[RP] Bureaux de l'Hôtel de ville

La veille au soir, on présentait la collection "printemps-été" De Nemours 1652, et le défilé commençait par les messagers. Ensuite viendraient les soldats... Programme alléchant n'est-il pas ? Mais la réalité est toute autre... Certes, les messagers défilent, mais ils ne sont pas mannequins, et les De Nemours par couturiers d'ailleurs... Et en prime, on ne mélange pas travail et plaisir. Enfin... Pas là en tout cas.

Juste avant de quitter la mairie pour aller dormir au Manoir, Marie-Jeanne, à la lumière du chandelier, écrivit une réponse au Colonel, puis l'arrêté à faire paraître.

Citation :

De Marie-Jeanne Delhorme, Maire de Paris
A Keridwenn d'Aubignas, Maréchal de France

Paris, le 27 mars 1652

Madame,

Je ne saurai vous cacher que vous m'apportez là bien bonnes nouvelles, et je tiens à vous assurer de toute ma reconnaissance pour l'aide précieuse que vous pourriez nous apporter dans ces recherches.

En raison de ses fonctions de police, messire Giovanni a été diligenté par mes soins pour mobiliser les gardes employés chaque jour par la mairie. Notre Prévôt, messire Le Chardonneret, étant néanmoins de retour de Rouen, et actuellement à la recherche d'Athénaïs et surtout d'un suspect dangereux qui pourrait avoir fait plusieurs victimes, il me semble plus judicieux de vous adresser directement à lui pour obtenir des instructions afin de mener à bien les recherches, et surtout de capturer au plus vite Robert Roussignon.

Je tiens les locaux de la mairie ainsi que les Châtelets, et tous les moyens dont vous aurez besoin, à votre disposition.

Cordialement,

Marie-Jeanne Delhorme.

Citation :

Arrêté municipal n°004 : Etablissement d'un couvre-feu

En raison des récentes disparitions et des agissements malveillants se déroulant dans les rues de Paris depuis quelques jours,
Estimant que la sécurité des Parisiens est désormais menacée,

La décision suivante est adoptée :

- un couvre-feu est instauré en la ville de Paris jusqu'à nouvel ordre. Au coucher du soleil, chaque Parisien doit s'arranger pour ne plus sortir dans les rues de Paris, sous peine d'être interrogé par les services de la Prévôté sur ses agissements et leur raison.

Fait à Paris, le 28 mars de l'an de grâce 1652.

Cara et Marie marchaient dans les rues de Paris. En même temps, elle faisait visiter la ville à Marie car apparemment elle n'avait pas l'air de connaitre. Elle lui montra l'église, la place, la foire, les quelques magasins qui s'y trouvaient et puis l'hôtel de ville, autrement dit la mairie où elle devaient se rendre. Elle espérait que Marie-Jeanne soit la.

Elles entrèrent dans la mairie. Cara n'y avait jamais mis les pieds jusque la. Elle demanda à l'accueil.

Bonjour, est ce que Marie-Jeanne est la?

[Réponse en cohérence avec la disparition soudaine de Marie-Jeanne ]

Un garde, à l'entrée de la mairie, faisait le pied de grue. Il passait la journée entière, là, à observer les allées et venues des membres du Conseil Municipal, mais aussi des habitants qui venaient les voir. D'habitude, personne ne s'adressait à lui. Mais là, il était seul dans le grand hall, alors forcément, c'est vers lui que se dirigèrent deux jeunes femmes pour avoir un renseignement.

- Bonjour mesdames. Madame le Maire ? Non, pas encore... Je ne l'ai pas vu entrer dans son bureau ce matin. Essayez plus tard peut-être...

Etrange d'ailleurs, elle est toujours là à la même heure ou presque, et elle devrait être depuis bien longtemps dans son bureau. Le garde hausse les épaules. Il ne connait pas son emploi du temps non plus. Elle avait peut-être rendez-vous ailleurs. Elle a peut-être aussi décidé de faire la grasse matinée... Dans le doute, il n'avisera que le soir.

Cara et Marie attendaient depuis pas mal de temps et un garde vint à leur rencontre. Un garde? elle s'attendait à voir la mairesse et non un homme habillé en uniforme. Et surtout, elle s'attendait encore a moins à entendre que Marie Jeanne n'était pas la. Bien pour une début de mission.

Elle soupira fort.

Bon...eh bien merci monsieur, on essaiera de passer plus tard. Bonne journée à vous, au revoir.

Cara sortit suivit de Marie. Une fois passée la porte, Cara se gratta la tête et réfléchis.

Pfff, pour une mission elle commence mal la. Retournons à la caserne, je vais demander à Gio ou Keri ce qu'on doit faire maintenant.

C'était quand même bizarre, pourquoi elle n'était pas a son travail, d'habitude elle y est tout le temps...elle haussa les épaules et se dirigèrent vers la caserne. Il n'y avait plus que ça à faire maintenant.

Un messager royal arriva à la mairie avec une missive...

Citation :

A Mademoiselle Marie-Jeanne Delhorme
Intendante d'Ile de France
Maire de Paris
Baronne d'Etreham

De Louis-Philippe de la Brie en Carly
Roi de France & de Navarre

Mademoiselle,

Avons bien reçu votre missive et vous proposons donc une rencontre ce mercredi 18 avril à 15 h en notre salle du trône au Louvre afin d'officialiser votre nouveau statut de baronne via l'allégeance.

Vous attendons donc ce jour avec ce message qui vous servira de laisser-passer auprès de notre Garde.

Fait au Louvre le XVème jour du mois d'avril de l'an de Grâce 1652

Citation :

De Charles de Savoie Nemours - Intendant de Picardie et Maire d'Amiens.
A Marie-Jeanne Delhorme - Intendante d'Isle de France et Maire de Paris.


Madame,

Merci pour votre missive qui me va droit au coeur. Je vois que vous êtes consciente de mon inexpérience. Au moins vous savez que je pars à zéro. J'ai donc une première question sur le marché. Il semblerait qu'avant mon arrivée, les denrées vendues par la mairie se soient trouvées moitié moins cher que ce qui se fait sur le marché. Est ce normal ou cela est elle une tentative de Fleur pour casser le marché ? Je demande cela parce que dans son dernier communiqué, Fleur parle du marché en disant qu'il va se faire dépouiller. Aurait elle eu des intentions malveillantes ? J'espère que non parce que jusqu'à aujourd'hui, elle a dit aimer sa ville. Donc la voir se faire dépouiller par des habitants d'une autre contrée ne m'enchante pas vraiment.

Ensuite, j'ai constaté que le conseiller aux finances devait remettre un bilan hebdomadaire. Y a t'il un jour précis ou doit il le remettre n'import quand tant que cela reste dans la semaine ?

Je vous dirais que je me fais un peu de souci pour les revenus de la ville qui sont bien pauvre à mon avis. J'ai contacté une personne qui semble vouloir animer la ville. Elle devrait pouvoir aider les vignerons, les paysans, les boulangers, les cueilleurs et chasseurs en leur proposant des jeux qui les aideraient à produire plus tout en s'amusant.

Dans l'attente de vos nouvelles, que Pascal vous protège,

Charles De Savoie Nemours

Fait à Amiens le 24 avril 1652

Un messager du Mont vint déposer missive.

Citation :

De Charles De nemours - Intendant Général de Picardie
A Marie-Jeanne Delhorme - Intendante Générale d'Isle de France


Merci pour votre missive. Le marché est de nouveau avec des tarifs normaux. Les chasseurs et cueilleurs se sont mis au travail et nous comptons déjà quelques fruits et gibiers qui nous permettrons de faire de bons plats. Je suis enchanté de voir à quelle vitesse les villageois ont réagi à ma demande.

Concernant le jeu, je pense que c'est une idée à ne pas écarter et je vais m'empresser d'en lire la règle. Cependant, notre plus grand souci reste l'approvisionnement en vin. Ce matin tout avait été vendu et j'ai dû mettre nos dernières bouteilles en vente.

Selon une petite recherche, il semblerait que notre ville ne compte qu'un seul vigneron. Il a donc un peu de mal à tout faire tout seul. De façon à mettre nos idées en commun, je pense faire le déplacement jusqu'à Paris. Je passerais donc vous voir en votre bureau au plus vite.

Que le Très Haut vous garde

Charles de Nemours
Le 27 avril 1652

[Je rattrape, je rattrape...]

Courriers sur courriers, Marie-Jeanne enchainait. Elle adressa une réponse à Charles pour lui proposer de le fournir en vin en attendant que la situation se débloque. Un tiroir à ouvrir et elle voyait que 20 bouteilles seraient un bon début sans trop affaiblir la mairie de Paris. Enfin, si elle arrivait à récupérer les bouteilles chez les vignerons en contrat.

Elle avait croisé le Cardinal Luc en taverne et lui avait répondu oralement. Un courrier officiel ne ferait cependant pas de mal.

Citation :

De Marie-Jeanne Delhorme, Maire de Paris et intendante d'Ile-de-France
A Luc dit Neu, Cardinal Secrétaire d'Etat

Paris, le 28 avril 1652

Monseigneur,

Suite à notre discussion, je vous confirme par écrit ma position au sujet des achats et ventes par vous et votre suite lors de vos séjours dans les villes d'Ile-de-France.

Je consens naturellement à ce qu'il vous soit possible d'acheter les denrées qui vous sont nécessaires afin de vous nourrir et d'exercer votre artisanat. Il va de soi évidemment qu'il est nécessaire que la grille des prix soit respectée en cas de vente de ces produits, que les achats ne soient pas massifs et qu'il n'y ait pas d'intention de spéculer. Il s'agit en somme des règles applicables aux habitants d'Ile-de-France.

Cordialement,

Marie-Jeanne Delhorme.

Non, les maires ne sont pas toujours dans leurs bureaux en train de crouler sous les papiers. Ça, c'est ce qu'on veut vous faire croire ! Bon, je ne dis pas que Marie-Jeanne était en train de glandouiller à l'ombre d'un arbre hein. Juste que elle n'est pas dans son bureau. Par contre, pour la matinée, elle est à la mairie ! Et elle revient du bureau de Giovanni où elle s'est entretenue avec ses conseillers sur la gestion du marché. Voyez comme le sujet est plus que récurrent !

Alors qu'elle approche de son bureau, elle remarque une femme l'y attendant devant la porte. Elle s'approche et reconnait finalement Pénélope.

- Bonjour dame Pénélope... Vous permettez ? demande-t-elle dans un sourire.

Elle se fraye un chemin jusqu'à sa porte pour la déverrouiller et l'ouvrir. Un bras se tend, l'invitation à entrer est lancée.

- Je vous en prie, entrez et installez-vous.

Elle attend que Pénélope entre puis la suit et va s'installer à son bureau.

- Que puis-je pour vous ?

Étrange question que voila, à laquelle Marie-Jeanne ne s'attendait pas vraiment. Le fait que Pénélope précise sa pensée lui confirma qu'elle l'avait cependant bien comprise. Mouvement de recul dans son siège, léger froncement de sourcil, elle répondit.

- Eh bien, nous sommes élus sur la base de promesses électorales qui sont notre ligne de conduite, que je rappelle aux conseillers municipaux. Par contre, ils ont toute latitude pour l'exercice de leurs fonctions. Je joue essentiellement le rôle de coordinatrice.

Après un silence de quelques secondes, elle aussi précisa en reprenant l'exemple qui semblait intéresser Pénélope.

- Ainsi, en ce qui concerne le marché, j'ai demandé à dame Darkwyrmfire de privilégier les ventes des particuliers à celles de la mairie et donc de ne pas leur faire concurrence dans la limite du possible, à savoir l'approvisionnement suffisant du marché, et de racheter les denrées qui resteraient trop longtemps sur le marché. Concernant ensuite la gestion quotidienne du marché, je m'en remets totalement à ses compétences et j'ai toute confiance en elle. Il ne m'arrive que très rarement d'effectuer moi-même des achats sur le marché. Mais vraiment très rarement.

Elle se redressa alors en posant ses coudes sur les accoudoirs de son fauteuil.

- J'espère avoir répondu à votre question. Je dois cependant vous avouer qu'elle me surprend quelque peu. Puis-je en connaître la raison ? En quoi puis-je vous aider ?

Pénélope voyait bien que ses questions gênaient madame le maire, elle aussi n'était pas très à l'aise et se tortillait sur son siège, espérant la fin de cet entretien comme si c'était elle qui avait commis un crime, elle activa son départ.

- J'espère avoir répondu à votre question. Je dois cependant vous avouer qu'elle me surprend quelque peu. Puis-je en connaître la raison ? En quoi puis-je vous aider ?

Je vous remercie d'avoir éclairé ma lanterne madame et vous suis tres reconnaissante de l'avoir fait avec franchise...Pour ce qui est de la raison...

un ange passe...

Et bien, voilà, il y a eu acte de spéculation...

se lève et repousse sa chaise

mais vous en saurez mieux d'ici quelques jours, monsieur Le Chardonneret recevra ma plainte...

encore merci pour tout madame... je dois filer, j'ai un rendez vous très important, je vous dis à bientôt

Elle savait qu'elle laissait madame le maire sur sa faim mais elle ne pouvait faire autrement.

Quelle réponse... énigmatique ! Marie-Jeanne écarquilla légèrement les yeux lorsque Pénélope parla de spéculation.

- Spéculation ? Mais quel rapport avec le fonctionnement de la mai...

Interrompue dans sa question par Pénélope qui se lève, Marie-Jeanne en fait de même pour la raccompagner, ne comprenant pas très bien ce qui se passait.

- Une plainte ? Pour spéculation ? Pourquoi venir me voir alors ?

Visiblement, Pénélope avait eu ce qu'elle voulait, et souhaitait filer aussi vite que l'air. Marie-Jeanne n'étant pas du genre à séquestrer les gens contre leur volonté, elle la regarda s'éloigner.

- Eh bien... euh... A bientôt alors... Bonne journée à vous...

Une fois Pénélope sortie, Marie-Jeanne se rendit dans le bureau de Dark puis dans celui de Giovanni pour savoir s'ils avaient constaté l'un ou l'autre des actes de spéculation sur le marché, perplexe.

Dehors, à l'entrée de l'hôtel de ville, un garde faisait le planton. Ce n'était pas un métier super passionnant, loin de là... Sauf aujourd'hui ! Car aujourd'hui, pour la première fois, il avait vu un homme toquer à la porte de l'hôtel de ville. Quelle étrangeté que cela. D'habitude, les gens entraient, et allaient se renseigner à l'accueil. Mais lui non, il se présentait comme s'il allait entrer chez quelqu'un. Mais c'est qu'il n'y a pas de portier ici ! Vu les beaux habits, le garde prit soin de bien choisir ses mots pour s'adresser au monsieur.

- Excusez-moi mon Seigneur... Si vous souhaitez rencontrer quelqu'un, vous devez vous présenter à l'accueil. L'on vous renseignera certainement... Je sais que madame le maire est en mairie ce matin, comme à son habitude.

Il tourna la poignet de la porte et la poussa pour l'ouvrir et ainsi inviter Wesley à entrer, puis inclina la tête puis se remit à son poste.

A l'accueil maintenant ! A l'accueil, c'est une jolie jeune femme, parce qu'on aime bien faire dans le cliché macho ! Et puis, ça apaise les hommes les plus énervés d'avoir une charmante interlocutrice qui leur demande de patienter. Tout sourire la petite brune, elle s'adresse à Wesley.

- Bien sûr, monsieur le Vicomte d'Arques. Je vais de ce pas vous annoncer à madame le Maire !

C'est qu'elle connaissait la jet set la petite brune ! Forcément, quand on habite à Paris, on voit les carrosses aux armoiries passer, et on s'y intéresse un minimum, c'est la moindre des choses ! Elle s'incline pour s'excuser et file. Quelques minutes plus tard, elle revient, suivie de Marie-Jeanne qui salue Wesley d'un sourire.

- Messire de Lhavilland, quelle surprise. Comment allez-vous ?

Tandis qu'elle s'occupait des mondanités d'usage, elle prit la direction de son bureau en l'invitant à la suivre. La porte s'ouvrit, elle tendit le bras pour l'encourager à entrer et prendre place, avant de s'installer également dans son fauteuil.

- Que puis-je faire pour vous être agréable, Vicomte ?

"Bien, bien, merci", fut la réponse apportée dans le couloir à la question de savoir comment Marie-Jeanne se portait. Mais à vrai dire, ce n'est pas ce qui nous intéresse le plus dans ce RP n'est-ce pas ? Alors passons directement au moment où les questions sont posées !

Assise en face de Wesley, elle l'écoutait attentivement. Elle ne fut que peu surprise d'entendre parler de spéculation, mais un sourire se dessina sur son visage, enfin ! Et une question, à laquelle elle ne s'attendait pas. Avant d'y répondre, elle fit une légère digression.

- Vous pouvez m'appeler Marie-Jeanne en ce cas...

Et comme Wesley avait dit "mais tout d'abord", elle commença par aborder le premier point, qui avait été le dernier point à être exposé.

- Je me souviens effectivement de tout cela, Wesley. Et je n'ai pas abandonné cette idée. J'ai deux raisons qui justifient le fait que je n'ai pas pu donner suite plus tôt à cette proposition. La première est que nous étions en plein changement de la grille des prix. Je savais que la modification allait être adoptée sous peu, sans savoir quand exactement. J'ai préféré attendre que la nouvelle grille des prix soit adoptée pour me fonder sur celle-ci, plutôt que de faire un contrat avec votre femme, que nous aurions du modifier en cours pour tenter de se caler sur la nouvelle grille. La seconde est la disponibilité des stocks de vin en mairie. J'essaie de développer des contrats avec les vignerons afin que la mairie dispose de quelques bouteilles de vin à revendre. Car, vous l'avez probablement remarqué, rares sont les vignerons qui vendent directement sur le marché leur production. Ils la gardent le plus souvent pour cuisiner du poisson. Et sans vin, les bouchers ne vont guère loin. J'ai deux vignerons sous contrat actuellement, dont un qui a quitté Paris momentanément. Ce qui fait que je n'ai plus qu'un vigneron qui alimente les stocks de la mairie. Je dois donc d'abord résoudre ce problème avant de pouvoir proposer à votre dame des bouteilles de vin pour qu'elle produise. Voila pourquoi, en un mois, je n'ai pas donné de suites visibles à cette affaire. Je me suis néanmoins occupée de faire adopter la nouvelle grille et je cherche des vignerons. Beaucoup travaillent seulement avec leurs proches par contre...

Première réponse apportée. Wesley demanderait certainement des précisions s'il en avait besoin. Et peut-être que, avec un peu de chance, il lui donnerait des noms de vignerons prêts à travailler avec la mairie ! L'espoir fait vivre dit-on...
Elle passe donc à la seconde question, non sans adresser un sourire très sincère à Wesley.

- Avant de vous répondre concernant cette histoire de spéculation, permettez-moi de vous remercier Wesley... Vous êtes le premier à venir m'en parler en face et me demander des explications, que je me ferais un plaisir autant qu'un devoir de vous fournir. C'est une démarche que j'apprécie fortement. Elle est toute à votre honneur.

Non, n'allez pas croire qu'elle essaie d'endormir le poisson. Comme je vous le disais, elle le pense sincèrement. Quand Pénélope est venue avec une seule question, celle de savoir si c'était elle ou Dark qui faisait les achats sur le marché, elle est repartie comme une voleuse quand Marie-Jeanne a demandé le pourquoi de la question. A l'époque, la maire n'en avait strictement aucune idée. Jusqu'à ce qu'elle apprenne par des conversations détournées que la miss avait déposé une plainte contre la mairie de Paris. Pourquoi ne pas d'abord avoir cherché à dialoguer comme Wesley le faisait à l'instant ? Elle avait toujours répondu aux questions qu'on lui posait, sans jamais s'énerver ou envoyer promener quelqu'un. Elle n'aimait pas les disputes la Marie-Jeanne. Elle préférait quand les gens communiquent. Alors forcément, le comportement dérobé de Pénélope l'avait quelque peu lassé. Mais voilà que Wesley, lui, venait directement lui poser la question. Bon, c'est vrai, elle fut surprise d'entendre parler d'"expériences" sur le marché. A croire que l'on avait voulu piéger la mairie. C'était un peu étrange comme façon de procéder mais soit. Ne glissons pas dans la paranoïa !

- Si je reprends votre propos, vous soupçonnez la mairie de n'acheter des denrées sur le marché que pour faire de la spéculation sur le dos des Parisiens. Si tel était clairement l'objectif avoué par dame Cococcinelle, qui m'avait donné ces consignes de rachat systématique pour gonfler les caisses de la mairie, tel n'est plus le cas aujourd'hui. Je comprends par contre que les apparences puissent être trompeuses.

Elle posa les coudes sur la table et joignit ses deux mains devant elle pour expliquer la situation.

- L'équilibre du marché n'est pas chose facile, pourtant, c'est ce à quoi j'aimerai que nous arrivions. Je m'explique... D'un côté, nous avons le besoin pour tous les artisans de vivre de leur artisanat. La nouvelle grille des prix a été calculée pour assurer aux artisans débutants, et non aux confirmés, un salaire décent. Or, les artisans les plus expérimentés, et souvent les plus aisés, peuvent se permettre de tirer les prix vers le bas. Vous me direz, à raison, que cela profite au bas peuple, qui peut se nourrir pour moins cher. Mais, cela empêche le jeune artisan de se développer. Il en est de même avec les agriculteurs, qui vont aller jusqu'à vendre à perte, coulant ainsi non seulement les autres agriculteurs, mais aussi les boulangers, les cueilleurs et les chasseurs, qui ne vendront pas leurs produits. Vous comprenez donc par là que l'équilibre est déjà instable. Si nous laissons les plus aisés vendre, parfois à perte d'ailleurs, pour des causes qu'ils pensent bonnes, nous acceptons alors de sacrifier la possibilité pour les plus jeunes de vivre du fruit de leur travail.

D'un autre côté, nous avons la question de l'engorgement du marché. Le problème a été soulevé avec Hélèna, qui nous a rapporté ne pas vendre ses productions. Croyez bien que j'en suis navrée. Ceci nous amène, assez souvent, à racheter les denrées du marché pour ne pas les y voir pourrir et ainsi décourager les artisans. Je pourrais vous montrer les bilans, avec l'état des stocks, des achats et des ventes de la mairie. Vous auriez tôt fait de constater que la mairie achète bien plus qu'elle ne vend. Et ce que nous achetons n'est pas systématiquement remis sur le marché. Le raisin sert aux contrats avec les vignerons par exemple. Les plats peuvent être des lots ou servir à nourrir les gardes.

Alors oui, la gestion du marché revient à Dark, en qui j'ai effectivement toute confiance, et qui a ces deux objectifs pour tenter de trouver un équilibre : assurer un salaire décent aux artisans et désengorger le marché. Mais en aucun cas la mairie ne rachète dans le but de gagner des sous.

Elle sortit alors une feuille où elle notait chaque semaine le relevé de compte de la mairie.

- Voyez Wesley, la mairie gagne, par semaine, plus de deux mille louis grâce aux intérêts de son compte en banque. Et entre nous soit dit, je ne vois guère l'intérêt de gonfler les caisses de la mairie si cet argent ne sert pas. Ces deux mille louis nous permettent quotidiennement de disposer d'une marge de manoeuvre pour faire des contrats avec les artisans où finalement la mairie est perdante, et de racheter les denrées sur le marché. Je n'ai pas reçu de plainte de la part de jeunes arrivants ayant des difficultés pour se nourrir. Et la mairie propose toujours son aide dans ce genre de cas. Il me semble d'ailleurs même me souvenir, un jour où nous l'avions fait, que votre femme, qui était encore au conseil, avait bondi et s'était indignée que la mairie aide à ce point un jeune sans-le-sou à se nourrir. 15 miches de pain fournies gratuitement. Une perte pour la mairie d'un peu plus de 100 louis si je ne me trompe... Où est donc la volonté de s'enrichir ? Tout cela pour vous dire que je tente simplement de faire au mieux, et surement pas dans une optique d'enrichissement sur le dos des Parisiens...

- Eh bien, je ne sais de quels faits il s'agit, et j'espère que nous aurons effectivement l'occasion d'en parler. La confiance est quelque chose qui se gagne, mais qui peut également se perdre. Et je ne saurai soutenir des méfaits.

Elle se lève alors et va leur chercher des verres. Debout, devant le meuble contenant les bouteilles, elle demande à Wesley.

- Puis-je vous offrir quelque chose à boire ?

Elle profita de cette interlude pour ajouter une précision.

- Il n'est point besoin d'être conseiller pour donner son avis. Et les échanges de point de vue sont toujours productifs pourvu que les participants s'écoutent l'un l'autre. C'est donc avec plaisir que j'écouterai et considérerai vos suggestions et conseils, Wesley.

Une fois les verres servis, elle revint à son bureau et tendit le sien à Wesley -s'il accepte ^^-. L'avantage quand l'on est dans son bureau, c'est que l'on dispose de tous ses papiers, y compris donc de ceux qui lui ont servi pour retravailler la grille des prix. En quelques instants, elle en sortit donc la feuille sur laquelle elle avait noté les grilles de prix des autres villes, et celles qui étaient envisagées pour Paris, et la tendit à Wesley.

Spoiler:

- Je n'ai pas procédé au renouvellement de la grille des prix de façon aveugle, et me suis renseignée sur les grilles de prix en vigueur dans les autres comtés. Ce qui m'a permis d'avoir un élément de comparaison que je juge important effectivement. Si l'on compare, vous voyez que les écarts à l'achat de matière première se retrouvent également sur le prix de la vente, qui est moindre. Si nous avons augmenté le prix des matières premières, ce n'est pas pour rendre la tâche difficile aux artisans, mais pour permettre aux agriculteurs de continuer à produire, et à embaucher des gens dans leurs champs, permettant ainsi aux personnes n'ayant pas fait d'études et n'ayant pas les moyens de posséder une échoppe de survivre. Comme vous le savez certainement, un terrien qui a une seule culture récolte 6 ballots de blé. Si l'on compte qu'il faut embaucher trois fois des travailleurs pour le sémis, l'arrosage et la récolte, les salaires engendrent une grosse dépense pour l'agriculteur. Selon mes calculs, l'idéal pour qu'un agriculteur s'y retrouve un peu, serait de vendre raisin, blé et chou à près de 10 louis pièce. Comme vous pouvez le voir, on en est encore loin. Le gain pour les agriculteurs avec une production se vendant à la pièce à 8 louis est très faible. Mais au moins, ils ne perdent plus de l'argent. C'est pour cette raison et ses conséquences que nous avons augmenté ces prix. Et je vous avoue que pour le coup, je ne comprends pas pourquoi les autres mairies n'en ont pas fait de même. A moins que les travailleurs dans les champs soient payés au lance-pierre.

Elle grimaça, ne comprenant vraiment pas comment la chose se faisait ailleurs. Et, passant au second point, elle en profita pour s"hydrater un peu.

- J'essaie de développer au maximum les contrats, les échanges avec les artisans parisiens, dans la limite du possible malheureusement pour les bouchers pour le moment. Une fédération est une excellente idée, qui tente de se pratiquer d'ailleurs dans les autres villes également. Cependant, il faut du temps pour s'en occuper, et beaucoup de patience, car rares sont les artisans qui répondent fidèlement à l'appel. Mais je n'aurais sincèrement rien contre une telle initiative. Sans même que la mairie ait à gérer elle-même cette confrérie d'ailleurs. Les vignerons par exemple éliraient un représentant qui serait chargé du dialogue avec la mairie, de faire remonter les éventuels problèmes, d'organiser les contrats etc, tout cela m'irait. Voudriez-vous prendre en charge ce projet ? Si vous le souhaitez, nous pouvons également passer un contrat avec vous pour fournir du vin à la mairie. La mairie vous fournit les raisins gratuitement, et vous rachète votre production à 20 louis.