sa main, comme si elle puisait en lui la force de continuer ses histoires :

- Hormis une amitié qui à l'époque était plus forte que tout, le petit garçon et la petite fille avait un autre point commun. Tous deux détestaient Alexandre. Lui parce qu'il lui faisait des misères et parce que son père le préférait, et elle, parce qu'il passait sa vie à pourrir celle de Philippe et elle ne supportait pas cet acharnement. Alors un jour, les deux enfants décidèrent de faire une farce à Alexandre.

Elle le fixait à présent :

- Il avait lu, dans un livre, que le bulbe de narcisse pouvait provoquer quelques désagréments si, par inadvertance, un homme, venait à en avaler. Et la narcisse, c'était une fleur qui poussait dans le jardin. Alors nos deux gamins allèrent en arracher et réussirent à le couper en morceaux très fins qu'ils laissèrent sécher toute une nuit. Le lendemain, la petite fille parvient à se glisser dans les cuisines, et à glisser quelques morceaux dans le goûter d'Alexandre. C'était un goinfre, il n'aurait rien remarqué de suspect, tant il enfournait vite.

Elle sourit. Repenser à tout ça lui faisait bizarre. Elle se replongeait dans un passé qu'elle n'aurait pas voulu quitter :

- Les effets mirent quelques heures à apparaître et quand la petite fille revient le lendemain, le jeune Alexandre était dans un état lamentable, alité. Ce qui n'avait été qu'une vilaine farce à l'origine venait de prendre des proportions immenses. Alexandre souffrait d'un mal que les médecins mirent plusieurs jours à déceler et à soigner. Les parents étaient désemparés, pensant qu'il ne se remettrait jamais de ce mal. Les maux de ventres étaient forts et il ne gardait aucune nourriture ni liquide. Le jeune garçon prit peur et entraîna la petite fille sous l'arbre pour lui faire promettre de ne jamais rien dire de tout cela, de ne jamais dire que c'étaient eux. Comme les médecins avait diagnostiqué un empoisonnement, le père cherchait partout la cause et il aurait tué le petit garçon s'il avait appris. Et bien évidemment, elle promit de garder le silence.

Elle soupira, les yeux toujours rivés sur lui :

- Elle a gardé le secret et n'en avait jamais reparlé jusqu'à maintenant...

Si cette histoire ne le faisait pas revenir à la dure réalité, ne le faisait pas se souvenir, alors elle abandonnerait et quitterait ce château, sans jamais chercher à le revoir un jour et le laissant avec Ursula comme soeur.

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Perdu dans les limbes de son esprit, il tentait de trouver la lueur qui lui permettrait de faire la lumière sur tout cela, de le ramener dans la réalité de ses souvenirs bien trop profondément enfouis. Elle reprit la parole, sa main revenant dans la sienne alors qu'elle commençait son histoire...Et quelle histoire...

Celle de deux enfants qui s'étaient juré de ne jamais révéler un lourd secret...Ce jour là, sans doute avait-il, avec la complicité de Mina, fait la plus grosse bêtise de sa vie. Et il s'en était voulu de cela...Non pas parce qu'il voyait son frère malade, en réalité, il se disait qu'il l'avait bien cherché...Mais parce qu'il avait vu la peur et la tristesse dans le regard de sa mère lorsqu'Alexandre était alité. Il s'était donc promis de ne jamais réitérer l'expérience.

Au fur et à mesure des mots qu'elle prononçait, il revivait la scène, comme si c'était hier, et cet instant si marquant quand il était allé la rejoindre pour lui faire promettre de n'en rien dire...Il la voyait, cette petite fille, blonde comme les blés, il entendait ce qu'elle lui avait répondu alors qu'ils se faisaient serment de ne rien révéler...

Cela lui déclencha comme une décharge nerveuse et instinctivement, resserra sa main sur la sienne. Mina...C'était le nom de cette enfant, ce n'était pas, comme il l'avait cru dernièrement, Ursula. D'un coup, tout lui revenait, aussi clair que de l'eau de roche. Il rouvrit les yeux et tourna la tête vers elle.

Vous...Mina ?...

Il se redressa, un peu vaseux. Une étrange sensation l’étreignait, indicible...Il lui apparaissait à présent évident que c'était elle son amie d'enfance, mais alors, qui était Ursula ? Que signifiait tout cela ? Il ne savait plus que penser, perdu qu'il était dans toutes ces histoires. Il ne la quittait plus des yeux, guettant une réaction, une réponse. Il avait besoin d'une explication. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit avant ? Qui est cette Ursula ? Est-elle vraiment sa soeur ? Mais alors cette histoire où elle lui avait fait croire être son amie d'enfance ne tenait pas debout.

A présent que ses souvenirs s'étaient réveillés, voilà qu'une autre ombre planait au dessus de lui, il ne savait que dire, ni que penser, il finit par lâcher quelques mots, à peine audibles.

Je ne comprends rien...Que se passe t-il ?

Invité

Elle attendait un signe, une réaction qui dicterait son attitude à venir. Est-ce qu’elle allait vraiment devoir le quitter sans qu’il sache la vérité ? Puis soudain, alors qu’elle commençait à perdre tout espoir qu’il se rappelle enfin, elle sentit sa main se resserrer sur la sienne.

Ce geste, pourtant banal, la troubla. Il lui en fallait peu, mais ça lui donnait l’impression qu’il voulait la garder auprès de lui. Ce n’était bien sûr là qu’une impression, mais ça lui faisait un bien fou d’imaginer ça. Elle attendait à présent qu’il parle et qu’il ait une autre réaction.

Elle ne tarda pas, il ouvrit les yeux et tourna la tête vers elle. Elle vit dans son regard passer comme un vent de panique, de peur, d’incompréhension. A cet instant, il semblait si fragile qu’elle culpabilisa instantanément de lui faire vivre ce moment.

Louis-Philippe a écrit:: Vous...Mina ?...

Elle lui sourit. Un soulagement immense s’empara d’elle. Il se souvenait. Enfin… Enfin elle reprenait la place qui était la sienne dans sa mémoire et dans son cœur, si infime soit cette place. Si elle avait pu, elle l’aurait prit dans ses bras, elle se serait serrée contre lui, ne le lachant que bien des minutes plus tard. Elle aurait aimé pouvoir vivre ce moment sans qu’il soit relié au drame qui allait suivre. Malgré tout, une larme coula encore, de soulagement :

- Oui, c’est moi… Enfin vous retrouvez la lumière… J’ai tant attendu ce moment… C’est moi, Mina, la servante que vous détestez et qui doit disparaitre de ce château…

Il se redressa, mais sa main resta dans la sienne et elle ne fit rien pour l’en enlever. Elle se releva elle aussi, pour s’asseoir sur le bord du lit. Elle le regarda, alors qu’il semblait paniquer. Les paroles qu’il prononça la confortèrent dans l’idée que cette révélation était dure pour lui et qu’il ne comprenait plus rien :

- Calmez-vous…. Je vous dirais tout… Si horrible et dure soit cette vérité… Il vous faudra être fort… Philippe…

Pourquoi Philippe ? Elle avait toujours détesté le prénom Louis car c’était simplement celui de son père. Donc elle avait fait abstraction qu’il figurait dans le prénom de l’homme qu’elle aimait par-dessus tout. Et elle avait tellement parlé de lui, le nommant Philippe simplement, que ce fut une évidence pour Ursula qu’elle devait l’appeler ainsi :

- Ursula… Ursula est ma sœur… Ma petite sœur… Cadeau empoisonné de ma famille… Vous devriez vous rappelez que j’en parlais quelques fois, vous disant qu’elle était pire qu’Alexandre, déjà toute jeune… J’ai 18 ans, 19 dans peu de jours… Ursula en a 17… Je ne suis pas une servante, je suis une musicienne... Mina et Ursula Malice…

Elle baissa la tête :

- Je suis tellement désolée… Tellement… Je n’ai jamais voulu vous infliger tout ça, mais elle m’a contrainte et obligé… Tant d’années passées à penser à vous, chaque jour, espérer vous revoir, cette fidélité jamais brisée… Aujourd’hui, tout ça est gâché et n’a plus de poids… Tout ça à cause d’elle… En plus vous me détestez… Elle a tout fait pour que cela arrive et elle a réussi…

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Il l'observait sans comprendre, il écoutait ses paroles mais ne semblait pas réaliser ce qu'elle lui disait. Il restait là sans bouger, à la fixer, voyant bien ses lèvres remuer mais ayant comme la sensation que ce n'était pas réel, qu'il n'était pas vraiment là, avec elle. Que se passait-il exactement ? Il essayait de se réveiller, comme s'il était plongé dans un de ces mauvais rêves qu'il n'a de cesse de faire, un rêve où on lui apprend, qu'une fois encore, une personne à laquelle il s'est attaché s'est jouée de lui...

La seule réaction visible de sa part fut un froncement de sourcils lorsqu'elle lui expliqua qu'Ursula était sa petite soeur...De 17 ans...Il ne comprenait rien à ce qu'il se passait, après ce qu'elle lui avait dit, il avait fait le rapprochement entre elle et l'enfant avec laquelle il jouait plus jeune, cette même enfant qu'Ursula prétendait être...Il tentait de remettre tout cela en place, tel un puzzle avec les pièces que sa mémoire voulait bien lui redonner.

Lentement, ses souvenirs refaisaient surface, mais ses questions restaient sans réponse. Que se passait-il exactement ? Ursula était la soeur de Mina, mais alors, Mina est-elle une soeur aussi ? Ou peut-être n'ont-elles pas le même père ? Après tout cela expliquerait, qu'à part les yeux, elles soient si différentes...

Il cherchait à déceler quelque chose, à avoir des réponses, mais ce que lui disait la jeune femme ne l'aidait pas à comprendre ce qu'il se passait. Il resta là un moment sans mot dire alors que le silence avait repris ses droits. Perdu dans le flot de ses pensées et de ses interrogations, quelques minutes s'écoulèrent avant qu'il ne reprenne, enfin, la parole.

Je ne comprends pas...Ursula est ma demi-soeur ?... Et vous alors ? Est-ce que...Mon père...Est aussi le vôtre ? Pourquoi m'avoir menti sur son age et sur vous ? Pourquoi me cacher qui vous étiez ? Elle a ...Inversé les rôles...Elle m'a raconté tant de choses qui m'ont fait penser que c'était avec elle que j'avais grandi...

Trop d'éléments manquaient pour qu'il comprenne alors ce qu'il se tramait, trop de questions, trop d'incompréhensions. Qui était Ursula ? Que signifiait toute cette mascarade ?

Invité

Elle lui laissait le temps d’assimiler le peu d’information qu’elle lui donnait. Elle n’avait pas voulu y aller trop fort, mais étape par étape. Elle craignait que si elle en disait trop d’un coup, il ne la croit pas et la fasse passer pour folle. Il y a des vérités qui sont plus dures à accepter que d’autres.

Mais Mina voulait aussi repousser sa propre échéance. Elle ignorait sa réaction face à ses révélations, et même s’il décidait de la punir, elle avait déjà pris les devants. En effet, en suivant Ursula qui était retourné leur ville natale il y a peu, elle en avait profité pour aller rencontrer la mère supérieure d’un couvent. Aussi, dès l’histoire racontée au roi, elle partirait le rejoindre, et elle passerait sa vie là-bas. C’était son choix, elle l’avait décidé.

Mais cette fois, elle savait qu’elle partirait pour toujours, qu’elle ne le reverrait plus jamais. Elle devait faire son deuil d’une relation inexistante et dont pourtant elle avait toujours rêvé. Ses yeux regardèrent à nouveau sa main dans la sienne. Il n’avait toujours rien fait pour l’en enlever, et elle la conserver ainsi entre ses doigts, sachant que c’était la première et la dernière fois qu’elle le touchait. Elle aurait aimé retrouver l’innocence de l’enfance pour se serrer contre lui, le réconforter, mais cela n’était pas possible. Elle était en train de devenir son démon, au fur et à mesure qu’elle continuerait son récit.

Après plusieurs minutes de silence, il reprit la parole. Un flot de question lui tomba dessus, auquel elle tenta de répondre :

- Ursula n’est pas.. Non je ne suis pas .. Parce que…

Elle poussa un long soupir :

- Majesté, je vous en prie, je vais tout vous dire. Mais calmez-vous… S’il vous plait.. Ça va être long…

Anxieuse, oui, elle l’était. Elle se leva et trouvant une carafe d’eau, elle servit deux verres, un pour elle, un pour lui, qu’elle posa sur la table de nuit. Elle ignorait pourquoi elle avait fait ça, sans doute pour se redonner contenance. Elle se réinstalla sur le lit, assise, et posa sa main sur la sienne, tout en le regardant droit dans les yeux :

- Ursula et moi, sommes les filles de Marie-Antoinette, la fidèle servante de votre mère. Ma mère est restée au service de la vôtre jusqu’à ce que cette grande Dame nous quitte. Bref, tout ceci n’a pas réelle importance, si ce n’est qu’à mes trois ans, on m’intégra dans votre famille comme compagnie pour Sophie, même si j’étais plus âgée qu’elle. Mais j’étais sage et calme et votre mère espérait que votre sœur prenne exemple sur moi, ce que ma propre sœur, du même âge que Sophie n’a pas fait. Déjà bébé, Ursula était infernale, elle pleurait tout le temps, elle faisait vivre l’enfer à mes parents, nous empêchant de dormir la nuit. Notre père, jeune et insouciant fini par claquer la porte. On ne le revit plus jamais. Et tandis que ma mère travaillait dur pour nous faire vivre, qu’elle pouvait me garder auprès d’elle en travaillant, grâce à la bonté de votre mère, Ursula fut confiée à une voisine, qui la laissa un peu se débrouiller toute seule, sans vraiment lui apporter une éducation, ce qui la rendit totalement imprudente, irresponsable et tout ce qui la fait à présent. Cela creusa aussi un gouffre entre elle et moi.

Elle but une gorgée d’eau :

- Voilà, j’ai refixé les bases. Maintenant, on va accélérer le temps, à ce qui vous intéresse. Tout le reste, vous vous en souvenez. Cette fille blonde au parfum de fruit rouge qui vous suivez, une amie d’enfance j’ose espérer, tout ce que vous avez vécu avec elle… avec moi. Je l’ai ancré au plus profond de moi. Puis un jour vous êtes partit au monastère. Et moi je ne suis plus retourné dans votre famille, j’avais perdu la joie d’y aller. Les années passèrent, je grandissais, devenais une femme, et Ursula aussi. Puis votre mère fut rappelée auprès du Très Haut. Et ma mère se retrouva sans emploi. Elle tomba malade peu de temps après. Une longue maladie, contre laquelle elle se battait et qui pourtant l’affaiblissait de plus en plus. Je ne pouvais pas travailler, je devais m’occuper d’elle et Ursula, passait son temps à faire les 400 coups, ramenant un flot d’homme à la maison, s’envoyant en l’air tandis que j’étais au chevet de ma mère et que celle-ci souffrait. Je regrette presque maintenant qu’elle ne se soit pas fait payer ses services ! Nous vivions avec les quelques économie de ma mère, se serrant la ceinture. Notre petite maison se délabra de plus en plus. Puis, après deux ans à se battre, la maladie emporta définitivement ma mère.

Elle essuya une larme :

- Si Ursula n’a pas été affecté, ce n’était pas mon cas. Ma mère était tout pour moi. Sur son lit de mort, elle me fit promettre de veiller sur ma sœur. Un jour, Ursula entra à la maison, une annonce royale qu’elle avait décrochée d’un panneau de la ville. C’était une annonce pour un anoblissement. Moi j’avais les yeux braqué sur cette signature, la vôtre, et mes souvenirs qui remontaient. Et alors, elle me déclara : « Moi aussi je serais noble ». Sur le moment j’ai rigolé, lui disant de ne pas dire de sottise. C’est alors qu’elle me déclara qu’elle serait sœur du roi et qu’elle ne voulait plus vivre dans cette misère. J’ai tout fait pour l’en empêcher. Je ne savais pas à quel point elle pouvait être mauvaise, jusqu’au moment où elle me menaça. Elle m’obligea à lui raconter mon enfance à vos côtés. Mes souvenirs, mes bonheurs, qu’elle prenait un à un, se les attribuant, volant ma mémoire, mon âge, ma vie. Elle rencontra de vieilles servantes aussi, se faisant passer pour une écrivaine qui faisait un livre sur l’enfance du roi, chez qui elle eut la confirmation qu’il arrivait à votre père d’aller voir ailleurs. Elle se créa une vie, une enfance qu’elle n’avait pas eue. Puis un jour, elle me déclara qu’elle partait pour Paris vous rencontrer. Elle gaspilla nos dernières économies pour s’acheter des robes. Elle monta ce plan si parfait.

Elle marqua une nouvelle pose. Ses mains se mirent à trembler et sa voix se fit moins forte :

- Je n’ai jamais voulu ça. Elle m’a obligé à la suivre, laissant mon fiancé, mes rêves. Elle vous écrivit cette lettre sous mes yeux, et sous mes yeux je l’ai vu vous raconter mes souvenirs, nos histoires. Et vous l’avez cru. J’ai eu mal, mal de voir que vous m’aviez oublié alors que j’ai pensé à vous tous les jours depuis 10 ans. J’ai rien pu faire. Elle a été de plus en plus violente avec moi. Elle m’a frappé pour m’obliger à me taire. Elle m’a fait passer pour sa servante. Elle m’a fait vivre les pires situations, elle m’a fait prendre la plus petite chambre du château, elle m’a habillé comme une catin. Mais je lui faisais peur. Mon amour pour vous n’était un secret pour personne chez moi, et elle crut que cet amour aller faire capoter tout son plan. Elle fit des choses pour me faire accuser et que vous me détestiez, restant ainsi loin de moi. Les vers dans votre assiette, c’était elle. Les poissons, c’était elle. Et je suis sûre que c’est elle aussi qui a laissé sortir le chat. Mais elle s’arranger pour qu’on me voie prendre ses choses et qu’on m’accuse. Tout ça pour ne pas qu’on se rapproche. Ursula est un monstre. Elle ne pense qu’à elle. Elle voulait devenir une femme importante. Elle voulait une vie d’or. Peu importe de qui elle aurait écrasé sur son chemin pour y arriver. Non Majesté. Ursula n’est pas votre sœur. Ursula n’est pas de sang royal. Ursula est une usurpatrice. Elle a usurpé mon identité auprès de vous et elle s’est fait passer pour votre sœur. La seule sœur que vous n’ayez jamais eut, c’est Sophie. C’était mon amie à moi. Vous étiez mon rêve. Je ne peux vivre avec ça sur mes épaules. C’est trop dur. Et par respect pour vous, par amour... Parce que j’ai plus peur de dire que je vous aime depuis toujours et que je vous aimerez toujours … Je ne pouvais pas partir sans tout avouer.

Elle mit son visage entre ses mains, se remettant à pleurer à chaudes larmes. Peu importe les conséquences, elle était soulagée. Elle avait tout dit. Tout dit pour Ursula, de son amour pour lui, et même si rien ne changerait pour elle, elle partirait le cœur allégé.

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Personne n'est préparé à une telle situation, personne ne saurait comment réagir en ce genre de cas, et en l’occurrence, Louis-Philippe ne savait plus ni que dire ni que faire, et encore moins, que penser alors qu'elle lui racontait toute l'histoire. Tout le long de son discours, il était resté silencieux, le regard rivé sur elle tentant de déchiffrer ses propos, d'y donner un sens, de comprendre, tout simplement.

Comme elle le racontait là, tout prenait son sens, le pourquoi, le comment et pourtant, il est difficile d'intégrer de telles choses, il est difficile d'accepter la dure réalité. Il était responsable de ce qui lui arrivait après tout, il ne s'était pas méfié outre mesure malgré les diverses mises en garde, il l'avait acceptée auprès de lui, il avait accepté cette soeur qui n'en était pas une...Elle était arrivée à un moment de sa vie où il se sentait mal, où ses proches disparaissaient, où il apprenait encore d'autres trahisons...Elle était souvent désagréable, imbue d'elle même, et pourtant, il ne l'avait jamais rejetée, il espérait que son histoire soit vraie, il voulait y croire, espérant ainsi être moins seul sans doute, avoir quelqu'un à qui se raccrocher en ces jours sombres, et recréer un semblant de famille qu'il n'avait point eue...

Mais une fois encore, tout n'était qu'illusion, et la chute fut douloureuse...Lorsque Mina s'arrêta de parler et se mit à pleurer, il détourna le regard, le perdant dans le vide, plongeant dans ses pensées. Il analysait ses propos, réalisant peu à peu, faisant concordance entre ce qu'elle venait de lui dire et tout ce qu'il s'était passé depuis l'instant où il avait rencontré Ursula.

Il se laissa basculer en arrière, prit d'une grande lassitude, il resta silencieux, fixant les rideaux qui surplombaient son lit. Il ferma les yeux un instant, espérant que ce n'était là qu'un mauvais rêve de plus et qu'il se réveillerait, mais il avait beau faire, il ne pouvait que se résoudre à cette dure réalité qui venait de lui éclater en plein visage. Las, il était las de toutes ces trahisons, de ces manipulations, ces faux-semblants...Il en venait à se demander si quoi que ce soit était réellement authentique en ce monde où si tout n'était qu'apparence...

Il resta là, sans réaction accusant le coup une fois encore. Cela s'arrêterait-il un jour ? Il en venait à en douter. Il n'avait plus la force ni même d'être triste ou en colère. Il était juste abattu, mettant dans l'ordre ses pensées, se demandant pourquoi le destin semblait s'acharner à le faire souffrir. Il avait toujours pensé que Pascal avait prévu quelque chose pour chacun, mais où, avec toutes ces épreuves, cherchait-il donc à le mener ? Quel chemin devait-il suivre ? Il devrait le trouver par lui-même, mais en cet instant, tout n'était qu'incertitude...

Il ne faisait même plus attention à Mina, il était loin...Le calme avant la tempête...Son esprit ne semblait pas réagir beaucoup plus que son corps, et pourtant, en cet instant, il avait mal. Il en vint à penser que sans doute, il avait du mériter ce qu'il lui arrivait, qu'il avait du faire quelque chose qui l'avait mené là...

Invité

Elle c'était attendue à une réponse, une réaction plus violente. Elle pensait qu'il allait l'accuser, lui crier dessus comme il l'avait bien des fois tandis qu'on l'avait accusé des farces qu'Ursula avait elle-même faites. Mais tandis que ses larmes cessaient enfin, qu'elle était à présent libérée de ce lourd fardeau et que plusieurs minutes c'étaient encore écoulée dans le silence le plus total, elle tourna la tête et ses yeux rougit vers lui.

Il était allongé sur son lit, fixant un point invisible au plafond. Il avait l'air ailleurs, dans le vide. Elle se demanda un instant s'il n'était pas en état de choc. Peut-être que ses révélations avaient été trop fortes pour lui, qu’ils ne les avaient pas supporté. Cela fait beaucoup pour un seul homme, surtout qu'Ursula lui avait raconté pour la petite Elisabeth, il cumulait donc.

Elle hésita longuement, ne sachant que dire ou que faire. Bien sûr, elle se sentait mal pour lui. Si elle était soulagée, elle avait mis à présent ce poids sur ses épaules. Encore une fois, elle avait envie de s'allonger à ses côtés, poser sa tête contre sa poitrine et rester là sans rien dire, juste partageant son malheur, ses problèmes, être là pour lui. Mais ce genre d'attitude, elle ne pouvait pas se le permettre. Alors elle songea qu'il était peut-être temps pour elle de partir :

- Vous savez tout... J'ai dit tout ce que je savais et je sais très bien les conséquences que cela aura pour Ursula et moi. J'ai laissé aussi parler mon coeur, vous déclarant cet amour que j'ai toujours eu en moi. Mais je sais bien que cela n'a aucune importance ce soir. Enfin, pas seulement ce soir, cela n'en aura jamais..

Elle sourit, tristement. Elle se leva, rajustant sa robe qui la transformait en traînée et le regarda une dernière fois :

- Je sais que nous allons être punis sévèrement. Aussi, même si j'ignore ce qu'il va être prévu, j'ai pris les devants. Je pars dès maintenant pour un couvent avec la ferme intention d'y passer le reste de mes jours, dans notre ville natale, à me faire pardonner de mes fautes. Je ne sais si cela sera assez suffisant pour vous, mais... Vous n'aurez plus jamais à me revoir. Je ne reviendrais jamais. Je ne supporterai pas de revoir à nouveau ce regard plein de colère se poser sur moi. Je veux garder mes souvenirs de vous comme le meilleur ami que je n'ai jamais eu.

Elle osa tout de même et s'avança vers lui, déposant un baiser sur son front. Quitte à passer sa vie dans un couvent, elle pouvait se permettre une nouvelle petite faute :

- Vous êtes fort. Vous surmonterez tout cela. Moi je ne peux. Jamais je ne pourrais oublier que je vous ai trahit, malgré moi. Je ne pourrais jamais oublier la souffrance que m’a fait endurer ma sœur et tout ce que j’ai perdu. Je ne tellement pas souhaité tout cela. J'avais toujours rêvé vous revoir... Mais pas dans ces conditions... Prenez-soin de vous Philippe. Vous resterez à jamais dans mon cœur, là où est votre place.

Elle se dirigea vers la porte et se retourna une dernière fois vers lui :

- Adieu Philippe.

Messages : 4263 Date d'inscription : 25/03/2011 Ville : Paris

Après le déni, la vérité faisait lentement son chemin, s'insinuant dans son esprit vers le chemin qui menait à la colère...Il était parti dans ses réflexions, menant un combat intérieur lorsqu'elle reprit la parole. En l'instant, il était abasourdi, abattu, et en était venu à s'enfermer dans un mutisme profond au point que rien ne transparaissait. Mais en lui même, il bouillait...Et dans peu de temps sans doute cela allait-il exploser, et mieux valait que personne ne soit près de lui à ce moment là.

Il eut un léger froncement de sourcil lorsqu'elle lui parla des sentiments qu'elle avait pour lui comme si il n'arrivait pas réellement à y croire, comme s'il ne voulait rien croire de tout ce qu'elle lui disait...Mais pourtant, avait-il d'autre choix ? Sa mémoire refaisant surface, les histoires qu'elle lui avait contées, tout, une fois recoupé...Semblait si évident...Comment avait-il pu ne rien voir ? Comment avait-il pu être si aveugle ? Si naïf ? Si...stupide ? En l'instant, il était en colère...Contre lui même...

Il n'avait pas bougé jusqu'à ce contact qui le ramenait quelque peu à la réalité, se baiser qu'elle déposa sur son front qui le surprit. Il se redressa quelque peu suite à cela, la regardant avec perplexité. Il ne savait trop que croire de ce qu'elle lui disait, comment pouvait-elle lui dire l'aimer après l'avoir ainsi trahi ? Ce n'est que lorsqu'elle lui dit Adieu et qu'il entendit la clenche de la porte qu'il réagit pour de bon. Elle était sur le point de partir, mais lui aussi avait des choses sur le coeur. Il se releva et lui attrapa le poignet avant qu'elle ne parte et la fit pivoter vers lui.

Pourquoi ? Pourquoi tout ça ? Juste pour un titre ? Et vous ? Vous n'avez pas été capable de lui dire non ? Etes-vous donc faible ou idiote ? Dites-moi ! Pourquoi ?!

Le ton était monté au fur et à mesure qu'il parlait, sentant la colère s'emparer de lui de plus en plus alors qu'il tentait de la contenir du mieux qu'il le pouvait. Prononçant ses mots, il appuya sa main libre sur le bois de la porte, bloquant ainsi Mina entre lui et la sortie. L'énervement l'emportant, le contact en fit vibrer le bois de par la violence qui en résultait. Son regard fixé sur le sien, il poursuivit :

Avez-vous seulement réfléchit aux conséquences ? Pourquoi ne pas être venue me le dire tout de suite ? Avant que tout cela ne s'enclenche ? Qu'aviez-vous imaginé ? Vous saviez fort bien comment était votre soeur, vous auriez dû vous douter de là où ça vous mènerait ! Croyez-vous que ça va s'arrêter là ? Que je vais juste vous dire : oui bien sûr partez ! Répondez ! Dites-moi un peu ce que vous avez cru en faisant ça ?! Avez-vous la moindre idée, seulement, de ce que vous avez fait ?

Il se tut enfin...Il était assez extrême LP. Le calme avant la tempête, et voilà que le vent venait de se lever. Il encaisse, sans broncher, jusqu'au moment où quelque chose le fait réagir et que le volcan en sommeil n'explose.

Invité

Partir. En cet instant, elle ne voulait faire que cela. Alors qu'elle allait sortir de la chambre, la porte ouverte, elle sentit une main se fermer sur son poignet. Elle avait déjà connu ça, et ça ne laissait rien présager de bon. Elle retourna vers lui, avec la crainte de lui faire face, de croiser à nouveau son regard plein de rancœur. Alors il ouvrit enfin la bouche, déversant sa colère sur elle :

Louis-Philippe a écrit:: Pourquoi ? Pourquoi tout ça ? Juste pour un titre ? Et vous ? Vous n'avez pas été capable de lui dire non ? Etes-vous donc faible ou idiote ? Dites-moi ! Pourquoi ?!

Elle ouvrit la bouche pour lui répondre, mais la colère s'emparait de lui. Son ton montait, et il s'appuya sur la porte pour la fermer. Elle la sentit vibrer tandis qu'il la coinçait entre la porte et lui. Elle ne pouvait plus se défaire, elle ne pouvait plus ne pas le regarder. Alors le ton monta encore. Mina en eut un frisson et sentit les larmes remonter en elle :

Louis-Philippe a écrit:: Avez-vous seulement réfléchit aux conséquences ? Pourquoi ne pas être venue me le dire tout de suite ? Avant que tout cela ne s'enclenche ? Qu'aviez-vous imaginé ? Vous saviez fort bien comment était votre soeur, vous auriez dû vous douter de là où ça vous mènerait ! Croyez-vous que ça va s'arrêter là ? Que je vais juste vous dire : oui bien sûr partez ! Répondez ! Dites-moi un peu ce que vous avez cru en faisant ça ?! Avez-vous la moindre idée, seulement, de ce que vous avez fait ?

Elle était si proche de lui à ce moment et tant d'idées qui se bousculaient dans sa tête. Elle garda ses bras le long de son corps, et le fixant elle lui répondit d'une voix un peu forte :

- Bien sûr que je sais de quoi je suis coupable ! Bien sûr que je sais que je vous ai trahis ! Pourquoi je n'ai rien dit ? Les premiers temps parce que j'avais peur d'Ursula ! Oui je suis faible ! Je ne pouvais pas ! Dès que j'allais pour vous approcher, elle me punissait, me laissant enfermer dans ma chambre pendant des jours sans nourriture ! Oui j'ai tenté de vous le dire et j'ai eu tant d'espoir que vous vous souveniez de moi ! Elle a tout fait pour que vous me détestiez et rester loin de moi ! Elle avait peur ! Vous étiez inaccessible ! Et les rares fois que je vous ai eu en face, m'auriez-vous crut si je vous aviez dit qu'elle n'était pas votre soeur ? Et si je vous avais demandé de réfléchir, l'auriez-vous fait ? Non !

Elle soupira :

- Je ne pensais pas non plus que vous alliez l'accepter si vite ! Et puis je vous ai vu heureux ! Je n'ai rien voulu moi, je voulais rester chez moi, avec mes pensées, mon fiancé, ma musique ! Elle me voulait à ses côtés pour avoir mes souvenirs sous la main ! J'ai été entraînée là-dedans, je me suis minée pendant des jours entiers! Et j'avais promis à ma mère sur son lit de mort ! Vous croyez que ça me rends heureuse de vous voir comme ça ? Je ne voulais pas tout ça ! Je voulais vous revoir... Vous sembliez tellement bien avec cette soeur, pensez-vous qu'il est facile pour moi de briser tout ça ! Je n'ai jamais souhaité que votre bonheur !

Le flot de larmes repartit de plus belle :

- Les conséquences. Je ne préfère pas y penser. Haute Trahison. Mais c'est le souci d'Ursula pas le mien. Elle n'est plus ma soeur, son sort m'importe peu à présent. Qu'elle assume ses actes, elle a fait souffrir trop de monde... Je la déteste...

Elle se laissa glisser pour s'asseoir sur le sol, dos toujours contre la porte :

- Pardonnez-moi Philippe.. Pardonnez-moi... J'ai été lâche, idiote, faible... Je me suis laissée manipuler...

Messages : 4263 Date d'inscription : 25/03/2011 Ville : Paris

La colère avait pris le dessus et en ces cas, mieux valait ne pas trop trainer dans les parages. Avoir un LP furieux en face de soi, ce n'est jamais bon. Elle aurait sans doute dû s'enfuir tant qu'il était encore abasourdi, et à chaque parole qu'elle prononçait, cela n'accentuait qu'encore plus son agacement, comme s'il ne la supportait plus, comme si le son de sa voix lui provoquait une réaction épidermique.

Il n'écoutait qu'à moitié ce qu'elle disait, alors qu'elle tentait de se justifier et la voir s'effondrer ainsi n'avait fait que renforcer sa colère. Il frappa contre le mur comme pour la secouer et décharger au passage cette tension qui l'étreignait.

Relevez-vous !!

Tout en disant cela, il lui attrapa le bras et la força à se relever. Lorsque ce fut fait, il poursuivit :

Le problème d'Ursula ? Ce n'est pas que le sien ! C'est aussi le votre ! Vous m'avez trahi autant qu'elle ! Je n'en ai pas fini avec vous.

C'est dans une colère noire qu'il ouvrit la porte et l'entraina à sa suite jusqu'à l'entrée de ses appartements. Arrivé dans le couloir où se trouvaient les gardes, il poussa Mina sans ménagement vers eux.

Tenez ! Occupez-vous d'elle ! Enfermez la quelque part, qu'elle n'en sorte pas ! Je vais réfléchir à son cas...En attendant...Allez me chercher ma soeur ! Et en vitesse ! J'ai une petite mise au point à faire avec elle !

L'on pouvait voir le regard interrogatif des serviteurs qui passaient par là, baissant la tête et marchant vite comme s'ils essayaient d'éviter les foudres du Roi. Un Roi qui n'avait jamais été plus en colère de sa vie, un Roi qui en avait assez d'être ainsi trahi...Il tournait comme un lion en cage, pestant contre ses gardes qui mettaient un temps fou à lui amener sa "soeur". Cette fois, il n'aurait aucune pitié. Il avait assez subit, il était temps de faire un exemple. Et peut-être qu'ainsi, la douleur qui s'était emparée de lui et l'habitait depuis plusieurs mois à présent, grandissant un peu plus à chaque coup de poignard dans le dos, s'atténuerait...Peut-être...

Invité

Elle aurait préféré qu'il prenne un poignard immédiatement et lui transperce le coeur que de vivre ce moment. Elle avait l'impression que tous les souvenirs de lui à cet instant s’effaçaient pour ne garder en mémoire que cette vision de lui, ce roi, fou de rage. Elle avait cru quoi ? Qu'il accueillerait sa trahison à bras ouvert et lui pardonnerait de suite parce qu'elle avait été son amie d'enfance ? Elle se maudissait autant qu'elle maudissait Ursula. Elle se haïssait de n'avoir rien dit, de ne pas l'avoir sauvé avant de ce drame.

Elle avait passé tant de temps à se faire maltraiter par sa soeur... Elle se sentait mal comme jamais. Même la mort de sa mère ne l'avait pas affectée autant. Là elle perdait la lumière qu'il avait toujours été dans son coeur. Si elle savait bien qu'elle ne l'aurait jamais, il lui restait tout de même l'espoir, l'envie d'y croire. Là elle l'avait perdu à tout jamais et ça ne serait jamais réversible.

Son coeur saignait autant que les larmes qui coulaient sur sa joue. Elle entendit ses paroles loin, comme si elle était plongée dans l'eau. Elle sentit sa poigne ferme sur son bras, ses doigts s'imprégner dans sa chair, sans doute la seule trace qu'elle garderait de lui. Il la poussa vers les gardes comme si elle n'avait été pour lui qu'une chose sans importance, que rien que le seul fait de la toucher le dégoûtait.

Elle lui lança un regard emplit de malheur, de désespoir, de tristesse, mais elle ne voyait que le sien la transperçait avec toute cette haine qui en découlé. Elle pensa que ce n'était là que la réaction d'un homme blessé, écœuré, et qu'il redeviendrait cet homme magnifique qu'elle a connu, ce regard dans lequel on voudrait se noyer.

Messages : 2647 Date d'inscription : 04/10/2009

La vie dans les alentours d'Amiens, pouah et repouah.... Firenze ne se posait même plus la question. Tout ça pourquoi en fait...ah oui c'est vrai...rien qu'en y pensant il leva les yeux au ciel....et il s'ennuyait ferme. Encore pire qu'à Paris. Heureusement il pouvait prendre ses aises. Mais voilà les GF devaient assurer la sécurité de n'importe quel bâtiment où se trouver le roy....

Il s'était rendu chez lui, revu celle qu'il aimait et maintenant il était de retour.
Posté près de la porte des appartements royaux Firenze était en train de prendre racine quand il vit le roy arriver tenant une jeune femme par le bras.
Visiblement il y avait anguille sous roche. C'était meme certain. Vu comme le roy parla.
Il ne l'avait pour ainsi dire jamais vu ainsi.

Son compère de faction reçu la jeune femme dans les bras. La rencontre aurait pu être charmante...en d'autre circonstance.

-Bien Majesté.

Puis se tournant vers Gustave.

-Occupe toi d'elle et veille à ce qu'elle ne s'echappe pas !

Firenze alla dans la salle des gardes.

-Capitaine Cara, prenez 3 hommes avec vous et allez arreter Ursula immédiatement. Ordre de sa Majesté .
Elle doit se trouver dans sa chambre.

Il ressortit.

-Suivez nous , ne tenter rien où il vous en coutera.

Les gardes se placèrent en position d'escorte en direction des sous sol .

(posté rapidos)

Messages : 2285 Date d'inscription : 28/04/2011

La garde royale du roi, c'était devenu une routine pour Cara de surveiller les lieux ou le roi passait et, repassait. Comme le tour des villes, le suivre partout au cas ou qu'un petit malin tenterait quoique ce soit. Etant debout depuis des heures, soupirant, faisant les cent pas devant la salle où, se trouvait le roi, ses yeux se fermaient doucement. Sortie de son sommeil brutalement, Firenze arriva en trombe et, écoutant ses dires, levant un sourcil. Que se passait il? Aller chercher Ursula? Qu'est ce que la soeur de sa Majesté avait avoir la dedans?

Bien mon Colonel.

Faisant signe à trois gardes de la salle, il fallait trouver la chambre de cette femme mais, où était elle sa chambre?

Messages : 1758 Date d'inscription : 04/10/2011

Le soir était tombé sur Utopie, un soir qui aurait pu être égal aux autres, un dîner familial empli de l'évocation de la journée de chacun, des projets de celle à venir, de chamailleries et de rires, pourtant l'atmosphère était pesant. Louis-Philippe était contrarié, bien qu'il tentait de ne rien lui laissait paraître, Athénaïs elle, était attristée de voir le théâtre qu'elle aimait tant dans cet état chaotique. On l'avait informé de ce qu'il s'y était passé et elle était allée constater l'ampleur des dégâts qui l'avaient profondément désolée. Louis l'avait consolée, ce n'était que matériel, mais avec l'accumulation des divers soucis, il n'en fallait pas plus pour beaucoup la peiner.

Il était encore tôt mais pourtant l'heure pour les enfants d'aller dormir. Elle n'eut pas longtemps à s'attarder auprès de Gabriel, à peine avait-elle entamé le conte qu'elle lui avait écrit quelques jours plus tôt, qu'il s'était plongé dans les bras de Morphée pour des rêves de chevalier et de tour d'argent.

Si seulement il en allait de même pour Louisa...Après avoir épuisé tout le répertoire de berceuses qu'elle connaissait, sans parler des « lalalalalala » en arpentant la pièce de long en large, Athénaïs avait lancé à sa fille un regard des plus dépité devant ses jolis yeux bleus grands ouverts.

Bon plus qu'une solution, tant pis sa fierté en prendrait un coup et elle en entendrait parler durant des mois voire des années, mais une seule personne serait capable de l'endormir, du moins l'espérait-elle, c'était son père. Oui cette petite est infernale, comme lui d'ailleurs, et à croire qu'elle le faisait exprès pour faire rager sa mère, mais dès qu'elle était dans les bras de Louis-Philippe, elle ne pleurait plus et finissait par dormir. Encore que là elle ne pleurait même pas non, elle avait juste décidé qu'il n'était pas l'heure...

Et puis en y réfléchissant bien, ça ne ferait pas de mal à Louis, il s'était retiré bien plus en avance que d'habitude, ce qui inquiétait Athénaïs, passer un petit moment avec leur fille lui serait peut-être bénéfique et l'aiderait à oublié ses tracasseries.

Il semblait y avoir de l'agitation dans les couloirs, et en se rendant dans les appartements du Roi, elle croisa Mina entourée de gardes, tête basse et qui pleurait. Que se passe t-il ici ? C'est à peine si Athénaïs ne se fit pas percuter par des soldats, et Cara aussi était présente, mais semblait si pressée qu'elle ne sut lui demander la moindre explication. Le colonel Falcone se hâtait à son tour, et l'inquiétude submergea Athénaïs.

Elle s'empressa d'entrer dans la chambre et c'est un Louis-Philippe comme elle n'avait encore jamais vu qu'elle y trouva.

Louis ?! Elle fut rassurée craignant une seconde qu'il lui soit arrivé quelque-chose.

Louis mais enfin que se passe t-il ? Je viens de voir la servante de votre sœur se faire emmener par les gardes, qu'a t-elle fait ? Et je la croyais déjà partie, oh mon dieu, s'en serait-elle prise à vous ?

Elle resserra Louisa contre elle tandis qu'elle détaillait Louis-Philippe, tentant de comprendre ce qui avait pu se passer ici.

Invité

Les gardes s'emparèrent d'elle et l'emportèrent loin de lui, de ses appartements. La tête basse, elle ne regardait rien d'autre que le sol qui défilait sous ses pieds. Elle ne montra aucune résistance, accueillant sa sentence sans broncher. Elle savait qu'elle méritait ça. Elle méritait le pire supplice pour avoir trahit l'homme qu'elle aimait. Elle était dès maintenant, dès cette nuit, condamnée à une vie de malheur et de honte. Traitée comme une moins que rien, comme la soeur d'un monstre, même si elle n'avait rien en commun que le nom, le nom d'un père qui les avaient abandonnés, elle serait toujours liée à elle de par leurs actes, désignée comme un monstre. Et ce, si le roi ne la faisait pas exécuté. En cet instant, elle souhaita cette sentence.

On la jeta dans un endroit étroit et noir, sans fenêtre. Une pièce minuscule dont elle alla se tapir au fond, s'asseyant genoux repliés, ses bras les entourant et posant sa tête sur eux. Elle resta là, ainsi, des heures, à pleurer à grelotter. L'agitation qui régnait dans le château était perceptible jusqu'à elle. Elle souhaitait qu'une chose plus que tout en cet instant : qu'Ursula paye pour tout ça. Oh qu'elle la haïssait à sa chère soeur.

Bientôt le froid la saisie, elle était très peu couverte et elle tremblait restant tout de même en boule dans son coin.

Messages : 2285 Date d'inscription : 28/04/2011

Croisant Athé, elle n'eut pas le temps de lui dire bonjour. Cherchant dans les couloir la chambre d'Ursula, les gardes et Cara ouvraient toutes les portes mais, tombaient parfois sur des fermées. Pendant plusieurs et longues minutes, ils faisaient les couloirs en long, en large et en travers, tournant parfois en rond. Mais ou était elle cette chambre?! Regardant le long du couloir, il y avait une porte qu'ils n'avaient pas encore ouvert. Longeant le mur, les gardes la suivirent, s'approchant à pas de souris et, ouvrant la porte et, vit la soeur du roi.

Ursula?

La regardant, une grande brune, le regard froid. Elle était couchée dans un lit, peut etre voulait elle les surprendre. Les gardes la firent sortir de son lit. S'approchant d'elle, Cara mit les main dans le dos, plantée comme un I.

Ursula de la Brie en Carly, veuillez nous suivre sans faire d'histoire, le roi vous demande.

La tenant fermement, ils la conduisit jusqu'à sa Majesté.

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