[RP] Domaine de Nérine Blanche

Le flot de larmes n'en finissait pas tant de la part de l'un que de de celle de l'autre. Anjhely avait retrouvée le sourire mais elle avait passé tant de semaines faire bonne figure surtout pour ses enfants que de le voir enfin réveillé laissait place à son trop plein d'émotion.

Elle alla s'asseoir sur le lit tout en l'écoutant. Elle ne comprenait pas tout mais tout ce qui comptait fut qu'il soit là. Elle l'aimait et jamais elle n'aurait pu supporter de le perdre une seconde fois.

Elle déposa un tendre baiser sur ses lèvres en prenant son visage dans ses mains avant de plonger son regard dans le sien.

Comment pourrais-tu m'ennuyer? Sans toi je ne suis rien! J'ai besoin de toi! Nos enfants ont besoin de toi!
Je t'aime mon coeur et je ne supporterais pas que tu me refasses ce genre de peur! Mon coeur n'y survivra pas!

Elle en avait oublié ses enfants avec France mais quand elle était avec lui, plus rien ne comptait. Elle en oubliait la terre entière et tous ses soucis.

Je me doute que cela a dû te faire bizarre de te réveiller ici mais j'avais besoin de changer d'air et j'étais sûr que l'air de la mer te ferait du bien. France et Chric ont été des anges de bien vouloir nous accueillir et le Prince est si gentil que je ne serais jamais comment les remercier assez pour tout ce qu'ils ont fait pour nous.

Anj n'avait pas réfléchi une seconde : elle était partie en courant, retenant ses jupes d'une main pour ne pas tomber. Les enfants, éberlués, n'eurent pas le temps de réagir que leur mère avait déjà rejoint la chambre de son époux.

France s'agenouilla : alors, ... si nous allions aux écuries ? voir nos deux poulains nouveaux-nés ?

Elle laissa aux enfants le temps de se regarder l'un l'autre, puis dans la direction des appartements où ils vivaient. Vous savez, ces deux poulains vont grandir en même temps que vous ... ils vont devenir vos amis ...

La jeune femme fit mine de réfléchir : et si je vous donnais une petite mission ? Celle leur trouver un nom ?

Firenze n'avait que des questions mais n'était-ce pas normal après tout ce temps où il avait été inconscient. Elle ne savait pas par où commencer et surtout comment lui dire ce qu'elle essayait de se cacher depuis des semaines? Mais il y avait un temps pour tout.

Je sais que tu es pressé d'avoir des réponses mais laisse-moi au moins le temps de te répondre.
Nous sommes arrivés il y a un mois et demi deux semaines après le couronnement. Je ne voulais pas te laisser entre les mains de charlatans et je savais que l'air de la mer te ferait du bien, que cela te rappellerais Amiens.

Elle sourit en repensant à cette époque bénie où tout n'était qu'insouciance.

Pour les visites?

Elle fit une moue.

Personne ne s'est souciée de toi que ce soit pendant les deux semaines où nous étions encore à Paris aussi bien qu'en étant ici à part le Roy une fois que je lui ai écrit pour lui demander un entretien et que je lui ai donné de tes nouvelles. Autant dire que tu pourrais être mort que personne ne s'en soucierait et cela m'étonne encore plus de la part de Charles et Kéri que je pensais être des amis?

Elle soupira.

Je ne comprends pas que tu puisses vouloir retourner là-bas. Ce n'est qu'une bande d'hypocrites et j'en passe. Et je te passerais ce que je pense de notre ancien valet qui sait se faire mousser mais cela ne devrait pas m'étonner. Je me demande encore ce qui m'a pris de l'engager, il n'a aucune considération pour ce que nous avons fait pour lui.

Elle retrouva le sourire en l'entendant parler du Prince.

Le Prince a eut la gentillesse de nous accueillir malgré tout ce qui a pu être dit à notre sujet et je lui en suis reconnaissante à lui et à France. Ils ont fait bien plus que tout ceux qui se disaient nos amis et qui ne se sont soucier guère de ce qu'on devenait avec les enfants depuis ta blessure.

Je ne sais s'il pourra te recevoir car en ce moment il est très occupé et surtout inquiet pour la Princesse qui est enceinte et pas très en forme.

Mais si tu dois retourner en France fait comme tu veux mais moi je resterais ici avec des gens de valeur et pas de simple lèches-bottes hypocrites. Mais je comprends très bien que tu tiennes à l'armée après tout ce que tu as faits pour elle mais j'ai peur que tu ne sois déçu. Ils ont vite fait de t'oublier donc certainement de te remplacer mais ce sera ton choix.

France sourit. Toujours agenouillée, elle assistait au dialogue des enfants.

Citation :

C'est quoi deux point?

Citation :

Pas point! des poules! Avec des pumes et un bec! tu te rappelles pas?
Hein Fance j'ai raison.

La jeune femme n'eut pas le temps de répondre.

Citation :

Oh oui ze veux aller voir les poules...

Bon, je vais vous expliquer ... ce ne sont pas des poules ! Vous savez, tous les deux, c'est un cheval ? Le cheval qui tire le carrosse de Maman ? Et bien, hier, deux bébés sont nés ... Vous n'en avez jamais vu, je crois !
Nous allons les voir ? Je suis sûre qu'ils vont plaire ... ils sont tout petits et tous mignons, et tellement gentils ...

Elle se releva, prit les enfants par la main, et prit le chemin des écuries. Au passage, elle appela Charlotte :

Charlotte ... Je vais aux écuries avec les enfants ! Prévenez la Vicomtesse et mon époux, s'ils nous cherchent !

Anjhely résidait toujours chez France et Chric avec ses enfants. Lieu où elle se sentait bien et surtout ses hôtes étaient des personnes très agréables. Les jours s'écoulaient loin de son époux et parfois elle éprouvait un sentiment de vide mais elle avait fait un choix et s'y tenait.

Un jour un coursier arriva avec un vélin pour elle qu'elle prit et qu'elle lut. Son amie Anne se mariait et Anjhely en était très heureuse. Elle ferait bien sûr le déplacement jusqu'à Paris pour y assister.

Firenze avait écrit une courte lettre à sa femme.
Il ne s'était pas étendu sur l'objet de la missive, cachetée d'un sceau personnel, qu'il fit porter à la dernière adresse qu'il lui connaissait.

Citation :

Paris le 23 juillet 1652,

Anjhely,

Quelques mots pour toi mon ange pour prendre de tes nouvelles. Que deviens-tu ? Comment vont les enfants ? Oui je sais ça fait beaucoup de question.
Je pense souvent à eux, à toi aussi également. Je me dis qu'ils ne doivent pas comprendre....j'aimerais que ça soit plus simple...

Je ne vais pas m'étaler aussi je vais aller à l'essentiel. Une grand foire sera organisée à Amiens pour une durée de 15 jours à partir du 27 juillet. Je serais présent. Ce serait une bonne occasion de faire sortir les enfants et d'avoir un peu de temps à nous.

Dans l'espoir de te voir.

F.

Un coursier arriva le plus vite possible sous l 'ordre de Mercedes il déposa sous la porte une missive

Citation :

Ma chère soeur

Ce que j apprends me chagrine énormement que tu es si malade , ma grande soeur as tu vu un autre médecin doc est il sûr ?

Veux tu que je vienne ? ou toi peux tu venir ? Je te pose beaucoup de questions pardon mais cette douleur que je ressens au fond de moi

et les enfants sans leur maman oh Anj pourquoi ?

Tu sais que Alexandre était aussi mon grand ami , je pense souvent à nos soirée a rire ensemble il me manque aussi et surtout le petit prince que

j 'ai nourri moi même
je termine ma lettre mes yeux sont brouillés non je pleure pas !! un cil dans l 'oeil
Ma soeur chérie je t aime et .. tu me manques
je t 'embrasse si fort et je t 'ecrirais encore mon Anji

ta soeur Mercedes

Nous étions déjà le 16 septembre et Anjhely était au plus mal. Elle avait renvoyé ses enfants à leurs père afin que ceux-ci ne la voit pas mourir. Elle vivait toujours chez Chric et France et parfois se sentait seule car il n'était pas souvent là du fait de leurs occupations. La mort se rapprochait d'elle inéluctablement. Elle était dans sa chambre et regardait par la fenêtre le ciel bleu de ce milieu de septembre. Elle avait suivit à la lettre les recommandations du docteur Delarosa mais elle savait que ces heures étaient comptés et surement sur le bout des doigts mais elle n'avait pas peur et pensait à tous ce qu'elle avait fait dans sa vie jusque là, les personnes qu'elle avait rencontrée et perdue. Non, elle ne regrettait rien, elle avait eut une belle vie. Elle ne regrettait que de ne pas pouvoir serrer une dernière fois ses enfants et son mari. Elle allait certainement mourir seule dans cette chambre loin de ceux qu'elle aimait mais elle ne changerait rien à sa vie.

Le temps s'écoulaient lentement mais trop rapidement à son goût. Sa toux était de plus en plus présente et les crachats de pire en pire. La chambre bien que confortable lui paraissait de plus en plus petite comme si les murs se rapprochaient d'elle. Elle aurait tant aimé pouvoir serré ses enfants et son époux dans ses bras mais ils étaient loin. Là-bas en France, à Paris et elle le savait. Elle ne doutait pas que Firenze serait s'en occuper et puis il y avait Germaine pour l'aider. Que faire? Elle était tellement faible qu'elle n'avait même plus la force de se lever de son lit et restait aliter toutes la journée à repenser à son passé.

Elle était perdu dans ses pensées quand on toqua à la porte. D'une petite voix :

Entrez!

Citation :

Entrez!

France ouvrit doucement la porte. La chambre était dans la pénombre, néanmoins, de là où elle était, elle ne put s'empêcher de voir la pâleur du visage de son amie. Celle-ci avait les traits tirés, de grands cernes sous les yeux, et sa magnifique chevelure était tout emmêlée.

Elle s'approcha, suivie de Chric qui restait muet, et s'agenouilla près du lit. Elle prit la main d'Anjh : vous êtes bouillante, mon amie, vous avez trop de fièvre ... personne ne s'occupe donc de vous ici ? Les domestiques vont entendre parler de moi !
Le docteur est-il venu au moins ?

Elle fit signe à Chric de s'approcher et lui murmura : mon Ange, peux-tu faire apporter une soupe chaude ici ? qu'elle mange au moins un peu ... peu-être cela lui redonnera-t-il des forces ?

La jeune femme savait qu'elle se mentait à elle-même et qu'Anjhely était proche de la fin, mais ne pouvait se l'avouer. Elle retenait ses larmes, ne voulant pas infliger cela à son amie, mais se gorge était serrée et elle avait du mal à parler.

Chric hocha la tête et sortit discrètement.

Mon amie .... je suis là, et je ne vous quitterai pas tant que vous n'irez pas mieux !

France tenta de sourire à son amie, mais lorsqu'elle vit le regard éteint de la jeune femme, elle sut que celle-ci n'avait plus envie de vivre ...

Les yeux recouverts d'un voile invisible regarda les deux ombres entrées dans la chambre qui était dans la pénombre. Elle mit un moment avant de reconnaître ceux qu'elle considéraient comme ses amis depuis son arrivée à Saint Pierre Port. Ils avaient eut la gentillesse de l'accueillir alors qu'elle était arrivé sur l'île comme une âme en peine et lui offrir leur hospitalité alors qu'ils ne la connaissaient pas. Elle regrettait car elle savait qu'elle ne pourrait plus les remercier à leur juste valeur mais allait leur imposer la vue de sa fin prématurée.

La vie était étrange. Elle avait toujours pensé qu'elle mourrait très vieille entourée de ses enfants et petits enfants dans une petite ville de Normandie mais la vie en avait décidé autrement. Elle ne mourirait pas seule mais loin de ceux qu'elle aimait, loin de ses enfants et de son mari. Que faisaient-ils d'ailleurs à cette heure-là? Elle n'aurait jamais la réponse.

Elle pouvait lire sur le visage de ses amis la tristesse mais elle ne voulait pas les voir ainsi, elle leur sourit. Chric avait ouvert les volets, laissant entrer un rayon de soleil qui lui fit plisser les yeux. Il y avait tellement de temps qu'elle n'avait pas vu le soleil que celui-ci la gêna mais très vite ils s'y habituèrent et elle put regarder le ciel bleu d'automne qui s'offrait à elle une dernière fois.

Elle tourna à nouveau son visage vers eux.

Mes amis!...Ne vous inquiétez pas pour moi! J'ai eu une vie heureuse, pleine de bonnes choses. j'ai toujours agit pour le bien des autres dans chacune des fonctions que j'ai pu occuper n'en déplaise à certains.

Elle fut pris d'une quinte de toux et pris une gorgée d'eau du verre que Chric lui avait déposé sur la table de nuit.

Mon seul regret est de devoir vous faire vivre cela. Vous avez été si bon pour moi et mes enfants. Je ne sais pas ce que je serais devenus sans vous et votre gentillesse ainsi que celle du Prince. Vous avez tant fait pour moi et je ne peux vous le rendre et je vais vous faire vivre un des pires moments de votre vie. Ma vie aura été courte mais je veux qu'on se souvienne de moi en souriant et non en pleurant. je veux qu'on se souvienne de moi comme d'une personne qui aimait la vie et les gens. J'ai perdu beaucoup d'amis comme feu mes souverains Alexandre et Léonore mais je n'ai jamais été triste car je savais qu'un jour je les retrouverais auprès de Pascal. Je ne pensais pas les retrouver aussi vite mais Pascal en a décidé ainsi et ses voies sont impénétrables. J'aurais voulu pouvoir faire tant de choses avant de partir mais malheureusement je n'en ai plus le temps.

Elle les regarda pouvant lire la tristesse dans leurs yeux même s'ils essayaient de la cacher. Elle prit leurs mains.

J'ai demandé au Cardinal Luc de m'enterrer sur vos si belles îles sur lesquelles j'ai trouvé un tel réconfort et les meilleurs amis du monde. Je resterais près de vous et veillerais sur vous chaque jour. Je serais votre ange gardien jusqu'à la fin de vos jours et vous accompagneraient quand le moment sera venu pour vous de me rejoindre.

S'il vous plaît mes amis ne soyez pas triste ce n'est pas un adieu mais juste un au revoir. J'ai fait des demandes à Luc pour mes dernières volontés et je sais qu'il les respectera mais j'aimerais que vous l'y aider. Si vous en êtes d'accord, j'aimerais vous les dictez.

Les larmes coulaient des yeux de France, tandis qu'aucun mot ne pouvait sortir de sa gorge, tant elle était nouée. Elle regarda du côté de la fenêtre, d'où jaillissait un flot de lumière : comme c'est étrange, pensa-t-telle, ma meilleure amie est en train de quitter ce monde, et dehors, c'est comme si rien n avait changé ! Elle aurait voulu hurler : pourquoi continuez -vous à vivre, alors qu'Anjh se meurt ? ce n'est pas juste .... mais, elle se tut, ayant conscience qu'elle était ridicule : la vie était ainsi faite, et elle, ni personne, n'y pouvaient rien.

Citation :

J'ai demandé au Cardinal Luc de m'enterrer sur vos si belles îles sur lesquelles j'ai trouvé un tel réconfort et les meilleurs amis du monde. Je resterais près de vous et veillerais sur vous chaque jour. Je serais votre ange gardien jusqu'à la fin de vos jours et vous accompagneraient quand le moment sera venu pour vous de me rejoindre.

Pardon, Anjh, le Cardinal ? Je ne sais pas s'il est encore à Guernesey ....

La jeune femme fit signe à la servante qui se tenait devant la porte. Celle-ci s'approcha : allez vous renseigner, je veux savoir si le Cardinal est toujours à St Pierre .... Vite, vite ....

Citation :

S'il vous plaît mes amis ne soyez pas triste ce n'est pas un adieu mais juste un au revoir. J'ai fait des demandes à Luc pour mes dernières volontés et je sais qu'il les respectera mais j'aimerais que vous l'y aider. Si vous en êtes d'accord, j'aimerais vous les dictez.

Je vous écoute, Anjh, mais prenez votre temps, ne vous fatiguez pas ..... ce n'est pas bon pour vous ! Chric, mon Ange, peux-tu m'apporter un écritoire et du vélin s'il te plait ...

Sur l'ordre de son époux, un serviteur apporta illico presto (il ne valait mieux pas faire attendre la Duchesse quand elle était dans cet état) tout le nécessaire pour écrire. France lui fit signe d'installer tout cela dans un coin de la pièce, près de la fenêtre. Elle s'y dirigea, s'assit, et tandis qu'Anjh buvait un peu d'eau, écrivit une missive pour le Prince.

Citation :

Votre Altesse,

J'ai l'immense tristesse de vous prévenir que la Vicomtesse Anjhely de Falcone est dans état de santé très préoccupant. Les médecins, qui sont venus à son chevet, alors que nous étions, mon Epoux et moi-même, sur nos terres de Petit Valle, sont très pessimistes, et ne lui donnent que peu de jours à vivre. Nous sommes revenus dans la précipitation, dans la mesure où elle vit au Domaine de Nérine Blanche.
Je suis à son chevet, au moment où je vous écris, et je vous assure qu'elle est au plus mal. Si vous désirez lui rendre une dernière visite, tant qu'elle a encore un souffle de vie, c'est le moment ...
Je suis désolée de vous apprendre cette triste nouvelle,

Respectueusement,

Puis, elle donna le pli au serviteur en lui ordonnant de courir jusqu'au Palais.